
pire romain , gentilhomme courlandois Le nouveau
duc s'engagea à maintenir l'exercice de la religion
proteftante dans lès états 8c les privilèges de la
noblefle, &.à entretenir le nombre de troupes fixé
par les conftitutions du p^ys.
Pour conferver les prétentions de l'ordre teu-
tonique fur la Courlande (i), on a obfervé longtemps
en Allemagne de laifler , dans la diète generale
du corps germanique, une place vacante
pour le duc de Courlande , & de renverlèr fa chaife
après l'avoir nommé. L'éleéteur de Cologne, qui
etoit alors grand maître de cet ordre, fit une
proteftation contre l'election du nouveau duc de Courlande j & , dans un mémoire préfer.té (2) à
la diète de Ratisbonne , il entreprit de prouver
que les duchés de Courlande & du Semigalle
dévoient retourner à. fon, ordre , puifque la mai-
fon de Kettler étoit éteinte. Il pria l'empereur
& les autres, états de l'Empire d'avifer aux
moyens de procurer la réunion de ces deux duchés
au corps germanique. Il ajouta qu'il comp-
toit d'autant plus fur les foins de l'empereur à cet
égard, que ce chef de l'Empire s'étoit obligé (3)
de réunir aù domaine tout ce qui en avoit été détaché,
de faire une recherche exaéfce des fiefs aliénés
, & d'accorder particuliérement fa protection
aux chevaliers de Fordre teutonique & de celui
de Saint-Jean de Jérufalem, pour des faire rentrer
dans les biens dont ils avoient été dépouillés.
Malgré ces repréfentations, l'éleétion de Biron
fut confirmée à Fravenftadt par un fenatus-confilium 3
( decret du. fénat) en 1737» 8c le nouveau duc
reçut l'inveftiture par un député en 1739. Le
bonheur d'Erneft ne fut pas de longue durée 3
ayant été arrêté avec toute fa famille; en 1740 ,
envoyé en exil en Sibérie, & déclaré mort civilement
l'année d'après par Anne , princefle & régente de
Ruflie, lés états de Courlande élurent en 1741 ,
pour nouveau duc , Louis Erneft duc de Brunf-
wick Wolfembiittel, beau - frère de la régente de
Ruflie 3 mais cette éleétion demeura fans effet. En
1758, le trône ducal fut déclaré vacant par un fenatus-confilium 3 le prince Charles, -fils du roi de
Pologne & électeur de Saxe, Augufte III, fut
nommé duc de Courlande , & l'impératrice- de Ruf
fie Elifabeth renonça en fa faveur à toutes J es prétentions
qu'elle formoit fur ce duché. Ce prince
reçut l’inveftiture au commencement de l'année
I7 f9 5 mais les états provinciaux dt Courlande refusèrent
de lui prêter hommage, jufqu'à ce qu'il leur
eût donné des reverfales pour la sûreté de la religion
proteftante : il donna tes reverfales , & il reçut
la même année l'hommage de fes nouveaux
fujets.
Le czar Pierre III rappella , en 1762, le duc
Erneft Jean' & fa famille, de Jaroflaw, oû il demeu-
roit depuis plufieurs années} enfuite, après s'être
afiuré de la renonciation de ce duc fur la Courlande,
il forma le deflein d'en inveftir Ton oncle Georges-
Louis, duc de Holftein-Gottrop. Mais fa dépo-
fition & fa mort ayant empêché l'exécution de fon
projet , Catherine II rendit non-feulement au duc
Jean Erneft les biens qui lui avoient autrefois appartenu
en Courlande, & qui jufqu'alors étoient
demeurés -fous l'adminiftration de la Ruflie 3 mais
elle lui permit encore de retourner en Courlande
avec fa famille, 8c elle l'affura lui & les fiens de
fa proteCtion. Le duc Erneft Jean envoya en con*
fequence de Pétersbourg aux fénateurs & états
de Courlande un referit 3 en date du 20 juillet, par
lequel il s'oppofa à la tenue de la diète que le duc
Charles avoit convoquée pour le 5 août, & déclara
que , n'étant coupable d'aucune félonie envers
la république & le roi de Pologne, il ne fe
laifferoit pas dépouiller des droits inconteftables
qu'il avoit fur les duchés de Courlande 8c de Semigalle.
Cet incident retarda la diète projettée ,
& le duc Erneft Jean partit le 23 août de Saint-
Pétersbourg pour reprendre pofleffion lande. de la Cour
Il y arriva effectivement, & le duc Charles
fut obligé de fe retirer. Il fut aufli réfolu à la diète
de convocation qu'Erneft-Jean Biron feroit déclaré
& reconnu légitime duc de Courlande 3 que i'in-
veftiture de 17^8 feroit déclarée nulle 3 qu'Erneft
recevroit l'inveftiture en perfonne devant le trône-
du nouveau roi, ou que fi fon âge ne lui permet-
toit pas , Pierre fon fils aîné la recevroit, tant
pour fon père que pour lui -meme, en qualité
d'héritier préfomptif,: à condition qu'ils ne fervi-
roient ni l'un ni l'autre en pays étranger 3 que la
dignité ducale refteroit dans la ligne mafculine de
la famille de Biron , & qu'à fon extinction on dif-
poferoit de ce duché d'une manière conforme aux
traités. Tous ces arrangemens ont eu lieu. Détails hifioriques, fur le difiriSt de Pilten. Le
diftriCt de Pilten, qui s'appelloit autrefois.l’évêché
ou le chapitre de Courlande :3 •& qui fait aujourd'hui
partie de la Courlande,. eib fitué dans la Courlande proprement dite & prend fon nom de
l'ancien château de Pilten , que le roi de Dane-
marck, Valdemar II, fit bâtir vers l'an 1220,
lorfqii’il fonda un évêché dans cette contrée pour
la converfion des habitans idolâtres. Quelques années
après, cet évêché, ainfi que toute la Courlande
, paffa fous la domination des:allemands 3 &
les chofes demeurèrent en cet état jufqu'à l'année
1559 5 fe dernier évêque craignant à. cette époque
une invafion des rufles, vendit au roi de Dane-
marck-, Frédéric I I , les deux évêchés de Pilten
& d'Oefel 5 Frédéric II les donna à Magnus fon
(1) Hift. Thuan. lîb. x x i & xxvr.
(i) Dans le mois de novembre 1737. \zt. X. de la capitulation de Charles VI*.
frète, en échange de fa portion du Holftein}
Magnus en prit poffeflîon en 1 ƒ60 , fécularifa
l'évêché, & fit préfent à fes amis & à fes fervi-
teurs de plufieurs des domaines qui en dépen-
doient. Gothard Kettler fournit l'année fuivante la
Livonie à la couronne de Pologne, & on convint
que le duc Magnus, au lieu de l'évêché de Courlande
, recevroit le château de Sonnebourg fur
l’Oefel, & qu'on ajouteroit cet évêché à la portion
de Kettler 5 le duc Magnus étant mort en
1 ^83, le diftriCt de Pilten ne voulut fe foumettre
ni -au duc de Courlande s ni au royaume de Pologne1,
mais fe mit fous la protection du Dane-
marck. Enfin, pour terminer ces difputes , on
convint que le roi de Danemarck, Frédéric II,
recevroit, pour fes prétentions fur ce pays, trente
mille reichsthalers de la couronne de Pologne 3
cette fomme fut effectivement payée par Georges
Frédéric, duc de Prufife, & margrave de Brandebourg,
8c la Pologne lui engagea Pliten à titre
d'hypothèque. Le libre exercice de la religion
proteftante fut confirmé aux habitans. En 1617
un gentilhomme courlandois , nommé Herman
Maydel, acquit cette hypothèque 3 & te roi de
Pologne la lui laiffa, fous le-titre de Staroftie.
En 16 $6 le duc Jacques la retira des mains de
Maydel 5 & il obtint ce diftriCt des fuédois qui
s'en étoient rendus maîtres. La noblefle de Pilten
fe fournit d'abord à Jacques, mais bientôt après
elle fecoua le joug 5 fce ne fut qu'en 1661 qu'elle
fe fournit de nouveau , à des conditions très-
avantageufes, que ratifia le traité conclu à Gro-
bin, le 2 y février. Frédéric Cafimjr donna une
pleine exécution à ce traité. On établit dans le
diftriCt de Pilten un grand capitaine particulier,
qui réfide à Hafenpoth : ce capitaine a fous lui fix
conféillers provinciaux & un capitaine qui réfide
à Neuhaufen. En vertu de la forme de gouvernement
de 1717 , ce diftriCt eft administré par
fept confeillers polonois, & les appels vont directement
au roi. L'évêque de Samogitie prend
aufli le titre d'évêque de Pilten: cependant ce diftriCt
a fon furintendant & fon confiftoire particuliers.
S e c t i o n I Ie.
Remarques fur la divifions la population , les productions
Ci les revenus du duché de Courlande.
Le duché de Courlande eft compofé de trois
parties : de la Courlande proprement dite, du Sé-
migalle 8c du diftriCt de Pilten.
1 La Courlande a Goldingen pour capitale, le
Semigalle qui eft plus confidérable, à caufe de
la ville de Mittaw, laquelle a toujours été le lieu de
1a réfîdence des ducs, lorfqu'il leur a été permis
de demeurer dans leur,état.
Le diftriCt de Pilten a fa conftitution particulière
, mais la Courlande 8c le Sémigalle fe divifent
en grandes capitaineries, & celles ci en cercles
ou diftriCts que l'on nomme paroi fies. On compte
dans le pays deux grandes villes 8c trois moyennés,
doute petites villes, oü plutôr doute bourgs
& fept cent fermes qui appartiennent au prince
ou à la noblefle 3 on ÿ trouve en outre des cenfes
8c des maifons particulières qu'on appelle aifm-
ces : mais il n'y a point de villages comme on en
voit en Allemagne 8c ailleurs.
Si l'on excepte les diftriCts de Golding , de
Windau & d'Alfchwang, le fol de la Courlande
eft gras & argilleux 3 on y rencontre un grand
nombre de forêts & de marais, 8c les chemins y
font très-mauvais. En automne & vers le printemps
les prairies des ter reins bas font cachées
fous les eaux 3 ce qui leur procure une efpèce
d'engrais. Les habitans ont defleché quelques endroits
marécageux, 8c ils font des étangs 5 ils y
fement pendant trois ans des grains d’été, & pendant
trois autres années ils les rempliffent d’eau
8c de poififons.
Les habitans de la Courlande font ou allemands
ou lettoniens. Les premiers ont rendu ceux-ci tributaires,
ils les ont même réduit en fervitude 5
c ’eft pour cela qu'il y a dans ce duché deux langues
principales , fa voir l'allemande & la letto-
nienne : le fervice divin fe fait dans toutes les egli-
fes en ces deux langues. Il y a à Mittaw & i
Libaw quelques églifes lettoniennes.
La Courlande adopta la religion proteftante ea
1522 3 8c elle convint en 1532 avec les habitans
de Riga d'une profeflion de Toi commune. Lorf-
qu'elle fe reconnut dépendante de la Pologne, elle
étoit entièrement luthérienne 3 mais les démeles
qui s'élevèrent dans la fuite entre le duc & la noblefle
, & qui occafionnèrent différens décrets &
commiflîons émanées des dietes de Pologne , y
frayèrent le chemin à la religion catholique, &
lui procurèrent des églifes 3 enforte qu'aujourd'hui
cette religion y eft exercée aufli bien que le luthé-
ranifme, & y jouit des mêmes privilèges que
celle-ci : fes privilèges ont été fort étendus en
1717 & 1727 3 & comme d'ailleurs plufieurs gentilshommes
ont embrafle la religion catholique,
8c ont cherché à l’introduire dans leurs églifes,
cette communion s'eft, fort répandue : la Courlande
reçut en 17 y8 un duc catholique. Les mariages
des ducs avec des princefles de la religion
réformée ont aufli donné lieu à i'introdu&ion de
ce culte : mais tous ceux qui le profeftent font
exclus par les loix de toutes les charges du pays.
Les juifs ont été chafles de Courlande fous le régné
du duc Charles de Saxe.
Les revenus du duc font très-confidérables : on
les évalue à 400,000 ducats : il poflede au moins
le tiers des domaines du pays. La Courlande étant
fîtuée fur les bords de la mer, un prince qui entend
bien l’économie, eft à portée de s'enrichir.
C e qui donnera une idée des revenus du duché ,
; le duc Charles a fourni à l'entretien de 44 vaif-
feaux de guerre & de 75 vaifleaux marchands, & il
a fait de grandes dépenfes pour établir des colo-
I nies dans tes autres parties du monde, mais pria