
ces & dès domaines, que le roi Frédéric Guillaume
a fubftitué en 172$ au cqmmiffariat général
8c au dire&oire général des finances , pourvoit
à ce qui intéreffe les finances 8c les domaines
dans la PrulTe & l'EleCtorat , à l'exception
cependant de la Siléfie 8c du comté de Glatz : il
a l'infpeCtion de toutes les caiffes de la guerre
& de toutes les chambres du domaine. C e directoire
a lix départemens. Ces fix départemens
ont l ’infpeCtion fur tous les états du roi , la Siléfie
& le comté de Glatz feuls exceptés. Les affaires
de la guerre , les invalides , la marche
des troupes , leurs Iogemens , les convois militaires
, les vivres 8c les magafîns de falpêtre 3
comme aufli les manufactures d'or & argent 3 la
grande maifon des orphelins de Potfdam 3 les
poftes 3 le papier timbré 3 les fels 3 les banques;
tes accifes, les eaux & les forêts , les mines ,
les péages le commerce 3 les fabriques 8c les
manufactures en dépendent.
La chambre des domaines 8c de la guerre ,
de la Marche électorale fubordonnée 3 comme
on vient de le dire au directoire général, afferme
les offices 3 les biens de campagne 8c les moulins
, qui appartiennent au roi. Elle a l'infpeCtion
fur les bâtimens publics 3 fur la conferyation des
forêts 8c fur l'entretien des chofes de” fon dif-
triCt. ^
Le directoire des revenus des églifes de la
■Marche électorale veille fur les revenus des pa-
roifles royales de la campagne. Le miniftre d'é-
'tat , qui préfide le confiltoire fupérieur luthérien
, préfide auffi ce directoire ; les pré-
fidens du confiltoire de la marche électorale 3 8c
ceux de la ’chambre des domaines & de la guerre
y font admis.
Il y a deux autres collèges qui méritent d'être
cites : 10 le conjiftoîre de la guerre , duquel dépendent
les aumôniers des garnifons 8c des troupes
en campagne ; il prononce fur leurs affaires perfôn-
nelles 8c fur celles qui font relatives à leur état ;
jes officiers de l'armée , fupérieurs & autres 3 lés
foldats & les recrues 3 dont les paffe-ports n'ont
pas encore été délivrés 3 les femmes des officiers
Çc des foldats font fournis à fon autorité; l'auditeur
général y préfide : 2° le collège fupérieur de
médecine 3 dont i’étâbliffement remonte à l'année
1725 ; il a pour chef un miniftre d’érat. & de la
guerre, & pour directeur un confeijler intime
des finances. Lés affeffeurs font les médecins du
toi 8e de la cour 3 8e quelques chirurgiens expérimentés.
11 furveille les collèges de médecine établis
dans les états du roi , à l'exception ççpepr
dant de ceux la Siléfie.
S e c t i o n V Ie. /
p es impôts 3 des revenus & des trouas du Bran*
... dçbourg.
Les impôts établis dans la Marche électorale
font très-variés. Les fiefs proprement dits font
impofés à tant de chevaux de cavalerie par forme
de fubfides 3 ou à 40 rixdales par chaque cheval
3 8c le propriétaire elt exempt des contributions
8c des accifes. Les bourgeois des villes
paient de leur côté des accifes 3 8c point de contributions;
les payfans, au contraire , des contributions
8c point d'accifes.
La nouvelle Marche 8c la Marche électorale
payèrent:/ en 1748 , 26,073 écus chaque mois y
ceft-à-dire-, pour l'année entière 312,87(3 écus.
11 y a une contribution extraordinaire , dont fait
partie un impôt établi à Potfdam, fous le nom
de bettgelder 3 en 1740 & 1743 > l rapporta dix
mille écus. On peut compter , au nombre des
contributions extraordinaires , les frais des convois
militaires , dont le pays eft chargé.
Les villes de la Marche paient le droit d'ac-
cife , établi depuis 1680 3 dont le produit pour
la feule ville de Berlin s'eft monté en différentes
années à quatre, & même à cinq tonnes d'or.
Le produit des bailliages domaniaux doit être
très-confidérable , puifque celui de la-feule Marche
électorale monte à 700,000 écus. Les péages
> les mines , les forêts , le timbre des cartes
8c du papier , le tabac , les banques,' la finance
des charges & emplois, les portes, les mon-
noies , le fel & autres objets de cette nature
doivent être pareillement d'un très-grand rapport :
les revenus du roi montent actuellement ( en
1784) à 11 millions de rixdales , c'eft-à-dire , à
environ 78,750,000 livres tournois. Si je puis
me procurer une évaluation plus exaCte , j'en parlerai
à l'article P r u s se .
Le bureau de recette provincial de la Marche
électorale perçoit les revenus des domaines du
roi ; les contributions au contraire, ainfi que les
accifes, s'acquittent au bureau fupérieur des fubfides
de la même province. Les cailles générales,
dans lefquelles fe verfent tous les deniers 8c revenus
toyaux., font celles du domaine 8c celle de
la guerre.
L'éleCteur Joachim I I , décédé en 1571, laiffa
7 millions de dettes que les états de la Marche
fe chargèrent volontairement d’acquitter. L'électeur
Guillaume le grand n'eut fur la fin de fon
règne, que 1,533,7.95 écus de revenu; & avec
ce peu de moyens 3 il fit de grandes chofes. Le
roi Frédéric I , fon fils & fon fucçeffeur, ne fut
pas auffi économe. Le roi Frédéric Guillaume,
fon fils , avec peu. d'argçht fut entretenir une
armée nombreuse 8c accumuler des tréfprs confi-
déràbles.
La differtation que le roi a faite fur l'état militaire
de l'éleClorat de Brandebourg 3 nous apprend
que l'éleCteur Georges-Guillaume n'eut fur
p ied , en 1638, que 8000 hommes d'infanterie
8c 290c de cavalerie, & q u ’à fa-mort cette même
infanterie fe trouva réduite à 3600 hommes, 8c
la cavalerie à 2509. L'éleCteur Frédéric-Guillaume
r f av<?st
tfavoit que 21,000 hommes d'infanterie 8c 4100
de cavalerie , non compris les garnifons qui fe
montoient à 2700 hommes. Le roi Frédéric I
entretint N 3000b hommes , & le roi Frédéric-
Guillaume tranfmit à fon fucceffeur une armée
de 60,000 hommes très-bien difeiplinée. C e nombre
a augmenté confidérablement fous le règne
aCtuel, puifqu'en 1753 l'armée étoit de 146,
257 hommes , dont la folde coûtoit en temps de
paix dix millions 9 32, 960 écus , outre les
frais d^abillemens , ceux de remonte, ceux de
logement, 8c ceux d'engagemens ; la dépenfe effective
pour l’état militaire pouvoit alors être
évaluée à 14 millions d'écus. Au moment où on
«crit c e c i, la Pruffe a plus de 200,000hommes
fur pied. Tout le monde connoît la discipline ,
l'adreffe 8c la force de cette armée qui eft toujours
complette 8ç toujours prête à entrer en
campagne. C e qui facilite la levée’ dés recrues ,
c'eft que tous les pays qui compofent le royaume
de Pruffe 8c l'éleCtorat de Brandebourg , font di-
vifés en cantons ou diftriCts , dans lefqueîs tels
régimens & même telles compagnies font obligées
de fe recruter ; 8c que les régimens font
en garnifon ou en quartier dans les diftriCts qui
leur font allignés, ou dans les environs. La majeure
partie cependant des recrues qui fe font en
temps de paix, vient de l’étranger; celles qui
fe font dans les diftriCts défîgnés, reçoivent des
congés de neuf à dix mois , & on leur permet
d'exercer leurs métiers dans le lieu de leur demeure.
S e c t i o n V I Ie.
Des manufaâhlres du Brandebourg.
Les nombreufes 8c belles manufactures qui fe
trouvent dans la Marche de Brandebourg, doivent
leur exiftence à la révocation de l'édit de Nantes
, 8c à cette multitude d'ouvriers François qui
fe font réfugiés à Berlin & à Potsdam. On y fabrique
des draps, des étoffes de laine de plusieurs
efpèces, des camelots, calemandes, étamines ,
flanelles, 8cc. ; des toiles de coto n , des mou choirs
de coL 8c de poche , des mouchoirs de
fo ie , du velours , des tapifferies , des gaLons d'or
8c d'argent , du cuir , du tabac, du fucre , de
la poudre, toutes fortes de marchandifes d'acier
& d'autres métaux , des armes , de grandes ,8c
belles glaces, de la porcelaine. On y prépare
des terres propres à la peinture, de l'alun, du
falpêtre, & c . On fabrique à Berlin des ouvrages
précieux d’orfevrerie, de jouaillerie, d’émail 8c
des inftrumens de mathématique ; on connoît l’élégance
& la beauté des caroffes qu'on y fait.
L'avantage qui réfulte de tant d’arts 8c métiers,
eft immenfe ; non-feulement on ne paye plus à
l’étranger ces fortes d'ouvrages, on en exporte
même pour des fommes confidérables. C e commerce
eft favorifé par les fleuves 8c les canaux du
@£conf petit, & diplomatique, T&rn. ƒ,
pays ; il eft; favorifé encore par la banque royale
établie en 1765 , de laquelle dépendent celle de
Breflaw, celle de Koenigsberg en Pruffe , celle
de Stettin & de Francfort fur l’Oder, & celle«
enfin de Magdebourg , Miriden , Erabden 8t
Cièves.
S e c t i o n V I I I e.
Obfervations fur les titres , les privilèges , G'c. de
la maifon de Brandebourg.
Voici les titres du roi de Pruffe, éleveur
de Brandebourg : Frédéric , roi de Pruffe , margrave
de Brandebourg, archi-chambellan 8c électeur
du faint-Empire romain, duc fouverain de
Siléfie, prince fouverain d'Orange , Neuchâtel
& Valangin , comte de G la tz , de Gueldres, de
Magdebourg, Cièves , Juliers, Bergue , Stettin,
Poméranie , des Gaffiibes 8c des Venedes, duc
de Mecklenbourg 8c de C roffen, bourgrave de
Nuremberg , prince de Halberftadt , Minden ,
Camin , Werden , Schwerin, Ratzebourg , de
la Frize orientale 8c de Meurs , comte de Ho-
henzollern, de Ruppin , de la Marche , de Ra-
vensberg, de Hoheinftein, de Tecklenbourg ,
de Lingen , de Buren 8c de Leerdam , fei.gneur
de Ravenftein , "des pays de Roftock , de Star-
gard, de Lavenbourg, de ButoW , d’Arley 8c de
Breda , 8cc.
On a parlé de fes. armes à l ’art. A rm o ir ie s .
L'éleéteur de Brandebourg a le feptième rang
parmi les électeurs en général, 8c le quatrième
parmi les féçuliers. On a parlé de fes fonctions à
l'article A l lem ag n e . Il eft archi-chambellan du
faint-Empire romain. Le prince de Hohenzollem
eft fon chambellan particulier. Son contingent eft:
de 60 cavaliers' 8c de 277 hommes d’infanterie ,
ou de 1828 florins en argent. Il ne paye rien pour
les évêchés de Brandebourg, de Havelberg & de
Lebus. Sa taxe pour l'entretien de la chambre eft:
de S ri rixdales 58 & demie kr. Il a cinq voix dans
le collège des Princes de l'Empire.
La maifon de Brandebourg eft divifée en deux
branches, l'Eleélorale &c celle de Franconie ; la
dernière eft fous-divifée en deux lignes , celle de
Bareith 8c celle d’Anfpach. ,
L'éleéleur de Brandebourg jouit du droit de ne pas
appel!er, 8c du droit de péage, en vertu d’un privilège
particulier, accordé, par l'empereur Frédéric
III en 1456. C e privilège illimité a caufé
de grandes altercations parmi les autres éleéteurs
8c princes de l'Empire.
L ’éleéteur de Brandebourg eft protecteur de l’ordre
de Malthe daRs fes états , 8c des biens que cet
ordre pofféde dans les états proteftans d’Allemagne..
Il nomme le grand-prieur de Sonnebourg, que les
allemands appellent le grand maiçre de la Marche
de Brandebourg.
Il jouit du droit des premières prières dans
toutes les collégiales de fes états. Il peut difpofçr
D dd