
eji magiftratures onéreufesi Les richeffes y étoient
âu fiî à charge que la pauvreté'.
De la corruption du principe de t ariftocratie.
L 'ariftocratie fe corrompt lorfque le pouvoir des
nobles devient arbitraire : il ne peut plus' y avoir
de vertu dans ceux qui gouvernent , ni dans ceux
qui font gouvernés.
Quand les familles régnantes obfervent les loix,
c'eft une monarchie qui a pluiïéurs monarques ,
& qui eft bonne par fa nature ; prefque tous ces
monarques font liés par les loix. Mais quand elles
ne les obfervent pas , cfètt un état defpotique qui
a plufïeurs defpo'tes.
Dans .ce c a s , la république ne fubfifte qu'à
l'égard des nobles, & entr'eux feulement. Elle
eft dans le cdrps qui gouverné, 8c l'état defpb-
tique eft dans le corps qui ;eftr gouverné ; ce qùi
fait les deux corps du monde les plus défunis.
L'extrême corruption eft ldrfqué lés nobles deviennent
héréditaires ( r ) , ils ne peuvent
guères avoir de modération. S'ils font en petit
nombre leur pouvoir eft plus grand ; mais leur,
fureté diminue ; s'ils font en plus grand nombre ,
leur pouvoir eft moindre , 8e leur ' fûreté plus'
grande ; : enforte que le pouvoir va croiflânt, &
la sûreté diminuant -jufqü'aü defpote, fur la tête1
düquel eft: l'excès du pouvoir Ôe du danger.
' Le grand nombre des nobles, Azns Y ariftocratie
héréditaire v rendra d on c ’ le gouvernement
moins violent : mais comme il y aura peu de vertu,
en tombera dans un-ëfprit de nonchalance, dé
parèffey d'abandon, qui fera que l'état n'aura plus
de force ni de reflbrt (2). -
Une ariftocratie peut maintenir la force de fon.
principe, lî les loix font telles qu'elles faifent plus
fentir aux nobles les périls 8é les fatigues du commandement
que fes délices; 8e fi l'état eft dans
Uné1 telle fituation , qu'il ait quelque chofe -à-
redouter ; & quë la fureté vienne du dedans, 8c
l'incertitude du dehors.
Comme une certaine confiance fait la gloire
8e la fureté d'une monarchie, il faut au contraire-
qu'une république redoute quelque chof# (3). La
crainte des perfes maintint les loix chez les grecs.
Carthage 8e Rome s'intimidèrent l'ünë 8e l’autre,
8e s'affermirent. Chofe fingulière ! plus cès états
oîrt de fureté , plus » comme des eaux trop tranquilles
, ils font iujets à ,fe corrompre. Montef-
quieu , ËJprit des loix. Voye% fur-tout les articles
Vêtsis e 8e G ènes.
A R ITH M É T IQ U E PO L IT IQ U E . C 'e ft celle
dont les opérations-ont pour but des recherches
utiles à l'art de gouverner les peuples;, telles que
: celles du nombre des hommes qui-habitent un
I pays, de la- quantité- de- nourriture qu'ils- doivent
! confommer , du travail-!qu'ils peuvent faire , du
temps qu'ils ont à v/vre, de la fertilité des terres,:
de la fréquence dès naufrages -3 8cc. (4V 1
' ( 0 'V arftocrntie fe change én oiigàccliië. . . . . , .... , ., ...
V x) Venife-eft Une deVTé&tfblf^uèsV W ‘a "le*-'mieux-.corrige., par'fes Joue , testpconyemens'de•l.anjtecnu*' ber-edttaire.'-
Juftih attribue à la more <FEpamin~ondasltextin$km-de la vertu à Athènes. Noyant plus-d’émulation , ;ies athéniens
, d.épenCçi eut leurs revenus en. feies , fréquentais toemn quàm : câfrrq, vij<entes. Pour lors tes-m^moniens, foctir^nt de
l’-oblcurité, Liv. VJ.
■ U) Le chevalier Petty, anglois , eft le premier qui ah écrit, fur.cette matière* J i puM»„ca. tin.:9ÿyrage ,_fops le
titre d’Efïnis $ arithmétique politique. II. traite, dans 4 e premier e flài, d elà multiplication du genre humain , & de Lac-.
cioiffement de la ville de Londres. U eft queftion , dans le fécond, de la. ville de Dublin. Le troiüerae contient ürie
comparaison "de la ville de Londres & d e là ville de Paris , comparaîfon dans laquelle l’aùteur s’efforce ^ d eten er -eft
tôut la fupériorité a Londres.' Le quatrième eflài tend à prouver qu’il meurt tous l^s ans environ 3060, malades a 1 hofel-
«Heu de.Paris nar- mauvaife adniinifcaciofl. Le cinquièmei.préfente des recherches fur;la populationjdp î,qndres & fur.
celle de Paris d’Aaifterdam, de Vénife, de Rome , de Dublin , &c, Le üxièine enfin embrafle 1 ,etendue & te prix;
des terres , les peuples , les mailons., l’induftrie , l’économie, les.manufaaures, le commerce la peche, les artisans
, lès gens de mer, les troupes de terre, les revenus publics, les intérêts, les taxes , le lucre, les'banques, les compagnies,
le prix des hommes , l’accroiflèment de la marine & des troupes..les habitations, Jes conftrü&ions de vâif-
feaux , tes forces de mer , Scc. relativement à tout pays en général, mais particuliérement a 1 Angleterre, ^ Hollande
& la France. . . . . ; . . . A
.'Cet ouvrage du chevalier Petty* ainfi que .ceux de divers \ auteurs qui Ce, fpnt occupés des mêriiesobjets, tels que.
Davenant, Grant , Arc. font .plus propres à .anaufer qu’à inllruire', plus faits pour flatter la curiofite que pour cpptencçr,.
le jugement de lefteurs inftruhs. Ils femblent'avoir pour but l’économie politique , & ils ne pofent point fur une bafd etono-'-
mique : ces auteürs ignoroient tes vrais principes de cette fcience qui calcule tout, mais d’apres dautres données’ que
les leur» D’ailleurs leurs calculs , ceux- fur-tout du chevalier Petty , ne méritent gueres de confiance .;.: car „outre quils
font faits en grande partie fur des conjeéhires & des fuppofitions , c’eft qu’ ils portent des marques évidentes de prévention
& de partialité, Tant pour l’Angleterre que contre la France, qui ne permettent pas qu’on fe fafle une idee favorable
de ia profondeur des recherches ni de l’exactitude de leur auteur.
Nous pouvons ajouter qu’il leur étoït impoflîble, comme il l’eft encore à ceux qui travaillent fur cette matière,
d'avoir des renfeignemens alTez détaillés fur Jes-objets qu’il» ont traités pour en donner des états juftes. Voyez fur le
feul article de la population d’un pays, de la France par exemple, ou l’on a. fait-, par ordre'du gouvernement -y des
dénombremèns auifi eitafts qu’on à' pu- tes faire , combien diffèrent les réfuhàts que nous •donnent _ceux qui en ont écrit.
Que fera-ce pC-ur -d’autres pays où l’on n’a point eu ces attentions, & pelativement à d *u*e$ ■ ol>)etS‘ pour lefquels on
neAu tefte , le ^chevalier Petty eût il été de bonne fo i. ne fe fût il point trompé & n’eût-il jamais exagere fon o u vrage
ne nous feroit point utile. Les données-fur léfquellès il faifoit fes calculs:'en rjpp’. tie font >PIus les memes, «c
rendent par cela féul fon arithmétique pol tique, inapplicable à l’état pwfont des çhofçs. Et qu eft-ce qu une arithmétique pu-
Htique que le temps èç les çirçpnftaacçs peuvent çhângori ' q
■ On cônçoit aifément que ces découvertes , &
beaucoup d'autres, étant aéquifes par des calculs
fondés fur quelques expériences bien conltaîees,
un miniftre habile en tireroit une foule de confe-
^juences pour la perfe&ipn de l'agriculture, pour
le commerce tant intérieur qu extérieur, Ppur
les colonies, pour le cours 8ç Remploi de 1 argen
t, & c . Mais fouvent les miniftre s , (je n ai
garde de parler fans exception ) , i croient n avqjr
pas befoin de palfer par des combinaifons & des
fuites d'opéràjtions arithmétiques ; plufieurs s imaginent
être doués d’un grand génie naturel , qui
les difpenfe d'une marche fi lente & fi pénible,
fans compter que la nature des affaires ne permer
ni ne demande'prefque jamais la precifion géométrique.
Cependant fi la nature des affaires la de-
mandoic & la permettoit, je ne doute point qu on
ne parvînt à fe convaincre, que le :monde politique
, aufïi - bien que le monde phyfique, peut fe
régler à beaucoup.d'égards par nombre, poids &
mefure. ^ ,
C'eft ainfi que s’ exprime l'ancienne Encyclope- I
die au mot arithmétique .politique, La définition &
l'explication qu’elle en donne, emanees fans doute
d'un auteur refpeéfable & patriote, font un témoignage
de fes ,fentimens vertueux , 8c nous
font voir ce bon citoyen occupe, félon fes con-
noiffances & fes loifirs, des progrès du bien
public ; mais ce qu'il propofe ici comme moyen
d'y contribuer 8c capable de diriger radfniniftra-
tion vers le mieux, ne fervirbit gueres qu a la
détourner de fes vrais devoiis ,*qui confîftent en
vigilance, pour l'occuper de details fujets a erreur,
ji préfçnter des illuîions, 8c tendre des piégés, a
la follîcitude.publique. Les gouvernemens , fi l'on
peut parler ainfi, ne font point les celeriers d une
communauté ; c'eft une erreur de croire quils
foient inftitués pour nourrir les hommes. Ij||le
font uniquement pour défendre leurs propriétés ,
les empêcher de ravir la portion d autrui, 8c pour
les preferver de gêne dans leur travail, deftine a
leur procurer une part à la fublîftance. v
Le terme d‘ Arithmétique politique eft une dénomination
corapofée, laquelle pouretre bien entendue,
fuppofe l'acception d'une grande vérité primitive,
qui eft d'abord l’explication de cette maxime de
Salufte : Qua homines arant3 &dificant3 laborant , &c.
omniavirtuti parenp. Cette vertu , c'eft le, calcul,
c'eft le boti;calcul-
Mais l'admiftion de cette vérité primitive , fuppofe
fon application aux élémens de la vie humaine,
qui font la bafe de .la multiplication de
l'efp èçe, de fa perpétuité, de Ta profpénté , 8c
de tout ce qui peut y concourir. Ces élémens de
la vie humaine font les règles de l'ordre naturel ,
par robfervation defquelles l'homme peut, obtenir
d’abord fa fubfiftance première 8c plus ur-
,gente, nécelfité:, enfuite -pourvoir à fes autres
béfoips , comme vêtemehs , logemens, 8cc. 8c
multiplier enfin les dofts de l'a nature , en perpé-
GScon. polit, & diplomatique, Tom. I,
tuer la reproduction 8c les approprier à fes defirs,
dont la fatisfaCtion fait l ’eftence de fon bonheur.
: On fent que je veux parler ici de l'agriculture,
dont les procédés dépendent des loix de la nature;
8ç qui feule multipliant les produits de la
terr-e, devient, le feul moyen de fubfiftance affû-.
: rée pour l'homme 8c pour fa poftérité.
Toutes les autres manières de fe, procurer la
1 nourriture , comme la chaffe , la pêche , le pâturage
, ne font proprement que des moyens de
; recherche -, auxquels i'induftrie , l ’expérience 8c
l'habitude peuvent bien donner quelque extension
; mais cette extenfion ne fauroit être graduelle
8c perpétuelle, 8c la multiplication de
notre efpèce en trouvera, bientôt les bornes. Arrivées
une fois à ce terme , les différentes familles
.humaines doivent s'entr’égorger pour vivre
de pillage, 8c les viétorieufes périr enfuite elles-
mêmes fur les débris'qu'on formés leurs ravages.
Au-lieu de c e la , les dons de l'agriculture n'ont de
bornes que les: barrières les plus reculées de la
fécondité de la nature , barrières que nous ne
faurions ..coonoître , qui s'étendront toujours devant
I'induftrie, devant l’expérience 8c l'habitude
du travail > 8c procureront ainfi de nouvelles
fubfiftances pour raccroiffement de la population,
laquelle fournira par elle - même de nouveaux
furcroîts de travail, 8c de nouveaux moyens
d’exciter 8c d'étendre la fertilité.
La politique n'étant que l'art de rendre les
hommes utiles 8c heureux, on fent combien elle
eft liée à l'agriculture; 8c ce lle -c i ne pouvant
être exercée à profit qu’au moyen d'une arithmétique
fort exa&e ^ attentivement étudiée, 8c foi-
gneufement refpe&ée, il fuit que la1 politique eft
pareillement une fcience de calcul. On fait 8c on
dit ailleurs ce-que c'eft que la fcience des calculs
agricoles ; il s'agit maintenant ici d'établir exactement
ce que c’eft que Y arithmétique politique.
C e lle -c i confifte à ramener à des principes
fournis à l'épreuve du calcul, 8c.confirmés par
les réfult'ats du calcul, l'intérêt général de l’humanité
, compofé de l’intérêt particulier de chacune
des fociétés politiques qui font répandues
fur la terre , comme l'intérêt national de chacune
d'elles eft compofé de l'intérêt particulier de chacun
des individus qu'elle renferme.
Cettè opération grande 8c fimple que fait la
fa in e , politique, c'eft - à - dire , la feule politique
qui foit favorable 8c confiante, cette opération'
embtafie également le moral 8c le phyfique de
l’homme ; 8c fans faumettre l'un à l’autre „ elle
nous démontre qu'il nous fuffit de favoir que tout
fe tient dans la nature, pour pouvoir contenir les
écarts d’une imagination trop vive, 8c pour trouver
des. bafes phyfiques aux fpéculations de la
; politique, 8c au régime de l'autorité.
C e régime doit fe conformer à celui» de la na^
ture qiji fit naître l'homme, qui le fait vivre »