
que cinq en exercice. On obferve Tordre alternatif
pour les deux quartiers.
Le double confeil du pays eft compofé d'environ
quatre-vingt-dix membres ; il ne s'affemble
qu'une fois l'an ; il publie les loix de police , &
1 nomme les édiles & les autres officiers fubaî-
ternes.
Le grand confeil3 proprement dit, s'affemble
alternativement dans les deux quartiers ; fes féan-
ces ne font pas fixées.
Chaque quartier à fon petit confeil diftingué.
L e pouvoir & la jurifdi&ion du grand & du petit
confeils font les mêmes que dans le canton catholique.
Les caufes matrimoniales & les tranf-
greffions contre les moeurs font jugées par un
confiftoire. *
Quant aux officiers généraux des troupes , on
compte le banneret, ( c'eft-à-dire 1 q landamman
hors de charge ) les deux capitaines & les deux
portes-bannières 5 chaque diftriéta fes capitaines
& commandans particuliers : la milice eft partagée
en cinq divifîons , qui marchent fucceffive-
ment aux rendez - vous, après que les fignaux,
établis fur les hauteurs , ont donné l'allarme. En
comptant tous les hommes qui ont droit de voter
à l'affemblée du peuple , le canton catholique
peut fournir 3opo foldats , & le canton réformé
IQOOO,
Population , bonheur & commerce des peuples de
/'Appenzell. Lors du traité de cantonnement en
jS9 7 j on comptoit 2782 hommes d'armes chez
les catholiques , 6322 chez les réformés : aujourd'hui
on évalue la population du canton intérieur
a 13100 âmes , celle du canton extérieur à 3 8000
âmes ; ce nombre eft furprenânt dans un petit
pays de 60 lieues quajrrées , dont une grande partie
eft occupée par des glaciers , des rocs inac-
çeffiblesj des précipices & des ravins, & le refte
par des pâturages d'été, exceljens il eft vrai, mais
qui ne peuvent pas nourrir autant de monde que
des terres cultivées. L'induftrie des habitans fup-
plée à cçs défavantages du fol. Une propriété
affûrée, l'affranchiffement de toute charge oné-
reufe ou arbitraire , peut - être' la fatisfaélion d'être
membre du corps légiflatif, de nommer fes
chefs , de délibérer fur les intérêts de la république
, développent chez ce peuple frugal &' laborieux
j tous les r efforts d'un génie ajftif, qui
p/eft point enchaîné pard.es rpglemens, ou qui
n'a point à lutter contre des privilèges injuftes.
Un échange des ouvrages de leur induftrie , ils
tirent de leurs voifins les denrées, de confomma-
tion qui leur manquent. Une exportation & une
importation toujours libre, amènent chez eux l'abondance.
Les deux branches de commerce du - canton
font, i°. le bétail, les cuirs , le beurre, les fromages,
&c. Ge travail feul occupe nooperfon-
jfonnes j i°. la filature de lin & de coron, & la
fabrication des toiles. Ils ont tellement perfe£tionné
l’art de la filature , qu'une livre de fil de coton J
poids de 20 onces, fournit 360 à 400 mille tours,
de dévidoir : chaque tour eft de quatre pieds.
U Appenzell a d'ailleurs dans le falpêtre un objet
de commerce qui a été très-confidérablè lorfque
la France & l'Allemagne ont été en guerre, 8c
qui pourroit le devenir encore plus , fi le débit
de ce Tel étoit régulier 8c alluré par des cir-
conftances favorables. Sa formation 8c fa multiplication,
dues a des moyens fort fimples, obéif-
fent à Tinduftrie des bergers du canton 5 les\étables
de leurs beftiaux, conftruites généralement fur,
la pente des montagnes, ne font de plain-pied
que d'un c ô té , 8c la face du bâtiment, oppofée
à fon entrée, eft élevée du foi d'environ deux,
ou trois pieds, & fupportée à chaque angle par
un gros pieu 5 enforte que Tefpace qui fe trouve
entre le plancher de l'étable 8e la terre, eft en-'
tièrement expofé à l'air. Dans cet efpace on
creufe une folle qui l'occupe en entier^ 8c dofit
la profondeur eft d'environ trois pieds ; la terre,
qu'on en tire étant ordinairement noire 8c graffe ,
ou même abfolument argileufe, eft remplacée
par une terre choifie dans l'efpèce des fablon-
neufes, que Ton a foin d'y comprimer très-peu >
cette terre, néceffairement très-poreufe, s'imbibe
de l'urine des beftiaux, fe prête, à l'évaporation
de fa partie-purement humide , 8c favorife l'évaporation
du nitre, à laquelle le contadl de l'air
eft abfolument nécelfaire. Lorfque l'étable a été
habitée deux ou trois ans, le falpêtre eft déjà
formé en allez grande quantité pour que la folle
puilfe être vuidée 8c fa terre leffivée, ce qui fe
fait à la manière ordinaire : après quoi cette même
terre eft féchée à l'air libre , 8c remife dans la
folle. On a remarqué qu'après avoir été une fois
employée , elfe devient plus propre à la criftalli-
fation du falpêtre > qu'elle peut être leffivée plutôt
, 8c fournit graduellement une plus grande
quantité de fel. Ordinairement , la première
récolte faite, on peut recueillir tous les ans f ô c
il n'eft pas rare de voir ces leffives produire un
millier pefant de falpê.tre, dans une habitation
médiocrement peuplée. L'expofition des njonta-
gnes, relativement au foleil, influe considérablement
fur l'abondance de ce produit ; la plus favo*.
rable eft celle du nord, parce que la partie la
plus découverte de la folie eft expofée à un air
v if, qui hâte l'évaporation , 8c n’eft point échaufi*
fée par l'ardeur du foleil, qui trouble la formation
du fe l, en volatilifant quelques-unes des
parties qui entrent dans fa compofition.
Le commerce du falpêtre n’eft pas abfolument:
parçiculî au canton d‘Appenzell 5 on en recueille
une affez grande quantité dans celui de Glaris ;
niais en général i les glarois , moins attachés à
leur pays 8c moins bergers, quoiqu'auffi induf-
trieux que leurs voifins à3Appenzell | paroiffent
un peu moins attentifs qu'eux aux reffources de
la vie paftorale» Cette différence eft infçofible *
il eft vrai, mais elle exifte 8c tient à des différences
plus confidérables, qui diftinguent ces deux
petits peuples.
On trouve, dans le pays d‘Appenzell 9 peu de
particuliers fort riches ou très-pauvres; l'aifance
eft alfez générale, fur-tout parmi les réformés,
plus induftrieux que le§ catholiques.
Ce canton n'a aucune ville fermée > on n'y
compte même que deux ou trois bourgs & , un
petit nombre de villages réunis : les autres pa-
roilfes font compofées de hameaux. Ces maifons
détachées font ordinairement vaftes, quarrées,
élevées, folides 8c propres.
Tous les voyageurs parlent avec admiration 8c
avec envie du bonheur des peuples de VAppenzell.
Parmi les fîx cantons démocratiques, ou ce
qu'on appelle en Suiffe les petits cantons, il n'en
eft pas un. feul qui n'olfre dans le cara&ère de
fes habitans quelque chofe de particulier, 8c qui
le diftingué de tous les autres. Ceci paroîtra fin-'
gulier, fi l'on confidère que ces fix cantons ne
font que de très-petites divifions d'une petite
furface de terre 8c d'une portion d'hommes liés
par les mêmes intérêts , fournis à des loix fem-
blables, élevés de la même manière, 8c, pour
ainfî dire, cara&érifés par lès mêmes moeurs. La
fierté, ou pour mieux dire, l'orgueil national,
caraélérife ' particulièrement les habitans du canton
de Schwit£. Les cantons à’Uri 8c de Zug
partagent enfemble la réputation d'être peuplés
des plus rudes 8c des plus intraitables payfans de
toute la ligue ; cependant les derniers fe diftinguent
par une turbulence dont leurs alfemblées
générales fourniffent de temps en temps de fan-
glantes preuves, tandis que les, premiers , qui
avoient toujours été cités comme les luilfes les
plus francs 8c les plus froids des Treize-Cantons
, commencent à perdre quelque chofe de leur
défirttérelfement , par leur commerce continuel
avec les italiens , fans gagner fenfiblement du côté
de la douceur des manières. Entr'eux 8c le canton
de Schwitz, on trouve celui d’Underwald,
qui diffère d'une manière fi frappante de tous
ceux qui l'environnent- Une efpèce d'hommes ro-
bufte, mais lente 8c mélancolique, habite fes
montagnes ; rien de fi doux, de fi humain, de
fi bienfaifant que ce bon peuple, chez lequel
Thofpitalité eft une vertu fi naturelle, qu'un
voyageur à pied , qui n'offufque point par un
luxe qui choque des hommes auffi Amples, peut
aller de cabane en cabane , 8c trouver par-tout
un afyle gratuit, offert de bon coeur. Les glarois
font a&ifs, inquiets, induftrieux , 8c de tous les
habitans des Alpes, ceux qui font le moins attachés
à leur terre natale, tandis qu'on ne peut
en arracher les bons pafteurs de Y Appenzell, Ceux-
ci , fimples 8cgais, quoiqu'induftrieux, charment
par la douceur de leurs moeurs 8c intéreffent par
Î'aménité de leur, efprit. Toute la Suilfe cite les
bons mots qui leur échappent en foule, 8cdont
Oiïçon. polit. & diplomatique. Tom. I.
les uns font piquans par leur vivacité, les autres
finguliers par leur naïveté. Il ne s'écoule pas un
été fans que des compagnies entières des hommes
les plus diftingués de Zuric ou de Scbaffoufe ,
aillent à pied faire un pèlerinage dans l'Appen-
y ll, pour palfer quinze jours avec fes bergers.
Le célèbre Gcjfncr, fon ami le favant Futfsly, les
Breitingtr, les Lavater, &c. ont fait & font toujours
avec un nouveau plailîr cet intérelfant voyage.
Ils ont communiqué à M. Ramond une obferva-
tion plaifante qui contrafte avec l'exclamation fur
le luxe, qui termine une des lettres de M. Coxe.
Comme les troupeaux de ce pays fe rencontrent
plus fouvent & en plus grand nombre que les
hommes, c'eft par eux que le luxe péuètre dans
le canton; un bon paÿfan d'Appenzell, dont toute
la garderobe ne vaut pas vingt florins, pend au
col de la ,vache qu'il honore de fa prédileâion ,
une fonnette fuperbe, dont le prix va fouvent
jufqu'à 70 florins, plus' de iyo liv. tournois.
Cette république forme un tableau bien inté-
reliant, & on peut l'oppofer au fyftême hafardé
de quelques auteurs politiques, qui. éblouis par
l'éclat extérieur & la célébrité des grands états,
voudraient nous perfuader qu'il eft de l'intérêt
du genre humain de ne former qu'un petit nombre
de grandes nations, foumifes à un chef ou législateur
abfolu : qu'ils confidèrent ces petits états
obfcurs, mais heureux , riches & peuplés , oî
l'on ne foupçonne pas feulement qu'il puilfe
exiftér des hommes nés avec le droit de commander
aux autres. Sans doute les gouverne-
mens démocratiques ont leurs convulfions comme
les monarchies ; mais fi les alfemblées du peuple
font fouvent orageufes, qu'on fe rappelle les
orages des cours & leurs fiineftes, eflets. Dans
les démocraties, les guerres étrangères font plus
rares , & on y eft à l'abri des vexations fifcales ,
qui ne fervent guères qu'à entretenir le faite de
quelques individus, à forger de nouvelles chaînes
pour les peuples, ou à exécuter des projets ambitieux
aux dépens de la nation,
A PO C R IS IA IR E S , officiers de l’Empire romain.
V . fe,Dictionnaire de Jurifprudence.
APOTHEOSE, f. f. Ce mot lignifie confc~
çratiori; il Vient du grec «nrarei», divinifer. Nous
ne parlerons pas ici de l’origine de l'apathéofc
des empereurs romains ; nous renvoyons cette
difcuflion au Dictionnaire d'antiquité & à celui
d'hiftoire.
On. dit communément qu’Augufte établit IV.
potkéofe des empereurs , & que Tibère en fit
une loi. Depuis ce temps Yapothéofe , qui devoit
être le prix des vertus & du mérite ne fut plus
'qu-une vaine cérémonie d’ufage, & on l'a profti-
tuée fouvent à des monftres qui ne méritoient pas
même le nom d'hommes. Voici la defcription
des cérémonies qui accompagnoient Yapothéofe
des empereurs romains.
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