
C U LM B A C H , pays d'allemagne qui porte
aufli' le nom de Bareitk.
C e pays a depuis plusieurs fiècles le titre de
principauté 5 & appartient , ainfi qu'Anfpach ,
aux margraves de Brandebourg , en leur qualité
de burgraves de. Nuremberg. Il eft fitué
dans le cercle de Franconie , 8c divifé en haut &
bas. Celui-ci j de moindre étendue que celui-là 3
sie comprend que cinq bailliages avec les villes
d'Erlang 8c deNewftadt fur l'Aifchj il confine aux
frontières de Bamberg, de Schwartzenberg, de
Rothenbourg , d'Anfpach & de Nuremberg f 8c
celui-là qui comprend dix bailliages, avec les villes
de Bareith, de Culmbach , de H o f , 8cc. touche
à Bamberg3 à la Saxe, à la Bohêrçe, au haut
Palatmat, 8c au territoire de la ville de Nurem- ,
berg : ces deux parties renferment enfemble feize
villes grandes 8c petites, vingt-fix bourgs tenant
marché, 8c des villages à proportion.
Précis de l'hijioire politique du margraviat de
Nuremberg & du pays de Culmbach. Les principautés
que les margraves de Brandebourg pof-
sèdent dans le cercle de Franconie > fçavoir, la
principauté de Culmbach 3 ou Bayreuth , 8c
celle d'Onolzbach ou Anfpach, forment, pour
parler le langage des écrivains du pays, le botir-
graviat de Nuremberg, tel qu'il s'eft agrandi fuc-
ceftîvement par des concevions impériales 8c royale?,
par des héritages 8c par des achats. C e bour-
graviat a reçu fon nom de l'ancien châtéau, appelé
en latin cajlrum noricum, 8c enfuite Nuremberg
, où réfidoient les anciens bourgraves 5 il eft
vraifemblable qu'il fut établi au douzième fiècle, •-
du moins trouvons-nous une charte de l'empereur
Conrad I I I , datée de l'an 1138 , qui fait mention
de Godefroy de Hohenlohé, premier bourgrave
dont l'exiftence foit certaine. Une autre charte de
1164 indique Conrad , comte de Zollern, comme
bourgrave de Nuremberg ; il y a lieu de croire
que Conrad fut invefti de cette dignité, comme
d'un fief de l'empire, 8c qu’il l'a tranfmis à fa
poftérité : mais il eft sur que depuis Frédéric I ,
qui mourut en 1218, tous les bourgraves ont été
de la maifon de Zollern. Lorfque le bourgrave
Frédéric I I , ( que d'autres nomment- troifièmè,,
8c qui, félon les hiftoriens brandebourgeois, étoit
déjà revêtu de la dignité princière) reçut i'in -
veftiture de l'empereur Rodolphe I ( en 1273 ) ,
tous les éleéteurs atteftèrent que fon père 8c d'autres
de fes ancêtres avoient été inveftis du bourgraviat
; le titre porte, » que le roi des romains
*> a en leur préfence invefti- Frédéric, bourgrave
» de Nuremberg, de tous les biens que fon père
*> 8c d'autres de fes ancêtres avoient reçu 8c
*> avoient coutume de recevoir de fa majefté roya-
» le. » Le roi des romains accorda au bourgrave
Frédéric, d’ après les lettres d'inveftiture même,
comiciam Mur gravis, in Nuremberg 5 le château qu'il
avoit à Nuremberg 5 le droit de gamifon à la porte j
fituée près de ce château > le tribunal provincial 1
auquel le bourgrave devoit préfider au nom de
l'empereur j le droit de préféance dans le confeil
de ville , en faveur du prévôt du bourgraviat,
concurremment avec celui de l'empereur 5 le droit
de percevoir deux tiers des émolumens. 8c amendes
provenant de toutes les affaires tant civiles que
criminelles ; 8c les droits mis fur toutes les fabriques
établies dans la ville j il lui accorda de plus
la taille que payent les immeubles depuis la fécondé
partie du pont 5 les corvées dans le temps de la
récolte 5 la chaflè ; le troifièmè arbre de la forêt
8c tout le bois giflant par terre 5 la jurifdiétion
foreftière depuis le pont j les cantons de W erd >
Buch, Schwant, 8c le château de Creufen, la
jurifdiétion fur le Steinach j 1 o livres pfenning de
l'emploi de prévôt de Nuremberg, 8c 10 livres
du péage de cette ville 5 enfin tous les autres fiefs
que lüi Oli fes ancêtres avoient reçu des prédécef-
feurs de l'empereur. L'inveftiture fut donnée en
même temps à la fille de Frédéric, au cas que
celui-ci vînt à mourir fans héritiers mâles. On
difpute fur la lignification de ces mots : comiciant
burgravis, in Nuremberg'3 énoncés dans les lettres
d'inveftiture} les écrivains de Nuremberg prétendent
que ces motsj n'indiquent qu'un fiège de
juftice ou un office : mais les écrivains brande-i
bourgeois foutiennent qu'ils indiquent un pays ou
une feigneurie , avec la fupériorité territoriale.
Quoi qu'il en foit, les princes de la maifon de
Brandebourg, d'après ce titre, fe font maintenus
jufqu'à préfent dans la jouiflance de divers droits
appartenant à la fupériorité territoriale fur le ter-
rein qui environne la ville de Nuremberg 5 8c des
jugemens de l'empire ont confirmé leurs prétentions.
y
Le bourgrave Frédéric I I , dont on vient de
parler, eft la fouche commune de la maifon
royale 8c princière de Brandebourg. Les fils du
bourgrave Frédéric IV (V), Jean III 8c Frédéric
V (VI) partagèrent en 1398 lâg terres 8c pays
du bourgraviat , conformément à la difpofition
paternelle, enforte que le premier eut le pays
fitué au delà des monts, 8c le fécond le pays en
deçà des monts. Le bourgrave Frédéric V acheta
de l'empereur Sigifmond en 1415- la vieille 8c la
moyenne Marche de Brandebourg avec la dignité
éle&orale , 8c après la mort de fon frère Jean
(1420), il réunit toutes les terres du bourgraviat.
Ce premier électeur de Brandebourg, de la
maifon de Zollern , fit à l'égard de fes quatre fils
les difpofitions fuivantes : il affigna à l'aîné, Jean,
la principauté de dé-là les monts ; au puîné, Frédéric
I , la Marché électorale de Brandebourg 5
au troifièmè , Albert, la principauté de deçà les
monts j 8c au quatrième, Frédéric, une portion
de l'ancienne Marche. L'éleCteur Frédéric I I ,
âgé, foible 8c fans enfans mâles , tranfmit la
Marche électorale à fon frere Albert, qui pofféda
également tout le bourgraviat de Nuremberg j 8c
fit en 1473 une difpofition teftamentaire 8c perpétuelle,
en vertu de laquelle la Marche de Brandebourg
, avec tous les pays en dépendans appartiendraient
à l'avenir fans partage à l'éleCteur ;
8c le bourgraviat de Nuremberg n'auroit que
deux princes regnans , dont l'un pofféderoit la
principauté de delà* les monts, 8c l'autre la principauté
de deçà les monts : cette difpofition fut
confirmée à la diete par l'empereur Frédéric III.
Albert mourut en 1486 ; fon fils aîné, Jean , devint
électeur de Brandebourg j Frédéric le puîné
obtint la principauté d'Anfpach, 8c Sigifmond le
troifièmè la principauté de Bayreuth. Ce dernier
étant mort fans heritiers ( 1 $-95 ) , Frédéric hérita
de fes domaines, 8c réunit de cette manière les
deux principautés : mais elles furent de nouveau
partagées entre fes deux fils, dont l'aîné, Çafimir,
eut la principauté de Bayreuth j 8c le cadet,
George, la principauté d'Anfpach. Albert, fils 8c
fucceffeur de Cafimir , mourut en 1 y ^7 5 *le fécond
fils, George-Frédéric, réunit de nouveau
les deux principautés, 8c après fa mort, qui arriva
en 1603 y elles pafsèrent à la ligne électorale
de Brandebourg, où elles furent derechef partagées
, de manière que Chriftian, deuxième fils de
l'éleCteur Jean-George, obtint la principauté de
Bayreuth, 8c le troifièmè fils , Joachim Ernefte,
la principauté d'Anfpach. Erdmann-Augufte, fils
du margrave Chriftian 3 continua la ligne régnante
de Bayreuth, 8c fon frère George Albert fonda la
branche cadette de Culmbach , laquelle devint
régnante en 1726 par l'extinCtion de la première :
elle s'éteignit elle-même en 1769 en la perfonne
du margrave Frédéric Chriftian. Frédéric 8c Albert
, fils du margrave Joachim Ernefte, parvinrent
fucceftivement à la régence de la principauté
d'Anfpach, aufli bien que les trois petits-fils de
ce dernier, dont le cadet feulement, favoir Guillaume
Frédéric , eut des defeendans. Le margrave
Chriftian - Frédéric - Charles - Alexandre hérita en
1769 de la principauté de delà les monts avec fes
dépendances j 8c on ignore fi à fa mort les margraviats
feront réunis à la couronne de Brandebourg.
Il paroît que l'empereur 8c les états de l'empire,
craignant que le roi de Prufle n'acquierre trop de
forces , demanderont que la principauté de Culmbach
& d'Anfpach foient toujours l'apanage de la
branche cadette de la maifon régnante en Prufle.
Au refte, les deux principautés dont il s'agit font
mal à propos nommées margraviats $ car ils ne le
furent jamais, 8c ne le devinrent point, parce
que les bourgraves de Nuremberg devinrent mar-
, graves de Brandebourg.
Productions. Le fol de la principauté de Culmbach
eft pierreux en bien des endroits , 8c fablo-
neux dans les autres. Mais malgré les fables qui
femblent y couvrir les' plaines, 8c remplir les val-
Jons , il né paroît pas qu'à l'exception de la vigne,
il fe refufe à la culture des chofes nécefîaires à
la vie. Il y régné au contraire une abondance de
grains, de fruits, de légumes, que l'on chercheroit
quelquefois en vain dans des contrées pins
favorifées de la nature ; c'eft que le travail du
peuple eft aflidu , 8c l'oeil du prince toujours
ouvert.
Fabriques. Les principales fabriques font à Ba-
reuth, Hof, Wunfiedel, Chriftian-Erlang, faint-
George fur le lac, 8c à Creufen. On fait à Ba-
reüth de la toile cirée, du bougran 8c de l'indienne
5 à Hof 8c à Wunfiedel des étoffes de laine
8c des crêpesj à Chriftian-Erlang des bas 8c des
chapeaux, 8c à faint-George de la poterie de
terre -rouge 8c brune. On exporte une. grande
quantité de ces marchandifes.
Etats. Il fe tient à Bareuth, capitale de la principauté
, des aflemblées , dites provinciales ou
d'état. Les nobles 8c fix des villes du pays y pa-
roiflent par députés : mais il ne faut pas s'imaginer
que l'autorité de ces aflemblées foit fort con-
fidérable. Le prince qui feul tient les rênes du
gouvernement, propofe aux états des affaires de
finances, lefquelles déjà réfolues dans fon confeil
pour le fond, ne font plus fufceptibles de.leur
part, que d'arrangemens pour la forme.
Commerce: Le commerce n'y manque point d'activité.
Le pays de Culmbach, élevé de toutes parts,
ainfi qu'on peut le voir par le cours de fes rivières,
doit faire plus commodément fes exportations
que fes importations. D'ailleurs les princes
accueillent depuis long-temps tout étranger industrieux
, qui a quelques talens pour les fabriques 8c
pour les arts. Une foule de François réfugiés s'y
font établis, 8c ils y ont fait fleurir en plus d'un
endroit la draperie, la bonneterie, Scc. Enfin aux
productions néceflaires aux befoins de fes habi-
tans, fe joignent encore des métaux 8c des minéraux
, lefquels mis en oeuvre dans le pays avec
beaucoup d'application , 8c débités au dehors avec
beaucoup de fuccè.s, procurent des retours très-
lucratifs. Aufli eftime-t-on que les revenus des
deux margraviats, que poflede aujourd'hui le
prince, montent à près de deux millions de flor.
Ce prince eft un des directeurs du cercle de
Franconie, 8c il a voix 8c féance à la diete de
Ratisbonne 5 il paye à Wetzlar 338 rixdales 14
un quart creutzers, 8c 329 flor. pour les mois rom.
Population, religion. On a parlé'de la population
au commencement de cet arr '.e. Le collège
provincial a fon fiège à Bareuth.
La religion luthérienne, qui eft la dominante,
eft fous l'infpeCtion d'un furintendant général qui
demeure à Bareuth, où il eft en même temps fur-
intendant particulier , 8c de neuf autres furinten-
dans particuliers qui demeurent à Culmbach 3 à
Hof, à Munchberg, à Wunfiedel, à Neuftadt fur
l'Aifch , à Baversdorf, à Chriftian-Erlang, à Die-
tenhofen, à Bourgberuheim 5 à quoi il faut encore
ajouter l'infpeéteür de Redwitz. Les rèfor--
més ont l'exercice de leur culte à Bareuth 5 Erlang,
Bbbbbi