
s(6% C Ai Y C A Y
l'indaftiié r mais' ils -rfont pas ruiné , -comme on
le craignait i celle qu'ils y ont trouvé établie. Depuis
cette invafion j le Corée* continue ra navigation
aux Maldives, que l’intempérie du-climat a forcé
les françdis -& les anglois if abandonner. U y porte
de gtoffes - tcàles, du -rfeÿ quelques -fûieries',; . du
poivre1 qu’il tiré d’ailleurs î & il reçoit en échangé
des cauris, qui fervent de nionhôie dans le-Bengale
, & qui foht vendus aux européens. Les hâ-
bitarts dn Cautk & quelques autres peuplés du bas-
Gange ont des ïiaifons plus 'confidetables avec le
pays d’A?.cm.
CATHERINE ( die de fainte ) ; elle eft limée
fur la côté du Btefil & dans le gouvernement dé
Rio-Janeiro i elle a neuf lieues de long St dç^t
délàrge, fe elle ne fe troùVe fépairéé de la Terre-
ferme que par un canal étroit. Quoiqu'elle ne foit
point baife , 1e navigateur, ne l'apperçoit pas'de loin,
parce que les montagnes du 'continent voifîn la couvrent
de leur otnbré. Le printemps y^eft continuel
Sc ie climat très-puf par-toüt, excepté dans le pott
où des hauteurs interceptent la circulation de l'air,
& éhtrétiennent une humidité nuifible.
.Vers l’an i.Cyq , la cour de Lisbonne "donna Sainte-Catherine, ic François Dias Velho , de ,1a
même manière qu elle avoit concédé les autres
contrées du BreiiL'Ce capitaine fut maiîacre par
un corfaire anglois fon ifle ne fut plus que
le refuge de quelques vagabonds. Ces aventuriers
reçonnoilfoient .vaguement l'autorité ■ du Portugal ;
mais fans-adqpter ifes. jjde.es exclnfives,,.Ils reçe-
voient indifféremment les vaiffeaux 4e, toutes les
nation^ qui .alloient à fa mer du fud ou -aux grandes
Indes ,.&.leur livtoient: leurs Êoeufs, leqrs fruits ,
leur? légumes, toutes leurs productions pour des
armes, de l'eau-de-vie', des toiles ,& des habits.
Avec le mépris. de d'or, ib .avoient , pour toutes
les commodités que la nature, ne .leur fpurniflbit
pas, -une indifférence qui eût fait honneur à des
.peuples vertueux. -;
Ils vivoient libtement &: paifiblemerit dans leur
ifle, lorfque, vers l’an 1758,:on;jugeaicbnvena-
ble de leur dbnner une adminiftratidn, de leur envoyer
des troupes , d’entourer de fortifications leur
rade, une des meilleures de l’Amérique.; Ces moyens
de défenfe ont attiré fiirêux, en 177H , 1«
armes de l'Efoagne, & ne les - ont. pas préferve's
-de l’invafion. Depuis que la réconciliation des deux
couronnes les a rendus a leur- ancien - maître, ils
-ont acquis la coçhenille dont:ib efpènenr-tirer un
jour des grands avantages.
CAYENNE,'ifle de l’Amérique méridionale '
fur les côtes de la Guyane. Après avoir fait un pré,-.
cis de l’hiftoire de cette colonie , trous parleront :
de l'état de rifle , de fes produ&iorts & dé fon-com-j
merce, jüfqu’à l'époque de 1765’. Nous'parlerons
'enfuite des moyens qn'ôn a employés 8f de cetfx
qu’il faudroit employer pour la profpérité de Cet ëta-
•bliflement, 8e enfin-de l’état aüuel de fa' colonie.
fi S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de ikifloire politique de la colonie de Cayenne.
a Les françois commencèrent1'à fe f i x e r Cayenne
en 1635. Quelques négoCiansdeRôuën , quipen-
foiént' qü'ori pOufroit tirer parti dé cet établiffe-
ment, unirent;lëürs fonds en 1643. Ils chargèrent
dceet ldeeu rBs rienttîégrnêyts un homme féroce , nommé Pou,
qui , ayant également déclaré la
guerre aux colons 8c aùx fauvages , fut maffacré.
Gét ; évènement tragique ayant refroidi lesaffociés,
otvVit fe former M 1631 -, une nouvelle c-ompa1*
gnie , qiii paroiffoit devoir prendre un plus grand
éffor. L'étendue de fes capitaux la mit en état d'afr
fembler , dans Paris même, fëpt à huit cens colons.
Ils furent embarqués fur la Seine pour defeendre
au Havre * le malheur voulut que le ■vertueux abbé
deMarivault, qui étoit famé de rentreprife, &
qui devoit la conduire en qualité de direâeur-gé-
néral , fe noya en entrant dans fori ’bateau. Roy-
yveinllnee, gentilhomme 'de Normandie > envoyé à Ca
comtne général, fut affafiîne dans la trayer-
fée. Douze -des principaux intérefies, auteurs de
cèt attentat, fe conduisirent dans la colonie, qu'ils
s'étoieht chargés de faire fleurir , avec toute l'atrocité
qu'annonçoit une telle horreur. Ils firent pendre
un d’éntr'eux * deux moururent. Il y en eut
trois de rélégués dans une illé déferte. Les autres
fe livroient.aux plus, grands excès. Le commandant
de la citadelle déferta chez les hollandois avec une
partie de fa garnifon. Ge qui avoit échappé a là
faim , a la mifère , a la fureur des fauvages dû
continent, qu'on avoit provoquée dé -cent manières,
s’eftima trop heureux de pouvoir gagner les
ifles du vent fur un bâteau & fur - deux canots. Ils
abandonnèrent le fo r t , les munitions, les armes,,
les marchândifes -, cinq ou fix- cens cadavres.de leurs
malheureux compagnons , quinze mois après avoir
débarqué dans 1 ifle.
Il fe forma, en 166*3, une nouvelle- compagnie -,
fous la direéHôn -de la Barre , maître des requêtes..
Elle n'avoit que deux ceps mille francs de fonds.
•Lés fecoüfs du miniftère ' la mirent en état de chaf-
fér de fa cbnçefiîon les Kollandoîs quis'jr étoieht
établis foüs la conduite de Sprariger, après qu'elle
"aVoit été:évacuée par lés françois. Un àn après >
'ce faible corps fit partie delà grande compagnie,
qui réunifio itlespofiefiîons, 8c lés privilèges de toutes
les autres. Cayenne' rentra dans les mains, du
gouvernement, à l'époque heureufe qui «rendit la?
■ liberté à toutes les colonies. Elle fut prîfe , en 1667,
par lès anglois * en 1676 ,^pâr les hollandois.jfnâisdepuis
éllè iiŸa pas été même attaquée. * ^
Cet établiffement tant de fois bouleverfe, réfpi-
roît à peine. A peine il commençoit à jouir d'un
moment de tranquillité, qu'on efpéra favorablement
de- fa fortune. Quelques flibuftiers qurreye-
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noient chargés des dépouilles dé la mer du fud,
s'y fixèrent* & * ce qui étoit plus important, fe
déterminèrent à confier leurs tréfors a la culture.
-Ils paroifioient la devoir pouffer avec vigueur ,
parce qu'ils avoient de grands moyens, lorfque
jDucaffe qui -, avec des vaiffeaux, avoit la réputation
d'un habile marin, leur propofa , en 1608 ,
le pillage de Surinam. Leur goût naturel fe reveille
* les nouveaux colons redeviennent corfaires,
& leur exemple entraîne prefque tous les habi-
•tans.. .
L'expédition fut malheureufe. Une partie des
fombattans périt dans l'attaque, & les autres faits
prifonniers furent envoyés aux Antilles, où ils s e-
tablirent. La colonie ne s'eft jamais relevée de fa
perte. Bien loin de pouvoir s'étendre dans la Guyane,
ÆÜe n'a fait que languir à Cayenne.
S Ë G T I O N - S E C O N D E *
De P état, de F ifle 3 de fes productions & de fon j commerce jufqu en 1763.
Cette ifle, qui n'efl: féparée du continent que
par les eaux de deux rivières , peut avoir feize
lieues de circuit. Par une conformation jque la nature
donne - rarement aux ifles , 8c qui la rend peu
habitable., élevée fur les côtes & baffe au milieu,
elle eft entrecoupée de tant de marais , que les
communications n'y • font guères praticables que par
de grands détours. Jufqu'à ce qu'on ait defféche ;
les terres fubmergées, & que dès digues bien placées
les aient mifes à l'abri des inondations-, il n y
aura que les monticules qui foient fufceptibles de
culture. On y trouve quelques veines d'un fol excellent*
mais il eft communément fec, fabloneux ,
& bientôt épuifé. Le feul bourg qui foit dans vS
colonie* eft défendu par un chemin couvert-* un
large foffé , un très-beau rempart de terre 8c par
cinq baftions. Au milieu du bourg eft une butte
affez élevée, dont on a fait Une redoute appellee le fortoù quarante hommes pourroient encore
capituler après la prife de la place. On n arrive au
port que par un canal étroit, ou les hautes matées
peuvent feules introduire les vaifieaux a ^travers
les roches 8c les écueils dont il eft borde 8c
parfeme.
La première produ&îon de Cayenne fut lé rocou.
G'e ft une teinture rouge * nommée- achiote par les
efpagnols, dans laquelle on. plonge les laines blanches
qu’on veut teindre de quelque couleur que
:ce foit; \ . - \
De la culture du rocou Cayenne s eleva a celle
<Iu coton, de l'indigo, 8c enfin du C e fu^.|a
première dés colonies françoifes qukcukiva le cane*:
on dit quelle le reçut en 1721 de quelques-uns de
les déferteurs, qui rachetèrent leur grâce, en ’ apportant
de Surinam où ils s'étoient réfugies. Dix
ou douze ans après on planta du cacao. En 17 J2 >
îl fortit de la colonie 260,541 liv. pefant de rocou,
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80,363 liv. defucre * 17919 liv. de coton , 26881 h
de caffé, 91916 liv. de cacao ,618^ pieds^ de bois,
8c 104 planches. Ces produits réunis, étoient le
fruit du travail de quatre-vingt-dix familles françoifes
, de cent vingt-cinq indiens 8c de quinze
cents noirs, qui formoient la colonie entière.
S e c t i o n t r o i s i è m e .
Des moyens qu’on a employé , & de ceux qu il
faudroit employer pour la profperite de cet eta-
. blijfement.
Tel, 8c plus foible encore , étoit 1 état de Cayenne , lorfqu'on vit avec étonnement la cour de
Verfailles chercher en 1763 à lui donner un grand
éclat. On fortoit d'une guerre malheureufe. Lemk
niftère venoit de facrifier plufieurs poffeliions importantes.
Il paroifioit néceffaire de faire oublier a
la nation, 8c fes calamités 8c les fautes qui les
avoient amenées. L'efpérance d’une meilleure fortune
pouvoit-âmufer l'oifiveté des françois, trom-
-per leur malignité* 8c l'on tourna leurs regards vers
la Guyane, qui devoit, à ce qu'on affuroit, repayer
nos pertes. . . .
Ce n'etoit pas l'opinion des citoyens qui paroife
foient les mieux inftruits de la fituation des choies.
Un établiffement formé depuis un fiecle 8c
demi, 8c à une époque où les efprits etoient violemment
poulies aux grandes entréprifes 5 un
établiffement dont les difeordes civiles ni les guerres
étrangères n'avoient pas ruiné les travaux * un
établiffement que des adminiftrateurs fages avoient
régi avec défintéreffement 8c application * un éta-
hlifîement auquel les bienfaits du gouvernement 8c
les feeburs du commerce n'avoient jamais manqué *.
un établiffement où le débouché des produélions
avoit été toujours affuré, étoit demeuré dans; un
fi -grand état de' fôihlefie, qu’il étoit difficile:
d’efpérer à l’avenir Un meilleur fuocès. On n'y
avoit jamais vu de plantation'floriffante. Aucune
I fortune rie s’y étoit élévée. La misère 8c 1'obfciî-
rité avoient été opiniâtrement fon partage, aux
mêmes époques !où les autres -poffefiions françoifes
de l'Amérique étorinoierit l'ancien 8c le nouveau
| monde par leur éclat 8c par leurs richeffes. Loin
que le temps-8c les progrès des lumières, eufferit
-amélioré fon fort, fa fituation étoit devenue de
jour en ijour plus faeheufe : Comment auroit-on
pu imaginer qu'il rëmpüroit les hautes deftinées
qu'on lui préparoit?
Le Canada, par ;fa fituation,- par le génie
belliqueux de fes habitans, par fes alliances avec
des peuplades fauvages^ amies de la-franchife 8c
de la liberté du caraftère françois , pouvoit balancer,
du mdins inquiéter la nouvelle Angleterre*
La perte de ce vafte établiffement détermina le
miniftère de Verfailles à chercher de l'appui dans
un autre 5 8c il efpéra le trouver dans la Guyane,,
en y établiffant une population nationale & libres