
grand capitaine, politique judicieux , ami de î’é-
quité, père de l'on peuple, mérita les larmes de
fes fujetg. j il mériteroit les regrets éternels de
TEurope, fi fa mort eût été le feul obftacle à
Taccompliffement de ce deffein.
C o n f é d é r a t io n s d e P o l o g n e . Une confédération
en Pologne eft une affemblée extraordinaire
& irrégulière de la nation, ou d’une partie
de la nation qui eft liée par un ferment * & armée
ou non armée, & qui a à fa tête un maréchal &
un confeil , dont Pautorité eft fort étendue.
Les diètes ordinaires font les affemblées régulières
& les états du pays. Trois femaines avant l'ouverture
de la diète, on convoque les diétines dans
les Palatinats , & on y choifît les nonces pour la
diète. Depuis 1717 il s’eft introduit, dans ces affemblées
des états, un abus moriftrueux que l’u-
fage a autorifé dès-lors, & dont la diète de 1768
a fait une loi irrévocable ; c’eft l’unanimité demandée
pour décider certains points ou certaines matières
d’état. Un feul nonce peut faire échouer la
meilleure réfolution , comme nous le dirons à l’article
P o lo g n e .
Cet ufage incompréhenfîble a inondé la Pologne
de maux, & a fini par produire le* démembrement
de quelques provinces de l’état.
Les troubles trop fréquens dans ce malheureux
pays, ont donné naiffance aux confédérations. On
a imaginé ces affemblées irrégulières pour rétablir
l’ordre & corriger les abus, au défaut des diètes
ordinaires : pn les a employés encore contre les
diètes réputées illégales} & ce moyen eft aufîi
funefte que les maux auxquels on a voulu remédier.
On peut divifer en trois efpèces les confédérations
qu’on a vues en Pologne. Les unes ont été
attachées au roi > d’autres lui ont été contraires 5
d’autres enfin ont attaqué toute la république.
Les premières ne peuvent être regardées que
comme un. grand confeil d’état, nommé quelquefois
Walna rada. La diète de 1678 créa
un pareil confeil, compofe de tous les fenateurs,
réfidant à la fuite de la cour 5 de trente-trois autres
membres du fénat & de quatre-vingt-cinq
nonces. Le maréchal eft élu, dans ce cas, par
la diète , ou par une confédération de la no-
bleftè.
Les affaires s’y décident à la pluralité des fuf-
frages ; mais, les conftitutions -n’acquièrent force
de loix que par la ratification de la diète générale.
Les confédérations de cette forte ont au moins
une forme, qui ne détruit pas les principes & les
fbndemens de la fôciété. II y a toujours un fôu- \
verain exiftant, permanent & reconnu ; c’eft la
diète compofée du. roi, du fénat & de l’ordre
équeftre, d’où l’autorité du grand confeil d’état
& celle de la confédération dérivent légitimement.
Les nonces prennent, dans ces affemblées extraordinaires
, le nom de confeillers de la confédération ,
&reftent en charge, jufqu’à la fin de la l ig u e ad
evinculationem confederationis, félon l’expreffion des
publiciftes de cette nation. La confédération de
16 y ƒ à Tyfzowiecz, celle de Golomb en 1672 ,
celles de Sendomir & de Tarnogrod en 1704 &
1 7 1 5 , celle de 1733 , enfin celle de 1 7 6 7 , dans
fon origine, ont aufli été du même genre.
Les confédérations oppofées au roi font très-differentes.
On les a nommées quelquefois rokofc ,
lorfque la nobleffe armée a aufii armé les payfans.
Elles font autorifées par une conftitution bizarre
de 1709, dans le cas où le roi vient à enfreindre
effentiellement les païia conventa3 & après queles nobles
ont infruétueufement tenté toutes les voies
des remontrances. La nobleffe alors fe réunit par
ferment, élit un maréchal général , publie un
manifefte, le dépofe dans Tes grods ou greffes
des diftriéfcs ; & fi on ne réforme pas les abus
dont elle fe plaint, elle eft autorifée à prendre
les armes pour obtenir de force ce qu’elle demande.
Il eft évident qu’on ouvre la porte aux dé-
fordres les plus affreux. Où exifte alors la fouve-
raineté ? qui devient juge de la conduite du roi ?
qui eft-ce qui décide qu’il a violé effentiellement
les paâia conventa ? Un petit nombre de mécon-
tens, de frondeurs, de gens paffionnés, peut-être
des hommes perdus & qui n’ont rien à perdre ,
ameuteront une foule de nobles peu inftruits ;
voilà un rokoft : la nation eft en armes ; une autre
confédération fe forme, celle-ci a les mêmes droits
que la première ; elle obferve les mêmes formalités
j on eft armé de part & d’autre; on envient
aux mains , & voilà une guerre civile. La confédération
de Bar , formée en 1768 , qui a été
fuivie d’une multitude d’autres , prévitelle les
calamités épouvantables qu’elle alloit accumuler
fur la Pologne, défolée depuis cette époque par
une fuite de maux, qui lui ont fait perdre une
partie de fes provinces, 8c qui lui ont caufé des
bleffures dont un fiècle ne pourra la guérir ? Où
exifte alors la fouveraineté qui doit être permanente
dans une nation , qui ne veut pas effuyer
toutes les infortunes qu’entraîne l'anarchie ? On
fe plaignoit des conftitutions de la diète de 1767
& de 1768, des droits nouveaux & trop étendus
accordés aux diflîdens , des conftitutions déclarées
immuables, qui ôtent à la. nation la liberté d’améliorer
fon fort, des loix qui ne peuvent être
changées que par l’unanimité , & qui enlèyent la
liberté’d’établir de nouveaux impôts , d’augmenter
les forces de l’armée , de faire des alliances
au - dehors. Chacun fçait quelles' ont- été les
fuites affreufès des dernières confédérations po-
lonoifes , & il nJeft pas néceffàire de. les expofer
ici : nous dirons feulement qu’au milieu de ces
confédérés , peu unis- entr’èux, il fe forma un
parti furieux & fanatique, qui imagina l’affreux
complot d’attenter à là vie:du roi. Le prince .échappa
à la fureur des conjurés, le 3 novembre 1771 ; &
un pareil attentat, quoique défapprouvé de toute:
la. faine partie des confédérés , montre afféz:
dangers de ees confédérations , & à quels excès
elles peuvent donner lieu. *
Les confédérations de l’armée ont àufli attaqué
toute la république , & l’hiftoire de la Pologne
en offre plufieurs de cette efpèce. On les a nommés
Zwian^ek. C ’ étoient proprement des troupes
révoltées, mal difciplinées & mal payées, parce
qu’il n’y avoit point de fonds affeétés à ce fer-
vice ; elles choififfoient des maréchaux du Zwian-
%ek : fous la conduite de ces chefs, elles fe répan-
doient dans le pays ; elles exigeoient des contributions
8c ravageoient les terres : en 1 7 1 7 , on
eftima à plus de cent quatre-vingt-dix millions les
dommages qu’elles avoient caufes par ces exa&ions
illicites. L ’excès du mal en fit chercher le remède.
La diète de 1717 caffa l’armée entière, & n’en
forma une nouvelle qu’après avoir trouvé & affi-
gné les fonds néceffaires à fon entretien.
La convocation du ban & de l’arrière-ban-, ou
de to u t l’ordre équeftre qui monte à cheval dans
certaines OGcafions, par ordre du roi & de fon
confeil, n’eft pas-une confédération ; c’eft ce qu’on
appelle pofpolite Rufçenié. C e s affemblées, purement
militaires , n’ont de p art aux affaires qu’autant
que. le roi juge, à propos de leur en donner.
Heureufement elles font fort rares , 8c c ’eft ce
que l’on a nommé quelquefois diètes d cheval.
Dans le temps de l’interrègne & à la diète de
convocation , on forme fouvent une confédération ,
dans la vue de foutenir la liberté de l’élection d’un
nouveau r o i, ou foüs quelqu’autre prétexte.
Quand on lit l’hiftoire de Pologne, on voit que
les confédérations ont rarement produit quelque
bien reel, & que la plupart ont caufé ou donné
lieu aux maux les, plus affreux. Les derniers que
la nation a effuyés font fans doute les plus terribles
de tous. y~oyei P o l o g n e .
C o n f é d é r a t io n h e l v é t iq u e , voye^ les
articles C o r p s h e l v é t iq u e & S u i s s e .
C O N F ID E N S des princes. Perfonne n e mérî-
téroit mieux l’eftime du p u b lic , qu’un confident
qui rempliroit auprès du prince les devoirs d’un
ami fidèle 5 mais fi un favori eft un homme qui
s’eft acquis un grand pouvoir fur l’efprit du prince^
fans l’avoir m é rité ; qui lui p la ît, mais qui
ne lui eft point utile ; qui a feu ohferver fes foi-
bîes-, pour le fubjuguer ; qui affervi en apparence
à toutes les volontés de fon m aître , fe foumet à
cet efclavage, pour remplir des vues perfonnelles >
qui étudie toutes fes pallions pour les favorifer/
& le gouverner par e lle s; qui s’applique à étouffer
en lui to u t ce qu’il y a de noble & de g ra n d ,
pour le dominer d’une manière plus sûre ; qui l’occupe
de plaifirs & d’amufemens pour s’a ttirer to u te
l’autorité ; qui ne met auprès de lui que „des com-
plaifatfs affidés , dont il fait des efpions & des
fentinèlles ; qui craint & perfécute le mérite ; qui
facrifie à fon intérêt celui du public ; qui borne à
lui feul & à ceux qui font attachés à, fa fortune
tout le fruit de fa faveur ; qui ne connoît rien de
grand dans la fortune des princes que l’éclat extérieur
, l’indépendance 8c les richeffes ; & qui ne
peut infpirer à fon maître que le goût du faite, de
la profufion, de la dépenfe & de la volupté : un
tel confident eft un adulateur qui doit fon élévation
à la flatterie, & qui tâche de fe maintenir parles
moyens qu’il a mis en ufage pour y arriver.
a 11 y a une fatalité qiii empêche les grandeurs
d’être de longue durée. Les deux partis s’aigriffent,
dit Tacite ; l’une ne pouvant plus rien donner ,
l’autre n’ayant plus rien à fouhaiter, les favoris
finiffent par effuyer une difgràce. L’ inconftance de
la fortune-, la ceffarion des caufes fur lefquellesla
faveur étoit fondée', l’ihfatiabilité des favoris,
quelquefois leur infolénce commencent la chute de
leur pouvoir ; & l’on à remarqué que depuis qu’ il
ÿ'a des fouverains & des favoris, ces belles liai-
fons n’ont jamais duré plus de 21 ans (1 ). Les
favoris doivent avoir perpétuellement devant les
yeux le mot de Solon à Croefus. On ne doit pas
appeller un homme heureux avant fa mort.
Il en eft à peu près d’un confident au milieu des
honneurs & dans le fein de l’abondance, comme
d un vaiffeau qui eft en pleine mer. S’il ne porte
qu’une charge médiocre , il vogue en sûreté :
mais fi la charge eft démefurée, il fuccombe fous
fa pefanteur, & n e peut réfifter à la violence des
vagues. Tout ce que peut faire un pilote habile
qui, dans une conjoncture fi fâcheufe, veut fau-
ver quelque chofe du naufrage, c ’eft de jetter
promptement à la mer ce qu’il y a de plus pefant
dans le vaiffeau, & d’abandonner aux flots des richeffes
qu’ il lui eft impoffible de conferver, fans
rifquer fa vie.
C O N G O , yoyei l’ article G uinée de ce Dictionnaire,
& l’article C ongo du Dictionnaire de
Géographie. |
CO N G R È S. C ’ eft une affemblée des ambaffa-
deurs & des plénipotentiaires de plufieurs puiffan-
ce s , pour traiter des affaires politiques , & fur-
tout pour négocier une paix. Voyei le Dictionnaire
de Jurisprudence, article C on g r è s .
C O N JU R A T IO N . Complot de perfbnnes
mal intentionnées contre le prince ou contre l ’état.
Ainfi la conjuration proprement dite fuppofè un
complot contre la patrie ou contre le prince. A
l’ égard des complots qui ont lieu pour livrer une
place à l’ennemi, & de toutes Tes autres efpèces
de cette nature , ce font des trahifons dont nous
aurons occafîon de parler ailleurs.
Il y a bien des caufés qui excitent aux conjurations
: ta plus forte & celle qui entraîne les fuites
les plus facheufes, eft la haine générale que s’at-
(1) On cette remarque fous Philippe 1V > lorfque Olivarèsfùç dSgraci'c aptes z% ans. dé feyenc*