
coûtent chaque année un pour dix , 8c par
conféquent dix pour cent des avances primitives 5
il ne faut pas confondre ces dix pour cent avec
les avances annuelles.
C a l c u l des . a v a n c e s d e l a c u l t u r e .
Proportion entre les avances primitives & les, avances
annuelles des diverses exploitations.
En réfléchiflfant fur les travaux champêtres,
il eft facile de fe convaincre que les avances primitives
& les avances annuelles ne font pas entre
elles en même proportion dans toutes les efpèces
d’exploitations rurales 5 il en eft qui coûtent moins
d ’abord 8c plus chaque année > il en e il d’autres
au contraire qui coûtent plus au premier établif-
fement, & moins de frais annuels.
Les bois, les prés, les vergers (1 ), par
exemple exigent peu d’avances annuelles & pref-
que point d’avances primitiyes > ils ne coûtent
que peu de façon 8c les frais de la récolte. Les
vignes au contraire exigent annuellement de grands
travaux à bras, ainfi que les potagers ; mais moins
à proportion d'avances primitives. La culture des
grains quand elle eft bien entendue, exige au contraire
moins d’avances annuelles 8c plus d'avances
primitives.
I l a donc fallu prendre encore üne moyenne
proportionnelle pour raifonner d’une manière
pniforme & conséquente dans une fi grande variété.
Ainfi l’on a calculé la proportion qui règne
entre les avances primitives & les avances annuelles
d’une bonne & grande culture de grains en Flandres,
en Picardie, enNormandie, dans laBeauce
|a Brie & l’Ifle de France* On a pris l ’état mitoyen
, 8c le réfultat a donné la proportion d’un
à cinq ; c’eft - à - dire que mille livres d’avances
annuelles, fuppofent cinq mille livres d’avances primitives
, & deux mille livres d’avances annuelles ^
dix mille livres d’avances primitives.
Si quelqu’un me demandoit pourquoi au lien
de raifonner en détail fur chaque efpèce particuliè
re, je forme ici des évaluations moyennes
qui chaque jour variant avec les prix deviennent
hypothétiques, je lui dirois qu’en tout calcul phi-
jofophique, même économique, on prend toujours
jiinfi des moyennes proportionnelles pour qu’il
p’en réfulte point d’erreur. On dit tops les jours
quand on Veut compter la dépenfe d4une maifohf
de la table, des voitures, &c. la confommation
de pain, de v in , d’épiceries , de bonne chère fe
monte à tant par tête l ’un portant l ’autre 5 les
chevaux dépenfent en foin , en paille, en avoine,
tant par an l ’un portant l ’autre , 8c ainfi du refte.
On fe mocqueroit avec raifon d’un épilogueur
qui obje&eroit à cela, que tous les hommes,
tous les animaux ne dépenfent pas également en
comparaifon l ’un de l ’autre, n i. meme également
chaque jour 8c chaque femaine , car
on fait généralement qu’il y a une mefure
moyenne pour évaluer cette dépenfe, 8c que
lorfqu’on s’en fert , on eft fûr de le tromper très-
peu ou point du tou t, & que plus le nombre
fur lequel on opère eft grand, plus le fort corn-
penfe le foible.
C’eft ainfi qu’on a. opéré pour évaluer à une
mefure moyenne la proportion entre, les avances
primitives & les avances, annuelles des diverfes
fortes d’exploitations. On a choifi celle de la
bonne culture des grains qui donne par expérience
les avances primitives , valant cinq fois lés avances
annuelles, à raifon de dix mille livres d’avances (2)
primitives & de deux mille livres d’avances annuelles
pour chaque charrue de grande culture ,
attelée de quatre chevaux exploitant tous les ans
cent vingt arpens de terre, c’eft-à-dire quarante
arpens de froment, quarante de menus grains &
quarante de jachères ou de terre qui ne rapporte
point de grains.
Nous ayons déjà vu. que l ’entretien 8c les réparations
habituelles & fucceflives des avances
primitives3 étojent évaluées chaque année à un
dixième de la valeur de ces mêmes avances primitives
j & de-là nous pouvons conclure que les
dçpenfes d’entretien des avances primitives font
toujours la moitié des avances annuelles. Ce calcül
arithmétique eft bien fimple : deux mille livres
d'avances annuelles fuppofent dix mille livres d’avances
primitives , 8c vice verfâ 3 comme on vient
de le voir : or dix mille livres d'avances primitives
exigent un dixième, c’eft-à-dire mille livres d’en*
tretien3 de réparations & rénovations fucceffives,
naturelles & accidentelles, par conféquent l ’entretien
des avances primitives eft la moitié des
avances annuelles*
Trois cliarrues exigeroient donc fix mille livres
d’avanças annuelles, trente mille livres d’avances
(1) Quoique je paroifle généralifer les opérations agricoles, je n’ignore pas que c’eft une ch©fe impoflîble, attendu
que les conditions même naturelles qu’exige le manuel de l’agriculture varient prefque à chaque pas. Il eft des pays
où les prés Scies vergers exigent peu ou point d'avances annuelles ; mais il en eft d’autres où il faut rigpler les prés Sc
bêcher les vergers, 8c où par conféquent ces travaux annuels nécelfitent des dépenfes allez fortes.
(2) Cette évaluation des avances primitiyes & annuelles, qui conviennent à l’exploitation de chaque charrue dans la
grande culture, ppur retirer de la terre de fortes reprifes & de grands revenus , a,été faite jl y a près de trente ans , Sc
par cela même ne fauroit être aujourd’hui en proportion exafte avec le prix des denrées 8c des falaires , qui depuis ont
beaucoup augmenté ; elle feroit par conféquent infuffifame 8c trop bafle, fi l’on s’y arrêtoit trop ftri&cment. Les données
étant différentes , les réfultats ne fauroient être les mêmes; ils doivent fuivre la progreffion des prix. Mais l’application
qu’on fait ici de cette évaluation ne peut induire en erreur. On fait les changement qu’elle a du fqbir j d’ailleurs elle
foi | établis U proportion fies ayantes primitives annuelles ©npfçlfes? ............................. . . .
vrinutiyeg'
rives 8c trois mille livres d’entretien, à raifon de
dix pour cent, ce qui porteroit cet entretien à la
moitié des avances annuelles > car trois mille font
la moitié de fix mille.
Pour achever de donner une idée de l’importance
des avances de la culture 3 nous devons dire
que ce font elles, 8c elles feules qui font naître
le revenu, qui fondent &fournilfent les avances
néceflaires à tous les travaux de l ’induftrie hu-
mame, qui foldent l ’impôt, & qui, faites largement,
conftituent la force & la fplendeur des
empires, que là où les avances de la culture
s’affoibliflTent, les récoltes diminuent, 8c que
par-tout où elles font médiocres 8c deviennent
chétives, les campagnes s’appauvriffent 8c fe dépeuplent
j & d elà, comme on fait, cet axiome
économique : pauvre culture , pauvre payfans ;
pauvres payfans, pauvre royaume & pauvre royaume
, pauvre monarque j l ’un eft une fuite abfolue
de l’autre.
( Cet article tfi de M . G m v n i . )
A V IG N O N . ( comtat d* ) Voye[ le Dictionnaire
de Jurifprudence. Le pape gouverne ce pays
par l’entremife d’un vice-legat, qui prononce fur
toutes les affaires eccléfîaftiques, civiles & criminelles.
Le vice-légat tient deux fois par femaine
une audience publique ; il y paroît, en rochet & en
camail, affilié d’un dataire 8c d’un avocat fifcal.
f
G&co-n, polit, & diplomatique. Tome h M m