
CONSEILLER. Voye^ ce mot fous chicane
de fes différentes acceptions dans le même Dictionnaire.
’
CONSERVATION DE LYON , jurifdiaion
établie pour la confervation des foires de Lyon ,
& généralement pour tout ce qui regarde le commerce
de cette ville. Voye^ le Dictionnaire de
Jurifprudence.
CONSISTOIRE, fous fes différentes acceptions.
Voyc{ le même Dictionnaire.
CONSPIRATION, union de plufieurs personnes
dans le deffein de nuire aux fouverains, ou
aux chefs d’un état.
Quoique les mots confpiration & conjuration
femblent fynonimes, cependant on les. diftingue
quelquefois , & la confpiration femble être l’union
d’un plus grand nombre de perfonnes pour former
un complot, & la conjuration l’union d’un
moindre nombre. Ainfi l’on dit la conjuration de
quelques particuliers, & une confpiration de tous
les ordres de l’état. On dit la conjuration de Venife
& la confpiration des poudres.
Cet article offrant peu de vues d’utilité , nous
renvoyons le leCteur au mot C o n j u r a t io n :
nous ajouterons feulement ici quelques remarques.
«e Quand ton frère, ou ton fils, ou ta fille ,
» ou ta femme bien-aimée, ou ton ami qui efi
» comme ton ame, te diront en fecret, allons'a
» c£autres dieux, tu les lapideras : d’abord ta main
» fera fur lui, enfuite celle de tout le peuple
Cette loi du Deutéronome (i) ne peut être une
loi civile chez la plupart des peuples qùe nous
eonnoiffons,' parce qu’elle y ouvriroit la porte à
tous les crimes.
La loi qui ordonne dans plufieurs états , fous
peine delà vie, de révéler lès confpirations auxquelles
même “on n’a pas trempé, né paraît
guères moins dure. Lorfqu’on la porte dans le
gouvernement monarchique, il femble qu’on ne
doit l’appliquer dans toute fa févérité , qu’au crime
de léfe-majefté au premier chef. Dans ces
états, il eft très-important de ne point^ confondre
les différens chefs de ce crime.
Au Japon , où les loix renverfçnt toutes les
idées de la raifon humaine, le crime de non révélation
s’applique aux cas les. plus ordinaires.
Une relation (2) nous parle de deux demoi-
felles qui furent enfermées jufqu’à la mort dans un
coffre hériffé de pointes ; l’une, pour avoir eu
quelque intrigue de galanterie5 L’autre, pour ne
l’avoir pas révélée.
CONSTANCE ( évêché de ). Les terres de
l’évêché de Confiance faifant partie de l’Empire ,
font fituées dans la haute Suabe, fur les deux rives
du lac de ce nom. En 1717, l’évêché chargea trois
membres du cercle de Suabe d’examiner l’état de
fes terres & habitans de la dépendance de l’Empire
, ainfi que l’état de ce qui appartient à l’abbaye
de Reichenau; ces commiffaires drefsèrent
une table générale, en vertu de laquelle l’évêque
de Confiance pofsède en Empire deux villes, fept
villages, 22 hameaux, 19 fermes & une population
de 1632 chefs de famille, qui pour la plupart
font vignerons ou journaliers. On y compte 145S
maifons, 2562 journaux de vignes , 9160 arpens
de champs labourables, 4634 & demi fauches de
prairies, & 2121 trois huitièmes arpens de forêts.
Les champs & prairies rapportent peu : le fol trop
limoneux, trop fabloneux ou trop marécageux,
eft d’ailleurs expofé à des inondations Les villes
& villages font peu de commerce, à moins qu’on
ne veuille donner ce nom à l’exportation d’une
«quantité peu confidérable de vin, qui paffe chez
les voifins immédiats. Au refte, cette table générale
ne fait aucune mention de deux feigneuries
d’empire , que l’évêché pofsède, & dont nous
parlerons dans la fuite.
Cet évêché a pris fon nom de la ville de Cort.fi-
tanct ; en Allemand Conlian% ou Cofiniç , dont
nous parlerons à la fin de cet article. Il y fut transféré
de la ville de Windifch, fon fiége ordinaire ,
qui en eft éloigné de fix mille, & fitué aujourd’hui
dans le canton de Berne. L’époque de cette
tranflation eft incertaine ; quelques auteurs veulent
la faire remonter jufques vers l’an 570. La
réfidence de l’évêque a été transférée dans le Seizième
fiècle à Mersbourg ou à Moerspurg, où il
réfide à préfent 5 mais l’églife cathédrale eft toujours
à Confiance, à côté de l’ancien palais épifi*
copal qui tombe en ruines. Le grand chapitre,
compofé de vingt chanoines & de' quatre Surnuméraires
, continue à réfîder dans la ville de Confi
l tance. Le diocèfe de l’évêque, quoique confidéra-
blement diminué par la réformation & par des
exemptions, que le Pape a accordées à plufieurs
ordres de moines & de chevaleries, ainfi qu’à
quelques couvens particuliers, fe trouve encore le
plus étendu de toute l’Allemagne > car il embrafle
la majeure partie de la Suabe & une grande portion
de la Suifle. On y compte vingt collégiales
& plus de 1000 paroifles catholiques ou mixtes,
229 couvens , & en tout yi doyennés ruraux.
Cette énumération eft conforme à l’état que l’évêché
envoya à Rome en 1712. Quant à fa dépendance
eccléfiaftique, cet évêché fait partie de
la province de Mayence.
Voici les qualifications de l’évêque : N. par la
(1) Chip. i j . verf. 6 , 7 , 8 & 9.
(>) Recueil dçs'Yoyages qui ont fecvi à l’établiflèmem de la compagnie des Indes , pag, 413, liv. V • part. II.
grâce
grâce de Dieu ,* évêque de Confiance, feigtieur de
Reichenau & Oehningen. D ’autres lui donnent le titre
de tres-vénérable prince 6* feigneur, &c. Il porte
de gueules à la croix d’argent. Cet évêché a quatre
offices héréditaires 5 celui dt grand-maréchal, exercé
par les barons de Siegenftein j celui de chambellan
par ceux de Ratzenried j celui de grand-maître par'
les Zweyer de Fuenbach, celui de grand échanfon
par les S’egeffer de Brunegg. L ’évêque eft chancelier
perpétuel de l’Univerfité de Fribourg en Brif-
gau, éc cette univerfité le reconnoît pour fon
juge en première & fécondé inftancè.
Cet évêché a été fous la dépendance immédiate de
l Empire , depuis un temps immémorial. Le prélat
qui en eft pourvu, a voix & féance à la diète ; &
fa place fur le banc des princes eccléfiaftiques eft
fixée entre les évêques de Strasbourg & d’Augf-
bourg. Non-feulement il fait partie du cercle de
Suabe, au troifième quartier duquel il préfide conjointement
avec l’Abbé de Kempten$ mais il eft
en même temps un des deux princes convoquans
de ce cercle. On a fouvent difeuté, fi cette qualité
lui donne les mêmes droits qu’ au duc de Wurtemberg
, ou fi ce dernier a fur lui quelques prérogatives
: mais cette difpute, comme toutes les
difputes de cette nature , a produit beaucoup
d’écrits, & on n’a point prononcé. En 15*21 la taxe
matriculaire de l’évêché de Confiance étoit de 14
cavaliers & de 60 fantaflins, évalués à 408 florins
par mois. Elle fut réduite à la moitié en 1 ^45, &
portée enfuite à 10 cavaliers & 30 fantaflins, ou
240 florins. L ’évêché n’ a fourni jufqu’en 1683 que
la taxe modérée de 7 cavaliers & .30 fantaflins,
évaluée à 204 florins. L ’abbaye de Reichenau,
incorporée à cet évêché, fut aflujettie en ægpfÿ à
une taxe particulière de 2 cavaliers & 4 fantaflins,
ou à 40 florins par mois. En 1683 la totalité delà
contribution de l ’évêché réunie à l’abbaye de Reichenau
&: à la fèigneurie d’Ittendorf, dont on
avoit fait l’acquifition en 1649, fut réduite à 116
florins yo kreutzers. Sa cotte matriculaire réunie
à celle de l’ abbaye pour l’entretien de la chambre
impériale a été portée en 1726 à 121 rixdalers &
68 & demi kreutzers.
Les bulles fie confirmation de l’ évêque de
Confiance étoient jadis taxées à la chancellerie de
Rome à 2yoo florins : mais en 1704 l’évêque Jean-
François ne paya que 410 florins.
Les dicaftères du prince-évêque font : le eonfeil
eccléfiaftique, le eonfeil aulique & la chambre des
finances. Les juftices inférieures font adminiftrées
par des fénéchaux & des baillifs.
Suivant le mémoire de l’évêque, préfenté en
cour de Rome en 1 7 12 , fa menfe ne montoit annuellement
qu’ à 20,000 florins.
L ’abbaye de bénédictins de Reichenau, en latin
augia dives ou major, fe trouve dans une ifle de
même nom, fituée au milieu du lac de Zell. Elle
fut bâtie en *724 par faint Pirminius ; elle étoit autrefois
très riche, & elle formoit une abbaye im-
QEcon. polit. diplomatique. Tom. 1.
médiate de l’Empire, dont le titulaire revêtu de
la dignité de prince avoit voix & féance aux diètes
du cercle de Suabe : mais elle fut incorporée en
1535 à l’évêché de Confiance auquel elle fut cédee
formellement en 1 y 40 , deforte que depuis ce
temps l’evêque jouit de la menfe abbatiale de-
Reichenau, où il a établi un grand bailliage. Cependant
l’abbaye a cherché à maintenir fes prérogatives
, malgré le faint fiége & l’évêché, & elle a
protefté contre fon incorporation 5 en 17 57 l’évêque
de Confiance termina cette querelle, en faifant enlever
les moines. Cette abbaye payoit autrefois
une taxe matriculaire d’un cavalier & de 4 fantaflins,
ou de 28 florins ; & en 1545 elle paya un
cavalier ou 12 florins de plus. En 1712 l’évêque
fôllicita, comme poflefleur de cette abbaye, un
füffrage au eonfeil des princes : mais il rut débouté
de fa demande. Il prend la qualité de^ feigneur
& non d’abbé de Reichenau, quoique l’empereur
lui donne quelquefois ce dernier titre.
La feigneurie immédiate de Con^enberg, qui appartient
à la prévôté du grand chapitre, eft fituée
fur la rive feptentrionale du Danube, près de la
ville de Tuttlingen au duché de Würtemberg. Elle
eft aflujettie dans le cadaftre du cercle de Suabe à
une taxe de 18 florins. Elle a fous fa dépendance
les villages de Wurmlingen, Rockenbeuren, Seith-
lingen , Oberfiacht , Durchhaufen , Dodersdorf &
Weyler.
L’évêque de Confiance n’eft pas le maître de la
ville de ce nom. Cette ville qui fait partie du cercle
de Suabe, & eft fituée fur le Rhin, à l’extrémité
d’un grand lac , nommé lac de Confiance, &
qu’on appelle Bodenfée en allemand, fut vraifem-
blablement ou fondée ou fortifiée par l’empereur
Conftance I , pour fervir de barrière contre les
nations germaniques. Le fiége épifcopâl de Win-
dish, ruiné par les huns, ayant été transféré à
Confiance , cette dernière ville s’agrandit. Elle
jouit dans la fuite de tous les privilèges d’une ville
impériale, & fut liée par des alliances avec Straf-
bourg, Bâle, Zurich, Saint-Gall, &c. Le concile
qui y fut aflemblé en 141 y, lui donna une célébrité
plus étendue, & l’enrichit par le concours
des étrangers. Son union avec la noblefle de la
Suabe & avec le parti autrichien, lui attirèrent
fouvent des hoftilités de la part des fuifles, dans
les guerres entre les deux nations. La paix qui
termina la campagne très-fanglante de 1499, dépouilla
Confiance de la jurifdi&ion criminelle fur la
Turgovie, que Sigifmond lui avoit hypothéquée
à Tépoque du concile. La ville chercha à entrer
dans la confédération helvétique vers l’année 1 y 10.
La propofition imprudente de fe faire céder une
portion de la Turgovie, & de faire tranfporter
chez elle le fiege de la juftice fur cette province,
fournit à la jaloufie des cantons démocratiques un
prétexte de refus. Le mauvais fuccès de cette démarche
décida dans la fuite du fort de Confiance.
La réformation s’y étoit établie ; déjà l’évêque
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