
états. Ces impôts font ordinaires ou extraordinaires.
Les premiers comprennent les taxes matriculai-
res , que chaque état paye pour l’entretien de la
chambre impériale. Selon le réfultat de l’empire
de 1720 3 elles devroient rapporter annuellement
105,600 rixdales } mais les non-valeurs & les diminutions
réduifent aujourd’hui la matricule a
39,395 rixdales 15 kr> quoique les membresim-
médiats de l’empire payent ce contigent d’ une maniéré
fort inexacte , on n’ a pas laiffé de percevoir
en 1768 , la fomme de 103,198 rixdales.
On appelle taxes extaaordinaires celles que les
états accordent dans les cas imprévus 5 par exemple
, pour l’entretien de l’empereur, de l’armée
de l’empire, des fortifications de Philisbourg, &c.
Cette aerniere contribution porte le nom de mois
romains ; on l’appelle ainfi parce que autrefois les
empereurs alloient à Rome recevoir la couronne
'impériale des mains du pape. Les états fournififoient
& entretenaient autour de fa perfonne pendant ce
voyage un certain nombre de gens armés, pendant
iïxmois, à moins qu’ils n’aimaflent mieux payer
par mois douze florins pour un cavalier, & quatre
pour un fantafin. On a confervé la même évaluation
, & l’on a drefle une matricule qui fixe le taux
de chaque état. Un mois romain produit à-peu-près
cinquante mille florins.
S e c t i o n X I I Ie.
De l'armée de l'Empire.
Il n’appartient qu’à la diète générale, c’eft-à-
dire à l’empereur & aux états réunis de faire la
paix & la guerre, ainfi que nous l’avons obfervé.
Lorfque l’empire eft ménacé , où qu’il y règne
des troubles dangéreux , la diète prend la réfolu-
tion de faire la guerre} elle s’occupe enfuite des
moyens qu’il faudra mettre enufage pour la conduire
avec fuccès} & elle délibéré ordinairement
fur les queftions fuivantes ; i°. de quelle manière
on affemblera l’armée de l’empire 5 20. comment
on la pourvoira de vivres & d’autres munitions }
30. quelle artillerie on lui donnera } 40. combien
on lèvera d’argent pour les frais de la guerre ;
50. fi on formera une caille générale pour les opérations
de la guerre ; ou bien fi les cercles auront
chacun leur caille particulière; 6°. quel remède
on apportera aux défordres commis par les fol-
dats;7°. fur quel pied on réglera les marches ,
les charrois & les quartiers d’hyver,; 8°. de quelle
manière on difpofera du commandement de l’armée
; 90. de quelle manière un cercle pourra le
mieux féconder les opérations de l’autre, & venir
à fon fecours en casdebefoin, &c.
Les ennemis n’attendent pas que chacun de ces
points foit tranquillement difcuté ; ces fortes de
délibérations font fi lentes ; il y règne une fi
grande diverfité d’opinions & d’intérêts, que les
entreprifes militaires de l’empire, ont rarement du
fuccès, fe qu’il en a fouvent coûté des provinces
à XAllemagne. L ’empire d’ailleurs eft une machine I
trop compofée, pour faire des conquêtes , 8c il I
eft trop facile aux ennemis d’en déranger les I
relforts.
Autrefois la plus grande difficulté étoit d’ affem- I
bler les troupes de l’empire. Cette matière a fait I
pendant long-temps l’objet des principales déli- I
bérations de la diète ; mais enfin il a été réfolu I
en 16 87, de tenir conftamment fur pied une ar- i
mée de 40000 hommes, parmi lefquels il doit y |
avoir dix mille cavaliers. On a afligné à chaque I
cercle, le nombre de troupes qu’il doit fournir k
félon fes facultés & fa pofition.
Cavaliers. Fantaflins, 1
6000 2707 1
1311 2707
2521 5507
1321 '2707
980 1901
800 I493 L;
I32I ,2707
49I 2853.
I32I 2707
1321 2707
W 17996
Le cercle électoral entretient . . .
Le cercle de haute-Saxe . . . . . .
Le cercle de la haute-Autriche. . . .
Le cercle de Bourgogne , . . . . .
Le cercle de Franconie . . . . . .
Le cercle de Bavière.................
Le cercle de Suabe ....................
Le cercle du haut-Rhin...............
Le cercle de Weftphalie............
Le cercle de la balfe-Saxe..........
T otal. . . . | . . . $9993 hommes.
Dans le cas de néceflîté on augmente ce nom- •
bre. En 1703 , lors de la guerre pour la fuccef-
lion .dTfpagne 3 on le tripla, & l’empire eut p
cent vingt mille hommes à fa folde. Chaque cercle
fait la répartition de fon contingent fur tous p
les princes & fur toutes les villes impériales qui L
en font partie. Quoique l’armée de l’empire foit ;
de quarante mille hommes, quoiqu’il foit aifé de '
la doubler, vu la grande population de l'Aile- f :
magne 3 il ne faut pas croire cependant qu’elle [ |
foit bien formidable. i° . Les cercles n’entretien- j ?
nent pas exactement le nombre d’hommes qu’ils H
doivent fournir. i ° . Les troupes ordinaires des ■
cercles font très-mauvaifes ; elles ne valent pas k|
mieux que des miliciens. 30. Ces foîdats raffem- ■
blés de tous les coins de XAllemagne | ne font ja- :
mais ni bien exercés , ni bien aguerris. 40. Les ar- ■
mes que chaque cercle en particulier donne aux H
troupes qu’il envoie, diffèrent les unes des autres I
autant que l’exercice militaire. 50. L ’artillerie , les I
bagages, les munitions , fe trouvent prefque tou- I
jours incomplets, & le général eft très-embarraffé. K
Il faut ajouter encore qu’elle n’eft jamais au taux ■
fixé, dès qu’il s’agit d’ agir ; & quand même on
trouve moyen de la raffembler, elle ne commence I
ordinairement la campagne 3 que lorfque les autres I
troupes font prêtes à entrer en quartier d’hyver ; I
c’ eft ce qu’on a vu fous le règne de Charles V L R
& qui fit dire à de mauvais pïaifans, que Tempe- I
reur prenoit le titre de femper Aügufius 3 parce que I
fes armées neparoifloient en campagne qu’au mois 1
d’août. En un mot il y a des princes membres de
l’empire, qui font très-puiflans par eux-memes ,
mais les forces de l ’empire ne font que rort médiocres.
. r • V ' .
Les empereurs menoient autrefois 1 armee ae
l ’empire à la guerre ; plufieurs l ’ont commandée
dans ces derniers temps ; mais on a trouve bon
de créer deux maréchaux du Saint empire 3 qui font
toujours de fervice, & dont l’un eft catholique
& l’autre proteftant. L ’empire entretient en outre
un général de la cavalerie 3 un grand maiti e de l artillerie
deux lieutenans généraux. On a vu des
hommes du premier mérite parmi les maréchaux
de l'empire , tels que le prince Eugène,le prince
d ’Anhalt, le duc de Wirtemberg, & c . Il y a
suffi un confeil de guerre , dont les membres doivent
être en partie catholiques, & en partie pro-
teftans. L ’armée prête ferment à l’empereur & a
l ’empire ; mais l'empereur n’a pas dro it, fans le
confentement exprès des électeurs & des autres
princes, de conduire hors de XAllemagne 3 ces
troupes levées pour la défenfe du corps germanique.
Places fortes. L ’empire n’ a que deux places fortes
qui ont été conftruitesfur les bords du Rhin ;
pour fervir de rempart contre les mvafions des
françois ; Kehl & Philisbourg. La première n’ eft
qu’une bicoque fîtuée en face de Strasbourg ,
qui ne fauroit faire aucune réfiftance , & qui
n’ a foutenuen 1733 qu’un fiège de quelques jours.
Philisbourg eft plus redoutable ; fa prife coûta
très-cher aux françois en 1735. On rendroit cette
ville une des plus fortes de l ’Europe, fi tout l’argent
qu’on exige chaque année des états, étoit
payé avèc exa&itude, & employé avec fidélité.
S e c t i o n X I V .
Monnoies de l'Empire.
L e droit de battre monnoie appartenoit dans le
principe à l’empereur feul ; les eledteurs en jouif-
fent en vertu de la bulle d’or. Les loix de l’empire
l’accordent en général aux états qui poffedent des
mines en propre, avec la reftriélion néanmoins de
ne frapper en efpèces , que le produit de leurs
mines. La plupart des princes , quelques prélats
& abbefles, plufieurs anciens comtes , barons &
villes impériales jouiffent de ce droit, ou par d’anciennes
conceffions ou par une poffeffion immémoriale.
L ’empereur s’oblige par la capitulation à ne
donner à per-fonne le droit de battre monnoie ,
fans le confentement des électeurs -, & fans avoir
pefé les avis & les obfervatlons du cercle , dans
lequel l’état qui le demande eft fîtué.
L ’empereur 8è les éle&eurs poffèdent le droit
de battre monnoie fans reftri&ion > ils frappent
des pièces d’or & d’argent ; quelques états de
l’empire ont un privilège auffi étendu en vertu d’une
permiffion exprefle ; d’autres ne l’ont que pour
des pièces d V g e n t , ou pour le bÜlQn 3 d'autres
font reftreitvts à de certaines efpèces de monnoies,
d’autres à une certaine quantité proportionnée
à leurs befoins. Plufieurs états de 1 empire
n’exercent point cette efpece de d ro it, ou
l’exercent fort rarement , à caufe des dépenfes
qu’il exige.
Il n’eft pas libre à l’état qui a le droit de battre
monnoie, d'établir à fon gré des villes de monnoie
: les loix veulent qu’ il n’y en ait que trois
ou quatre dans chaque cercle , à moins qu’un état
n’ait des mines en propre. Il n'eft point permis de
vendre ou de donner à ferme le droit ae battre
monnoie 3 non plus que d’en partager le profit
avec le directeur de la monnoie. Tout état
doit fournir la matière & la battre lui même ; les
différens cercles-doivent tenir chaque année une
ou deux afifemblées relatives aux monnoies.
L ’empereur promet par fa capitulation de veiller
à ce que cet article foit ponétuellement exécuté
dans tous les cercles.
L ’empire d'Allemagne n’a point de monnoie générale
qui foit frappée au coin de l'empereur ;
celles qu’on voit foüs cette empreinte font ,
ou des;pièces particulières de l’empereur, battues
pour avoir cours dans fes états, Ou elles ont été
frappées dans les villes impériales.
11 y a long-temps qu’on n’obferve plus le régie-*
ment général concernant les monnoies de l’empire,
reçu à la diète d’Augsbourg en 1509. En 1667
les électeurs de Saxe & de Brandebourg convinrent
à Zinna de conferver le titre de la rixdale
félon l’évaluation de 15 5 9 , mais de monnoyer
le marc fin (qu’on avoit monnoyé jufques-là à
raifon de 9 dalers 2 grofehes ) à raifon de 10 da-
lers & ~ en grofehes 3 & autres pièces de moindre
valeur. Le duc de Brunfwick adopta le titre convenu
à Zinna ; les cercles de Franconie 3 de Bavière
& de Suabe paroiflent auffi l’avoir adopté.
En 1690 les électeurs de Saxe , de Brandebourg
! & le duc de Brunfvick-Luneborg firent une nou-
| velle convention, en vertu de laquelle le marc
i fin de Cologne devoir être monnoyé à raifon do
| 10 dalers en pièces de f , de f & de £ , à raifon de
10 dalers 9 grofehes en pièces de 2 grofehes, &:
à raifon de 13 dalers, en pièces de 6 phennings ;
c’eft ce qu’on appelle le titre de Leipzig. En 1753
l’Autriche- & la Bavière firent un autre réglement,
qu’on nomme le titre de convention : çes
deux puiffances dirent qufil étoit impoflible dç
conferver le titre de Leipzig 3 à caufe de la trop
grande difproportion entre l’argent & l’or 3 ou de
le mettre en exécution fans un dommage confia
dérable, fc fans l’entière confommation de l’argent
} & plies établirent le pair de 14 , tout au
plus de 14; & ? ! marcs d’argent pour un marc d’or ;
elles convinrent de monoyer le marc d’argent de C o logne
depuis le daler jufqu’ au grofehe, à raifon de
20 flor. & le marc de Cologne d’or fin , à raifon de
283 florins 5 creutzers, 3 & 77 ph. Le ducat f e
trouye évalué par-là à 4 flor. 10 creuzets.