
au hafard. On remarque plus d’intelligence, plus d*ac*
tivité dans la Caroline du fud : mais elle» n’a pas vu
ou allez vu, jufqu’où la culture de l’olivier & de
la foie pourroit pouffer fa fortune. Ni l’une ni l’autre
n’ont défriché le quart du terrein , qui peut
être utilement exploité. -
C’eft un travail réfervé aux générations futures,
& à une plus grande population. Alors fans doute
il s’établira quelque induftrie dans des provinces
où il n’en exifteroit pas de traces, fi les réfugiés
françois n’y avoient porté une manufa&ure de
toiles.
Aujourd’hui que les Etats-Unis font en pane, &
que leur indépendance eft reconnue même de l’Angleterre
, la culture, la population & .le commercé
des deux Carolines vont s’accroître d’une manière
très-rapide. Les négocians de cette partie de l’Amérique
ne manquent ni d’aétivite ni d audace
car M. le baron de Tott nous apprend, dans fes
mémoires, qu’un vaiffeau parti de la Caroline eft
venu les années dernières à Conftantinople, fans y
avoir aucune liaifon de commerce, & qu’il y a fort
bien vendu fa cargaifon.
Entre diverfes branches de commerce dont ils fe
font occupés nouvellement, ils ont entrepris celui
des efclaves fur la côte d’Afrique, lequel a déjà
été fi heureux que, depuis la .proclamation de la
paix , il a été vendu plus de 3000 nègres au marché
de Charles-Town ; & l’on eftime que les vaif-
feaux deftinés cette année (1784)' au même commerce,
gagneront le double de ce qu ils ont gagné
l’année dernière...............
Nous ne ferons ici aucune remarque.fur ce commerce
: nous dirons feulement que fi le congres
veut férieufement abolir l’efclavage des-nègres dans
chacun des Etats-Unis , il aura à effuyer long-tems
les réclamations des négocians des deux Carolines.
cadaftre. Nous voulions ici traiter cette matière >
mais il y a déjà un article C a d a s t r e dans ce
Dictionnaire, & un autre dans le Dictionnaire des
Finances, & nous nous contentons d’y renvoyer
les. leéteiirs. , •
CARTEL. Convention fur l’échange ou la
’ rançon des prifonniers. Voye1 le Dictionnaire de
Jurifprudence. . g r
A l’époque où l’infurreélion a commencé, le fort
des deux Colonies n’étoit pas à plaindre. Les impôts
, qui étoient tous levés for l’entrée & la for- 1
tie des marchandifes,me paffoient pas 135, opp 1.
La province du nord n’avoit du papier monnoie
que pour 1,12 5,000 livres ; & celle du fud, infiniment
plus riche, n’en avoit que pour f,6 if}ooo L:
ni l’une ni l’autre n’étoient endettées avec la métropole.
Cet avantage rare, même dans les Colonies
angloifes, provenoit de l’étendue des exportations
que faifoient les deux Carolines, foit dans
les provinces voifines } foit aux Antilles ou en
r Europe. ' "
Pour payer les dettes delà guerre , il faudra
établir de nouveaux impôts 5 les derniers arrange-
mens du congrès & de chacun des Etats-Unis ne
font pas encore affez connus, & nous reviendrons
for cet objet dans un autre article.
P 'oyei l’article général Et a t s -Unis & les articles
particuliers de chacune de ces provinces.
CARRIÈRES. Voyei M ines,
CARTES GEOGRAPHIQUES ET TOPOGRAPHIQUES
néceffaires à la confection d'un
CARTHAGE, ville & république | célébré
de l’antiquité. Malgré tout ce qu’on a écrit fur
les gouvernemens de l’antiquité, il n’eft pas aife de
débrouiller leur conftitution 5 & le développement de
de celle de Carthage 3 préfente des difficultés particulières.
>
Les anciens trouvoient dans la conftitution de Carthage des principes d’une fageffe profonde ,
au moins pour le temps ; & Ariftote met cette
république au nombre de celles qui étoient les
I plus eftimées dans l’antiquité, & qui pouvoient
fervir de modèle aux autres. Il cite d’abord un
fait qui honore Carthage 3 il dit que jüfqu’au moment
où-il écrfvoit, c’eft-à-dire, depuis plus de
cinq cents ans, il n’y avoit point eu de fédition
qui eût troublé ie repos, ni de tyran qui eut opprimé
la liberté de l’état. Ce fait eft d’autant
plus curieux que les féditions & les tyrans font
les deux plus. grands fléaux des gouvernements
mixtes, tel que celui de Carthage , où le pouvoir
eft partagé entre le peuple & les grands:
le peuple y abufe de la liberté, & on y voit des
fédifions. Il y en eut en effet , beaucoup à
Athènes & dans toutes les républiques Grecques 5
les grands veulent y opprimer la liberté publique,
comme cela arriva à Athènes ;y à Syracufe, à
Corinthe, à Thèbes, à Rome même du temps
Sylla & de Céfar. Si Carthage par la fageffe de
fes loix & par l’heureux concert des différentes
parties qui çompofoient fon gouvernement, évita
pendant un fi grand nombre d’années, deux écueils
fi dangereux Ôc fi communs, elle mérite beaucoup
d’éloges.
Il feroit à fouhaiter qu’un auteur ancien eût
décrit exactement les loix fondamentales, les loix
politiques, & l’adminiftràtion de cette fameufe
république. On ne peut s’en former qu’une idée
allez confofe & affez imparfaite : on eft réduit à recueillir
différens traits . épars dans les auteurs.
Çhriftophe Hendreieh a rendu ce fervice à la république
des lettres, & ce qu’on va lire eft principalement
tiré de l’ouvrage de ce {avant.
Le gouvernement de Carthage réqniffoit, comme
celui de Sparte & de Rome, trois pouvoirs qui
fe balançoient l’un & l’autre,.& fe prêtaient un
mutuel fecours ; celui des deux magiftrats fuprêmes ,
appellés fujfetes 3 celui du fénat, & celui du‘peuple.
On y ajouta enfuite le tribunal des cent, qui
eurent beaucoup de crédit dans la république.
1 °.Lesfuffetes ne demeUroient en place qu’un an,
& ils étoient à Carthage, ce que. les confuls étoient
£ Rome» Les auteurs leur dorment fouvent les»
non»
noms de rois ; de dictateurs, de confuls, parce J
qu’ils en rempliffoient les fondions. L hiftoire ne
dit pas qui les choififfoit. Ils affembloient fenat
dont ils étoient les préfidens de les chefs. Ils
y propofoient les affaires, & recueilloient les fur-
frages. Ils préfidoient auffi aux jugemens, qui fe
rendoient far les affaires importantes. Leur autorité
n’étqit pas renfermée dans la ville , ni bornée ■
âux affaires civiles. On leur confioit quelquefois
le commandement des arméejs. Il paroit quen
quittant leur charge, on les nommoit préteurs > cet
emploi étoit important, car outre la préfidence de
certaines affaires, il leur permettait de propofer &
de porter de nouvelles loix, & de faire rendre
compte à ceux qui étoient chargés du recouvrement
des deniers publics, comme on le voit dans
ce que Tite-Live nous raconte d’Annibal.
2°. Le fénat compofé de citoyens, que leur âge,
leur expérience , leur naiffance, leurs richeffes ,
& fur tout leur mérite , rendoient refpe&ables,
formoît le confeil d’état. Nous ne favons point,
quel étoit précisément le nombre des Sénateurs.
Il devait être fort grand , puifqu’on en tira cent
magiftrats pour former une magiftrature particulière
, dont nous parlerons bientôt. C’eft au fenat
que fe traitoient les grandes a f fa ire s , qu’onlifoit les
lettres des généraux, qu’on recevoit les plaintes des
provinces, qu’on donnoit audience- aux ambaffa-
deurs, & qu’on décidoit de la paix ou de la guerre.
Quand les avis fe trouvoient unanimes, le fenat
prononçoit en dernier reffort. Lorfqu’fl y avoit
partage de voix, les affaires étoient portées devant
le peuple ; & dans ce cas , le pouvoir de décider
lui étoit dévolu. Ce réglément paroit bien
imaginé ; il étoit propre à arrêter les cabales, a
concilier les efpritsdes fénateurs, & à faire dominer
les bons avis ; le fénat fort jaloux de fon autorité
, ne confentoit pas aifément à la faire pafler
à un autre. Polybe nous en fournit un exemple
mémorable. Après la perte de la bataille donnée
en Afrique, à la fin de la fécondé guerre punique,
on fit dans le fénat la leéhire des conditions de
paix qu’offroit le vainqueur ; & Annibal voyant
qu’un des fénateurs s’y oppofoit, répréfenta vivement,
qu’il s’agiffoit du falut de la république,
cipalfe adminiftration ; c’eft par - ü «A16 *®PU"
blique devint fi püiffante. Il n en fut pas amli
dans la fuite. Le peuple , enorgueilli de fes
richeffes 8t de fes conquêtes, oubliant peut-etre
qu’il les devoit à la prudence du fenat, voulut le
mêler auffi du gouvernement, & s’arrogea prelque
tout le pouvoir. On ne vit plus alors que des cabales
qu’il étoit de la derniere importance de fe réunir,
& de ne point renvoyer une telle délibération à
l’affemblée du peuple; fes rémontrances eurent
du fuccès, Telle fut fans doute la caufe de l’extrême
puiffance , & de l’extrême autorité du
fénat, dans les commencemens de la république.
Polybe remarque ailleurs, que tant que le fénat
fut le maître des affaires, l’état fut gouverné
avec beaucoup de fageffe, & que toutes les en-
treprifes eurent un grand fuccès.
3". Il paroît, par ce que nous venons de dire,
que jufqu’au temps d’Ariftote, qui fait un fi magnifique
éloge du gouvernement de Carthage., le
peuple fe repofoit volontiers fur le fénat, du foin
des affaires publiques , & lui en laiffoit la prin- (ffîcon. polit. 6* diplomatique. Tom. I.
& des factions, çe qui fut , félon Polybe ,
une des principales caufes de la ruine de VetX.
4°. Le tribunal des cent etoit compote, de
cent quatre citoyens, dont la magiftrature etoit
perpétuelle. Il rempliffoit, félon Ariftote, les fonctions
des Ephores fie Sparte ; auffi il y a lieu de
croire qu’on l’établit pour balancer le pouvoir es
grands & du fénat ; mais avec cette différence,
que les Ephores étoient feulement au nombre
de cinq, & que leur magiftrature ne fe prolon-
eeoit pas au-delà d’une année. On croit que ces
1 centumvirs font les mêmes que les cent juges tires
; du fénat, & chargés de faire rendre compte aux
généraux de leur conduite. , ,
Le pouvoir exhorbitant de la famille de jvla-
gon, qui occupant les premières places , oc le
trouvant à la -tête des armées g s étoit rendue
maîtreffe de toutes les affaires, donna heu^ a cet
établiffement. On voulut mettre un ,frein a 1 autorité
des généraux, qui étoit illimitée & prelque
fouveraine pendant qu’ils commandoient les troupes
i on la fournit aux loix, car au retour de leurs
campagnes on les obliga a rendre compte de leur
adminiftration à ces juges.
Cinq des cent quatre magiftrats dont je viens
de parler, avoient une jurifdiétion particulière Se
fupérieure à celle des autres; L’on ignore 1 époque
de fa durée. Ce confeil des cinq étoit comme
le confeil des dix dans le fenat de Venile._ o il
vaquoit une place, eux feuls avoient le droit de
nommer. Us choififfoient auffi ceux qui entraient
dans le confeil des cent. Leur pouvoir etoit tort
grand ; & on intriguoit dans la république pour
] éléver des hommes d’un rare mérité a cette dignité.
On ne-voulut pas attacher de rétribution ou de
récompenfe à leur emploi; le motiffeul du bien
public devant être affez fort dans 1 efpnt des
gens de bien, pour les engager a remplir leurs
devoirs avec zèle & fidélité.,
Polybe, en racontant la pnfe de Carthage par
Scipion, diftingue nettement deux compagnies de
magiftrats , établie à Carthage. Il dit que parmi
les prifonniers, il fe trouva deux magiftrats du
corps des vieillards ( on appelloit. ainfi la compagnie
des cent) 8c quinze du fenat. lite-Live ne
Elit mention que de ces quinze derniers fenateurs.
Mais dans un autre endroit, il parle des vieillards
; il obferve qu’ils çompofoient le corps le
plus refpeélable de l’etat,- &c quils avoient une
grande autorité dans le fenat. ‘ .
Les établiffemens les plus fages & les mieux
concertés dégénèrent peu à peu, & font place au
i défotdre 8c à la licence, qui s’infinuent & jiene-.
N n a-'