
la couronne, après qu'en iéJ4 on en eut chaffé |
les hollandois.
L hiftorien de Barros obtint de Jean III le
diftrièi de Paraiba ; mais il négligea de le peupler,
Des gens fans aveu s'y tranfportèrent en
I f6o, & furent affervis en 1597 , par les franr
çois, qui furent bien-tôt réduits à l'évacuer.
Philippe III fit élever fur ce domaine royal une
ville , qui porte aujourd’hui le nom de Nôtre-
Dame-de-Neves.
Emmanuel Jordan fe fit céder en 1654 -, la
propriété de Rio-Grande, canton entièrement
négligé jufqu à cette époque. Le naufrage de
cet homme attif* à l'entrée du port, fit rentrer
dans les mains du gouvernement des terrés
que quelques particuliers ne tardèrent pas à exploiter.
O11 ignore à qui & en quel temps Tamaraça
avoit été accorde > mais il redevint une pofleflion
nationale peu-à-près l'élévation de la maifon de
Bragançe au trône.
Ce beau gouvernement eft a&uellement enveloppé
par la rivière faint-François , 8c par divers
rameaux des Cordelières. Ses côtes donnent un
p'eu de coton. Aucune contrée de ces régions
n’offre autant & de fi bon fucre que fes plaines
bien arrdféçs. Ses montagnes. font’ remplies de
bêtes à corne , qui lui procurent une grande
quantité de cuirs. Il fournit feul le bois du
Brefil. . , '
Le gouvernement de Bahia tR terminé au nord
par la rivière faint-François; au fud, par la rivière
Doce ; à l’eft, par là rivière Preto, une des branches
de là.rivière Vertè. Il eft compofé de la capitainerie
de, Segerippe, dont les révolutiçns nous
font inconnues” jf. de la: capitainerie de Itheos, qui
çefla d’appartenir‘à George de Figueredo , après
que les indiens Aimorès l’eurent détruite j de la
capitainerie de Porto-Seguro , qui retomba à la
couronne après l’extinétion de la famille desTou-
rinho ; & du pays de1 Bahia , qui ne fut jamais une
propriété particillièrê.
San-Salvador chef-lieu de cet cfabliflemënt,
le Fut long-temps du Brefilettùer.Ony arrive'par
la baie de Tous-les-Saints^dont l’ouvertiife eft de
deux lieues 8c demie. Chaque côté préfente une
fortereffe f dont la deftination eft d’empêcher
plutôt les defcentes que le paflage. Sa longueur,
qui eft de treize a quatorze lieues, eft féméé de
petites illes, remplies de cotonniers, &quipré-
fentent une perfpêétive agréable. Le fond., qui eft
reflerré & a çoijvert de routé in fuite , forme un
port excellent'pour les plus rîombreufes flottes.
Il eft dominé par la ville , bâtie fur-Une pente
rapide.
Cette cité rénferme deux mille maifons, la
plupart magnifiquement bâties. L’ameublement
en eft d?autant plus riche & plus fômptueux ,
quç le luxe des habits en eft févérement prof-
çfit, Vne loi fort ancienne, qui a été fouvènt
violée, 8c qui, depuis 1749, s’obferve dans le
Nouveau-Monde comme dans l’ancien, interdit
aux portugais l’ufage des étoffes d’or ou d’argent
» & des galons dans le vêtement. La pafliorç
pour le faite , que les loix ne peuvent déraciner ,
a cherché un dédommagement dans des croix *
des médailles, des chapelets de diamant : riches
enfeignes d’une religion pauvre. Les métaux qu’on
ne peut porter foi-même, font prodigués pour
la parure des efclaves ' voués au fervice domef-
tique.
La fituation de la ville ne permettant pas l’u-
fage des carrofles , les gens opulens , toujours
attentifs à fe diftinguer du vulgaire, ont imaginé
de fe faire porter dans des hamacs de coton.,
Mollement couchés fur des carreaux de velours ,
entourés de rideaux de foie , -qu’ils ouvrent ou
ferment à leur gré , ces fuperbes indolens changent
de place avec moins de rapidité , mais plus
voluptueufement qu’on ne le fait ailleurs dans
les chars les plus magnifiques.
Quoique San-Salvador ait cefifé d’être la capi-*
taie du Brefil 3 fa province eft encore la plus
peuplée de la colonie. On y compte trente-neuf
mille, fept cents quatre-vingt-quatre blancs , qua-,
ranté-neuf mille fix cents quatre-vingt-treize in*’
diens , foixante-huit mille vingt - quatre negres.
Elle. partage avec les autres la culture du fucre ,
du coton, de quelques autres: productions , & a
fur elles l’avantage de, la baleine & du tabac.
La pêche do la baleine eft trè:s-ancieflnement
établie au Brefil. Tous les portugais de l’ancien
& du nouveau monde jouifl'oient ordinairement^
du droit naturel de^s’y livrer î mais depuis longtemps
elle eft fous un privilège exclufif acheté
par une fociété formée à Lisbonne: ,• & qui fait
fes armemens à Bahia. Son produit annuel eft actuellement
de trois mille cinq cens trente pipes
d’huile qui, au prix de 175 liv. la pipe, rendent
617,750 livres 58c de deux mille quatre-vingt-dix
quintaux de fanons de baleine y qui , à 150 liv-
le quintal, font 313,500 liv. î ces deux fommes
réunies forment clone un total de livres*
Les monopoleurs donnent 300,000 liv. au gouvernement.
Leurs dépenfes' n’excèdent pas 268,
750.livres, & leurs bénéfices s’élèvent à 362,
500 liv. , > • ç
On doit fe réfoudre à perdre entièrement cette
branche d’induftrie, ou lui donner fans-délai utie
direction nouvelle. Il n’y .aura'jamais que la liberté
la plus entière qui1 puilfe Soutenir la concurrence
des navigateurs américains, dont l’aélî’-
vités’eft déjà étendue jufqu’à ces mers éloignées,
8c plus loin encore. La cour de Lisbonne devroit
même encourager, par tous les moyens connus*
la pêche delà baleine dans fes ifles du Cap-Verd ,
& dans les autres'ifles quelle- occupe fi inutilement
près des rivages brulahs de l’Afrique,
j Quoique la plupart des contrées du Brefil îour-
| Biffent un peu de tabac, on peut dire qu’il «’eft
devenu un objet important qu’à Bahia. Il y réuflït
dans un efpace de quatre-vingt-dix lieues, 8c
plus heureufement qu’ailleurs dans le diftritt de
Cachoeira. Cette production enrichifloit depuis
long-temps la province, lorfque les taxes dpnt
on l’accabla à fa fortie de Portugal , en firent
tellement haulfer le. prix que les confommateurs
s’éloignèrent. Les marchés étrangers en deman-;
doient fi peu, qu’en 1773 les.envois fe réduifoient
à vingtrhuit mille quintaux, L’année fuivante on
fupprima les droits qui s’élevoient à 27 liv., 12 f.
par cent pefant, & cette culture reprit fur le
champ fon activité. Le ; colon reçut alors pour,
fa' denrée 22 liv. 16 f. du quintal , , au lieu de
12 liv. 10 fols qui lui .revenoient auparavant.
II pafle annuellement, du Brefil aux côtes d’Afrique
, dix mille quintaux de tabac l 'inférieur ,
qui, achetés dans la colonie même 18 liv. le cent-
pefanç , lui donnent 180,000 liv. Il en pafle cin-
qüante-huit mille cinq . cens quintaux en Portugal,
qui, à leur entrée, font vendus 4© liv. le
cent pefant , ce qui produit 2,340,000^ liv. Les
deux fommes réunies font un total dé 2,520,0'çpL
. Le tabac qui arrive dans la métropole , peut
être acheté par tous les fpéculateurs j mais il
doit être mis dans un dépôt public , où il paye
au fife un droit de magasinage de 2 f. 6 deniers
par quintal. C’eft delà qu’on tire celui dont le
royaume peut fe pafler pour le livrer aux nations
étiangères. Gênes emporte celui de première
qualité. L’Efpagne n’emploie , comme le Portugal
, que celui de la fécondé. Hambourg fe contente
du moins eftimé. C’eft ce dernier que prennent
aufli les françois, 8c les autres navigateurs
ôüi ep ont befqiiy pour la traite des efclaves.
L’achéteuf s’adrefle librement aux négocians
qui ont fa confiance > mais la cour de Madrid ,
qui ne fait jamais acheter des tabacs que pour
fumer , eft dans l’ufage d’avoir un féul agent ,
auquel, elle l;es paye neuf fols la livre. |
Le Portugal, Madere ’& les Açores, ou la
couronne ' exèreè également le monopole du tabac,
n’èn confommérit annuellement pour fumer
que fept cents quatre mille {pefant, qui, à rai-
fon de 5 liv., doivent rendre 3, 520, 000 livres.
Ils n’en colifommènt en poudre que cinq cents
vingt-huit mille livres, qui, à raifori de 7 livres
io fols la livre, doivent rendre 3,960^000 liv/
en tout 7,: 480; od© livres.1 Cependant le gouvernement
ne retire que 5,481,250 livres. L’achat
des matières , les frais de fabrication , les béné- !
fices du fermier emportent le refte.
Le tabac en poudre, qüi fe confomme en Afrique
& aux grandes Indes, eft aufli dans les liens
du monopole , mais au profit de la Reine. Elle
retire 4 5 0 livres de cent cinquante quintaux
qu’on en expédie chaque année, pour ces régions
êloigriées j;.fans compter le bénéfice que doivent
rendre les poivres que Goa lui renvoie en échange.
Le gouvernement de Rio, Janeiro occupe pref-
' que en totalité la longue côte qui commence à la
riviere D o ce , & finit à celle de Rio-Grande de
î, faint-Pierre j & n’eft borné dans l’intérieur des
; terres, que par. l’énorme chaîne de montagnes qui
. s’étend depuis Uria jufqu’ à Minas-Geraes. Il a
abforbé les capitaineries du faint-Efprit ,• de Ca-
, bofrio & de Paraiba du Sud, accordées par le
gouvernement à des époques différentes, & ren-
1 trees de plufieurs maniérés au domaine de la cou-
; remue, p
Les cultures languirent long-temps dans cette
. vafte & belle province. Elle acquiert tous les
jours de l ’importance. Le tabac n’y eft pas, à la
vérité , plus abondant ni meilleur qu’il n’étoit ;
mais depuis dix ans les cannes à fucre s’y multi-r
plient, principalement dans les plaine^ dè Gua-
tacazès. Douze plantations modernes d’excellent
indigot en annoncent un plus grand nombre.
On en tire aujourd’hui une aflez grande quantité
de caffé. Les diftriéis du fud de la colonie
jufqu’ à Rio-Grande fourniflent sbeaucouP
de cuirs, quelques farines & de bonnes viandes
; Cilées, Il exifte quatorze à quinze efpeces de bois
: de teinture, qui ne tarderont pas à être coupés ,
& quatre ou cinq efpeces de gomme qui feront
: enfin recueillies. Il y a environ vingt ans qu’on
découvrit à Bahia deux plantes connues fous la
nom de çurnata & de toçun 3 qui pouvoient fer-
vir à faire des voiles & des cordages. Un heureux
hafard vient de préfenter fur le territoire
de Rio-Janeïro un arbufte infiniment plus propre
à, ces ufages, & qui eft très-commun. Quelquefois
il eft blanc, quelquefois jaune & quelquefois
violet. La première de; ces couleurs eft la meilleure.
Les bras ne manquent pas pour les travaux. La
province compte quarante - fix mille deux cents
foixante - onze blancs trente - deux mille cent
yingt-fix indiens, cinquante-quatre mille quatre-'
vingt-onze nègres. 1
Les richefles que ces. hommes libres ou efck-
ves font naître, font portées, à Rio - Janeiro ,
autrefois chef-lieu de la province feulement ,
mais aujourd’hui la capitale de tout le Brefil & le
féjour du vice-roi.
’C ’ eft un des plus, beaux havres que l’on con-
noifle. Etroit à fon embouchure , il s’élargit iiv
fenfiblement. Les vaifleaux de toutes grandeurs y
entrent facilement depuis dix heures ou midi
jufqu’au foir , pôufles par un vent de mer régulier
8c modéré. Il eft vafte , fùr & commode ;
il a un fond excellent de v a fe , 8c par-tout cinq
où fix braffef d’eau.
C e fut Dias de Solis qui le découvrit en i f i f .
Des proteftans françois, perlécutés dans leur patrie
& conduits par Villegagpon , y formèrent en
15.5 5 3. dans une petite ifle , un foible établiflç-
ment.. Ç ’étoient quinze ou vingt cab an e scon f-
truites de branches d’arbre & couvertes d’herbe ,
à la manière des fauyages du pays. Quelques foi*