
liv.
De tautre part. . . . . . . . . . . . . .»>.... 1602
30 ar. d’av. à 3. fept. par arp. font 90 fept. i
à 4 liv................................... . 360
La dîme......................... ; . ........... 193
Total du produit d'une charrue... • 211 f
Laquelle fortune, diviféê par 90 arpens , fait pour
chacun 23 1. 19 f. diftribu.és ainfi:
Pour le propriétaire'......................... 3
Pour l'impôt............................: .......... I
Pour la dïme....... ................................ 2 3
Pour les frais annuels i. ....................... . 10
Pour le fermier.............................. . 7 16
Total de l'arpent.......... ................. 23 19
Lorfque le prix des grains eft au-delToifs de celui
marqué ici , comme il arrive lorfqu'il y a la moindre
gêne qui empêche la libre communication, ou qui
arrête le débit & tient les bleds à fi bas prix qu'il
g'eft plus poflible de foutenir les frais d'une foible
çulture 3 on tombe enfin dans la petite culture.
De la petite culture du premier ordre.
Cette culture eft celle dont le produit en grains
paye les frais de la culture & l'impôt 3 & donne
quelques médiocres revenus aux propriétaires, comme
nous l'allons voir par le détail fuivant. .
Etat d'une métairie de \6o arpens 3 prés de Nevers,
Cette métairie contient 96 arpens en culture 3 24
arpens de prés, 40 arpens de pâturéaux. Les 96 arpens
cultivés font divifés en deux foies, dont 48
arpens enfemencés chaque année en froment & feigle,
& partie en orge & avoine& 48 arp. en
jachères. Des 48 arpens en grains,, il y en a 24 en
froment, 12 en feigle, 6 en orge & 6 en avoine,
lefquels font exploités par deux charrues tirées
par fix boeufs chacune.
Avances primitives d’une métairie de 160 arpens.
12 boeufs, à 100liv............................. 1200
8 vaches, à 60 liv ..................... 480
2 jumens, à 100' liv. . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
jo brebis, à 100 liv.. . . . . . . . . , . - . . . . . 2jo
2 truies, à 1 j liv-. . . . . . . . . . . . . .. .. • • " ‘$ 5
Total...................................... . 2160
H arnois de labour,charrues,charrettes, &c.. 200
.Avances des femences................ 296-'
Total des avances pfimitives des deux
charrues . . . . . . . . . . . . . . / . . . . . 16 $6
Avances annuelles.
Nourriture des métayers qui font 12 perfonnes,
C U M
& confomment 40 . feptiers de méteil, éiv.
à 10 liv...... 1 •, i s V ......... 400
Charron & maréchal................................. 40
Gages de deux domeftiques *.................. 120'
Pour moiffon.............................. ....... . 100
Accidens & frais..................................... 40
Total des avances annuelles............. 700
Impôts en 1761.
Taille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7J 16
Capitation & uftenfiles....................... ... 62 4
Total................... ....................... 138
On feme 8 boiffeaux de bled par arpent, qui
rendent le, grain 3 pour le froment & le grain 4
pour le feigle., femences prélevées .: ainfi 24 arp..
de froment à 2 fept. par arp. année commune ,
font 48 fept. à 12 1. le fept. c'eft....... • , 576
12 arpens en feigle, à 2 fept. deux tiers par
arpent, font 32. fept. à 8 liv. le fep... 2j<>
6 arp. en orge ,3 3 feptiers par arpent ,
font 18 fept.' à 6 liv. le fe p t .................... 108
6 arpens en avoine, à 4 fept. par arpent,
font 24 fept. à. 4 liv. le. feptier............. 96
iojé
Ajoutez la dîme au n ft................ .. 121
Total du produit........................... n 57
Sur ce produit, il faut néceftairement prélever
l’impôt dé 138 liv., la dîme de 121 liv., l'intérêt
de 1690. liv. d'avances primitives, qui, déduction
faite des beftiaux au denier vingt, eft de
84 liv. les avances annuelles de 700 liv. ; ce qui fait
une fomme de 1043 liv. & réduit le revenu net
du propriétaire à 114 liv. ou environ ij fous par
arpent.
Dans le Limoufîn, la Marche, l'Auvergne, le
Poitou, la Touraine, on trouve à-peu-près les
mêmes produits dans les bons cantons. Ainfi on
peut évaluer le produit total d'une charrue de petite
culture du premier ordre, à 600 liv. : on voit
combien eft foible le produit net.
Obligés de nous arrêter ici , parce que l'efpace
nous manque, nous fommes contraints de fuppri-»'
mer les autres exemples de la petite culture inférieure,
où le revenu n'eft que de 8 & 10 par arp.
ou même nul. Nous regrettons de ne pouvoir faire
ici le tableau de comparaifon des deux cultures 5
mais le leéteur judicieux peut y fuppléer de lui-
même, d'après, les détails que nous venons de
donner.
( Cet article efi de M. Grivel'. )
CUMANA, province de l’Amérique efpagmv*
le. La cote de Cumana fut découverte en 1498 par
Colomb. Ojéda, qui étoit embarqué avec ce grand
navigateur, y aborda l'année fuivante^ & y fit
même affez paifiblement quelques échanges avec les
fauva’ges. Il parut plus commode aux aventuriers
qui le fuivirent, de dépouiller ces hommes foibles
de leur or ou de leurs perles ; & ce brigandage
étoit aufli commun dans cette contrée que dans les
autres parties de l'Amérique, lorfque Las Cafas
entreprit d'en arrêter le cours.
Cet homme, fi célèbre dans les annales du nou-
veau-Monde , aVoit accompagné fon père , à l'époque,
même de la découverte. La douceur & la
fimplicité des indiens le frappèrent à tel point ,
qu'il fe fit eccléfiaftique pour travailler à leur çon-
verfion. Bientôt ce fut le foin qui l’occupa le moins.
Comme il étoit plus homme que prêtre -, il fut plus
révolté des barbaries qu'on exerçoit contre eux,
que de leurs folles fuperftitions. On le voyoit continuellement
voler d'un hémifphère à l'autre, pour
confoler des peuples chers à fon coeur, & pour
adoucir leurs tyrans. L'inutilité de fes efforts lui
fit enfin comprendre qu'il n'obtiendroit jamais
rien dans les établiffemens déjà formés, & il fe
propofa d'établir une colonie fur des fondements
nouveaux.
Ses colons dévoient être tous cultivateurs ,. arti-
fans ou millionnaires. Perfonne ne pouvoit fe mêler
parmi eux que de fon aveu. Un habit particulier ,
orné d’une croix, empêcheroit qu'on ne les fup-
posât de la race de ces efpagnols qui s'étoient
rendus fi odieux par leurs barbaries. Avec ces ef-
pèces de chevaliers, il comptoit réufiir fans guerre,
fans violence & fans efclavage, à civilifer les indiens
, à les convertir, à les accoutumer au travail,.^
leur faire exploiter des mines. Il ne de-,
mandoit aucun fecours au fifç dans les premiers
temps; & il fecontentoit, pour la fuite du douzième
des tributs, qu'il y feroit tôt ou tard en^
trer. Les ambitieux qui gouvernent les Empires ,
traitent fouvent de chimérique ce qui tend à rendre
les hommes meilleurs ou plus heureux. Telle
fut d'abord l'impreflion que fit fur le miniftère ef-
pagnol le fyftême de Las Cafas. Les refus ne le
rebutèrent point, & il réuflit à fe faire aflîgner
Cumana, pour y réduire fa théorie en pratique.
_ Ce. génie ardent parcourt aufti-tôt toutes les provinces
de la Caftille, pour y lever des hommes
accoutumés au travail des champs & à celui des
atteliers. Mais ces citoyens paifibles n'ont pas la
même ardeur pour s'expatrier, que des foldats ou
des matelots. A peine en peut-il déterminer deux
cents ale fuivre. Avec eux, il fait voile pour l'Amérique
, & aborde à Porto-Rico en 1519, après
une navigation affez heureufe.
Quoique Las Cafas n'eut quitté le nouvel hémifphère
que depuis deux ans, à fon retour la
face s'en trouvoit totalement changée. La deftruc-
tion entière des indiens, dans les Mes foumifes à
l'Efpagne , avoit infpiré la réfolution d'aller, chercher
dans le continent , des efclaves, pour remplacer
les infortunés que l'oppreffton avoit fait périr.
Cette barbarie révolta l'ame indépendante des
fauvages. Dans leur reffentiment ,^ils maffacroient
tous ceux de leurs ravilfeurs que le hafard faifoit
tomber fous leurs mains 5 & deux miffionnaires ,
que des vues vraifembiablement louables avoient
conduits à Cumana 3 furent la victime de ces re-
prefailles. Ocampo partit fur le champ de Saint-
Domingue pour aller punir un attentat commis
contre le ciel même , ainfi qu'on s'exprime«; &,
après avoir-mis tout à feu & à fang, il y éleva
une bourgade qu'il nomma Tolède.
Ce fut dans ces foibles paliffades que Las Cafas
fe vit réduit à placer le petit nombre de fes compagnons
qui avoient réfifte aux intempéries du climat
, ou qu'on n'avoit pas réuffi à lui débaucher.
Leur féjour n'y fut pas long. Les traits d’un ennemi
implacable percèrent la plupart d'entr'eux ;
& ceux que ces armes n'avoient pas atteints , furent
forcés, en 1 j2i , d'aller chercher ailleurs un
afyle.
Quelques efpagnols fe font depuis établis à Cumana
^ : mais cette population a toujours été fort
bornée, & ne s'eft jamais éloignée des côtes. Pendant
deux fiècles, la-métropole n'eut pas de liai-
fons dire&es avec fa colonie. Ce n'eft que depuis
peu qu'elle y envoie annuellement un ou deux petits
navires qui, en échange des boiffons & des
marchandifes d'Europe, reçoivent du cacao 8c
quelques autres productions.
CURAÇAO ou CURASSAW, une des Mes
Antilles fous le vent, dans l'Amérique feptentrio-
nais.
Ce rocher, qui n’eft qu’à trois lieues de la côte
de Venezuela , peut avoir io lieues de long fur f
de large. Il a un port excellent, mais dont l’approche
eft fort difficile. Lorfqu une fois on y eft entré,
fon vafte baffin offre toutes fortes de commodités.
Une fortereffe, conftruite avec intelligence & constamment
bien entretenue , fait fa defenfe.
Curaçao appartient aux hollandois.
Iii/loire de cette colonie. Les françois qui avoient
corrompu d’avance le ■ commandant -de la place, y
-abordèrent en 1673 au nombre.de cinq ou fix cens
hommes. Comme la trahifon avoit été découverte
& le traitre puni, ils furent reçus par fon fuccef-
feur tout autrement qu’ils ne s’y attendoient. Ils
fe rembarquèrent., .-
Louis X IV , bleffé par cet échec, donna
cinq ans après dix - huit vaifleaux de guerre &
douze, bâtimens flibuftiers à d'Eftrées, pour effacer
l’affront, qui terniffoit à fes yeux l’éclat d’un
règne rempli de merveilles. Cet amiral approchoit
du terme de fon expédition , lorfque fon audace
& fon opiniâtreté firent échouer fa flotte à l’ifle
Davés. Il recueillit ce qu’il put des débris de fon
naufrage, & regagna, fans avoir rien entrepris,
le port de Breft dans un affez grand défordre.
Depuis cette époque , ni Curaçao, ni les petites
ifles d’Aruba & de Bouaire, qui font fous fes lojx ,