
tie feptentrionale de la Bavière , qui renfermoit
ci-devant la ville de Nuremberg , & dont le haut-
Palatinat fait aujourd'hui partie , échut à Théo-
baud fon troisième fils. Après la mort de Théodon
& de Théodebaut fon fils cadet , la province
de Bavière demeura aux deux trères furvivans.
Théodebert entra en poffeffion de la partie fep-
tentrionale de celle de l'intérieur des terres & de
la Norique 3 & .Grimoald obtint la partie méridionale
& la Rhétie. Théodebert eut pour fucceffeur
fon fils Ugberg ; Ugberg fut remplacé par
Ottilon , & celui - ci par Taffilon I I , dernier Duc
de Bavière ( de l'ancienne famille ducale des Agilf-
fingiens ) : Taffilon II fut enfermé en 7S& dans
l'abbaye de Lorfch ou Lauresheim 3 & enfuite
dans celle de Jumièges par Charlemagne, roi des
francs 3 qui envahit le duché 3 & le fit gouverner
par fes comtes. Les fils de Louis I ayant partagé
entr’eux la monarchie des Francs, la Bavière fut
donnée, avec toute l'Allemagne, à Louis le germanique
, qui réfida à Ratisbonne. Après que fes
fils eurent fait entr'eux le partage des terres paternelles
en 876 , Carloman devint roi de Bavière 5
il eut pour fucceffeur immédiat fon frère Louis le
jeune , & après Louis le jeune, Charles le gros ,
frère cadet de Carloman. Les états de l'Empire
ayant dépofé Charles, & élu roi de Germanie
Arnoul , fils naturel de Carloman , la Bavière reconnut
la fouveraineté de ce dernier, & enfuite
celle de Louis l'enfant, fils d'Arnoul. Arnoul,
margrave de Bavière 3 fut créé duc de Bavière par
le roi Henri I en 920. Il écarta fes fils de ce duché
î cependant il nomma fon fécond fils comte
palatin de Bavière ; celui - ci eft la fouche des fei-
gneurs dé Sçhir ou de Scheurn, dits enfuite de
Witteîsbach. L'empereur Otton le grand, donna
la Bavière à fon frère Henri. Otton II , qui avoit
attenté à la vie de Henri I V , fut dépouillé de ce
duché , qui paffa en 1071 à fon gendre G u e lf,
dont le père A z o n , poffédoit Milan, Gênes &
plufieurs terres en Lombardie. Le duc Henri-le- ,
fuperbe, iffu de fon fang, s'étant oppofé à l'élection
du roi Conrad I I I , perdit en 113 8 le duché,
de Bavière avec celui de Saxe, qu'il avoit obtenu
l'an 1 1 16 ou 1127. Son fils, Henri-le-lionrentra
à la vérité en poffeffion de ces domaines, mais,
ayant été mis au ban de l'Empire ( 118© ) par
Charles I , il ne conferva que les terres de Lune-
bourg , de Brunfwick & de Nordheim. Les fiefs
de l’Empire , dont il étoit invefti, furent accordés
à d’autres. Otton l’aîné , de la maifon de
Wittelsbach, obtint le duché de Bavière , féparé
alors du Tirol. Ses ayeux defcendoient du duc
Arnoul. Le duc Louis , fils d'Otton , ayant été
créé comte palatin du Rhin par le roi.Frédéric I I ,
O tton , defcendant de Louis, fut mis en poffeffion
de ce palatinat. Louis-le-févère & Henri,
fils d’O tton, firent le partage des terres paternelles
en 12y 3. Le premier garda le palatinat du Rhin
& la haute Bavière, & Henri obtint toutes les
autres poffeffions. Louis le jeune & Rodolphe,
fils de Louis-le’ févère, entreprirent un nouveau
partage. Rodolphe fut la fouche de la maifon
Electorale - Palatine , & Louis de celle de Bavière
3 qui a régné jafqu'à nos jours. C e dût de
la haute Bavière élu empereur, fit ( en 1329) avec
les fils de fon frère, une tranfa&ion, par laquelle
il leur céda en forme le palatinat du Rhin, avec
le haut palatinat, auquel on donna alors ce nom
pour la première fois. La baffe Bavière échut au
Duc Louis (e n 1340) après l'extinCtion de la
branche qui en étoit en poffeffion. Les trois en-
fans mâles de fon fils Etienne , ayant fait un partage
, en 1392, formèrent les branches d'Ingolf-
tadt, de Landshut & de Munich. La première
s'éteignit en 1447, & la fécondé en 1503. Celle
de Munich figna plufieurs partages en 1545 3 époque
à laquelle finit tout gouvernement commun
des pays appartenans à cette branche. Le duc
Maximilien I , revêtu de la dignité électorale en
1625, & du titre de haut Palatin en 1628, obtint
la confirmation de l'un & de l'autre par le
traité de Weftphalie. Son petit-fils MaximilienII,
mis au ban de l'Empire en- 17©6 , fut pourtant
rétabli dans la poffeffion de fes terres en 17*4*
L'éleCteur Charles-Albert, fils de MaximilienII,
élu empereur en J 74 2 , fut malheureux dans la
guerre contre l'Autriche. Maximilien - Jofeph',
fon fils & fucceffeur, étant mort en 17 7 7 , fans
laiffer de poftérité, la branche de Bavière s'eft
éteints 3 le huitième éleCtorat, créé en faveur
des comtes palatins du Rhin, fe trouve fuppri-
m é , & ces comtes reprennent, dans le collège
électoral , leur ancien rang ,• avec toutes les prérogatives
qui y font attachées. Suites de la mort de l’életteurde Bavière. La ligne
Guillelmine s'étant éteinte dans ce prince, comme
on vient de le d ire , l'éleCteur Palatin prit
poffeffion de la Bavière ; la' maifon d'Autriche
s'empara d'une partie de l'éleCtorat 3 & juftifia
cette, démarche par des écrits. Le roi de Pruffi*
s'y oppofa d'une manière formelle , quoique l'électeur
Palatin eût confenti à ce démembrement*
On trouve dans le Dictionnaire de M. Robinet
l*analyfe des nombreux écrits , publiés par la
Cour de Vienne & de Berlin fur cette fuccef-
fîon.
On faifoit des préparatifs 5 les troupes refpec-
tives s'avançoient vers les frontières de Bohême
& de Siléfie . 5 les chemins étoient couverts de
chariots: qui portoient des munitions de guerre.
Le roi de Pruffe répandit dans l'Europe un ma-
nifelte fous le titre d’expofé des motifs qui ont engagé
la cour de Berlin a s’oppofer au démembrement
delà Bavière. Il y rappelle, en peu de mots,
toutes les raifons que fon miniftre avoit expofées
à la cour de. Vienne, qui a rompu négociation la première la ,- en faifant des proppfitions tout-a fait
înadmijjibles. I ly dit quelatranfaCtion faite entrel'é-
leCteuï Palatio& l’empereur, nulle par elle-même
& par les motifs qui l'ont diCtée, n'a pas même
été obfervée par la maifon d’Autriche , puifque
cette puiffance a occupé vingt-un bailliages au-
delà de l'ancienne portion d-e Straubing, & qu'elle
en refufe la reftitution , malgré les bonnes raifons
alléguées par le mrniftre de Bavière.
Tandis qu'on differtoit, qu'on écrivoijt fur de
fi grands intérêts, on fe préparoit à la guerre.
La maifon d'Autriche ordonna de lever 40,000
hommes de recrues dans fes états héréditaires.
On recherchoit tous ceux qui étoient en état de
porteries armes, & le mariage même ne les
mettoit pas à l'abri de ces perquifitions 3 elle vou-
loit envoyer une armée de quatre - vingt mille
hommes dans la Bohème, fous les ordres de
l’archiduc Maximilien & du général Nadafti3
line autre commandée par l'empereur en perlonne
& par les généraux de Lafci, de Haddik & Lau-
don dans la Siléfie 3 elle vouloit en fprmer une
troifîéme enfin fous les ordres dujluc Albert &
de M.de Strowitz. On s'attendoit a voir paroître
en Siléfie une armée commandée par le roi de
Pruffe en perfonne & par le prince héréditaire
de Brunfwick. L'europe avoit les yeux fixés fur
les mouvemens dés deux puiffances. Le roi de
Prufie déclarant nulle la tranfaCtion de l'éleCteur
palatin, parce qu'il la jugeoit involontaire, on
prévoyoît que l'empereur de fon côté réclamev
roit la partie de la Siléfie cédée par un traité qui
»'avoit pas été plus volontaire. Cependant les
états de Straubing prêtèrent le fermenr de fidélité
entre les mains au commiffaire impérial 3 l'appareil
de la cérémonie fut menaçant, on ferma
les portes de la ville, on arrêta les horloges 3
les foldats parcouroient les rues & diffipoient les
attroupemens.
L’armée impériale s'avança bientôt vers les
frontières de la Bohème. On répara les fortifications
de la capitale, on l'entoura de redoutes
garnies d'artillerie, & les habitans eurent ordre
de fe pourvoir de vivres pour fix mois. Sur ces
entrefaites on ouvrit à Ratisbonne le teftament
de l'éleCteur de Bavière. Ce teftament inftituoit
l'éleCteur palatin ^ héritier univerfel 3 & compre-
« n.oit dans la fucceflion les biens allodiaux du
p* tfeu. duc Clément, à la charge d'entretenir
» toujours dans la Bavière douze mille hommes
« de troupes réglées, conformément aux traités
j.» de 1765, * 771 & 1774 > il donnoit à l'élec-
» trice douairière de Saxe les rubis de Bavière 3
eftimés deux cens mille florins ». L'éleCteur
palatin paroiffoit incertain fur le pat,ti qu'il de-
voit prendre’. On fuppofoit à la cour de Vienne
le projet de créer un neuvième éleCtorat en faveur
d'un archiduc de la maifon d'Autriche, &
le due des Deux-Ponts excitoic l'éleCteur palatin
à s’y oppofer & à' montrer du courage.
Enfin le- roi de Pruffe entra en campagne, il
paffa les frontières de, Bohème, & vint camper
entre Nuchod, Skalitz & Dubno, à la vue de'
l'armée impériale campée entre Jarowitz & Ko-
nishoff, vers la fource de l’Elbe. Les piquets
pouvoient fe parler & s'entendre : l'empereur &
le roi de Pruffe occupoient l'un & l’autre le
pofte le plus important de leurs- armées 5 l'inva-
iio-n s'étoit faite fans effufion de fang, elle fut
fuivie de quelques efcarmouches. Mais , tandis
que l'Europe attendoit chaque jour |la -houvelle
d'une* fanglante bataille, on négocioit encore ,
& l’on peut dire à la gloire des deux princes ,
que jamais les fouverains n'ont paru faire plus de
cas du fang des hommes que dans cette grande
querellé, & que tous les deux ont épuifé l'art
de la politique.
L'année fuivante la maifon d’Autriche voulut
bien renoncer à une partie de fes prétentions ,
& figner un accommodement, & la cour de
Vienne. & celle de Berlin ne Longèrent plus à
la guerre (1). Titres & privilèges de Vancien électeur de Bavière.
L'éleCteur de Bavière occupoit la cinquième
place dans le collège électoral, & la fécondé
vpiaèrrmei les électeurs féculiers. Le duché de Ba
lui donnoit le premier rang au collège des
princes de l'empire , & il y opinoit le premier 3
l'éleCteur- palatin a ïuccédé à tous ces privilèges.
Il jouiffoit d'un autre fuffrage en vertu du Land-
graviat de Leuchtenberg. A l ’égard des comtés
& feigneuries immédiates, qu'il poffédoit dans
l'empire , il n'avoit voix & féance fur le banc
des comtes de Suabe qu'à titre de feigneur dff
Wiefenfteing. On a vu dans l’article précédent
que conjointement avec l ’évêque de Saizbourg,
il etoit prince convoquant & directeur du cercle y
il avoit fix voix aux affemblées circulaires.
La maifon de Bavière étoit dans une poffeffion
très-ancienne de l'office d'archi-fénéchal de l'empire
, de même que de la dignité électorale. Par
l'aCte de partage paffé en 1329 entre l'empereur
Louis de Bavière & fes neveux, il fut convenu
que cette dignité feroit commune aux maifons
de Bavière & Palatine , mais que le droit de voter
dans le collège électoral leur appartiendroit
alternativement. La maifon palatine fut revêtue
privativement de la dignité d'éleCteur par la bulle
d'or. Elle s'appropria enfuite la charge d'archi-
fénéchal. L'éleCteur palatin Frédéric V , ayant
été mis au ban de l'empire , la maifon de Bavière
obtint Furie & l’autre de ces dignités en 1623.
Le traité de Weftphalie lui confirma la première
fans faire mention de la fécondé, dont la maifon
(1) La&e de partage entre les comtes palatins, Robert & Rodolphe d’une part, & l’emperear Louis & fes fils de
1 autre parc, pafle à Paris, l’an 13 a?. La renonciation, des comtes palatins fur la ba (Ce-Baviere , avec iéferve de la
fuoeeffion éventuelle de l’année 1348, fe trouvent dans le Di&içnnaiie univerfel de M. Robinet,