
On voit peu de pofitions au Brefil où les intempéries
de l'air abrègent des jours utilement employés
j & il n’y en a aucune où on éprouve ces
mortalités affreufes, qui défolentfi fouvent tant
de contrées de l’Amérique. Toute entreprife
devient aifée par les innombrables troupeaux qui
couvrent les campagnes. L’efclave n’eft pas dans
l'impatience de voir arriver, à travers des mers
vaftes & orageufes , une nourriture fouvent trop
chère 3 pour n’être pas quelquefois infuffifante :
51 la trouve fur la terre même qu’il cultive 3 faine 3
abondante & prefque fans foin. Son maître, de
fon côté, ne craint pas d’être au terme de fa
fortune : il fait bien que la colonie n’eft pas au
-dixième de fa culture. Cent cinquante mille noirs
qui y font employés, & qu’on recrute tous les
ans de fept ou huit mille, peuvert*.être aifément
multipliés. L’ufage où eft le colon de les tirer
directement d’Afrique,' ne lui laiffe pas craindre
la négligence, l’ineptie , l’avidité des négocians
d’Europe. Ses vaifîeaux ont le. double avantage
de s’arrêter peu au terme de leur traite , & d’avoir,
foit en allant, foit en revenant, une traver-
fée courte & facile. .
Malgré tant de facilités, la culture du Brefil
étoit réduite, en 175 y , à vingt-deux millions
pefant de fucre brut, à onze ou douze mille ballots
de tabac, à un peu de falfe-pareille, de cacao,
de café, de riz, d’indigo. Ces exportations étoient
groffies par quelques fanons de baleine , par du
bois de teinture, de conftru&ion, de marqueterie,
par quatorze ou quinze mille cuirs.
■ Entre tous les moyens d’augmenter les produits
d’une fi riche contrée, le minillère a préféré la
liberté des brefiliens, comme le plus fûr, le moins
difpendieux, & le plus humain. On a déclaré, en
1755 9 comme je l’ai déjà dit, qu’à l’avenir tous
les fujets volontaires, ou forcés de la couronne,
feroient citoyens dans toute l’étendue du terme.
La conie a formé des liaifons de commerce
avec diverfes contrées du globe. Autrefois les
Vâifléaux , qui revenoient des Indes orientales en
Portugal, y relâchoient, & y vendaient une partie
de leur cargaifon. Cette communication a été
interrompue dans les temps modernes pour des
raifons que nous ignorons , mais qui ne fauroient
être bonnes. # .
La côte occidentale de l'Afrique, depuis les
Mes du Cap - Verd jufqu’au-delà du pays d'An-
gole , eft plus fréqentée que jamais parles navigateurs
du Brefil; & ceux de Rio-Janéiro ont commencé
aflez récemment à fe porter fur la- côte
orientale. On employé dans ces voyages des
bâtimens, conftruits dans la colonie même , qui
n'ont pas moins de foixante tonneaux , ni plus de
cent-quarante. Des nègres ou des mulâtres forment
la totalité ou la plus grande partie des équipages.
C’eft pour l'exploitation des mines, c’eft J
pour la culture des terres _ que fe fait ce grand
mouvement. Des états très-authentiques, que nous
avons fous les yeux, démontrent que chacune des
huit dernières années , on a arraché de ces malheureux
rivages feize mille trois cens trois efcla-
ves., qui, à raifon de 312 livres, l’un dans l’autre,
ont dû coûter y,161,536 liv. On les a payés
avec l’or, le tabac , les eaux-de-vie de fucre,
les toiles de coton que fournit le Brefil, avec les
grains de verre, les miroirs , les bonnets rouges, les
rubans & diverfes quincailleries arrivées d’Europe.
Les liaifons de la colonie avec les ifles Portu-
gaifes , ont un autre but. Madère lui envoie tous
les ans, fur huit ou neuf petits navires, pour
400,000liv. devin, de vinaigre & d’eau-de-vie.
Elle reçoit des Açores , fur quatre ou cinq bâtimens
de plus, pour 610,000 livres des mêmes
boiffons , auxquelles on joint des toiles de lin ,
des viandes falées & des farines. Les agens de ce
commerce fe chargent en retour des productions
du Brefil., dont la métropole ne s’eft pas réfervê
la propriété exclufive. Ces différentes branches
de commerce réunies ,- n’emportent chaque an-!
née , des denrées de la colonie, que pour 2,271,-
000 livres.
Prefque toutes les richefles de cette vafte contrée
du Nouveau - Monde, arrivent en Portugal.
Depuis 1770 jufqu’en 1775 / elles, s’élevèrent
annuellement à 56,949,290 liv. L’or, les diamants;
quatre cens quarante- trois mille quintaux
de fucre , cinquante-huit mille cinq cens quintaux
de tabac j quatre mille cinq cens quintaux de co?
ton; vingt mille quintaux de bois de . teinture ;
cent-quatorze mille quatre cens-vingt cuirs;
d’autres objets moins importans formèrent ce grand
prodûit.
Quelques variations ont fuivi l’époque dont on
vient de parler. Elles ne nous font pas affez eon-<
nues , pour que nous en publions parler avec la
dernière précifion. Ge que nous fayons certainement,
c’eft que la métropole a reçu tous les ans ,
de Rio-Janeiro, un peu plus de café, un peu
plus d’indigo , mille quintaux de fucre de plus
qu’elle n’en recevoit antérieurement : c’eft que le
Para & le Maraghàn lui ont envoyé tous les; ans
trois cens-vingt-un quititaux de riz, & cent
quatre - vingt - douze quintaux de coton de plus'
qu’ils ne lui en enyoyoient autrefois : c’eft qu’il y a
eu tous les ans une diminution de quatre mille
cuirs, &.de 965,600 livres en or dans les envois
qui lui ont été faits.
La colonie eft payée avec des marchandifes qui,
originairement, n’ont pas coûté au - deffus de
quinze ou feize millions. Les droits que s’eft ré-
fervé le fouverain , divers monopoles , des taxes
exorbitantes , la cherté du fret, le bénéfice du
marchand 'abforbent le refte.
Le Portugal ne foumiffoit autrefois de fon propre
fonds/à la colonie, que quelques boiffons.
Depuis' que l’indulfrie, de fes provinces s’eft un
peu réveillée j il fuffit à la moitié des confomimtions
qui fe font dans la contrée du nouvel hémif- 1
phère qui lui eft foumife.
. C’eft avec les deux tiers des produits du Brefil,
qu’on livre à l’étranger; c’eft avec l’or & les diamants,
qui arrivent de cette région; c’eft avec les
vins, les laines, les fels, les fruits de la métropole
même, que le Portugal parvient à payer foixante
millions de marchandifes qu’il reçoit annuellement
des diverfes contrées de l’Europe. Il y
a eu de grandes variations dans la part que les
différens peuples ont pris à ce commerce : au
temps où nous écrivons, l’Angleterre en a quatorze
portions, l’Italie huit, la Hollande fept,
Hambourg fix, la France cinq, la Suède quatre, le
Dannemarck quatre, l’Efpagne deux, & la Ruftie
une feulement. On ne s’eft pas toujours ainfi dif-
puté les dépouillés de cette nation.
S e c t i o n V I Ie.
Avantages que le Brefil procure au Portugal.
Une colonie fi intéreffante a été utile au Portugal
de plufieurs manières. L’augmentation de fon
revenu public, paroît le genre d’avantage qui,
jufqu’ici, a le plus occupé fes adminiftrateurs.
L’obligation de payer la voiture des. métaux, ré-
fervée aux vaiffeaux de guerre ; le commerce ex-
clufif'des diamants ; la vente d’un grand nombre
de monopoles j la furcharge des douanes : telles
font en Europe même les principales veines que
s’eft ouvertes le fife.
Les taxes ont été plus multipliées encore en
Amérique. On y exige le quint de l’or & des diamants
, qui monte à fix ou fept millions de livres.
On y exige la dixme de toutes les productions qui^
quoique perçue avec douceur & par abonnement
avec chaque paroiffe, rend 2,873,000 liv. On y
exige l’achat dëlacroifade qui ne paffe pas 160,-
©00 liv. On y exige des droits fur les efclaves,
qui s’élèvent à 1,076,650 livres. On y exige pour
la réédification de Lisbonne & pour les écoles
publiques 385,000 livtes. On y exige des officiers
îubalternes de juftice 153,000 livres. On y exige
10 pour cent fur tout ce qui entre, 10 pour cent
fur tout ce qui fort, ce qui peut rendre 4,882,000
livres. On y exige 1,124,000 liv. pour laiffer circuler
dans l’intérier des terres, les boiflbns & les
marchandifes arrivées dans les ports. Le gouvernement
s’eft encore réfervé le monopole du fel, du
favon, du mercure t de l’eau-forte ■ & des cartes à
jouer, qu’il afferme 710,320 livres.
• Malgré tant d’impôts,' qui rendent annuellement
18,073,970, liv. , la couronne a contracté
des engagèmens dans le Brefil. Elle doit au
Para 713 ,Opo livres > 517,600 liv. à Saint - Paul
& à.Majto-Groffoio, i 10,000 liv. à Rio-Janéirp V
en tout 11,340,(500 livres. Dans les premiers de
ces gouvernemens, les dettes ont été occafion-
nées par la conftruCtion récçnte de quelques fort?
plus ou moins néceffaires ; & dans *le dernier,
par les. guerres qu’il fallut faire aux guaranis en
1750, & par celles qu’il a fallu foutenir depuis
contre l’Efpagne.
De fon côté, le Brefil deveit en 1774» auX
négocians de la métropole 15,165,980 livres.
C’étoit du moins l’opinion de l’homme qui a le
plus étudié & le mieux connu ce grand établiffement.
H ifi. philo fi. des établijfiemens européens dans les deux
Indes.
Voye1 l’ a r t ic le P o r t u g a l .
BRESSE (province de France ). Voye% le
Dictionnaire de Jurifprudence & celui de Géographie.
BRETAGNE (province de France). Voye%
ces deux Dictionnaires.
B r e t a g n e ( grande ) , on donne ce nom à
l’Angleterre & à l’Ecoffe. Voye^ ces deux
articles*
B r e t a g n e (nouvelle). Voyelle DiCtion.de
Géographie.
BRIbGAW* pays d’Allemagne dans l’Autriche
antérieure.
Le landgraviat de Brifgaw appartenoit originairement
aux ducs de Zæhringen , il paffa enfuite
aux comtes deHochberg, puis à ceux de Fürf-
tenberg, qui en 1367 le vendirent, ainfi que les
villes de Neubourg, Brifac, Kenfingen & Vil-
lingen , avec leurs dépendances , aux ducs Léopold
& Albert d’Autriche , pour la fomme de
5 5,000 florins. La ville de Fribourg Le détacha
fepàrément de la domination des comtes de Fürf-
tenberg, & elle fe fournit l’année fuivante de
plein gré aux mêmes ducs d’Autriche, en fe réfer-
vant des privilèges confidérables.
Le Brifgaw eft un pays d’état ; on y compte
l’ordre des prélats, l’ordre équeltre, ou les fei-
gneurs, &r le tiers-état.
Depuis le nouveau réglement de 1765, les or-r
dres ne s’affemblent plus par députés comme auparavant,
& les féances qui fe tiennent une fois
par femaine , . font compofées de deux afîef-
feurs de chaque ordre, qui alternent tous les fix
ans. Le préfident de la régence eft en même-temps
celui des états, & cette communauté s’étend
auffi fur les charges de fyndic, de regifleur & de
receveur.
L’ordre des prélats 8t celui des fergneurs ont
une juftice particulière , nommée le tribunal combiné
des prélats &“ des fieigneurs pour la première infi-
tance ; le prince abbé de faint-Blaife en eft le
prsfies 3 & un noble du pays le préfident. Il y a
quatre aflefleurs de l’ordre des prélats, & autant
de celui des feigneurs avec un fyndic particulier.
Ce. tribunal connoît en première inftance des affaires
litigieufes, qui furviennent entre les membres
des états : on appelle de fes decrets à la régence.
La régence impériale & royale, âînfi que la
chambre des comptes pour l ’Aqmche antérieure ,