
blés boulevards qu’on y avoir élevés £>our placer
du canon, lui firent donner le nom defort de Col.gny.
I l fut détruit trois ans après par Emanuel de Sa, qui '
jetta fur le continent, dans un fol fertile , fous
un beau c ie l, au pied de plusieurs montagnes
difpofées en amphithéâtre , les fondemens d'une
cité qui eft devenue célèbre, depuis que des mines
confidérables ont été découvertes à fon voi-
finage.
C ’eft le grand entrepôt des richeffes qui coulent
du Brefii en Portugal, &Te port où abordent
les plus belles flottes deftinées à l'approvi-
fionnement de cette partie du Nouveau-Monde
Indépendamment des tréfors que doit y verfer
cette circulation continuelle , il y relie tous les
ans 3,000,000 livres pour les dépenfes du gouvernement
, & beaucoup davantage lorfque le
minillère de Lisbonne juge convenable à fa politique
d’y faire conftruire des vailfeaux de guerre.
Une ville ou les affaires font fi confidérables &
fi fuiviês , a dû s'agrandir & fe peupler fucceffi-
vemént.
La pofition de la place, au vingt-deuxièmç degré
vingt minutes de latitude auttrale l’éloi-
gnoit affez de l'Ancien-Monde, pour qu’on pût
raifonnablement penfer que de médiocres fortifications
fuffiroient a fa défenfe ; ^mais la tentation
de l ’attaquer pouvant s’accroître avec l'augmentation
de fes richeffes, il paroiffoit raifonna-
ble d'en multiplier les ouvrages. Ils étoient déjà
fort confidérables , lorfqu'en 1711» du Guay-
Trouin s'en rendit le maître avec une audace &
une adreffe qui ajoutèrent beaucoup de gloire à
une vie qu'il avoit déjà fi fort illuftrée. Les nouvelles
fortifications qu’on a depuis- ajoutées aux
fortifications que les françois avoient emportées,
n’ont pas rendu la ville plus difficile à prendre,
parce qu'elle peut être attaquée par d’autres côtés
où la defcente eft très-praticable. Si l'or
pénétre dans les tours d'airain à travers les portes
de fe r, le fer renverfe encore plus fûremènt
les portes qui défendent l'or & les diamans. ~
Uans le gouvernement de R io J a n e iro , eft
l ’ifie dt fàinte-Catherine 3 dont je ferai1 un article
particulier. Voye\ C a t h e r in e . r(fainfe)
La "province de faint-Paul eft bornée au nord ,
par la rivière de Sapucâchçhy & par dfes*1 montagnes;
aùfuâ, par la rivière de Parnagua-, & par
d’autres montagnes qui vont chercher les fources
de l’Ygaffu ; à l ’ôueft , par lé- Pârana > par Rio-
grande , & par la*rivière des Morts1 jvà l ’é ft, pàr
la mer-. f® _ ■
Ç'eft à treize lieues de l’océan qu’eftTa ville de
faint-Paul, fous un climat délicieux1, & au milieu
d’une campagne également favorable aux pro-
durions des deux hémifphèrèS'. Elle1 fut bâtie
vers 1570 par les malfaiteurs * dont le Portugal
avoit infefté les côtes du Nouveâu-Mônde. Dès
que ees fcélérats' s’apperçurent qu’on vouloit les
feumettre à quelque police 9 ils abandonnèrent les
rives où le hafard les avoit jettés, & fe réfugièrent
dans an lieu écarté où les loix ne pouvoient
pas les atteindre. Une fituation qu’un petit nombre
d'hommes pouvoit défendre contre plus de troupes
qu'on n'en pouvoit employer contre eux, leur
donna la hardieffe de ne vouloir d'autres maîtres
qu'eux-mêmes, & le fuccès couronna leur ambition.
D'autres bandits, &les générations qui for-
toient de leur liaifon avec les femmes du pays ,
les recrutoient & les multiplioient. L ’entrée étoit*
dit-on, févèrementfermée à tout voyageur dans la
nouvelle république. Pour y être reçu, il fallait
fe préfenter avec le projet de s’y établir. Les candidats
étoient affujettis à de rudes épreuves. Ceux
qui ne foutenoient pas cette efpèce de noviciat,
ou qui pouvoient être foupçonnés de perfidie y
étoient maffacrés fans miféricorde. C'étoit auflî le
fort de ceux qui paroiffoient avoir du penchant à fe
retirer.
Tout invitoit les Pauliftes à vivre dans l’oifî-
veté, dans le repos & dans la moleffe. Une certaine
inquiétude, naturelle à des brigands courageux
l ’envie de dominer, qui fuit de près l'in dépendance
; les progrès de la liberté, qui mènent
au defir d'un nom : peut être tous ces motifs
réunis leur donnèrent d'autres inclinations.
On les v it parcourir l'intérieur du Brefii d'une
extrémité à l’autre. Ceux des indiens qui leur ré-
fiftoient étoient mis à mort ; les fers devenoient
le partage des lâches , & beaucoup fe cachoient
dans les antres & dans les forêts, pour éviter le
tombeau ou la fervitude. Qui pourroit compter
les dévaftations, les cruautés.,Tes forfaits dont
; fe rendirent coupables cès hommes atroces ? Cependant
, au milieu de tant d'horreurs , fe for-
moient, fous un gouvernement municipal, quelques
peuplades, qu'il faut regarder comme le berceau
de tous les établilfemens qu'a maintenant
le Portugal dans les terrres. Ces petites républiques,
détachées en quelque forte de la grande , cédèrent
peu-à-peu aux infînuations qu'on employa
pour les affiijettirà une autorité qu'ils n’avoient
! jamais entièrement méconnue ; & avec le temps,
tous les Pauliftes furent fournis à la couronne dé
la même manière que fes autres fujets.
Alors cette contrée devint un gouvernement»
On y ajouta les capitaineries de faint-Vincent & dp
j faint-Amaro, qui, en 1553 ^ avoient été données
i aux deux frères Alphonfe & Pierre Lopès de
’ Spuza, & dont les deux villes avoient, depuis étç
détruites par des pirates. Ainfi la province de
f Rio-Janeiro eft coupée en deux. I l n'eft pas aifé
de démêler les caufes d'un pareil arrangement.
, Le pays de faint-Paul ne compte aujourd'hui
que onze mille quatre-vingt treize blancs, trente-
deux mille cent vingt-fix indiens, & huit mille
■ neuf cens quatre-vingt-fept nègres ou mulâtres.
I l n’envoie à l'Europe qu'un peu de coton, &
' fon commence intérieur fe réduit à fournir des
farines
farines & des falaifons à Rio-Janeiro. Quelques
expériences prouvent que le lin & le chanvre y
réuiliroient très-bien ; &c perfonne ne doute qu'il
ne fût facile & important d'y naturalifer là foie.
On y pourroit auflî exploiter avec beaucoup d'u-
tilite les abondantes mines de fer & d'étain qui
fe trouvent entre les rivières Theété & Mogyaffu,
dans la Cordelière de Paranan-Piacaba , à quatre
lieuès de Sorocoba.
Des trois gouvernemens de l’intérieur du Brefii.
Les fix provinces, dont on vient de parler, rè-/
gnent le long des côtes. I l en eft trois qui s’étendent
de l'oueft à l'eft , depuis fe trois cent dix-
neuvième degré de latitude occidentale jufqu'au
trois cent trente-quatrième, & qui occupent dans
le centre du Brefii, le grand plateau, d'où fortent
toutes les rivières qui vont fe jetter dans le Paraguay
, dans l'Amazone & dans l’Océan. C'eft le
terrein le plus élevé. de l'Amérique portiigaife.
Des montagnes, dont la dire&ion eft très-variée ,
le rempliffent. O» y trouve^'prefque par-tout de
ï'o r ; & de là vient qu'il eft appellé le pays des
mines. }
Le plus important de ces riches gouvernemens
eft connu fous le nom de Minas-Geraès. I l compte
trente-cinq mille cent vingt-huit blancs, vingt-fix ^
mille foixante & quinze indiens, & cent huit mille
quatre cens fix efclaves. C'eft Villa-Rica qui eft fa
capitale.
Goyas, dont le chef-lieu eft Villa-Boa, a huit
mille neuf cens trente-un blancs, vingt-neuf mille
fix cens vingt-deux indiens, & trente-quatre mille
cent quatre nègres.
Matto-Groflo, qui n’a de bourgade que Villa-
Bella , n’a pas encore porté fa population au-
deflus de deux mille trente-cinq blancs, de quatre
mille trois cens trente-cinq indiens, de fept
mille trois cens cinquante-un efclaves. C'eftTa
partie la plus occidentale de la domination portu-
gaife. Elle eft bornée par les Chiquites & par. les
Monos, peuples affujettis à l'Efpagne par les travaux
des Jéfuites.
S e c t i o n V e.
Des mines d'or » de diamants, &c. du Brefii, de leur
produit.
La conn-oiffance dçS mines d’or dans cette partie
du Nouveau-Monde, remonte à des temps
plus éloignés qu’on ne le croit généralement. Dès
JJ77 * ^es Pauliftes en découvrirent près de la
montagne de Jaguara j mais la mort défaftreufe
du roi Sébaftien fit bientôt oublier une fource de
richeffes, dont l’état ni les citoyens n’avoient juf-
qu'alors tiré aucun avantage.
Les hauteurs de Jacobina, dans le diftriél de
Jlio-das-Velhas, offrirent encore inutilement, en
i5 8 S ,d e nouvelles mines. Philippe I I , détet-
Q£conl polit. 6? diplomatique. Tome J,
miné à' contenir par la misère, des peuples qui
fupportoient trop impatiemment le joug efpagnol,
n'en voulut pas permettre l'exploitation. S 'il parut
y confentir en 1603, ce fut avec la réfolu-
tion de l’empêcher , & fes fucceffeurs adoptèrent
fa politique.
L’heureufe révolution , qui , en 1640 ,
brifa les fers du Portugal, fut fuivie de guerres
longues & opiniâtres. Durant cette violente
crife , la nation ne s'occupa que de la défenfe
de fa liberté, & le miniftère, que du foin
de trouver des reffources qui lui manquoient
continuellement.
On commençoit â fonder les plaies de la monarchie
, à penfer à fon amélioration, lorfque le
hafard offrit en 1(399 a à quelques hommes entreprenant
de grands tréfors dans la province de
Minas-Geraès. Ges dons d’une nature libérale ,
me furent p.lus rejettés j & trois ans après, la
cour de Lisbonne forma les établiffemens nécef-
faires pour les mettre à profit. Sabara, Rio das-
mortes, Cachoeira, Paracata, Do-Carmo , Rio-
das-Velhas , Rio-Doce, Ouro-Prero , font les
lieux de ce gouvernement où l ’on a fucceffive-
ment trouvé de l'o r, & où l ’on en ramaffe encore
aujourd’hui.
Les mines de Goyas ne furent découvertes
qu’en 1726. San-Felix , Meia-Ponta, Ofanado,
Mocambo, Natividade, font les diftri&s où elles
font fituées.
L ’an 1735 en offrit de nouvelles dans la province
de Matto - Grofib , â faint-Vincent, àCha-
pada , à fainte-Ànne , à Cuiaba, à Araès.
Hors de ces trois contrées, appellées par excellence
la région des mines , on exploite dans le
gouvernement de Bahia celles, de Jacobina & de
Rio-das-Contas ; & dans le gouvernement de -
faint-Paul, celles de Parnagua & deTibogy: ni
les unes ni les autres"ne font abondantes. Dans
cette partie du Nouveau-Monde, l ’extraétion de
l ’or n’eft ni dangereufe ni fort pénible. Quelquefois
il fe trouve à la fuperficie du fo l, & c’eft le
plus pur. Souvent on creufe jufqu'à trois ou quatre
braffes, & rarement au-delà. Une couche de
terre fablonneufe , connue dans le pays fous le
nom de Saibro, avertît alors communément les
mineurs qu’il feroit inutile de fouiller à une plus
grande profondeur. Quoiqu’en général les veines
fuivies , & qui ont une direction confiante foient
les plus riches , on a obfervé que c'étoient les
efpaces dont la furface étoit la plus parfemée de
cryftaux 3 qui donnoient une plus grande abondance
d'or. I l exifte en plus groffes parties fur les
montagnes & les collines ftériles ou pierreufes
que dans les vallées ou fur le bord des rivières 5
mais dans quelque endroit qu'on l ’ait ramaffe,
il eft au fortir de la mine de 23 karats & demi., ù
moins qu’il ne foit mêlé de foufre , d’argent, de
fer ou de .mercury çç qui n’eft commun qu’ù
Goyas Sé à Araès>
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