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nitiens font b eaucoup d ’affaires à Alexandrie j delà
jufqu’à Gibraltar , la côte de la Méditerranée
eft peuplée de corfaires.
L a plupart des peuples des côtes de YJfrique
font fauvages ou barbares. « J e crois , dit Mon-
»> tefquieu , ’ que cela vient beaucoup de ce que
» des pays prefque inhabitables réparent de pe-
» tits pays qui peuvent être habités. I s font fans
« induftrie j ils n’ont point d’arts j ils ont en
« abondance des métaux précieux qu’ ils tiennent
îa immédiatement des mains de la nature. T o u s
» les peuples policés font donc en état de négocier
»1 avec eux avec avantage 5 ils peuvent leur faire
» eftimer, beaucoup de chofes .de nulle valeur j
» & en recevoir un très-grand prix *>.
A G A des Jannijfaires. Voyef j l ’art. J A N N I S-
5 A G E N S G É N É R A U X D U C L E R G É . Voye^
cet article dans le Dictionnaire de Jurifprudence.
: A G E N T . On donne le nom d’agent à celui qui
fait les affaires d’une compagnie 3 d’ un fouverain ,
en un mot de celui qui le commet à cet effet.
O n ne c o n n o iffo it, il y a deux cents an s ,
d ’autre miniftre public , après l’ambaffadeur,
que l’ agent. C e furent les Italiens qui inventèrent
c e titre , comme Henri Etienne nous l ’apprend.
L e s grands p oten tatTd on n èren t ce tte qualité
aux miniftres envoyés dans des cours qu’ ils ne
jugeoient pas dignes d’ un ambaffadeur. C e tte
qualité d * agent ne laiffa pas d’ être d’ abord con-
fidèrable j mais elle dégénéra à mefure que celle
de réfident & ce lle d’ enyoyé s’ établirent.
L e s puiffances qui tiennent quelque rang dans
l ’E u rope, n’ ont à préfent des agens nulle p a r t , à
moins que ce ne foit dans quelque ville de commerce
& pour des affaires particulières.
L e s éle&eurs & les princes de l’ empire ont des
agensz la cour de T.empereur, pour veiller, aux
procès qu’ils ont au confeil auliqire ; ils prem
hent ordinairement çes agens parmi les procureurs
d e c e tribunal.
Si d?autres princes ont des agens pour faire
leurs commlffions particulières , comme je viens
d e le dire , c e ne font que des fadeurs.
U n agent n’ eft donc pas aujourd’hui un mînif-
tre public j ee n’ efl plus qu’ une efpèce de procureur
pr iv é , qu’ un faifeur d’affaires particulières,
comme dit W ic q u e fo r t , employé de la part des
princes dont les miniftres ne' font pas reconnus ,
ou de la part des miniftres publics eux-mêmes.
P iq u e t , confeiller de Ja cour des aide,$ de Paris ,
qui fu t agent en S u è d e , après le départ de C h a -
iiu t , pria la reine de lui permettre de faire venir
un prêtre , afin qu’on put dire la meffe dans fa
maifon j il repréfenta que depuis qu’ il n’y àvoit
plus d’ambaffadeur de France ni de Portugal à
Stockholm , ni fes domeftiques, ni les François
6 les italiens qui étoient au fervice de la re in e ,
n’avoient pu remplir les devoirs de leur religion.
L a reine répondit que Piquet îf s v o jt pas le tisre
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riéceffaire; mais que fî le roi de France voüloit
lui écrire un m o t , elle y confentirbit. L e baron
de Rorté & Chanut n ’étant que réfidens en S u ède,
avoient fait dire la meffe , fans la permiffion de
la reine : le gouvernement porta fes plaintes ;• ils
ne craignirent pas de répondre que leur maifon
étant la maifon du ro i, ils y pouvaient exércer
toutes les cérémonies de leur religion. Piquet
n’ avoit point la ' qualité à’agent en vertu d ’une
lettre de créance. Chanuten prenant fon audience
de co n g é ,- avoit feulement'averti Chriftine que
Piquet feroitle s affaires en attendant l’arrivée d’un
miniftre. Quelque temps après , Piquet ayant pré-
fenté des lettres par lefquelles le roi lui donnoit
la qualité de réfident, la reine déclara qu’elle é toit
bien aife de voir que le roi vouloit entretenir un
miniftre auprès d’elle. 1 ' . ‘
L'agent n’eft donc pas fous la protection du
droit des gens , a moins qu’ il n’ait des dettres
de créance auffi étendues que celles des miniftres
du fécond ou du troifième ordre , auquel c a s .il
doit jouir des mêmes privilèges.
C ’eft dans ce fens feulement qu’ il faut entendre
la déclaration des Etats de H o llan d e , qui
met les agens au nombre de ceux qui doivent
jouir de la protection du droit des gens.
U n prince doit néanmoins avoir de la confîdé-
ration pour ces agens , pourvu que leur manière
de vivre ^ baffe & abjéCte ne faffe pas honte à
leurs maîtres. C e t te observation n’eft point inutile >
car ie même W icq u e fo rt que je viens de c i te r ,
dit avoir yu à Paris & a la H a y e des agens qui te-
noient atfcerge , & louoient des chambres garnies.
Traité du droit des gens ,p a r M . de Ré al. L ’ambaffadeur
& fes fonctions, par W icq u e fo rt .
A G R A N D I S S E M E N T D E S E T A T S .
N o u s avons -déjà fait un article , accroijfement
des états’, nous y avons indiqué les divers moyens
par lefquels un état accroît feiî domaines & fa
puiffancé 5 nous parlerons ici de Y aggrandijfement
des états en lui-même.
T o u s les états cherchent às’ aggrandirj s’ils n’ont
point de v o ifîn s , ils veulent reculer les bornes
de leurs domaines 5 & s’ ils font environnés d’ au tres
peuples , ils veulent augmenter leurs forces
pour fe dé fen d re, & pour exercer une forte de
domination.
Ainfi on ne peut défapprouver dans tous les
cas Y aggrandijfement des états■ } & 'les circonf-
.tances font fi variées , qu’il eft difficile d’établir
des règles générales. N o u s nous contenterons de
citer des exemples particuliers. L ’Angleterre 11e
doit pas defirer s’ aggrandir fur le continent j elle
doit avoir une marine plus rédoutàble que celle
de tous les autres peuples. C ’eft un malheur que
fon roi foit éleCfceur d’Hanovre 5 cet éleélorat qui
n’ajoute rien à fa force ni à fon re v en u , l’engage
dans des guerres de terre ferme , qui coûtent la
vie à une multitude de fes fujets , & qui achèvent
de furçharger fes finances. Elle ne doit pô*.
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ger qu3au commerce & aux colonies ; encore faut-il
qu’elle ne veuille pas trop étendre fes colonies ,
lorfqu’elle ne les fonde pas fur^des îles. L ’Am é rique
qu’elle vient de perdre / lu i a donné une
grande leçon. Elle a fait de vaftes conquêtes en
A f îe > mais au lieu de les étendre davantage ,
qu’ elle fonge à les refferrer. Elle triomphera
peut-être toujours de la foibleffe des peuples.de
l ’Inde 5 mais elle fuccombera , fî elle n’y prend
garde , fous le poids feul de fes vaftes établiffe-
mens. Voye[ Fart. B e n g a l e , C o r o m a n d e l .
L a France eft dans fon état aé tu e l, un royaume
fi puiffant & fi riche , qu’avec une bonne admi-
niftrationelle peut fe défendre contre tous les peuples
de l ’Europe , & jouer un rôle très-diftingué
parmi les puiffances. En reculant fes frontières ,
elle n’ ajoutera pas à fa force ; & fi l’ ambition de
fes voifins l’y détermine , elle doit s’ arrêter à
propos.
~ " O n ne conçoit pas que la Ruflie cherche à
s ’aggrandir j s’ il eft permis de le d ire , l’étendue
de fes domaines eft déjà monftrueufe, & il eft im •
poffible qu’elle n’éprouve pas. un démembrement
dans le fiècle prochain. L a fouveraine qui régit
c e t empire de trois .ou quatre mille lreues , a trop
d e génie pour ne pas. le voir j & fi elle en forme
le projet , ce grand deffein tient fans doute à
d ’autres vues.
O n parle beaucoup de l ’équilibre des puiffances
de l’Europe j malheureufement depuis qu’on en
parle le p lu s , , on a vu lçs puiffances rédoubler
d ’efforts pour le détruire.
L a grandeur d’ un état fe mefure par l’étendue
de fon territoire & de fes revenus , par le nombre
[de fes habitans , par la quantité de fes villes & la
[force de.fes places. Il y a des empires fi grands
iqu’ils, ne peuvent que fe démembrer j d’ autres fî
^heureufement b ornés, qu’ ils doivent fe maintenir
Idans leur cohftitution naturelle.
B A u re fte , un état qui veu t s’ aggrandir, doit
Iprendre garde au corps de fa n o b le ffe , car fi elle
[ vient à opprimer le p eu p le, il arrivera c e qu’on
[«voit dans les forêts où les arbres de haute futaye
[ étouffent les rejettons ; la population de Tétât
[^augmentera vainement > il ne fera pas plus fort.
L ’Angleterre ne; fe foutient que par la force du
|<bas peuple. Elle a , fous ce rap p o rt , un avantage
-Vifîble fur les pays voifins , où un maigre payfan
ne peut faire un robufte foldat.
Lorsqu’on veut s’ aggrandir & fonder des co lo nies
, il eft néceffairede bien examiner les moyens
-qiLon emploie. L ’Efpagne avec fes colonies s’eft
epuifée d’habitans j elle a beaucoup d’ or & peu
,de foldats. Eft-il raifonnable d’ envoyer la lie du
peuple dans un pays de conquête? C e s miféra-
■ bles porteroient la corruption dans les climats
Néloignés 3 fi elle n’y étoit pas. D es brigands &
[des fainéans qui défoloient ou furchargeoient leur
patrie , peuvent ils s’ accoutumer au travail & à
la d ifc iplin e, fous un ciel étranger, dans un f é - J
A G R Sï
jour de licence & d’impunité ? En recevra-t-on
des nouvelles agréables , qui encouragent les
honnêtes gens à s’ expatrier? E t ce qui gâte les
co lon ie s, c ’eft l’envie démefurée d’en recueillir
d’ abord le profit 5 & il en eft comme de la plantation
des arbre s, dont on ne peut juger qu’après
vingt ans.
Il ne faut pas raifonner d’un état comme d ’un
fonds de terre. U n particulier fonge à s’ arrondir
dans fon domaine , mais un prince doit faire attention
à la folidité plutôt qu’ à la proximité de
fes conquêtes. O n a cet. avantage en portant la
guerre au lo in , qu’on va combattre des ennemis
à demi-vaincus par l’ étonnement d’ une haute en-
t re p r ife , & par le peu de connoiffance qu’ils ont
de vos forc e s) au lieu qu’on eft tous les jours a
s’ effayer avec fes voifins , & qu’après avoir beaucoup
pris , il faut tout rendre. Dans ces guerres
éloignées , l ’appareil extraordinaire des armées ,
la difficulté de l’e xp éd ition , la honte d’é ch o u e r ,
& le défefpoir de .la re traite , mettent le général
& le foldat dans la néceffité de vaincre. L ’oc ca r
fîon de faire la guerre à fes voifins renaît fou -
vent , mais rarement eft-elle affez avantageufe 5
au lieu qu’un conquérant peut faifir des conjonctures
favorables , pour attaquer des nations étrang
è r e s , comme des temps de relâchement & de
décadence , le moment d ’une conjuration, les
fuites d’une guerre longue & ruineufe.
. . U n état conquérant doit être belliqueux par
principe : l’efprir de ce t é t a t , c ’ eft la guerre j la
principale profeffion du peuple , eft celle des
armes , & fa gloire n’eft que dans fes trophées.
C ’ eft une vérité re con n u e , qu’ une nation dévouée
à la guerre par la nature de fon génie &
de fes lo ix , empiétera iur les nations voifines ,
&r les fubjuguera tô t ou tard j il faut qu’ un pareil
état ait dans fa conftitution de s raifons toujours
prêtes de. faire la guerre 5 car il refte encore
affez d’équité dans le coe u r des hommes,
pour qu’on n’ofe rien entreprendre ouvertement,
fans quelque prétexte fpécieux de juftice. Les
Mahométa'ns ont toujours le zè le de l’alcoran à
la main , pour prendre les armes, quand leur intérêt
parle. Mais on a contre eux l’in juftice du
defpotifme & de la ty ran n ie , qui foulève l’humanité
en faveur de la liberté des peuples. N o u s
parlerons ailleurs des motifs raifonnables qu’-on
peut affigner. Voye^ les articles C o n q u ê t e &
G u e r r e .
A G R A IR E , adj. qui concerne les. champs.
L e mot agraire n’eft guères connu de nous que
par les faftes du peuple le plus renommé qui fu t ,
& qui fera jamais. La loi agraire o u ïe s loix agraires
furent long-temps dans Rome la pomme de
difeorde , & comme le préfage de l’éruption
du feu de la guerre civile qui couva toujours dans
le fein de ce tte république de conquérans.
L e gouvernement de plufieurs ou de la république
ne cqnyient en quelque forte qu’à une ville ,