
& Jufqu^à la rivière de Vincent Pinçon , fans
Su ^ J&jjj néceflaire de les reculer de cinquante
jufqu'à TOyapock.
S e c t i o n Q u a t r i è m e .
De l état aftuel de la colonie de Cayenne & de
la Guyane.
J aA^aire dans la Guyane. On ne compte
a Cayenne meme que trente plantations, prefque
toutes miferables. Le continent eft dans un plus
grand defordre encore que rifle. Les habitations y
changent fouvent de place. Des déferts immenfes
les leçarent. Placées à une grande diftancedu marche
general, elles n'ont aucune facilité pour leurs
échangés. On n'y jouit d'aucune des commodités
que fe procurent mutuellement des hommes réu-*
ms. Les loix, la police, les bienféances, l'émulation
1 influence du miniftere } tous ces avantages y
font inconnus. Pour l'exploitation de cent lieues
de cotes, on ne comptoit en 177 y que treize cents
Personnes libres, & huit mille efclaves. Les productions
de la colonie étoient même au-deflfous de
ces foibles moyens, parce qu'il n'y avoit dans les
atteliers que des blancs fans intelligence, que des
noirs fens^ fubordination. Les denrées qu'importe-
rent les batimens venus de l'Amérique feptentrio-
jÇ&BB de la Guadeloupe & de la Martinique, ne
s eleVÊrent pas a 100,000 liv., & la France ne reçut
fur fix navires que quarante quintaux de fu-
cre, qui furent vendus en Europe 21 y 6 liv. ; lîx cents
cinquante-huit quintaux quatre-vingt-huit liv. de
caffe, qui furent vendus 31,296 1.16 f. ; trois quintaux
trente-quatre livres d'indigo, qui furent vendus
2839 ?iv. î cent cinquantedeux quintaux qua-
rante-unelivres de cacao, qui furent vendus 106681.
16 fols ; trois mille trois quintaux cinquante-cinq liv.
rocou, qui furent vendus 187,706 liv. 7 fols 6den.
neuf cents foixante-douze quintaux foixante liv. de
coton, qui furent vendus 243150 liv. ; trois cents
cinquante-trois cuirs, qui furent vendus 3177 liv.}
quatorze cents vingt-deux quintaux huit livres de
bois, qui furent vendus 7604 liv. 3 fols 9 den.,en
tout 488,^98 liv. 3 fols 3 den. Les 600,000 liv. que
la cour depenfa cette apnée comme les autres pour
cet ancien établiflement, fervirent à payer ce qu'il
avoit reçu au-delà de fes exportations. A cette époque
Cayenne devoit 2,00,000 de livres au gouvernement
ou aux négocians de la métropole.
Il faut attendre quelque choie des lumières que
M. Mallouet a répandues dans la colonie ; des en-
couragemens que cet habile adminiftrateur a fait
accorder en 1777-à ceux des colons qui fe livre-
roient à la coupe des bois de conftruéhon, à la culture
des fubfiftances, à^ la falaifbn du poilfon , à
quelques autres productions d^peu de valeur, dont
il a alluré le débouché. Il faürcittendre encore plus
des arbres à épiceries. Le giroflier a déjà donne des
doux qui ne font que très-peu inférieurs à ceux
qui nous viennent des Moluques > & on dit que le
mufcadier ne réuflira pas moins heureufement. Au
refte, il eft difficile d'elpérer que la mufcade & le.
clou de girofle de Cayenne égalent jamais la mufcade
& le clou de girofle qui nous viennent du climat
parfumé des Moluques. Mais rien de grand ne
pourra fe tenter fans capitaux , & fans capitaux
conlîdérables.
. lis font au pouvoir d'une riche compagnie qui
s'eft formée, mais fans privilège exclufir , pour
cette partie du nouveau monde. Ce corps, dont le
fonds primitif eft de 2,400,000 liv., a obtenu du
gouvernement le vafte efpace qui s'étend depuis
l'Approuague jufqu'à l'Oyapock, & toutes les facilites
qu'on lui pouvoit raifonnablement accorder
pour mettre en valeur ce fol, regardé comme le
meilleur de la Guyanne. En attendant que fes füc-
cès lui permettent de s'occuper du defîechement
des marais & des grandes cultures, cette aflocia-
tion puiflante a tourné' fes vues vers la coupe dubois
, vers la multiplication des troupeaux, vers le
coton & le cacao, mais principalement vers le
tabac.
Des efclaves cultivent depuis long-temps, pour
leur ufage, autour de leurs cafés, cette dernière
plante. On lui trouve les mêmes vertus qu'au tabac
du Brefil, qui s'eft ouvert un débit afîez avantageux
dans plufieurs marchés de l'Europe , &
qui eft d'une néceflité prefque abfolue pour l'achat
des noirs, fur une grande partie des côtes
d'Afrique. Si cette entreprife réuffit, la France
verra diminuer fes befoins > & fes navigateurs feront
difpenfés d'aller chercher à Lisbonne cette,
portion de leur cargaifon. Voyez l'art. SU R IN AM -
CEILAN, Voye^ C e y l a n .
CELEBES, ou ifle de Macaffar, grande ifle de
l'Afie, dans la mer des Indes. Voye^ fe pofition
dans le Dictionnaire géographique.
Les portugais s'établirent à Celebes , & s'y maintinrent
même, après avoir été chafles des Moluques.
Ce qui les y retenoit, & ce qui y attira les
anglois, fut la facilité de fe procurer des épiceries,
dont les naturels du pays trouvoient mbyen de fe
fournir, malgré les précautions ciu'on prenoitpour
les écarter des lieux où elles croiffent.
Les hollandois, que cette concurrence empê-
choit de s'approprier le commerce exclufif du girofle
& de fa mufcade, entreprirent en 1660 d'arrêter
ce trafic, au'ils appelloient une contrebande.
Ils employèrent des moyens qu'abhorre la morale,
mais qu'une avidité fans bornes a rendus très-communs
en Afîe. En fuivant fens interruption des principes
cruels , ils parvinrent à chaflfer les portugais ,.
à écarter les anglois , à s'emparer du port & de la
forterefle de Macaffar. Des-lors , ils furent maîtres
abfolus dans l'ifle, fans l'avoir conquife. Les princes
qui la partagent, furent réunis dans une efpèce
de confédération. Ils s'affemblent de temps en
temps pour les affaires qui concernent l'intérêt général.
Ce qui eft décidé, eft une loi pour chaque
état. Lorfqu'il furvient quelque çonteftation , elle
eft terminée par le gouverneur de la colonie hol-
landoife, qui préfide à cette diete. Il éclaire de
près ces différens defpotes , qu'il tient dans une
entière égalité, pour qu'aucun d'eux ne s'élève au
préjudice de la compagnie. On les a tous défarmés,
fous prétexte de les empêcher de fe nuire les uns
aux autres} mais en effet pour les mettre dans i'ftn-
puiflance de rompre leurs fers.
Les chinois , les feuls étrangers qui foient reçus
à Célèbes , y apportent du tabac, du fil d'or, des
porcelaines, & des foies en nature. Les hollandois
y vendent de. l'opium, des liqueurs, de la gomme
lacque, des toiles fines & groffières; On en tire
‘un peu d'or, beaucoup de riz, de la cire, des
efclaves & du tripam p efpèce de champignon ,
qui eft plus parfait à mefure qu'il eft plus rond &
plus noir. Les douanes rapportent 880001. à la compagnie.
Elle tire beaucoup d'avantage dubénéficede
fon commerce & des dixmes du territoire qu'elle pof-
fède en toute fouveraineté. Ces objets réunis ne
couvrent pas cependant les frais de la colonie :
elle coûte i6y, 000liv.au-delà. On fent bien qu'il
faudrait l'abandonner, fi elle n'étoit regardée avec
raifon, comme la clef des ifles à épiceries.
CELIBAT , cet article eft fort étendu dans le
Dictionnaire de Jurifprudencej il fe trouvera vrai-
femblablement^ans le Dictionnaire de Morale 5 &
comme nous aurons occafion nous-même de traiter
cette matière à l'article P o p u l a t io n , nous l'omettons
ici.
CENS ( ufage politique des romains. ) Voyeç
le Dictionnaire de Jurifpr.
CENSEURS ( magiftrats romains.) Voye\ le
même -Dictionnaire.
CENSEUR ROY AL, ou cenfeur des livres.
( ■ Jurifprud. françoife. ) Voyei le même DiCtion.
CENSURE ouGRABEAU, (ufage politique
de Berne & de Genève. ) Nous en avons parlé à
l'article Berne, & nous en parlerons à l'article
Geneve.
CENTUMVIR, CENTUMVIRAT. Le ctn-
tumvirat étoit un tribunal de judicature chez les
romains : on le nommoit ainfi, parce qu'il étoit
compofé de cent magiftrats qui jugeoient les diffé*
rends des particuliers.
Les centumvirs furent créés à Rome vers l’an 512,
fous le confulat de Q. Lutatius Cerco & d'A.
Manlius Torquatus. Ils furent tirés de toutes les tribus
juges particuliers, femblables aux jurés d’Angleterre
, trois de chacune ; de forte qu'ils étoient réellement
au nombre de cent cinq, parce que le peuple
fe trouvoit alors partagé en vingt-cinq tribus. Ils
rendoient la juftice dans les caufes les plus importantes
> mais leurs jugemens différoient entièrement
de ceux des autres juges, & avoient une certaine
forme qui leur étoit particulière. Ils étoient aflis
for des tribunaux, au lieu que les autres n'étoient
affis que fur des bancs. On fuppofoit qu'ils for-
moient le confeil de tout le peuple, & il n'y avoit
point d’appel de leur jugement, tandis qu'on pou-
iroit appeller de la fentence de tout autre juge. Les
, cefloient d'être juges dès qu'ils avoient prononcée
fur l'affaire dont on les chargeoit ; les cen-
tutnvirs l'étoient pour un temps marqué > leur jugement
devoit s’exécuter fans délai, & celui des autres
pouvoit être différé. Les centumvirs formoient
quatre chambres ou tribunaux, & les décemvirs
les affembloient par ordre du préteur : celui - ci
préfidoit à leurs jugemens, & tenoit, pour ainfi
dire, la balance entre les quatre tribunaux, Ils s’af-
fembloient dans de magnifiques édifices , appeîlés
bafiliques, où étoit dépofée une hache, fymbole
de leur jurifdiâion j de-là vient qu'on difoit un
jugement de la hache, pour un jugement des centumvirs.
Le nombre de ces magiftrats fut le même
jufqu'à la fin de la république ; mais, après le règne
d'Augufte, il devint plus nombreux : on en
comptoit ordinairement cent quatre-vingt ; ils ne
s’affembloient que les [jours où le préteur ne tenoit
pas fon liège.
CERCLES DE L'EMPIRE. v A le §. 4'.
de l'art. A llem agn e .
CEREMONIAL, relativement aux états , aux
princes & aux ambafladeurs. Cet article a été traité
avec beaucoup d'étendue, dans une autre partie de
cet ouvrage. Nous nous bornons ici à un fupplé-
ment.
Lorfqu’une nation nombreufe & refpeétable a
introduit chez elle un gouvernement républicain ;
lorfque cette république eft formidable , qu’elle 2
fous fa domination des royaumes ou provinces con-
fidérables, fon rang vient quelquefois immédiatement.
après celui des rois. Elle veut quelquefois
être traitée à l’égal des rois. Telles ont été les républiques
de Hollande , de Venife, de Gênes , &c.
mais cette diftin&ion , qu’il feroit difficile de combattre
par le droit naturel, eft affervie à des cir-
conftances dont il eft impoffible de rendre compte.
Les honneurs qui en font une fuite, ne fe rendent
point aux chefs de ces républiques en particulier,
comme aux doges , aux fénateurs & autres magiftrats
, mais feulement à des miniftres qui représentent
toute la république en corps , comme aux
ambafladeurs, &c. Les états-généraux des Pro-
vinces-Unies ont obtenu le titre de hautes puijfan-
ces : on dit, la férètfifiime république de Venife ou
de Gênes : on appelle très-illuftres & très-magnifiques
feigneurs les chefs de la république helvétique,
8c ainfi *du refte.
Quand on confidêre l’exagération des titres que
les turcs, les allemands, les efpagnols & tant d’autres
peuples donnent non-feulement aux Souverains,
mais auffi à toutes les perfonnes diftingüées , &
même à celles qui ne le font pas > fi l’on n’eft pas
étonné de voir l'amour propre flatté de ces ridicules
complimens, on eft confondu de voir des nations fou-
mifes à des loix fi puériles &. en être flattées. On dit,
par exemple, qu’en Allemagne tous les commis de bureau
feroient blefles, fit en recevant une lettre ,
ils n’y trouvoient le titre de bien noble feigneur. Lfr
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