
Nayla S: Wilhelmsdorff., & les catholiques à Ba-
reuth Se à Culmhach.
Cette principauté avoit autrefois pour capitale
Culmbach , ville fituée fur le Mein blanc , dans un
vallon agréable 8e fertile 5 mais elle n’eft plus que
la fécondé des fix principales du pays , & le liège
d’une capitainerie baiilivale , d’une furîntendance
eccléflaftique, 8e d’un bureau des rentes 8e domaines
du pr-ince.
Grandes charges du pays. Lors du partage du
bourgraviat de Nuremberg., les charges de maréchal
8e de fénéchal héréditaire demeurèrent attachées
à la principauté de Bareuth, parce que
les familles qui en étoient revêtues y avoient leurs
fiefs. Cette principauté a aftuellement quatre
charges héréditaires : celle de, maréchal eft exercée
par les barons de Kunsberg de Hayn depuis
l’extinéfion des barons de Kunsberg de Wernftein ;
celle de fénéchal ou maître d'hôtel par les comtes
de Schoenbourg depuis 1744 > celle de chambellan
eft vacante depuis la mort des fleurs deLuchau;
celle d’échanfon appartient aux barons de Kotzau.
Le margrave Chriftian Ernefte fonda en 1660,
durant fon voyage à Bordeaux, en mémoire de la
paix des Pyrennées & de celle d’Oliva, un ordre
qu’il nomma l‘ordre du brajfelet de la concorde.
Détails fur l'administration. Les- affaires font dirigées
par le miniftre 8c le confeil p r iv é e defquels
dépend la chancellerie fecrette ; il y a aufli le
cofiè^è de régence avec une chancellerie de la régence,
un tribunal de la cour, une chambre féodale
, un collège de la chambre ( chambre des finances
) , une cour féodale, un confiftoire 8c une
chambre matrimoniale. C e qui regarde les mines
eft du reffort des bailliages, des mines féant à
Goldkronach, à Wunfiedel 8c à Nayla. La principauté
eft divifée en capitaineries Sailliagères 8c
provinciales, 8c en bailliages.
Le margrave entretient une garde a cheval, un
petit corps de huffards, 8c deux régimens d'infanterie.
Il a livré ces deux régimens au roi d’Angleterre",
8e ils font allés faire la guerre en Amérique
: mais leur embarquement a été précédé d’une
mutinerie fâcheufe pour le prince. Nous ne nous
permettrons aucune remarque fur ce [joint : nous
nous contenterons de dire que. la re&lutiqn du
margrave étonna tout le monde, car il adminiftre
fes états avec bonté 8c avec fageffe, 8c il eft chéri
de fes fujets. Il y a de plus une milice provinciale
que les villes 8c les bailliages font obligés de fournir
- elle eft compofée de 10 compagnies dans la
capitainerie de Bareuth .; de 11 dans celle àeCulm-
hach ; de 9 dans celle de H o f ; de 8 dans celle de
Wunfiedel; de y dans celle d’Erlang, & dans celle
de Neuftadt fur l’Aifch de 2 bataillons, dont le
premier eft de cinq compagnies & le fécond de 7.
La province a fon eommiffariat des guerres par-
^ L e s margraves de Brandebourg adminiftrent au
jiom de l'empereur le tribunal impérial du bourgraviat
de Nuremberg. La jurifdiélion doit s'être
étendue autrefois non-feulement fur le Nordgau
& la Franconie, mais aulfi jufqu’en Bavière, en
Suabe & jufqu’au Rhin & même en Suilfe, &
dans les Pays-Bas ; mais elle eft très-reftreinte aujourd'hui
, & différens états de l'empire , nommément
Banberg & Nuremberg, refufent de la
reconnôître. Originairement les bourgraves ren-
doient la juftice en perfonne ; mais l'empereur
Charles IV leur accorda ( 1348) la faculté de
mettre en leur place un juge provincial. Ce tribunal
fiége communément à Anfpach,. s'aflemble
quatre fois par an. L'appel de fes jugemens ell
porté aux tribunaux fuprêmes de l’empire ; mais
pour qu'il foit reçu, la fomme doit être de 800
florins.
Les deux margraves regnans établilfoient autrefois
un collège ou xonfeil commun, compofé d’un
directeur, d'un confeiller & d'une chancellerie.
L'opinion commune des hiftoriens eft que les
fiefs confidérables que le bourgraviat de Nuremberg
, que la maifon de Brandebourg a pofifédé en
Autriche, proviennent des prifonniers autrichiens
que le bourgrave Frédéric IV. fit en 1323 à la bataille
de Moehlberg ; mais il eft inconteftable que
les bourgraves de Nuremberg de la maifon de
Zollern polfédoienten Autriche, cent ans auparavant,
des feigneuries & des terres confidérables ,
qu'ils ont acquifes des comtes de Vohbour, qui
étoient précédemment bourgraves de Nuremberg ;
on fait, par exemple, que le bourgrave Frédéric III
reçut de l'empereur Rodolphe I l'inveftiture de la
feigneurie de Seefeld. -
Les margraves de Brandebourg-Anfpach prennent
en outre le titre de comtes de Sayn & Wit-
genftein, & de feigneurs de Limbourg , & ajoutent
à leurs armes pour Sayn de gueules au lion
faillant à double queue; pour Witgenftein , d'argent
aux deux chevrons placés en pal; pour Frens-
bourg, de fable à la voie taillée avec trois hures
de fanglier ; peur Hombourg , de gueules au château
d'argent maçonné à deux donjons.
■' CULTURE ( GRANDE & PETITE >. II a
été long-temps queftion dans les ouvrages économiques
de la diftindtion entre la grande & la petite
culture. Cette diftinétion frappera les yeux de
quiconque aura des terres dans deux provinces où
ces deux cultures font refpe&ivement en ufàge :
on K a cependant contêftée, parce que les écrivains
qui en ont le plus parlé ont négligé de s'expliquer
affez clairement fur leurs vrais cara61ères
diftindHfs.
Il eft abfolument nécefifaire de fixer les idées a
ce fujet : car, fans cette connoiflance fondamentale
, il feroit impoflible dé faire aucun travail fo-
lide fur l'évaluation des biens-fonds dans les différentes
provinces : on parleroit toujours fans s'entendre
, & l'on fe laifîeroit entrainer par cette
confufion dans dei erreurs funeftes & deftrue-
rives..
Les détails dans lefquels font entrés quelques
auteurs fur ces deux fortes dç. culture, ont donné
lieu à bien des perfonnes de s’imaginer qu'on en-
tendoit par grande culture, celle qui s'exécute avec
des chevaux, & par petite culture celle oui s'exécute
avec des,boeufs. Mais quoiqu'en général on
n'emploie point de chevaux dans la petite culture ,
il s'en faut bien que ce foit-là le vrai caractère
de Ces deux cultures , qui mettent ou plutôt qui
fuppofent, entre.les deux parties du royaume qu'elles
occupent, une fi énorme différence dans la valeur
des terres & l'aifance du peuple. Il y a dans
plufieurs provinces de grande culture,. des cantons
où l'on travaille la terre avec des boeufs, & je
connois en Normandie des terres louées 1 y livres
l'arpent & labourées de cette manière.
- Ce qui diftingue véritablement & effentiellement
les pays de grande culture de ceux de-petite culture
3 c’eft que, dans les premiers, les propriétaires
trouvent des fermiers qui leur donnent un
prix confiant de leurs terres, & qui achètent d’eux
le droit de les cultiver pendant un certain nombre
d’années. Ces fermiers fe chargent de toutes les
dépenfes de la culture, des labours, des femen-
ces, de meubler la ferme de beftiaux de toute
efpèce, des animaux & des inftrumens de labour :
ces fermiers font de véritables entrepreneurs de
culture, qui ont à eux , comme les entrepreneurs
dans tout autre genre de commerce, des fonds
confidérables, & qui les font valoir par la culture
des terres. Lorfque le bail eft fini, n le propriétaire
ne veut plus le continuer, ils cherchent une
autre fenpe où ils puiffent tranfporter leurs richef-
fes & les faire valoir de la même manière : le propriétaire
, de fon côté, offre fa terre à louer à
différens fermiers. La concurrénce de ces fermiers
donne à chaque terre, à raifon de la bonté du
fol, une valeur locative courante, fi j’ofe ainfi
parler, valeur confiante & propre à la terre, indépendamment
de l’homme qui la pofïède 5 il n’y
a pas de propriétaire de bîens-fonds en Flandre,
en Picardie , en Normandie, dans l’Iflede France,
&c. qui ne fâche que les chofes s’y paffent ainfi.
' Il eft bien évident que cette valeur locative uni-
verfèlle, cette égalité de culture qui fertilife la totalité
du territoire, n’eft due qu’à l’exiftenee de j
cette efpèce précieufe d'hommes qui ont, non des
bras, mais des richeffes à confacrer à l'agriculture;
qui n'ont d'autre'état que de labourer, non pour
gagner leur vie à là fueur de leur front comme des
ouvriersmais pour employer d'une manière lucrative
leurs capitaux, comme les armateurs de Nantes
& de Bordeaux emploient les leurs dans le commerce
maritime. Là où ces hommes exillent, là où
il y a un fonds confiant de richeffes, circulant dans
les entreprifes d'agriculture , là eft la grande culture
3 là le revenu des propriétaires eft affûté, &
il eft facile de le connoitre.
Le pays de petite culture 3 c'eft-à-dire, au moins
les quatre feptièmes de l'étendue du royaume ,
font ceux où il n'exifte point d'entrepreneurs de
culture} où un propriétaire qui veut faire valoir fa
terre, ne trouve pour la cultiver que de malheureux
pàyfans qui n'ont que leurs bras; où il eft
oblige de faire à fes frais toutes les avances de
la culture 3 beftiaux, inftrumens & femences , d'avancer
même à ce métayer de quoi le nourrir juf-
qu'à la première récolte ; où par conféquent un
propriétaire qui n'auroit d'autre bien que fa terre,
leroit obligé de la biffer en friche : c'eft dans ces
pays que, le proverbe, tant yaut L'homme 3 tant
•vaut fa terre 3 eft exactement vrai , parce que la
terre par elle même n'y a aucune valeur.
Après avoir prélevé la femence & les rentes dont
le bien eft chargé, le propriétaire partage avec le
métayer ce qui relie des fruits, fuivant la convention
qu'ils ont faite entr^eux. Le propriétaire qui
fait les avances, court tous les rifques des accidens
de récolte , des pertes de beftiaux , c'eft le feul
véritable entrepreneur de la culture : le métayer
n'eft qu'un fimple manoeuvre, un valet auquel il
1 abandonne une part des fruits pour lui tenir Heu de
gages.
Mais le propriétaire n'a pas dans fon entreprife
les mêmes avantages que le fermier qui la*conduit
lui-même avec attention & avec intelligence : le
propriétaire eft forcé de confier toutes fes avances
à un homme qui peut être négligent ou fripon
, & qui n'a rien pour en répondre. Ce métayer,
accoutumé à la-1 vie la plus miférable , &
qui-n'a ni l'efpérance, ni même le defir de fe procurer
un état meilleur , cultive mal, néglige d'employer
les terres à des produdlions commerçables
& d'une grande valeur : il s’occupe par préférence
à faire venir celles dont la culture eîi moins pénible
, & qui lui donnent une fubfiftance plus abondante
, comme le maïs, le- façrafin & fur-tout la
châtaigne, qui ne donne d'autre peine que de la
ramaner : il eft de même peu inquiet fur fa fub-
fiftance ; il fait que fi la récolte manque, fon maître
fera obligé de le nourrir pour ne pas voir abandonner
fon domaine. Le maître eft fans ceffe en
avance avec lui : lorfque l'avance eft grôflie juf-
qu'à un certain point, le métayer, hors d'état d’y
fatisfaire abandonne le domaine; & le maître qui
fent que les pourfuites feroient inutiles, eh cherche
un autre, & fe trouve fort heureux quand celui
qui le quitte, content de lui faire banqueroute,
ne lui vole pas le refte de fes effets.
Les propriétaires qui ne font ces avances que
parce qu'ils ne peuvent faire autrement, & qui
font eux-mêmes peu riches, les bornent au plus
pur néceftaire > aufli riy- a-t-il aucune comparaifoit
à faire entre les avances que fait un propriétaire
pour la culture de fon domaine dans un pays de
petite culture , & celles que font les fermiers dans
les pays de grande culture. C'eft cette épargne forcée
fur les avances de la culture, qui fait que ,
dans tous les pays de petite culture, on ne laboure
point avec des chevaux : ce n'eft pas feulement: