
examiner jufqu’ à quel point il eft efclave de Ton
amour propre ; il devroit enfuite confulter fes forces
, fe rendre un compte exaCt de i'aCtivité de
fon efprit , de fon afladuité & de fes difpofitions
pour le travail & l'adminiftration. Il y a dans le
monde tant d'autres occupations ou la médiocrité
des talens fuffit ; & lorfqu'on choifît fans moyens
celles qui exigent toute la fagaeité dont la nature
humaine eft fufceptible 3 on eft entraîné par une
ambition & une vanité bien coupables. Si l'homme
d'état fe trompe; s'il prend de faufles mefu-
res , tout un peuple en relient les fiineftes e ffets.
L'étude des langues eft néceflaire fur tout au
négociateur, La connoijfance du latin eft prefque
indifpenfable. Cette langue offre d'excellens ouvrages
qui feryent à former le goût ; la plupart
des traités antérieurs à la fin du fiècle dernier ,
font écrits en latin, & il y a encore aujourd'hui
des nations avec lefquelles on ne peut négocier
que dans cet idiome. Quoique le françois foit
prefque devenu la langue univerfelle des cours &
des affaires 3 il eft bien à defîrer que l'homme d'état
fâche au moins l'anglois & l'allemand.
La logique eft le fondement de l'art de bien
écrire & de bien parler. . Ainfi c'eft une des fcien-
ces qui doivent naturellement précéder la politique.
La logique & la morale font prefque les
feules parties de la philofophie que l'homme d'état
ait befoin d'apprendre. La métaphyfique 3 la
phyfique, les mathématiques donnent plus d'étendue
à l'efprit ; mais leur étude coûte beaucoup
de temps, & celui qui eft jetté dans l'immenfe
carrière de l'adminiftration & des affaires doit être
économe dç fon temps.
L ’homme d'état doit étudier toute fa vie le
droit naturel & le droit des gens ; mais qu'il ne
croie pas trouver, dans les livres les plus connus
fur cette matière, tout ce qu'il lui importe de fa-
yoir î & qu*il ne s'en rapporte pas aveuglément
aux maximes établies dans le droit de la guerre & de
la p a ix , par Hugues Grotius ; & le droit de la
nature & des gens 3 par Puffendorf. Ces ouvrages
ont été calqués fur l'ancienne routine de la politique
; on y établit toujours les principes d'après
les faits, fans fe foucier des droits facrés du genre
humain. VEfprit des loix tire fes principes d'un
peu plus loin, & l'immortel Montefquieu a produit
des élèves dont le courage & l'élévation méritent
plus de confiance & d'eftime.
La plupart des auteurs qui ont écrit fur ces
matières, ont indiqué le grand ouvrage de W o lff
comme le livre le plus exaCt & le plus étendu
fur le droit naturel en lui-même : mais ce livre
eft bien au deffbus de fa réputation ; il a été vanté
par des pédans, & un homme d'état qui a de
l'efprit, & qui connoît l'état naturel des focié-
tés , n'en fera pas un grand cas : le Syftême fo-
f iç l f la Politique naturelle & la Morale t^niverr
fe lle \ t fatisferont davantage, malgré les chofes
répréhenfibles qu'il y appercevra.
Outre le droit des gens, qui eft univerfel & réciproque
entre les peuples, chaque nation a fon
droit public particulier. Il feroit à fouhaiter qu’on
pût apprendre à fond celui de tous les états. On
connoïtroit le fyftême de chaque gouvernement,
les loix fondamentales de fa conftitution, le droit
de celui ou de ceux en qui réfide la fouveraine
puiflance, les privilèges du peuple, les conventions
faites avec les voifins & avec d'autres^puif-
fances, les reffources & les bornes du commerce,
& c . & c . &c.
Le droit public de l'Allemagne demande une
étude particulière, & nous avons tâché d'en faciliter
les moyens. Rien n'eft fi compliqué que le
fyftême du corps germanique. Cette forme de gouvernement
mixte , cét affemblage de tant de princes,
de républiques & de petits fouverains , qui ont
chacun leurs droits, leurs privilèges & leurs charges
, qui fe réunifient fous un ch e f, auquel ils
prefcrivent des lo jx , & qui veut leur en prefcrire
à fon tour, offrent un tableau qu'il n'eft pas aifé
de faifîr dans tous fes détails. On enfeigne, dans
chaque univerfité de l'Allemagne , le droit public
de l'Empire germanique ; & nous indiquerons parmi
les bons ouvrages fur cette matière, Mafcovii
principia juris publici 3 Sckaufii compendium juris
publici. S . R . I. le Droit public de Gunderode ,
l'E ta t de l'empire d'Allemagne par Bilderbeck, un
livre de Puffendorff, intitulé de Statu imperii ger-
manici y où l'auteur s'eft caché fous le nom de
Severinus Mon^ambanus y parce qu'il avoit des vérités
défagréables à dire, & le corpus ju ris publici
de Schmaus.
La connoifîance du droit public, univerfel ou
particulier 3 eft fondée à quelques égards fur la
théorie du droit civil & fur l'hiftoire. Mais mal*
gré l'axiome politique , quj n'eft plus vrai, & qui
meme ne l'a jamais, été , principes inter f e jure,
priyatorum utuntur 3 il ne faut pas donner trop
d'étendue à cette propofition.
Le droit public ayant toujours rapport aux traités
, aux conventions & aux ufages établis entre
les fouverains; c'eft fur-tout dans la partie politique
de l'hiftoire qu'il faut l'étudier. L'hiftoire an*
tienne & moderne, facrée & profane, militaire
& civile doivent faire partie des études de l'homme
d'état. Mais ce qui doit l'occuper le plus ,
c'eft l'hiftoire de fa patrie ou du pays qu'il fert.
Sans la géographie, on entend mal l'hiftoire ,
& il eft impoflible de juger fainement des intérêts
[ des diverfes puiflances, fi on ne connoît parfaitement
la pofition topographique des pays qui leur
font fournis, de leurs frontières, de leurs voifins,
de leur commerce aCtuel &: polfible, de leur navigation,
des mers qui les environnent, & des
fleuves qui les t-averfent, &c.
Savoir l'origine & la fucceflipn des grande?
! maifops & leurs alliances par les piariages, c'eft
favoir -une partie de l'hiftoire ; & quoique ces
détails inté retient plus la vanité ou la curiofité de
l'homme du monde, qu'elles ne fervent à l'homme
d'état ; quoiqu’il foit aifé aux miniftres & aux
princes de demander fur ces matières, des mémoires
quand ils en ont befoin; ils ne doivent pas
négliger ces petites connoijfances , qu'il leur eft fi
facile d'acquérir par l'habitude. Jufqu'à préfent
nous n'avons rien de mieux*en ce genre que les
tablettes généalogiques de Hubner.
CONQUÉRANT. Nous entendons fous ce
.mot les princes qui veulent fubjuguer beaucoup
de pays & faire de grandes conquêtes.
Tel eft le caractère terrible des conquérons s qu'ils
femblent goûter du plaifîr | & qu'ils en goûtent
réellement à faire du mal ; auffi le fort de leurs
peuples ou de leurs voifins eft-il bien à plaindre.
Ces malheureux peuples doivent fe foumettre à
des maîtres qui fe réjouiffent d'une manière fo-
lemnelle, lorfqu'ils ont porté le ravage dans quelques
provinces. L'accroitiement de .leur pouvoir
eft fans doute la maxime de ces princes ; mais ils
s'écartent fbuvent de cette maxime , lorfqu'ils .
croient la fuivre ; car en voulant augmenter leurs v
domaines , ils diminuent le nombre de leurs fujets
& leurs richeties.
D'ailleurs fi l'on réfléchit fur les difficultés, fur
les dangers, fur les inquiétudes fans nombre ,
fur l'horreur générale qui accompagnent toujours
ces fortes d'entreprifes fur la déprédation des finances
& fur l'épuifement où le trouve la nation
viCfcorieufe après fês exploits ; on avouera que les
conquérant forment des calculs bien mal entendus.
On prend les armes dans l'intention d'acquérir le
bonheur, & l'on eft contraint de les dépofer, après
n'avoir obtenu que des peines & des maux affreux.
Si les fouverains puitians des peuples barbares
n'ont pas le même épuifement & les mêmes
malheurs à craindre pour leurs fujets après leur
conquête, ils doivent du moins s'attendre à être
l'exécration des nations qu'ils oppriment, & à être
cités comme les fléaux du genre humain qu'ils
perfécutent & qu'ils détruifent. En général, les
conquêtes ne donnent point une nouvelle fûreté ;
au contraire elles excitent les puiflances voifînes à
fe réunir & à s'armer contre le conquérant Plus
l'on a de biens en fa poffefliori, plus l'on a de
motifs de crainte ; en pareil cas , lorfque ces
biens n'ont été acquis que par l'injuftice, il faut
recourir à la violence pour les conferver. De-là
naiflent les craintes & les inquiétudes continuelles
des conquérons & des oppreffeurs ; de-là les conspirations
fréquentes qui £e forment contre eux.
Mais on peut , envifager fous un autre rapport
P étrange folie des conquérons ; il n'y a pas dans le
monde de prince dont les domaines fôient trop
petits, pour lui laitier du loifir, s'il veut s'occuper
de fes devoirs ; & par conféquent un grand
empire n’eft jamais aufli bien admiriiftré qu'une
ville particulière , & une ville particulière qu'une
feule famille.
Mais dans les empires vaftes & étendus, dans
ceux fur-tout où tout dépend de la volonté d'un
feul homme, il s'y commet des injuftices fans fin ,
parce que l'oreille du prince eft fermée aux plaintes
de fes peuples, & que ceux qui l'approchent
n'ont pas lé courage de repréfenter la mifère de
la nation. S'il arrive par hafard que les cris des
fujets parviennent jufqu'au trône, leurs malheurs,
loin de diminuer, s'accroiffent fouvent par ceux
que le prince commet pour y remédier , ou pour
punir les coupables.
Certes les princes ont plus d'affaires qu'il ne
leur en fau t, s'ils veulent bien les faire. C a r ,
lorfqu'ils veulent chercher de nouvelles occupations
, ils font obligés de négliger le plus effentiel
& le plus facré de leurs devoirs. Les amufemens
que prennent les fouverains importent peu au peuple
, fi la tranquillité publique n'en fouffre p a s ,
& fi la paix eft maintenue au-dehors. Mais c'eft
une fingulière manière de remplir les devoirs de
la royauté & de protéger le peuple , que d'entreprendre
aux dépens de la nation des conquêtes qui
deviendront plus onéreufes qu'utiles pour fes lu-
je t s , ou de.déclarer la guerre pour des objets
qui ne les regardent en aucune manière.
C O N Q U E T E , voyq; le Dictionnaire de Ju-
rifprudence.
{ 'CO N S E IL D U R O I ,
G r a n d - C o n s e il ,
C o n s e il s d 'A l s â g e , d 'A r t o i s , d e R o u s s
il l o n , & c .
C o n s e il d ’é t a t o u d e s a f f a ir e s é t r a N’
GÈRES ,
C o n s e il des d é p ê c h e s ,.
C o n s e il r o y a l des f in a n c e s ,
C o n s e il r o y a l d e c o m m e r c e ,
\ C onseil des p a r t ie s , ou conseil d'é t a t
PRIVÉ ,
C o n s e il de l a m a r i n e ,
C o n s e il des p r is e s
C o n s e il d e c o n s c ie n c e ,
C o n s e il d e r é g e n c e ,
C o n s e il d e l a r e in e
C o n s e il des p r in c e s d u s a n g ,
C o n s e il s s u p é r ie u r s . Voye^tousces articles
V dans le Dictionnaire de Jurifpr.
C o n s e il a u l iq u e ,. tribunal fuprême fiégeant
à la cour de l'empereur d'Allemagne. Voye£ le
même Dictionnaire.
{ " C o n s e il d ' a d m in i s t r a t io n ,.
» C o n s e il d e g u e r r e ,
» C o n s e il p o l it iq u e dans quelques villes de
f Languedoc,
\ C o n s e il d e s a n t é , J C o n s e il d e v i l l e . Ces articles & plufieurç
i autres du même nom fe trouvent dans ïe
f Dictionnaire de Jurifprudence.