
trent paf-tout. Les juges, qui dévoient ette la
terreur du crime & le foutien de la juftice, abu-
ferent de leur pouvoir, & ils devinrent de petits
tyrans. Annibal de retour en Afrique apres fes
campagnes d'Italie, employa tout fon crédit
pour réformer un abus auffi criant ; & il rendit
annuelle l'autorité de ces juges, qui avoit été
perpétuelle jufqu’alors.
Quoiqu’Ariftote vante beaucoup le gouverneraient
de Carthage, il y remarque néanmoins deux
grands défauts, contraires, félon lui, aux vues
d’un fage légiflateur J & aux régies d’une bonne
& faine politique.
Il lui réproche , i°. d’avoir permis au meme
homme d’exercer plulieurs charges : les Carthaginois
regardoient cette accumulation de dignités comme
la preuve d’un mérite peu commun > & le philo-
fophe que je viens de citer, dit avec raifon, que
cette coutume eft très-préjudiciable-au bien public.
Ariftote ajoute, 2°. que pour parvenir aux
premiers poftes, il falloit, avec du mérite & de
la naifîànce, avoir encore un certain revenu} &
qu’ainfî la pauvreté pouvoir en exclure les gens
de bien. Il fe plaint de cet abus devenu prefque
univerfel dans toutes les républiques modernes»
Rien n’annonce > dans l’antiquité, que les dignités
de l’adminiftration ou les charges de judicature
aient jamais été vénales ; Se ce que dit ici Ariftote
des dépenfes qui fe faifoient à Carthage pour y parvenir
, tombe fans doute fur les préfens, par lef-
quels on achetoit les fuf&ages de ceux qui nom-
moient aux charges , & fur l’efpèce de revenu né-
ceflàire pour exercer les différens emplois.
Ariftote „ en finiflant fes réflexions fur la république
de Carthage 3 approuve fort la coutume de
cette république, qui de temps à autre fondoit
des colonies, & qui procuroit ainfi aux citoyens
des établiflemens honnêtes. On pourvovoit aux né-
eeffités des pauvres , qui font, aufli-oien que les
riches., membres de l’état 5 on débarraffoit:1a capitale
d’une multitude de gens oififs & fainéans qui
la. déshonorent, & fouvent deviennent dangereux}
on prévenoit les mouvemens & les troubles r en,éloignant
ceux qui y contribuent le. plus. à Farticle
C o l o n ie s ce qui a rapport aux colonies des
anciens peuples.
Au refte', malgré les éloges d’Ariftote , qui de-
Voit bien connoître la république de Carthage 3
cette république- ne fera jamais fort célèbre parmi
nous. Les légiflateur* & les politiques aéhiels ont
des vues plus humaines que. ceux de l'antiquité 5
& , lorsqu'ils trouvent dans un gouvernement des
ufages atroces, ils ne fe forment pas une haute
idée des talens du légiflateur. Les barbares carthaginois
offrirent des vittimes humaines à leurs dieux,
jufqu à la diffolution de leur état, & cette abomination
flétrira toujours leur gouvernement.
Si Ton ne /avoit pas d’ ailleurs que les peuples
font quelquefois abfurdes , infenfés & cruels fut
certains points, & fort fages fur d’autres, on au**
roit un profond mépris pour les combinaifons politiques
des carthaginois ; car, dans des temps de
pefte , ils facrifioient à leurs dieux un grand nombre
d’enfans . fans pitié pour un âge qui excite la
. compaffion des hommes les plus cruels.
La puiffance militaire des carthaginois étoit com-
pofée de rois alliés , de peuples tributaires qui*
fourniflfoient des milices & de Kargent, de quelques
uns des citoyens de l’état & de foldats qu on
achetoit. Ils tàroient de la Numidie une cavalerie
légère , hardie x impéuieufe , infatigable, qui faifoit
la principale force de leurs armées >; des Ifles Baléares
,• les plus adroits frondeurs de l’univers } de
l’Efpagne, une infanterie très-courageufe; des cotes
de Gênes & des Gaules, des troupes d’une valeur
reconnues & de la.Grèce même, des foldats propres
à fervir en campagne ou dans les villes, à faire
des fiéges ou à les foutenir.
Carthage avoit un fingulier droit des gens , dit
M. de Montefquieu ; elle faifoit noyer (1) tous
les étrangers qui trafiquoient en Sardaigne & vers-
ies Colonnes d’Hercuîe : fon droit politique n’e-
toit pas moins extraordinaire; elle défendit aüx Sardes
de cultiver la terre, fous peine de la vie.
Lès caufes de la décadence des carthaginois ne-
font pas àffez connues, & on ne peut en indiquer
que quelques-unes. Polybe nous d it, par exemple *
qiï’ à la fécondé guerre punique (2) il y avoit à
Carthage cet inconvénient, que te fenatavoit. perdu,
prefque toute fon autorité. Tfte-Live nous apprend
que lorfquAftnibal retourna à Carthage, il trouva-
que les magiftrats & les principaux citoyens détournoient
à leur profit* les revenus publics , &
abufoient de leur pouvoir. La vertu des magiftrats
tomba donc avec l’autorité du fénat} tout coula
du même principe.
Comment Carthage, auroit-elle pu fé foutenir
ajoute Montefquieu ? lorfqu’Annibal, devenu préteur
,v voulut empêcher les magiftrats de piller*
ta république, n’àuèrent - ils pas i’accufer devant
les- romains ? Malheureux, qui vouloient être citoyens,
fans qu’il y eut de cité, & tenir leurs ri-
cheffes de la main de leurs deftrutteurs! Bientôt
Rome leur demanda pour otages trois cens de leurs-
principaux citoyens} elle-fé■ fit. livrer les armes &
les vaiffeaux & enftiite leur déclara la guerre..
Par les chofes que fit le déîefpoir dans Carthage
défarmée, on peut juger de ce qu’elle auroit pu
faire avec fa vertu, lorfqu’elle avoit fes forces.
Des détails fur Thiftoire politique, le commerce:
& les révolutions de Carthage féroiënt bien inutiles
aujourd’hui : ils fe trouvent dans toutes les hiftoires
& nous n’avons.pas cru devoir en parler.
(I) Ecatofthcne , dans Straboir,.Im x v ll ,. pag; 8'oiy
<2} Environ cent ans après. La-corruption étoit àfon comblé à la. fin dès guerres puniques,,
CASTELL , { comte <£ Allemagne. ) C'eft un
comté dépendant du cercle de Franconie. Il ctoit
autrefois bien plus confidérable} mais il a ete morcelé
par les guerres, par la diffipation, par des de-
funions, par des fondations.) L éveche de Wurtz-
«bourg en particulier en a acquis plufieurs demem-
bremens remarquables.
. On fait defeendre les anciens comtes de Cafiell,
des anciens ducs de la Franconie orientale , par les
comtes de Rothembourg. Mais les nouvelles tables
généalogiques de cette dernière famille trouvent peu
de créance} le comte Gerlaçh qui vivoit vers 1 an
1019, & quelques autres , pour fe diftinguer des
comtes de Cafiell, dans le Norgaw de qui depen*
doient les comtes de Soultsbach qui font éteints ,
prirent le nom de Hohen- Cafiell. 11 paroit quec eft dp
ce comte que l’on fait defeendre ceux d aujourd hui.
La plus grande partie dii comté de Cafiell releve
-de l’évêché de Wurtzbourg : cependant les comtes
ont auffi une cour féodale confidérable , & par rapport
à laquelle ils ne fe règlent point fur celle de
j évêque, mais fur le droit commun, jj Ils font revêtus,
depuis 1168, delà charge dechanfon héréditaire
de Wurtzbourg, par un patte héréditaire,
paffé, en 1560, entre Hes comtes Conrard III ,
Henri V, Georges III, & confirmé par les empereurs
Ferdinand premier en i$6 i , & Maximilien II
royaumes, qui furent réunis , lé premier à celui
en ïy6 6 . il eft convenu que l’aîné de la famille
fera chaque fois adminiftrateur de ja fupériorite
féodale de toute la maifon , & qu’il fera^ inyefti
feul de l’office d’échanfon héréditaire de l’éveche
de Wurtzbourg.
Les comtes de Cafiell ont feance a la diete de
l'empire* fur le banc des comtes de Franconie , &
ont deux fuffrages. Aux affemblées du cercle , ils
ont féance entre Hohenloë & Wertheim.
- Leur taxe matrieulaire eft, depuis 1678, de dix-
huit florins : favoir, quatre florins trente kr. pour 1 Cafiell 9 autant pour Remelinguen, & neuf florins
pour Ruden-Haufen. Tout le comté paie, pour
l ’entretien de la chambre* dix-huit rixdalers quatre-
vingt - quatre & demi k. Extrait d’un article de
M* Andrié , baron de Gorgier.
CASTELLANS de Pologne. Voye1 le Ditt.
de Juriforudence.
CASTES, nom que les indiens donnoient aux
différentes claftes ou tribus qui partagent leur nation.
Voyei le Dittionnaire de Jurifprudence.
CASTILLE, un des royaume de la monarchie
d'Efpagne. Le dittionnairre de géographie parle de
l’étendue 8c des bornes de la Caftille.
On diviCe la Cafiille en vieille & nouvelle î Madrid
eft la capitale de la nouvelle Cafiille \ & Burgos
capitale de [’ancienne : cette diftinttion au refte,
n’eft fondée que fur les époques où l’une & Tautre
ont été affranchies de la domiuation des maures.
Toutes deux avoient originairement des comtes
dont le gouvernement ceffa dans le onzième fiecle ;
ceux de la vieille Cafiille , l’an 1016 & ceux
de U nouvelle Fan 1029. On forma* alors deux
de Léon } & le fécond à celui de Navarre :
dans la fuite, ils furent ainfi que les autres états
de l’Efpagne, tantôt réunis, & tantôt fepares ;
enfin on compte fous la dénomination de Caftille
le plus grand nombre des différentes contrées de
l’Efpagne. Lorfqu’en 1473 » Ifabelle de Caftille
époufa Ferdinand d’Arragon , & que ce mariage
réunit les diverfes portions de l’Efpagne , a la
réferve de Grenade, dont la conquête ne fe fit
qu’en 1491 , le feeptre de cette princeffe se-
tendoit fur les deux Caftilles 3 fur l Eftremadure 9
l’Andaloufie, Murcie, Léon, les Afturies , Navarre
, Bifcaye, Guipufcoa, Alva & Rioja, &
fur la Gallice.
•Le titre de Caftille eft le premier de la cou-'
ronne 5 fon confeil eft le premier des tribunaux ,
& fon connétable le premier des grands officier^
de l’état. Voye% l’Art. E s p a g n e .
CATALOGNE, province d’Efpagne avec titre
de principauté. Voye[ le Dittionnaire de Geo-
graphie.
Quand les maures envahirent l’Efpagne en 712 »
les catalans fe diftinguèrent par leur amour de
la liberté} ils fe défendirent long-temps contre ces
nouveaux maîtres, avec le fecours de Charles Martel
& de Pépin le Bref > mais on les fournit à la
fin , & les maures établirent un gouverneur, à Barcelone.
Zaro étoit pourvu de cette charge, lorsque
Charlemagne rendit ce gouverneur tributaire
de fa couronne. Les fucceffeurs de Zaro fe trouvèrent
ainfi à la nomination de la cour de France.
Godefroy, l’un d’entr’eux, montra beaucoup de
bravoure au fervice de Charles le Gros , dans la
guerre contre les normands, & il fut créé comte
héréditaire de Barcelone, mais toujours fous U
domination de la France. Le comte Raymond Be-
renger ayant , au douzièmefiècle, époufe l'héritière
d’Arragon, réunit la Catalogne à ce dernier royaume
, & la domination firançoife ceffa jufqu’en 16*11.
La Catalogne , révoltée depuis un an contre Philippe
IV, fe donna à Louis XIII en .1641 } mais
Louis XIV la rendit à la paix des Pyrénées , eti
16 f9. L’archiduc d’Autriche , rival de Philippe
d’Anjou , en prit poffeffion en 170 y , & promit
aux habitans le maintien de leurs firanchifes. Ces
peuples étoient auffi braves, & ils aimoient autant
la liberté , qu’à l'époque de l’invafîon des maures.
Abandonnés de l’archiduc en 1713, ils ne perdirent
point courage : on les vit difpofés à mourir*
plutôt qu’à fe foumettre : leur confiance s’affoi-
blit, & l’année d’après ils abandonnèrent à Philippe
V leurs privilèges 8c leur liberté,
CATECK, pays d’Afie, fitué au-deffous de
l’embouchure la plus occidentale du Gange.
Le Cateck a un port, nommé Balajfor3 qui eft
fur une rivière navigable, Les marattes qui , en
1740, avoient ravagé la côte de Coromandel ,
s’emparèrent quatre ans après de cette petite province
1 8c s’y fix&ent. n’y ont pas encoura^P
N nn