
à‘Autriche ayant toujours eu une prépondérance
Soutenue , ce cercle n’eft point dans l’ ufage de
former une diète ; les fix autres membres ne manquent
jamais de concourir à tous les de (Teins, à
toutes les mefures , à tous les aétes de i’archidüc ,
d3 Autriche. Ils femblent craindre de le contrarier j
en la moindre chofe > enforte que , .par le fait ,
l ’archiduc à*Autriche eft plutôt le-chèf que le collègue
des évêques de T rente , de Brixen , de-
Coire 3 & des autres états du cercle dont nous
parlons ici.
Lorfque la fureté de l’empire eft compromife ,
ce cercle fournit fa quote-part des fecours qui
font jugés néceffaires. Il eft vrai que dès le règne
de Frédéric 1 3 & en vertu d’ un privilège authentique
ratifié par Charles - Quint > les archiducs
à'Autriche font affranchis de toute redevance ordinaire
ou extraordinaire ; mais il eft vrai aufii ,
que par une générofité qui convient? a leur puif-
fànce j ils fe font volontairement chargés d’une
groffe contribution : eux fouis paient autant que
deux électeurs enfemble; & comme ils poffèdent
la plus grande partie du T y r o l, on les a v u ,
dans les cas urgens ; fe charger des taxes auxquelles
étoient affujéris les Evêques de Trente
& de Brixen 3 & les princes de Dietrichftein. Le
cercle d’Autriche donne communément à l’Allemagne
un cinquième de la totalité des fecours
que lui doivent les membres de fon empire. Lorf-
qu’ il fut réglé en 1701 que les dix cercles enfemble
mettroient fur pied 39993 hommes, il y
en eut 8028 fur le compte de ce cercle } & lorf-
qu’en 1707 la caiffe militaire de l’empire fut fixée
à la fomme de 300,000 f lo r in s c e cercle en 1
paya 6 1278.
Le cercle d’Autriche fournit un affeffeur à la
chambre impériale 5 & fi cette chambre étoit complexe
, il en fourniroit deux : les affeffeurs font
de la religion catholique, parce que dès le règne
de Ferdinand1 II il n’y a plus eu de proteftans
reconnus pour membres des états d’Autriche.
A U T R IC H E (archiduché £ Autriche y. Voye£ fa
pofition & fon étendue dans le Dictionnaire de
Géographie.
Nous parlerons , i° . des divers états qui com-
pofent l’archiduché à3Autriche & des diètes du
pays; 20. nous ferons un précis d e l ’hiftoire politique
de P Autriche j 30. nous traiterons des prérogatives
& des titres de la maifon d3Autriche;
4°'. de fes revenus, de fa force & de fa puiffance ;
y°. des confeils, des tribunaux & de la jurifpru-
dence de l’archiduché & de la maifon d* Autriche ;
6°. de la nobleffe ; 7®. des productions & du
çon>mercei
S e c t i o n p r e m i è r e ,
Dfs divers états qui compofent Parçhidliché d’A utriche
, 6* des diètes du pays.
■ Le nom d[Autrich§, Oefiricht, cjéfignç un pays
iîtué vers l’e ft , plaça ou provincia orientalis, iî
fe trouve pour la première fois dans un diplôme'
d’Otton 111, de l’année 996, où on l i t , in re-
gione vulgari nomine Oftirrichi. Voyez Hundii me-
trop. Sa/isb. t. I. p. 139. Les-auteurs du moyen
âge avoient la fottife de confondre auftralis &
: aufirius avec orientalis ; & au lieu de mettre terra
; ou regio y ou provincia orientalis 3 ils écrivoient
| terra ou regio , ou provincia aufiria y ils ont même
fait un fubftantif'de l’épithète aufiria , & cet ufage
s’eft perpétué.
L ‘Autriche proprement dite eft divifée en deux
parties principales; la plus-grande, qui eft la partie
orientale, s’appelle 1 t pays au-deffous de l'Ens ;
la plus petite, nommée le pays au-deffus de cette
rivière, fut en-11 détachée de la Bavière par
l ’empereur Frédéric I , & ajoutée au marquifat
d3Autriche 3 alors érigé en duché. Lors du traité
de Weftphalie, l’éleCteur de Bavière renonça,
pour lui & fes fucceffeurs, à toutes fes prétentions
fur ce paysi
_ On compte, dans le pays au-deffous de l’Ens ,
dix-fept villes princières, dont quinze feulement
ont voix & féance aux diètes ; dix - fept villes
gouvernées par des feigneurs particuliers; quatre
bourgs archidücaux avec voix & feance aux.
diètes, cent-vingt autres bourgs qui dépendent
prefque tous delà nobleffe; cent - quatorze abbayes
& couvens des deux fexes, où l’on compte
trois mille fix cens quatre-vingt-treize perfonnes
eccléfiaftiques, & parmi lefquelles il y a vingt-
fix abbayes-& couvens revêtus du droit de féance
aux affemblées de la province ; fix cens fix châteaux
& terres nobles , & fix cens quarante-
trois villages. On appelle bourgs les endroits qui
ont le droit d’ériger un carcan. Quoique Y Autriche
ait été plus--peuplée avant la réformation
& avant les incurfïons des turcs, elle contient
au moins un million d’habitans. Les villages appartiennent^
prefque tous au clergé & à la nobleffe,
& Fon y trouve en même temps une multitude
de juftices : on en cite ou quatre, cinq ,
fix , jufqu’ à treize feigneurs , ont dés fujets. On
donne le nom de ville ou de bourg archiducal ou
princier à tous ceux où l’archiduc exerce les droits
régaliens, tous ceux qui ont voix & féance-
aux affemblées des états, & qui chaque mois
paient au prince; une contribution fixe. Le rece-’
veut général à Vienne perçoit ces contributions ,
our les dépofer enfuite dans là caiffe dès états.i
’archiduc ne poffède aujourd’hui que deux
domaines dans le pays. Outre les villes & les'1
bourgs feigneuriaux , Y Autriche renferme des*
bourgs municipaux-. C ’étoient autrefois des domaines
du prince , donnés en gage & retirés,
par les habitàns , qui par - là le (ont mis en
liberté ; ou bien ils fe font rachetés eux-
mêmes fous le règne de Marie-Thérèfe, lorfque
cette princeffe mit en vente tous les biens domaniaux.
C^s bourgs fe gouvernent eux-mêmes,
fur le pied des autres feigneuries & bourgs princiers;
ils paient les mêmes contributions , ils envoient
directement ces contributions à la caiffe
des états ; mais ils n’ont ni voix ni féance aux
affemblées du pays. Les loix défendent aux poffef-
feurs des biens fonds de rien innover; il faut
que les vignes & les champs reftent dans leur
état aCtuel : le payfan , par exemple, ne peut
convertir en vignes fa plantation de fafran ou fon
champ de millet. L’empereur aCtuel, dont les
fages vues fe portent fur toutes les parties de
1 adminiftration, ne manquera vraifemblablernent
pas d’abolir des loix fi < contraires à l’induftrie &
à la profpérité de fon peuple.
Les états de l’archiduché font compofés, i°. de
prélats; 20. de feigneurs (herren), parmi lefquels
on compte des princes, comtes & barons ; 30. de
nobles ou chevaliers (ritter) ; 40. de villes &
de bourgs. La ville de Vienne fait feule la moitié
de ce quatrième ordre.
Le grand-maréchal de la province eft toujours
pris dans la claffe des feigneurs , mais on choifit
îe fous-maréchal dans l’ordre équeftre. Les diètes
font univerfelles , ou elles forment des affemblées
par comités, qufon divife en grands & petits. Elles
font convoquées par l’archiduc ; le chancelier delà
cour ou le commiffaire du prince y pfopofe les
queftions ; mais on y délibéré toujours fous la
préfidence du maréchal de la province. On y
traite des impôts, des contributions, des fubfides
néceffaires à l’entretien des troupes , des recrues
, &c. Le réfultat de la diète, rédigé en
recès, eft confirmé par le prince , & promulgué
enfuite.
La diète du pays au-deffous de l’Ens fe tient à
Vienne, & celle du pays au-deffus, à Linz.
L’affemblée des états ( qu’il faut diftinguer des
diètes ) eft perpétuelle ; car les députés, qui
ordinairement gardent leurs places durant quelques
années, forment un fénat provincial régulier &
permanent. Outre le droit ae chaffe & celui de
colleCle, les états ont encore dans leur territoire,
la jurifdiCtion civile & criminelle, l’une & l’autre
fous la dépendance du prince : la jurifdiCtion civile
eft affeCtée à la terre, & relève de l’archiduc
; la criminelle .eft exercée au nom & en vertu
d’un privilège fpécial du fouverain. Ils peuvent
auffi faire , des réglemens fur les forêts & avoir
des grueries. Aurefte, fes privilèges des états ne
font plus fi confidérables qu’ils le furent autrefois
, & on peut les comparer à ceux des pro- :
vinces de France qu’on appelle pays, d3état.
S e c t i o n I I e.
Précis de Phifioire politique de /’Autriche.
Au commencement du cinquième fiècle., les
margraves du pays qu’on nomme Autriche étoient
fous la dépendance immédiate du roi de Bavière ;
& lorfqu’en 882 la Bavière fut réunie au refte
de la Germanie, ils furent déclarés princes.immédiats
de l’empire : cette dignité leur fut confirmée
par les empereurs & les rois de Germanie ;
maison ce qui regardoit les affaires militaires,
ilsdépendoient des ducs de Bavière,'& ils étoient
obligés de paroître à leurs diètes. Léopold, fur-
nommé lYilluftre y comte de Babenberg ou Bamberg,
Tut le premier margrave dé Autriche reconnu
héréditaire, & il obtint cette grace-du roi Henri,
en 944. Il fit des guerres heureufes à Etienne II,
roi-de Hongrie , & il étendit au levant les bornes
de fon marquifat. En 1156 le pays au-deffus de
l’Ens ayant été détaché.du duché de Bavière, &
ajouté au pays au-deffous de cette rivière ,-;c’eft-à-
dire,,au marquifat A3 Autriche 3 les deux provinces
réunies furent érigées en duché par l’empereur
Frédéric 1. Henri II, ou Jafamergott, fut le
premier duc d‘Autriche 3 & il reçut ce titre de
l’empereur Frédéric I, dans la même année.
Nous avons dit, à l’article A c c r o i s s e m e n t
des états y de quelle manière la maifon & Autriche
a agrandi fes domaines.
Charles VI ajouta à fes domaines les états d’Italie
& des Pays-Bas , foibles débris de la
fucceffion de Charles II roi d’Efpagne. Il retira
auffi plufieurs terres qui avoient été engagées. Il
fit en 1713 la fameufe pragmatique fanétion, qu’il
confirma en 172^.. En vertu de ce règlement,
tous les pays héréditaires d3Autriche feront & demeureront
unis & pafferont, fuivant le droit
d’aîneffe,aux enfans mâles, & à leur défaut aux
femmes. Sa mort arrivée en 1740, ayant terminé
la branche mafculine de la maifon archiducale
d’Autriche 3 Marie-Thérèfe, fa fille aînée , époufe
de François duc de Lorraine, grand duc de Tof-
cane & depuis empereur, fe mit en poffeffion de
tous les royaumes & pays héréditaires d'Autriche.
Tout le monde connoît les poftèflions de la
maifon d'Autriche 3 & nous en parlerons fous les
articles qui leur font propres. Nous obferverons
feulement ici que la maifon d3Autriche n’eft plus
aujourd’hui fi puiffante qu’elle le fut autrefois : elle
a perdu,par exemple, les pays héréditaires de la
maifon de Hapsbourg en Suiffe , une grande partie
delà Suabe , les Pays-Bas unis, le landgraviat d’Al-
face,, le Sundgau , la préfecture des dix villes
impériales d’Alface , la plus grande partie de la
monarchie d’Efpagne , les royaumes de Naples
& de Sicile, une grande partie du Milanois , les
duchés de Parme, de Plaifance & de Guaftalle
prefque toute la Siléfie.
S e c t i o n I I Ie.
Des prérogatives, de la maifon ^/’Autriche.
Les prérogatives de la maifon d3Autriche font :
i°. le titre d’archiduc qu'aucun autre prince n’eft
autorifé de porter: 2°. la dignité royale, à laquelle
elle fut élevée par l’empereur Frédéric I I en