
fis abjureroient avec le temps un fanatifme que
l'ignorance & la mifère ont nourri dans leurs
âmes j ils fe fouviendroient toujours avec atten-
driffement de l’époque mémorable qui nous au-
roit amenés fur leurs rivages. ,
. Nous parlerons plus en détail des divers pays
de la côte de Barbarie , aux articles A lger ,
M a r o c , T r ip o l i 8f T u n is .
BARBOUDE, (la) ifle de l’Amérique, &
l’une des Antilles.
Cette ifle eft à ,1 j lieues d’Antigoa. Elle appartient
aux Anglois. Elle produit, outre beaucoup
de grain & de -fruit , quelque peu d’indigo
& ae tabac.
. Il n’y a guères plus de 1200 habitans ; elle eft
entourée de bancs de fable & de rochers, excepté
du côté de l’oueft où il y a un fort beau port;
la fonde y donne neuf brades > il eft commode
& fur & au fond d’une rade très-belle.
■ Les habitans élèvent fur-tout des beftiaux &
cultivent des grains qu’ils vendent aux ifles voifines.
La famille de Codrington en nomme le gouverneur.
BAREITH. Voyei C u lm b a ch .
BARON, BARONIE, f. m. & f. f. ( droit
public & féodal. Voye% le Dictionnaire de jurif-
prùdence.
BARRA, (royaume de) Voyeç l’article B Ar .
BARRIERES, VILLES BARRIERES. On
appelle villes barrières dans les Pays-Bas dès places
fortes qui fervent de boulevards & de defenfe
contre les- invalîons de l’ennemi. Le§/hollandois
toujours obligés de fe tenir en garde cdntre les
el^agnols, obtinrent parle traité de Weftphalie des :
places dans la Flandre & dans le Brabant j on les mit
en poffeffion à cette"époque de Sluys, Hulft, j
& Sas-de-Gand , villes de la Flandre, & dans l.e
Brabant de Berg-op-Zoom, de Breda, de Bois-
le-Duc i de Grave & de Maft’richt 5 ils ont con-
lervé toutes ces places jufqu’à ce jour, & on
les appelle tés anciennes barrières. Pour fe mettre
plus en fureté contré les françois, ils conclurent
en 1715 le iÿ novembre, avec l’empèreur
Charles VI, le fameux traité des Barrières ou
de la Barrière des Pays-Bas, qui leur permit d’entretenir
pour leur defenfe des garnifons dans les
villes & fortereffes de Namur, Tournay , Menin,
Fûmes, Warneton, Ypres & Fort-Knocke, fans
qu’il puiffe y avoir d’autres troupes que les leurs ;
par une convention poftérieure , ils eurent , conjointement
avec la maifon d’Autriche , une gar-
nifon dans Dendermunde & Ruremonde. Ces
villes s’appellent tes Nouvelles Barrières 3 ou fim-
Dlement les Barrières. Pendant les campagnes de
IP44 , 174y, 1746 & 1747 y les françois les
prirent toutes jufqu’à Ruremonde , & rafèrent
les fortifications de la plilpart.Tls les rendirent
à la paix d’Aix-la-Chapelle, en 1748.
C e s garnifons prêtoient ferment à la maifon
^’ Autriche. L ’empereur aétuel, malgré cet hommage,
n'a pas voulu avoir plus long-temps de»
garnifons hollandoifes dans les villes de fes domaines
, & il vient de lignifier aux ProVinces-
Unies' qu'il ne les y fouffriroit pas davantage. Les
hollandois ont effeâivement retiré leurs troupes ,
& cette affaire q u i, à une autre époque, auroit
-peut-être allumé une guerre, n'a point eu de
fuites fâcheufes.
Le traité de la Barrière desPays-Bas-eft inféré en
entier dans le Diélionrtaire univ.de politique & dé
diplomatique de M. Robinet ; on y trouve aufli
le formulaire du ferment pour le gouverneur d é
Dendermonde ; le fprmulaire du ferment pour
les gouverneurs^des places; la convention entre
fa majefté impériale & catholique, 1« roi de 1*
Grande-Bretagne & les Etats-Généraux, touchant
l'exécution de quelques articles du traité de 1»
Barrière, . du IJ novembre I 7 i t .
BASLE. Voye^ Ba l e .
^ B A T A V IA , étabiiffement des.hollandois dans!,
l’ifle de Java. Batavia eft fitué dans l ’enfoncé-:
ment d’une baie profonde, couverte” par plusieurs
ifles de grandeur médiocre , qui rompent l’agitation
de la mer. C e n’ eft proprement qu’ une
rade; mais on y eft dans toutes les faifons à
1 abri de tous les vents Comme dans le meilleur'
port. Le feul inconvénient qu’on éprouve, c ’e li
la difficulté d’aller dans le gros temps à bord des
vaiffeaux, obligés de mouiller à une affezgrandé'
diftance. Les bâtimens reçoivent les réparations
dont ils ont béfoifi dans la petite ifle cFOnruft ,
qui, quoiqu’ éloignée de deux lieues & demie f
eft une de celles qui contribuent le plus à la
bonté de la rade. C ’eft un chantier bien fortifié,
où l’on trouvé trois ou quatre cens charpentiers
européens , & où la facilité des chargemens a
établi les magâfins des groffes marchandifes
qu’on veut-ex porter. Une rivière affez confidé-'
rable q ui, après avoir fertilifé les terres & env-
belli Batavia , fe jette dans la mer, fert à la communication
des vaiffeaux avec la v ille , & de la
ville avec les vaiffeaux. Les allèges qu’on employait
autrefois pouvoiént tirer environ douze
pieds d’eau : elles font réduites à la moitié. Des
fables & des immondices ont formé un banc qui
jettera la compagnie hollandoife dans des embarras,
8c-daris des dépenfes fort confidérables fi on le laiffe
accroître.
Tous les vaiffeaux que la compagnie expédie
d’Europe pour l ’Afie. abordent à Batayia ; & à
l ’exception de ceux qui partent dire élément du
Bengale & de Ceylan , les navires de retour y
prennent tous les articles qui compofent ces riches
ventes , qui nous caufent tant de furprife 8c
d’admiration.
Les expéditions ^our les différentes échélles de
l’inde, rie font gueres moins Confidérables: elles
le font peut-être davantage. On y emploie les’
bâtimens européens durant les relâches qu’ils font'
obligés de faire dans ces mers éloignées.
Cette double navigation a pour bafe celle qui
fie tous les établiffemens hollandois avec Batavia.
Les établiffemens de l’e l l , à raiftm de leur fitua-
t io n , de la nature de leurs denrées & de leurs
befoiris, y envoient plus de monde que les autres.
Tous les vaiffeaux ont befoin de palfe-ports.
• Les navires qui négligeaient cette précaution,
feroient faifis par des chaloupes qui croifent continuellement
dans ces parages. Tous les vaiffeaux
livrent à la compagnie celles de leurs productions
dont elle s’eft réfervée le commerce exclu-
f i f , & vendent les autres à qui bon leur femble.
La traite des efclaves forme une des branches
principales de ce dernier commerce : on en porte
au moins fix mille tous les ans des deux fexes à
Batavia, deftinés au fervice domeftique, au travail
des terres, des manufactures , & aux plaifirs
des chinois, qui ne peuvent ni amener,, ni faire
venir des femmes de leur patrie.
: Il faut y ajouter les importations d’environ 12
johques chinoifes, qui partent annuellement d’Ay-
muy, de Limpo & de Canton. On les évalue à
un million & demi de florins : elles confiftent en
porcelaines, en étoffes de fo ie , qui fe confom-
mént à Batavia 8c dans les autres colonies hollandoifes
; en foies écrues que la compagnie achèt
e , fi elles forment un objet un peu confidérable :
lorfqu’il y en a peu , elles font vendues à ceux
qui veulent les. faire paffer à Macaffar, à Sumatra,
où on en fait des pagnes pour les grands du
pays : en th é , dont la compagnie fe chargeoit
autrefois , mais qui eft abandonné aujourd’hui
riux particuliers. C e thé s’envoie en Europe, où
les direéleurs de -la compagnie le vendent, '&
prélèvent quarante pour cent pour droit de fret : il
eft communément mauvais & de la dernière qualité.
Les jonques chinoifes portent auffi du camphre
â Batavia. Le camphre eft une fubftance. blanche
j trafifparente, volatile , inflammable , d’un
goût^amer & piquant : elle paroît oompofée d’une
terre fort fubtile , & de fort peu d’eau : celui
qu’on tire de Bornéo & de Sumatra eft fi rare &
fi cher, que les chinois & les japonois, qui le
regardent comme le premier des remèdes, l’achètent
jufqu’à 400florins la livre. Le camphre , porté
par les chinois à Batavia, eft tiré des racines
de l'arbre camphrier, qu’on a fait bouillir dans
l’ eau : les gentils s’en fervent pour les feux d'artifice
; & les mâhométans le mettent dans la bouche
de leurs morts lorfqu’ils les enterrent : on en
tranfporte en Hollande, le feul pays de l ’univers
ôù jufqu’ici on ait fu le rafiner. Les européens
l'emploient quelquefois dans la médecine, & très-
fôuvent dans la chirurgie.
I | Indépendamment des objets dont on vient de
parler / lés jonques amènent, année commune,
deux mille chinois , qui viennent chercher fortune
z Batavia : elles emportent des nerfs de cerfs, &
des nageoires de requin, dont on fait un mets
‘ très-délicat à la Chinç.
La Chine tire en outre de Batavia deux mille
picles de tripam. Chaque picle, qui pèfe cent-
vingt - cinq livres, fe vend de fix à vingt florins ,
fuivant fa qualité. Le tripam eft une efpèce de
champignon. Sa rondeur & fa noirceur décident
de fa perfeétioh. U ne croît qu’à deux pieds de la
mer fur les rochers ftériles des ifles de l’Eft 8e de
la Cochinchine, d’où il eft porté à Batavia avec
ces nids d’oifeaux fi célèbres, qu’on trouve dans
les mêmes lieux. Les chinois, achètent annuelle-
ment'mille picles de nids d’oifeaux, qu’ils payent
de fept à quatorze cens florins le picle. Ces
nids, de figure ovale , d’un pouce de profondeur,
de trois pouces de tou r, & du poids d’environ
une demie - once , font l’ouvrage d’une
efpècè d’hirondelle , qui a la tê te , la poitrine ,
lies aîles d’un beau bleu , & le corps d’un blanc
de lait. Ils font compofés de frai de poiffon , -»ou
d’une écume* gluante que l’agitation de la mer forme
autour des rochers , auxquels les hirondelles
les attachent par le bas & par le côté. Affaifônnés.
de fel & d: épiceries, ils donnent une gelée nour-
riffante, faine & délicieufe, qui fait le plus grand
. luxe de la tablé de quelques peuples de l’Orient.
Leur délicateffe dépend de leur blancheur. Les
jonques chinoifes chargent aufli à Batavia du
câlin & du poivre, quoique la compagnie fe foit
réfervé l ’exportation de ces deux articles. Les chinois
portent à Batavia plus de marchandifês qu’ils
n’en rapportent. Le refte des comptés fe folde
en argent. Les chinois établis à J av a, font en
outre palier des fommes confidérables à leurs
familles ; ceux qui s’en retournent dans leur patrie
, qu’ils perdent rarement de vue , diminuent
auffi Le numéraire.
Les européens ne font pas auffi-bien traités à
Batavia que les chinois. On n’y reçoit comme
négocians que les efpagnols. Ceux-ci s’y rendent
de Manille avec de l’o r , de la cochenille & des
piaftres du Mexique. Ils reçoivent en échange des
toiles qu’ils emploient à leur ufage , Sc de la ca-
nelle qu’ils envoient à Acapulco. Depuis que les
anglois & les françois ont pris la route "des Philippines,
la première branche de ce commerce
eft fort tombée. La dernière a (ouffert de l’altération
en 1759 : jufqu’ alors on avoit livré aux efpagnols
la canelle à un prix affez modéré : à Cette
époque on voulut la leur vendre lé prix qu’elle va->
loit en Europe. Cette innovation mit dé la froideur
entre tes deux colonies. On ne connoît pas
d’une manière précife les fuites de cette avidité
des hollandois.
Les françois ne vont guères ï Batavia que pendant
la guerre. Ils y prennent du riz & de l’arrack
pour leurs vaiffeaux & leurs établiffemens ; ils-
payent ces deux articles avec de l ’argent ou des
lettres de change.
Les vaiffeaux anglois y abordent plus fouvent.
Tous ceux qui vont d’Europe en Chine y relâchent,
fous prétexte de renouveller leur eau'^
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