
qu’une marine redoutable. C ’eft fur les chantiers
& dans les ports de l ’Europe que doivent être
construits les battions & les boulevards des colonies
de l’Amérique. La métropole les tient ,
pour ainfi dire, fous les aîles de fes vailfeaux 5
n elle remplit de fes flottes le vafte intervalle qui
la fépare de ces ifles , filles de fon induit rie & de
fa puiffance , fa vigilance maternelle fur leur
profpérité lui répondra de leur attachement.'C’ eft
donc vers les forces de mer que les peuples ,
propriétaires du nouveau monde , doivent porter
déformais leurs regards. La politique de l’Europe
veut en général garder les frontières des états par
des places 5 mais 3 pour les puiffances maritimes 3
il faudroit peut-être des citadelles dans les centres
3 & des vailfeaux fur la circonférence. Une
ifle commerçante n’a pas même befoin de places.
Son rempart, c’eit la mer qui fait la fureté 3 fa
fubfiltance 3 fa richelfe. Les vents font à fes ordres
3 & tous les élémens confpirent à fa
gloire.
Voyez l’art. A m é r iq u e & les articles particuliers
des ifles antilles.
A N T I -P A P E 3 f. m. On donne ce nom à celui
qui difpute la papauté , & qui prétend lui-mêmé
être le vrai pape. L ’hiftoire de l’églife fait mention
d’ un grand nombre d’anti - papes. On en
compte environ trente-trois : on en peut voir la
lifte dans le Dictionnaire univerfel des Sciences
morales , économiques , politiques & diplomatiques
de M. Robinet.
Voye» l’article P a p e dé ce Dictionnaire.
A N V E R S , ville des P a y s-B a s au duché de
Brabant. Elle porte 3 conjointement avec fon territoire
3 le titre de marquifat du faint - Empire.
L ’origine de ce titre fe perd dans l’antiquité : on
fait que Godefroi de Bouillon ajoutoit à fes autres
qualités celle de marquis d’Anvers. C ’eft aujourd’hui
l’une des principales villes des Pays-Bas
fournis à la maifon d’Autriche. Voye% le DiCtion.
de Géographie.
A N Z IC O ou A N S IC O , royaume confidé-
rable d’Afrique. Il peut avoir environ 6$o milles
de l’oueft à l’eft , & 540 du nord au fud 3 fans
compter pîufieurs ifles de la rivière de Zaire qui
font de fa dépendance. Les déferts de la Nubie
le bornent au feptentrion 5 différentes nations
africaines a peine connues le bornent au midi 3
le grand lac d’où la rivière de Congo tire fa
fource 3 lui fert de limites à l’orient 3 & le pays
d’Anibus à l’occident.
L e palais de la capitale bien bâti annonce un
grand monarque 3 difent lès-voyageurs. Le prince
en effet doit être fort puiffant 3 puifqu’il compte
treize rois parmi fes vaffaux, il prend le titre
faftueux du grand Makoko. On ignore quelles
font les bornes & l’étendue de fon pouvoir. On *
peut conjecturer qu’ à l’exemple des rois fes voi-
iïns 3 il exerce un pouvoir defpotique : tous ces
petits tyrans qui dégradent l ’humanité 3 après
avoir maffacré les fujets qui leur déplaifent ,
font fouvent maffacrés à leur tour.
Le faite de ce prince n’a rien qui reffemble à
la magnificence afiatique. Des ufages bizarres ma-
nifeftent la dépendance des fujets.
A P P A N A G E . Voyez le Dictionnaire de Ju-
rifprudence.
A P P E N Z E L L 3 le dernier des T r e iz e -C a n tons
fui (Tes , dans l’ordre de fon affociation à la
ligue helvétique. Il tire fon nom du bourg d’Appenzell.
Il ell fitué prefqu’à l’extrémité fepten-
trionale & orientale delaSuiffe 3 & entouré parle
Rhinth & les terres de l’abbé de Saint-Gall. On
eftime fa longueur de dix lieues d’Orient en O c-'
cident, & fa largeur de fix à fept lieues.du Midi au
Nord. C ’eft une maffe de collines & de montagnes
3 qui s’élèvent en amphithéâtre. Sur les confins
du Rhintal on cultive la vigne. Le canton
réformé produit diverfes efpèces de grains & de
légumes j & donne une grande quantité d’excel-
lens fourrages. Le canton catholique ne renferme
guères que des pâturages d’été & des montagnes
de rocs.
Hifloire politique de fon gouvernement. Il eft vrai-
femblable que les défrichemens & la population ,
ne s’étendirent dans ces montagnes qu’après la
conquête de l’Europe méridionale par les nations
du nord 3 & fous le régime féodal 3 qui fuccèda
à la police de ces ariftocraties militaires & barbares.
Comme les peuples étoient ignorans &
dévots alors 3 l’abbaye de faint Gall acquit 3 par
des donations la plupart des rentes fifçales &
cenfîères de fes environs. Les abbés avoient cherché
à augmenter leurs revenus. L ’intérêt commun
-liôit les montagnards avec les citoyens de faint
Gall 3 qui obfervoient d’un oeil inquiet toutes
les entreprifes de ce gouvernement monaftique.
A l’époque où les premiers cantons fuiffes réveil-
loient 'chez leurs voifins Je goût de l ’indépendance
3 des receveurs de l’abbaye irritèrent les
peuples à'Appenzell par des exactions & des outrages
qu’ils fe permirent envers .ces hommes * déjà
fort las de leur fervitude : la révolution fut fu-
bite. En 1400, quatre paroiffes du pays d’Appenzell
chaffèrent les officiers de l’abbé. Sur de
la faveur des cantons du voifinage 3 tout le peuple
S’engagea par .ferment à maintenir déformais
fa liberté au prix de fon fang. Il repoufla d’a bord
les troupes de l’abbé , puis celles des villes
& de la nobleffe de Suabe dans diverfes aérions
très-jneurtrières 5 il força le duc Frédéric d’Autriche
à lever le liège de faint Gall 5 pénétra ,
fous la conduite d’un comte de Werdenberg ,
dans la plaine de la Turgovie ; il ravagea les
terres, & brûla les châteaux de fes ennemis ;
il fubjugua le Rhinthal & quelques pays voifins ;
il paffa le Rhin j & porta le fer &r la flamme
jufque dans le T y r o l , pour punir les menaces
infolentes des fujets du duc d’Autriche.
Les habitans de X Appenzell 3 aidés de ceux de
faint Gall , s’emparèrent de la petite ville de
W y l 3 & obligèrent l’abbé , devenu leur prifon-
nier, à ligner une trêve. Ils promettoient d’ affranchir
bientôt toute la Suabe & le T y r o l, lorf-
qu’ils furent repouffés avec perte devant Brigemd,
dont ils avoient entrepris le liège au milieu
de l’hiver, fans avoir allez- de troupes. Ils effuyè-
rent fucceffivement d’autres échecs, & ils perdirent
leurs avantages très-rapidement. Ils fenti-
rent alors qu’ un petit peuple peut défendre avec
fuccès fes propres foyers, mais qu’il ne doit pas
entreprendre des conquêtes. Robert, roi des romains
, les fit foufcrire à une trêve, en annullant
les conditions qu’ils avoient impofées à l’abbé ‘de
faint G3II.
Tranquilles, pendant quelques années, ils profitèrent
en 1411 de la frayeur qu’infpiroient encore
les autrichiens aux fuilfes : ils formèrent une
combourgeoifie perpétuelle avec fept cantons ,
leurs plus proches voifins. Un traité définitif, obtenu
par l’entremife des cantons , reconnut les
communautés du pays d’Appenzell pour un peuple
libre & indépendant. Ce traité conferva les
cens & rentes de l’abbé 3 il fixa les contributions
auparavant indéterminées, & réfervanéanmoins
aux habitans de l’Appenzell le droit de fe
racheter-des impôts des redevances.
Les fept cantons dont je parlois tout-à-l’heure
fubftituerent, en 1452, une alliance perpétuelle
au premier traité d’union & d i combourgeoifie
figné avec le pays d’Appenzell 3 enfin en 1513 le
pays de l’Appenzell fut adopté par les douze cantons
dans la ligue helvétique.
Forme du gouvernement. A cette époque , le
pays étoit divifé en douze rhodes, dont il faut
chercher l’étymologie dans le terme de rott 3 qui
fignifie, compagnie. Les guerres de l’abbé de faint
Gall avec d’autres grands vaffaux , occafionnèrent
cet établiffement de milice. Les chefs de ces rhodes
portent encore aujourd’hui le nom de capitaines.
Chaque rhode fourniffoit un eonfciller, un
affeffeur ail tribunal des jurés.,; auxquels reffortif-
loient les .caufes qui emportoient purgation par
ferment. Il fourniffoit en outre deux jufticiers
aux autres tribunaux. Ces tribunaux s’affembloient
dans le bourg d’Appenzell. La difcorde occafion-
née par la diverfité des opinions fur la réformation
, produifit, après une longue fermentation,
un changement très-effentiel dans la conftitution
de la république.
Six cantons choifis pour arbitres , favoir,ceux
de Lucerne , Schwitz & Unterwalden, pour les
catholiques 5 & ceux de Zuric , Glaris, & Scha-
fo u fe , pour les réformés, arrangèrent un cantonnement
entre les deux partis. Le pays fut partagé
en deux-cantons diftingués, mais non fépa-
rés d’intérêt : le canton des Rhodes intérieurs ou
catholiques & celui des Rhodes extérieurs ou réformés.
Ils forment* deux petits états indépendans ,
gouvernement , p o lic e , finances, & c . tout eft
diftinét j feulement les députés n’ont qu’une voix
à la diète helvétique, & ils là perdent fi leurs-
opinions font partagées.
Dans l’un & l’autre canton le peuple eft revêtu
du pouvoir fouverain. Tous les hommes au-deffus
de 16 ans ont voix à l ’affemblée générale, & ils
doivent s’y rendre armés.
Le canton intérieur eft compofé de neuf rhodes.
L’affemblée générale a ordinairement lieu
une fois par an, le dernier dimanche d’avril : elle-
fe tient alors, auffi-bien que dans les cas de convocation
extraordinaire > dans le bourg d’Appenzell
en plein air , ou au milieu de l’églife , fi
le temps n’eft pas favorable : l’on y fait l’éleérion
des magiftrats 3 du landamman , qui refte deux
ans en charge,, fi le cônfeil nationnal n’en ordonné
autrement 3 du ftallhalter ou lieutenant ;
du tréforier, du capitaine général du canton 3 de
l’édile, de l’infpedeur desëglifes , & du porte-
bannière.
Ces fept chefs, avec douze ou quatorze adjoints
, forment le petit confeil, ou confeil hebdomadaire,
qui, à l’exception des fériés, s’af-^
femble à Appenzell une fois par femaine. Les'
rhodes les fourniffent dans une proportion réglée.
Ce confeil juge des affaires civiles & fifca-
les ordinaires, & il a la police inférieure. Dans
les cas preffans il s’affocie un certain nombre
de membres du «grand confeil 5 alors il peut traiter
des affaires étrangères, donner des inftruc-
tions aux députés, di&er des bans plus forts, &c.
Le grand confeil, compofé de 128 perfonnes ,
y compris les chefs & le petit confeil, prononce fur
les caufes majeures', civiles & fifçales : il eft juge
criminel, & reçoit les comptes des finances ; il
publie les ordonnances & les édits de police, qu’il
explique fuivant les occurrences. Il ne tient que
deux affemblées fixes ordinaires 3 l’une huit jours
avant l’affemblée générale du peuple, l’autre le
16 octobre. U faut profeffer la religion catholique
pour être citoyen de ce canton intérieur ,
qui, pour les caufes matrimoniales , relève de
l’évêque de. Confiance.
Le canton extérieur ou réformé , plus étendu ,
eft partagé en deux quartiers féparés par la Sitter :
à l’ancienne divifion en fix rhodes, a fuccédé
celle en dix-neuf paroiffes. La forme dé l’admi-
niftration eft un peu plus compliquée , & elle
n’a été établie qu’après pîufieurs conteftations très-
vives.
L ’affemblée générale ordinaire du peuple fe
tient alternativement à Groguen, dans le quartier
derrière la Sitter, ou dansUrnash ou Héri-
fan , quartier devant la Sitter 3 elle eft fixée au
I er dimanche d*avril, vieux flyle.îCette affemblée
ou landfgemein, eft revêtue du pouvoir fouverain.
Deux landammans , deux lieutenans ou
ftatthalters, deux bourfiers, deux capitaines généraux
& deux porte-bannières, compofent les
magiftrats de la république. Il n*y en a jamais