
I
I
if
9 7 $ C O R
ment proferit les monnoies d'un ' autre , sJil les
trouve de trop bas alôi 5 il défend à fon gré l'exportation
ou l'importation-dés denrées ou des mar-
chandifes ,, pourvu que le tranfit dans le relie des
cantons demeure libre , & qu'à cet égard on ne
haufle point les péages 5 il fournit des troupes aux
puilfances étrangères, & fait des alliances à fon
choix, fous la réferve des traités de la confédération
helvétique. Excepté le petit nombre de cas,
déterminés expreffémeht dans les alliances, & qui
intérelfent direétement l'objet même de la ligue ,
aucun canton n'ell affujetti aux réfolutions de la
pluralité.
S'il ne s'établit pas une liaifon plus forte entre
les membres de la ligue, il faut fans doute l'attribuer
à l'inégalité dans la force particulière des
cantons, à la diverlité des. principes par lefquels
ils fe gouvernent, 8c à la diverlité des opinions fur
les matières religieufes. Les partis, catholique &
protellant , s'accufent réciproquement d'avoir rélâché
le lien, focial , par des unions particulières
entr'eux & avec des puilfances - étrangères. Les
catholiques, très-zélés pour la religion de leurs
pères , ont donné les premiers l'exemple de ces
précautions fufpeétes, & les ont po-ulfees-au point
de mettre en danger la liberté commune’} mais les j
ligues particulières entre les états catholiques de
la Suilfe, & particuliérement celle dé 1 y86 ap-
pellée la ligue d'or, ou la ligue boromée 3 font-
elles, airifi que l'avancent quelques auteurs du
parti contraire, une infraction faite à l'alliance générale
entre lès cantons ? Dans tous- ces aétes ,
produits par une extrême-frayeur des innovations
dans le dogme & dans le Culte, fuite naturelle
de l'opinion adoptée dès l'enfance touchant l'in-
faillibiiité de 1 eglife & de fon chef, nous ne
voyons que de l'inquiétude fur les progrès d'un
parti nailfant & entrèprenant, qui tendoit à obtenir
une influence prépondérante fur les fujets communs
des anciens cantons,. Les cantons évangéliques
firent, en 16 y 5 , des propofitions pour ‘une
réunion parfaite entre les cantons : les cantons
catholiques , entraînés par leur zèle & trompés
par des puilfances étrangères, y répondirent par
des déclarations générales, d'autant plus équivoques
, qu'elles furent fuivies d'un renouvellement
folemnel de leur union particulière. Une guerre
civile fuivit de près 3 les catholiques eurent l'avantage.
Les réformés, intimides à leur tour ,
ont cherché à fe procurer auffi, de leur côté ,
l’appui de quelques puilfances de la même religion.
Les deux partis auroient donc le même fujet
de fe reprocher une infraction aux premières alliances.
Au relie , tant que ces unions particulières
ne font que défenfives , & qu'elles ne tendent
point à entreprendre fur la liberté & l'indépendance
des états d'une religion différente, tant que
l'un & l'autre parti rempliffent , dans les occa-
fions, les conditions de l'alliance helvétique , il,
eft de la juftice & de la prudence, de ne juger I
C O R
des inténtlons que par les faits, & de ne point
fe livrer a la trille curiofité de fuppofer des arti-
cles fecrets, des projets cachés , & des; trahifons
poflibles. -
Les fuilfes en général paroilfent mieux fentir
aiqourd hui le danger & l'incertitude des protec-
tions étrangères 5 les'antipathies de religion s'affoi-
blinent tous les jours 5 les traités de paix ont fixé
les prétentions litigieufes } le- progrès des arts
& des lumières tempère l'inquiétude à laquelle
le livre li ai fera en t une nation indépendante &
guerrière-. Si la liberté nationale- étoit menacée s
on verrait;y nous ofons le prédire, ce grand intérêt,
l'ame des premières alliances, reprendre toute
fa force; Ce qui fe palfa en 1668, quand le tshéâ*-
tre d'une guerre entre deux puilfances voifines fè
trouva tranfporté près des frontières de la Suilfe
en- offre une preuve non équivoque 5 les cantons
convinrent alors, avec les membres alfociés delà
ligue d un plan de défenfe, par la réunion de toutes
leurs forces.
Ce même plan, dont nous donnerons une notice
, prouve que les états appellés communément
membres affociés & alliés de là Suiÿe s ne font pas
^ lstlreeon.nils cette qualité par les cantons.
D ailleurs ils ne jouilfent. pas de la liberté au même
point :: les conditions de leurs alliances font fi differentes,
qu'il eft. à peu près impolfible de donner
de l'état de ces confédérés une définition applicable
a tous. En comparant les traités d'alliance des
villes de Mulhaufen & .de Saint-Gall, avec ceux
des cinq derniers cantons,- il femble que toute ïa
différence fe réduife' à celle du titre de ortk ou
canton, & au droit accordé aux.uns, en vertu
de ce titre, de participer a la regence des pays
conquis à frais communs. D'autres, tels que l'abbé
de Saint-Gall & les peuples de Toggenbourg,
promettent aux -cantons leurs protecteurs, obéif-
fance 8e fervices. On voit fur-tout par l’exemple
des villes de Rottwyl & dé Mulhaufen , que l'engagement
avec les alfociés ell pliis foible & plus
précaire que celui entre les cantons. La prérogaé
tive, attribuée à quelques-üns de ces états, alliés
depuis long-temps , d'affiHer par leurs’ repréfem-
tans-aux conférences appellées dietés 3 ell encore
une diftinétion plus apparente que réelle. Ce n'ell
pour eux qu'un moyen de mettre leurs demandes
fous les yeux de- leurs protecteurs, & de^propofer
un avis fur les intérêts communs de la Suilfe. L'a?
vantage elfentiej dé cet attribut d'alfocié & d'allié
de la ligue des fuilfes , Zugewandte der Kidgnoffen-
fckaft, pour ces états , unis par des traités auxiliaires
, avec un nombre plus ou moins grand de
cantons, c'ell de conferver leurs libertés fous cette
protection j c'ell de participer, dans leur qualité
de fuilfes, à l'indépendance de la nation-, reconnue
dans le traité de pacification1 générale de l'Europe
en 1648, & aux immunités accordées à tous
les fuilfes en France & ailleurs-.
Nous avons déjà dit pourquoi, i l'exemple dés
G O R
.auteurs jrinlfes, nous ne regardions-' pas les fujets ■
.communs comme une portion diftinéte du: corps
helvétique. Lés traités qui concernent l'adminillra-
tidn de ces gouvernemens, n'intérelfent pas tous
les cantons, &Jont un objet particulier, qui ell
étranger au droit public national. Les dictes,. qûe
jnous réputons helvétiques ou nationales,. jorlque
•des affaires qui intérelfent tout le. corps y font traitées,
deviennent des conférences, particulières b
^q.uand, après la5 retraite des repréfentans des ét^çs
non intérelfés, les affaires relatives aux gouyerne-
mens communs y font mifes en . délibération.
Aucun Sauteur national ne nous, paroît avoir faifi
lé vrai point .de -yue du droit public, helvétique;,
approfondi'les/ intérêts' politiques.: de la: nafriop
■ &£ les? rapports, des . membres, de la ligue'.:, on n'a
fait encore que des efquilfes;du fyftêmejfeeial de 1
3a confédération helvétiquq.-Il, ell ra-re. de' trouver,
•même en Suilfe, des perfonnes qui aient une idée
julle des. divers, rapports entre les- membres: de la
•ligue helvétique.,,On pourrait la comparer à ces
grands monumens que les .fouis efforts des bras à
fans, le, ffeedurs de l'art -, i ont i quelquefois , élevés
dans Ëél fiçcles encore barbares;} ils frappant l'oeil
parla hardielfe de j entreprifo.& par letmrullicité
îublimé., -leur folidité- tient plus, à LàlËmilation des
itialfes q u 'à , laliaifon. jexàéle des parties!. -L'union
des républiques fùiffes ell plutôt fondée fur le rapport
de.leurs:intérêts & fur l'heureufo fitu.ation de 1
leur pays, que fur un équilibre bien calculé ou fur un
fyilême politique:}- & peut-être- n'en doit-on que
mieux augurer de là;perpétuité: :
.■ . C'ell improprement que. l'on donne; à cette cont
fédération le titre de république- & d'état fouveiairu
Lé nom dé état foppofo une adminillration fixe,
une autorité qui a un centre, lin pouvoir exécutif,
des revenus alfignés pour la défenfe de la na-r
tion, &c. Le corps helvétique n'a rien de tout cela.
Les. états du corps germanique font permanens} la
diète de Ratisbonne exerce une jurifdidfcion déterminée.
Les diètes des fuilfes> au contraire ne
font jamais que des congrès des délégués de quelques
uns des états confédérés ou: de tous, ensemble.
Les fouis objets fixes des diètes annuelles,
comme nous l'avons déjà obfervé, ne tiennent
point à l'intérêt national. Les conditions des traités,
quelques conventions de police générale, ne
fuffifont pas poun faire envifager la ligue comme
un corps politique individuel.
: - Le foui réglement vraiment national que nous
connoilfions, c'ell l'état: d'une armée confédérale,
ïéglé en 1668 entre les cantons & que.ques alfociés
de la-ligue} encore ne doit-il être envifagé que
comme un plan éventuel de défenfe, adopté par
■ divers états alliés. Voici, la table des contingens
impofés à chaque membre de la ligue & aux provinces
fuiettes-, fur une armé e de treize mille quatre
cents hommes-, qui doit être augmentée dans
îa même proportion,' folôn les circônllances & le
■ befoin; Cette table peut être regardée comme une
C O R 6 7 7
eftimatiori des'forces relatives de ’chàqiie état de la
liglie.OU du corps helvétique.
Pour former une armée de 13400 hommes , les
cantons fourniront :
I. Ztiri.c . >;•. .•. . . . ».#>,. 1400 hommes,
- IL Berne* • ....... . .;2ooo.
III. Lucerne.. ........... 1200
IV. U r i . . . . . . . . . . ------ . . . 400
V. Schwitz.--------. . . . . . . 600
, VI. Underwâlden...............400
VII. Z.oug ....... ............... 400
VIII. Glaris .......................400
IX. , Bâlé .... . .. . t . ; ....... 400
-X.: Fribourg . . ....... . 8 00,
XI. Soleure.. . . . i . . • 600 : -
XII. Sjchaffhoufen. 4 0 0
XIII. Appenzell,.. .. . . .. . .*< ;> 600
T ot a l ....... .............. 5)600.
Lès . -trois allies ',' l'abbay e de Saint-Gall 1000 ;
la ville de Sainè-Gallf zoô : ;: celle de Biehne 2005
enfomble 1460'. Chaque état doit fournir une pièce
de,campagne d,e fix livres ; en tout foize canons.
Les provinces fujettes ’ fourniront :
Lugano ........... .400 hommes,.
-Loçàrno........................... .. 200
. '.Mendris.,* . . . . . . . . . . . . . . . . , 100
Vai-Maggio....,....-. • . icq
Les . bailliages l i b r e s . 300
• Sargans.......... ; . 30o '.
La Thourgovie.. . . . . . . •... • - 6oo
Baden ....................... 200 .
Le Rhinthal . . . . . . . . . . . . . . . 2 00
T o t a l ..............................2400
Le rang qu'affigne cette table aux Treize-cantons.,
& qui eft conflamment obfervé dans les
aétes publics & dans les alfemblées des députés >
a été fixé , plutôt par une efpèce de coutume, que
par des décrets pofitifs. Zuric avoit déjà fait un
traité défenfif pour trois ans avec les Waldflætt
en 1251. Cette ancienne liaifon, & fon état déjà
floriffant, lors de fon acceffion à leur union perpétuelle
, lui valurent la préféance, dont elle a continué
de jouir invariablement depuis que le corps
helvétique s'eft forméi On trouve , il eft vrai, juf-
qu'en T 491 beaucoup de variations, relativement
à l'ordre dans lequel les aétes publics citent les
noms des cantons. C'eft proprement à cette époque
que cet ordre a été fixé. Auparavant les cantons
populaires, cédoient volontiers le pas à toutes
les villes} mais depuis l'alliance avec Fribourg &
Soleure, les huit anciens cantons ont confervé leur
rang; En vertu de fa qualité de premier canton ou
de Vor-Orth , la ville de Zurich eft le liège de la