
cultures de Lin dans les pays chauds , quoique ce
foie le climat qui lui convienne le mieux, fous le
rapport de la nature de la plante, puifqu’elle en
eft originaire.
Le Lin femé, avec les précautions indiquées ne
tarde pas à lever. Il ne demande.,aucun loin juf-
qu’à IJépoque où. il monte en fleurs, à moins que
quelques mauvaifes herbes d’une grande ftacurene
l'oient à arracher, ce qu’ on fait de loin avec une
houlette ; car on ne peut y entrer fans grands dommages,
A cette époqueJe Lin de fin,, ou grand
Lin , demande, à raifon de la foibleffe de fes
tiges , à être garanti des efforts des vents & des
pluies d’orages, par le moyen de perches, ordinairement
de faille où d’aulne , fixées parallèlement
au fo l, à un pied d’élévation, fur des
piquets fourchus , enfoncés des .deux côtés du
champ-, à trois, quatre, fis &r huit pieds les
uns des autres , plus ou moins, félon l’importance
que l’on met au fuccès , perches qui refient juf-
qu’à la récolte.
J’obferverai, à, çette'occafion, qu’ en tous pays,
& furtout dans ceux où on ne rame pas le Lin , il
elt toujours fort avantageux de le femer dans des
enclos qui le garantiffent des vents & concentrent
la chaleur du foleil. A défaut de murs & de
haies, on peut faire des abris avec de la paille,
des rofeaux & autres matériaux de ce genre.
Voyei Abri.
Olivier de Serres avait déjà obfervé que les
tiges de L in , dont la fleur avortoit, devenoient
plus grandes & donnoient de là filaffe plus fine. Il
y aurait donc fouvent de l’avantage de pincer les'
fleurs avant leur épanouiffeiBent, pour produire
les mêmes réfui ta ts. Je fuis fur pris que les habiles
cultivateurs de la Flandre , pour qui la dépenfe
Fv’ eft rien lorfqu’ils ont le Lin le plus parfait, à
raifon du haut prix auquel il fe vend, n’ aient pas
employé ce moyen fi fimp.le & fi concordant avec
les principes de la théorie. Je les engage à faire ^
des e fiais à cet égard, puifque les réfultats peuvent
leur en être fi avantageux.
Deux plantes parafites nuifent fouvent beaucoup
au Lin pendant fa croi fiance ; la eufeute,
qu’à caufe de cela on appelle augure ou angoife de
L in , & l’orobranche rameufe. Arracher ces deux
plantes dès qu’elles fe montrent, fans craindre les
dommages qui en pourront, réfuker pour le L in ,
font les moyens les plus afiurés de les détruire
pour le moment préfent & pour l’avenir.
Ün infeéte dont Olivier de Serres a parlé, mais
que je n’ai pas eu occafion de voir, dévore le Lin.
Cet agriculteur recommande , pour le garantir de
fes ravages , de faupoudrer la linière de cendres.
.
Mais ce qui fait le plus de tort au L in , à toutes
les époques de fa végétation , c’eft: la féche-
refie, qui l’empêche de s’élever & s’oppofe au grof-
fiffement des capfules. Il n’y a , comme je l’ai dit plus
haut, que des arroiemens qui contre-baiancent fes
if
Ii
|
effets î mais il n’éft pas pofiible d’en faire dam
une infinité de lieux. Si .on femoit le Lin entre
deux rangées de topinambours , écartées feule;
-ment de fix pieds , & dirigées du levant au cou.
chant, on diminueroit beaucoup les fuites de h
fécherefle, au moins pendant la ieconde rnoiriéde
la végétation du Lin, qui eft le tems pendant lequel
elle eft plus commune & plus dangereufe
Ces rangées de topinambours, fer vaut également!
garantir ces tiges des effets des grands vents évi.
teroient fou vent,les frais du ramage.
Le moment de la récolte du Lin dépend de
l’objet qu’on a en vue en le fetnant.
Ainfi, fi on veut une filalTe forte, mais grof.
fière , & de la graine abondante & de b o n n e <p.
lité, il faut attendre que toutes les capfules foient
devenues jaunâtres, ou que la plupart foient
entr’ouvertes.
Ainfi, fi on veut une fiiafle très-fine, très-
foyeufe, il faut l’arracher d è s que les dernières
fleurs font tombées ; mais alors la fila ffe (fl
foible.
Dans le midi on fuit la première pratique; dansl
le nord , principalement aux environs de Sainyl
Amand, on fuit la fécondé. En Normandie, enl
Bretagne , & dans les autres cantons de la France
où on fabrique des toiles fines, on préfère un
terme moyen encre ces deux extrêmes 1 c’eft-à-
dire , qu’on récolte le Lin lorfque la moitié des
capfules font mures.
Les Lins verts fe rouiffent plus facilement que
ceux qui font trop murs , & malgré le rouillage
le plus parfait, la filaffe de ces derniers fe fépaie
plus difficilement de la tige.
Il eft, dit-on, des pays o ù on fauche le Lin; mais
en France, c’eft toujours en l’arrachant qu’on le récolte.
Cette opération doit être faite a v e c les
précautions convenables , c’eft-à-dire , qu’il faut
prendre garde de cafter les tiges, qu’ on d o it les
débarraffer des herbes & de la terre qui pourroiem
y être attachées, & les coucher tout doucemeilt
par poignées fur la terre, les têtes to u r n é e s du
côté du midi, ou attachant trois poignées enfern-
b!e, & , les écartant, pofer les racines fur la terre
de manière à ce que les tiges refient d r o it e s .
Lorfque les tiges font complètement fèches, ou
on en fepare les capfules en les faifant pafTer à travers
les dents d’un peigne à dents de fer, àc«
effet fixé fur un banc, ou on en] tire les graines immédiatement
en les égrugeant fous une pi,erre, un«
planche, & c . , ou en les battant avec un bâton,
un fléau, & c . Le premier moyen eft préférable)
en ce que l ’on peut prendre fon tems pour oter
les graines des capfules, & que plus elles y refont)
plus elles fe perfectionnent.
Le rouiffage du Lin fe fa it , félon les pays, QU
immédiatement après la récolte, ou aux appf°;
chesde l’hiver, ou au printems, ou pendant 1 $
fuivant. On l’exécute ou dans l’eau, ou dans É
terre, ou fur l’herbe. J’ai développé, au «ffl
Rouis sAGfj
■ R o u is sa g e , les avantages & les inconvéniens de
; ces divers modes, üc j’y renvoie le leCteur.
f Dans quelques lieux on fait* lécher le Lin roui
K dès qu’il eft forti de l’eau, au moyen de la chaleur
■ du feu > mais cela n’a aucun avantage & offre des
I inconvéniens de plufieurs fortes. ( Voy e^ Ha l -
B ler.) Il vaut mieux attendre quelques jours de
B plus & les éviter; car il eft rare qu’on foit très-
■ preffé d’employer le Lin.
La graine de Lin a trois principaux emplois : ou
■ on la réferve pour la femer, ou en tire de l’huile,
I ou on la vend aux apothicaires pour l’ ufagè de la
■ médecine.
I Dans le premier cas, il eft bon de ne l’égruger
■ qu’au moment de s’en fervir, & on peut fe dif-
R penfer de la nétoyer.
I Dans|e fécond, il eft également bon de ne l ’é-
R gruger que le plus tard pofiible ; mais il faut la né-
1 toyer exactement de tous les fragmens des capfu-
■ les, de toute la terre & autres objets étrangers
■ qui peuvent s’y trouver mêlés.
R II en eft de même Iorfqu’on la deftine à la vente.
I La graine de Lin , battue & vannée , furtout fi
Rc’eft peu après la récolte, fera étendue dans un
■ grenier, & remuée d’abord tous les jours, enfuite
■ tous les deux jours, tous les trois jours, toutes
Ries femaines, jufqu’ à ce qu’elle foit extrêmement
■ fèche & propre à être mile dans des facs ou dans
■ des tonneaux fans y moifir.
■ Comme toutes les autres graines huileüfes, celle
idu Lin donne moins d ’huile lorfqu’ on la porte de
■ fuite au moulin , que quand on attend un ou deux
■ mois pour le faire, à raifon que le mucilage qu’elle
■ contient, continue , pendant ce tems, à fe tranf-
Rformer en huile ; mais fi on tardoit trop long-tems,
Ron tomberoit dans un autre inconvénient, parce
■ que l’huile ranciroit. Voyez Huile & Moulin a
■ h u i l e . 1 La petitelfe des tigès du Lin ne permet pas d’en
»enlever économiquement l’écorce, quoiqu’on le
Iiafle quelquefois, en le tiliant comme le chanvre.
mKoye£ Broie.
| ' Les opérations que fubit la filaffe pour être en
letat de fervir à faire de la toile, ainfi que la fab rication
de la toile, quoique fe faifant dans les cam-
ipjgnes, ne font plus du reffort des cultivateurs.
i y n 5_n couvera la defeription dans le Dictionnaire
I w.Manufattures & Arts, rédigé par mon eftirhable
Roland de' la Platière , depuis miniftre de
linteneur, & une des vi&imes de la révolution. 1 ? eft des cultivateurs qui fèment du Lin plu-
Inp ürS-anneeS d? fui; e <*ans Ie même foi ; mais ils
Lfl\i°1Vent pas ^tre. imicés ■» d’après le principe des
f t i J M l principe qui s’applique àux plantes !
f f i l OE graines huileufes bien plus ri- j
IPas d ? r^enr ? U MH autres- Cincl à flx ans font j
[dans l e S e t c a l “ “ “ ' P° Ur reniettre du Lin j
l a j® Pèr,e e,ft d’avis'que . dans le midi 1 la rof
Aeric I eC° dans Agriculture. Tome V. laauel'e enwe le Lin !
Il doit être une récolte fauchée en vert fut terrein
amende, fui vie de trèfle & de froment ou-de ra-
ves, de haricots, de maïs-fou rage ou de fè v e s ,
velces & froment. Il ellime qu'une bonne récolte
de Lin fur un heélare produit 900 f r im a is
que cette fomme en re pré fente ordinairement
trois. 1 ufage, dans le canton de Mézin. départe-
ment de Lot & Garonne , étant de faire précéder
& (uivre cette récolte d'une jachère'. - .
Très-fréqUemment. dans les parties intermédiaires
de la France, on confacre des prés défrichés à
U culture du L in . & cette pratique eft dans le cas
d erre imitée; mais au lieu de labourer le fol pendant
dix-huit mois fans profit, on doit de p S é -
rence y femer d'abord de l'avoine, enfuite des
plantes qui exigent des binages d 'été, comme haricots,
pommes de terre,maïs, &c.
D'aprèsle même principe, le Lin eft dans le cas
de profpérer aprèsun trèfle, & c'eftce que prouve
fexpenence, non-feulement dans les départèmens
leptentrionaux, mais encore dans les pays les plus
chauds, en Italie, par exemple.
On a remarqué en Zélande qu'il étoit très-avan-
tageux de le fubftituer à la garance & au houblon
Il elt généralement reconnu, dans les départe-
mens du nord > que le blé réuffit fort bien après le
Lin ; mais fouvent, pour gagner deux récoltes de
B H B S fème des raves ou de la navette dès
qu il eft arraché, quelquefois même avant qu’il
foit arrache, & au printems, des p o is ;d e la vefee
ou autre fourage , qui permette un ferais de ftc -
ment 1 automne fuivant.
Arthur Young propofe pour l'Irlande, pays oii
on recofte prodigieufement de Lin , le cours de
récolté fuivant :
fe r r é s légères: i®. turneps, 2°. Un , 30. trèfle,
4o’ ou pommes de terre, i° . Lm J
3 . trèfle , 4°. froment.
Terres fortes : i° , fèves , 2°. L in , 30. trèfle ,
4 . froment.
- On dit qu'on cultive, dans quelques lieux , le
Lin pour fourage , foie feul, foit mélangé avec des
cereaies, des légumineufes, &c. Je ne crois »as
cette pratique dans le cas d'être imitée.
du Lin vivace fait croire , à raifon de
fa fimihtude^ avec , l'efpèce dont il vient d'être
queftion qu’ il feroit. d'une grande importance de
île lui fubftituer; mais quelle que foit la quantité de
graines que Thoum ait répandues en France dans
ces vingt dernières années, il n'eft pas encore forti
des jardins. Je ne puis croire que ce foit unique-
ment a caufe que fa filaffe eft plus groflière que ■
celle du Lin cultive; car Davantage d’être vivace
de donner trois coupes dans la même année de ne
craindre ni le chaud ni le froid , de s’accommoder
des terres les plus médiocres, &c. femble de-
beaucoup compenfer cette infériorité. Toutes les
expériences faites en France, en Angleterre & en
Allemagne , ne mettent pas fur la voie d'expliquer
ce myftère. Il faut croire qu'il fera un jour
Aa