
& même ria la diminution que cela-apporte à la
ponte. Au contraire., il faut alors les forcer en
nourriture, & leur donner de préférence des
nourritures plus fubftantielles & plus échauffantes ,
comme le farrafin & le chenevis.
Il eft également indifpenfable de leur donner à
manger au colombier torique de fortes & longues
pluies les empêchent de fortir.
Outre ce que trouvent les Pigeons aux champs
pendant l'été & l’automne , ils partagent inégalement
avec les autres volailles ce qui refte dans les
épis après le battage des céréales, ou ce qui tombe
à terre dans les différens tranfports de ces céréales
, je dis inégalement, parce que la conformation
de leur bec & l’abfencéde.la faculté de gratter
la terre ne leur permettent pas de chercher le
grain ; ils fontsbornés à celui qui frappe leurs yeux.
Les diftributions qu’ on leur fait dans le colombier
doivent donc être plus fortes que celles qu’on fe-
roit aux poules de même groffeur.
Prefque toutes les graines farineufes ou hui-
leufes d’un volume égal ou inférieur au plus gros
pois font dans le cas de fervir de nourriture aux
Pigeons; cependant il eft reconnu que, dans le
nord de l'Europe, la v efce, &- dans le midi, le
maïs, l'ont celles qui leur pîaifent & leur conviennent
le mieux ; aulli en fème-t-on pour eux dans
toutes les exploitations rurales bien montées. On
leur donne auffi fouvent des pois, des lentilles,
de l ’orge, &, comme je l’ ai déjà obfervé, du farrafin
& du chenevis. Les pépins de raifin, qu’on perd
prefque partout, font encore extrêmement de leur
goût. 11 a été remarqué que pour eux, encore
plus que pour les poules , il étoit bon de varier la
nourriture, & ne pas leur en donner affez pour les
trop engrailTer.
J’ai parlé jufqu’ à préfent comme fi la nourriture
des Pigeons leur étoit toujours donnée dans le colombier
; mais le vrai eft que , dans 1 état de malpropreté
où on le laiffe prefque partout, il fc-
roit impoflïble de le faire à moins d’y étaler des
toiles ou des planches. En général, c’eft dans la
cour, foir & matin, & en commun avec les autres
volailles, qu’on la leur donne le plus généralement.
Cette pratique n’ eft pas fans in convenions
pour les Pigeons, que leur foibleffe rend victimes
de tous leurs co-partageans. Il feroit bon de faire
cette diftribution dans une cour féparée, furtout
pendant qu’ils ont des petits.
Dans les pays où il n'y a pas d’eau dans les
champs ni dans le voifinage du colombier, il eft de
toute néceflïté d’en donner aux Pigeons , car ils
boivent beaucoup.
Les Pigeons fuyards font conftamment deux
pontes par an, la première en mars & la fécondé
en aoûr. Souvent cependant ils en font une troi-
fième dans l'intervalle des deux précédentes, fur-
tout lorfqu’ on a enlevé jeune le réfultat de la première.
Dans le Midi ils en font trois & quelquefois
quatre. Ces pontes ne font que de deux oeufs produits
à un jour d’intervalle, dont le plus fouvent
l’un donne naiffance à un mâle, & l’autre à une
femelle. Les deux fexes concourent enfemble, mais
la femelle plus que le mâle, à la conftruCtion du
nid, à l’incubation des oeufs & à la nourriture des
petits. Les petits éclofent le dix-feptième ou le
dix-huitième jour, & quelquefois même feulement
le dix-neuvième. Il arrive quelquefois qu’ un
des oeufs ou tous les deux font inféconds ; ce qui
fait perdre une moitié de couvée ou une couvée
toute entière , & cela, fi on pouvoir s'en affûter
auffi facilement dans un colombier que dans une
volière , n’opéreroit qu’un retard de quelques jours
dans la naiffance des petits , à raifon de ce que la
couple à qui on a enlevé (es oeufs pond de nouveau
peu après. Voye% (Eu F.
Jamais on ne doit tourmenter les Pigeons pendant
la ponte & la couvaifon , c’eft-à-dire, qu’il
faut n’entrer dans le colombier que pour enlever
les petits bons à manger, autant que poffible feulement
une fois par femaine , & vers les neuf heures
du matin, lorfque' la plupart des Pigeons font
dehors. En faifantla revue' des boulins on enlève
auffi les oeufs abandonnés & les petits morts.
Le père & la mère des pigeonneaux les nourriffenc
tour-à-tour en dégorgeant dans leur bec
du grain d’autant plus digéré, qu’ils font plus
jeunes, & ne les abandonnent entièrement que
lorfqu’ ils font affez forts pour voler & pourvoir
eux-mêmes à leur nourriture. Souvent, lorfque
le père & la mère font tués, d’autres Pigeons
fe chargent de les fuppléer, mais auffi fouvent les
'petits, dans ce cas, meurent dans le nid.
A cette époque on ne doit pas fe refufer,
quelqu’abondans que foient les grains dans la campagne,
à donner aux Pigeons un füpplément à la
maifon, principalement s’il pleut : là groffeur &
le bon tempérament des pigeonneaux dépendent
de ce.foin.-
11 ne faut pas attendre que les pigeonneaux
mangent feuls pour les vendre ou les employer à
la confommation, i° . parce qu’alors ils maigrif-
fent; 2°. parce que leur chair perd de fa fineffe;
30. parce que plus tôt les père & mère en font priv
és, & plus tôt leur ponte recommence. C ’eft à
! environ un mois avant qu’ ils for.tent du nid,
! qu’ il eft convenable, fous le plus grand nombre
! de rapports, de s’en emparer.
Les cultivateurs jaloux de la profpérité de leur
colombier réfervenc toutes les premières couvées
pour réparer Tes pertes, parce qu’elles font les
meilleures. Ils marquent en conféquence, dès
le commencement de la ponte, le nombre de
nids garnis d’oeufs qu’ ils jugent néceffaires, afin
qu’on ne touche pas aux couples qui en doivent
fortir. ,
Les Xexes des jeunes Pigeons fuyards ne fe dif-
tinguent pas aifément la première année> niais
à la fécondé, le roucoulement indique bien eerr
tainement
tainement le mâle. Au refte, on a rarement besoin
de le favoir.
Je renvoie au Diflionnaire d'Ornithologie ceux
ui défirent de plus grands détails fur les moeurs
es Pigeons, moeurs qui ont été de tout ttins
citées comme des modèles d’amour conjugal &
d’amour maternel, parce que cela fort de l’objet
de cet article.
On donne généralement le nom de Pigeons de
volière à-toutes les variétés de Pigeons autres que
le bifet & le Pigeon de colombier, qui, comme
je l’ai déjà obfervé, diffèrent peu l’un de l’autre;
cependant il eft rare qu’on place dans des volières
les variétés qui, comme celles des mondains,
réunifient la groffeur & la fécondité. On leur
confacre généralement de petits colombiers appelés
fuies , pratiqués dans une chambre, un grenier,
& c . Dans ces fuies, qui n’ont qu’une fenêtre
qu’on ferme tous les foirs, fe placent plus ou
moins de paniers d’ofier faits exprès, ou plus ou
moins de cafés conftruites en planches, les uns
& les autres deftinés à recevoir les couvées. La
propreté la plus exaCte doit y être entretenue.
Chaque fois qu’on enlevera des pigeonneaux, on
ôtera la paille de leur nid. 11 faut toujours qu’ il y ait
de l’eau pure, c'eft-à-dire, de l’eau renouvelée au
moins deux fois par femaine en é té , dans un baquet
couvert en partie, ou dans un vafe où elle tombe,
à mefure de la confommation, d’un autre vafe
renverfé ( voy. Pom p e r leur manger fe met dans
desefpèces de trémies, fouvent diviféesenplufieurs
compartimens, un pour chaque forte de graine,
trémies d’où elle s’écoule, à mefure de la confommation
, dans des augets étroits & furmontés, à
deux ou trois pouces de diftance, d’une petite
planche qui empêche les excrémens d’y tomber.
Comme les mondains & autres grofles variétés
volent difficilement, elles ne s’éloignent pas de
leur domicile, & on eft forcé de les nourrir toute
l’année, & plus abondamment lorfqu’elles ont des
petits, c*eft-à-dire, pendant près de fix mois ; car
elles font ordinairement huit & même dix pontes
par an dans le climat de Paris ; auffi ce que coûte leur
entretien, principalement dans les villes, où il faut
acheter toute la graine quelles mangent, porte-
t-il le prix des petits à un taux tellement élevé ,
qu’il n’y a que les gens riches qui puiflent en
manger. Ces petits, au refte, par ledr groffeur &
l'excellence de leur goût, font au nombre des
meilleurs alimens de luxe, & , fous ce rapport,
ils font recherchés pour les repas d’apparat, à l’oc-
cafion defquels on ne craint pas la dépenfe.
La vefce" ell la nourriture habituelle des Pigeons
de fuie aux environs de Paris, & plus au
nord. Dans le Midi, c'eft le maïs. Ce que j ’ ai dit
des avantages de varier la nourriture des fuyards
leur eft complètement applicable ; ori la leur diftri-
bue matin & foir.
Il eft affez commun de voir des individus fté-
riles parmi ces grofles races ; mais comme on entre
Agriculture. Tome V .
tous les jours dans l’ intérieur de leur habitation
pour leur donner à manger, & que généralement
les fuies ne font peuplées que d’un petit nombre
de paires, on les reconnoit facilement & on les
tue pour la confommation.
On ne doit jamais laiffer non plus dans ces fuies
de Pigeons dépareillés, parce que fi c’ eft un male,
il y portera le trouble, 6c que fi c’eft une femelle,
on ne pourra que difficilement lui donner un mâle ,
foie qu’il foit plus vieux, foie qu’il foie plus jeune
qu’elle.
Enlever les vieilles couples lorfque leur ponte
commence à diminuer, eft une operation également
très-facile, parce que leur petit nombre
permet de les remarquer.
Lorfqu’on veut peupler une fuie ou une volière,
il eft mieux d’y mettredes Pigeons déjà appareillés,
que des Pigeons pris au hafard, quoique les mâles
foient en même nombre que les femelles, parce
que les individus mâles &r femelles qui fe font déjà
affectionnés s’attachent difficilement à d’autres.
11 eft des amateurs qui trouvent de. l’avantage à
croifer les races en prenant la précaution de choi-
fir toujours la femelle plus groffe que le mâle ;
d'autres qui foutiennent qu’il vaut mieux confer-
ver les races pures. Il peut être indifférent de
prendre parti pour les uns ou pouf les autres, mais
il ne l’eft pas de profiter des belles variétés en
groffeur & en fécondité, en difpofition à la graiffe,
que,le hafard préfente, pour, en les accouplant ,
en former de nouvelles races préférables à celles
qui font connues. C'eft par ce moyen qu’ on s’eft
procuré toutes celles énumérées plus haut. Je fais
ici cette obfervation, parce qu’il eft conftaté que ce
font les variétés les plus éloignées du type primit
if qui font le plus dans le cas d’en donner de
nouvelles & de plus perfectionnées ; auffi toujours,
dans ces races, doit-on ne conferver, pour
la reproduction, que les plus beaux individus, & ,
autant que poffible, ceux provenant de la première
couvée duprintems, lefquels font ordinairement
une ponte la même année, & font en plein rapport
la fécondé. Leur v ie , au refte, ne s'étend pas
au-delà de celle des Pigeons fuyards.
Certaines fuies ont une volière plus ou moins
étendue devant leur fenêtre, volière où lès PU
geons vont prendre l’air à volonté. Il eft toujours
à defirer que cela foit, lorfque , par un motif quelconque,
on ne peut leur laiffer la liberté; car ceux
qui ne fortent jamais, quelque bien foignés qu’ ils
foient, fe portent moins bien & onc la chair in^
férieure en bonté.
Les variétés de Pigeons qu’on place le plus
communément dans une volière proprement dite,
font celles qui fe font remarquer par la beauté de
leur plumage ou la fingularicé de leurs formes,
principalement les 3*., 4e. , 5e. , 7 , 8e. , 11 e.
12*., 13e. , 1 y* ., 16e. & 20e. Du refte, on les
traite comme ceux des fuies, excepté qu’ils demandent
encore plus de propreté, à raifon de«
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