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court, houes qui fe.confondent généralement avec
la pioche, parce qu’elles agiffent de même. Ce
font elles qu’on fubftitue aux précédentes , dans
beaucoup de cantons, pour les binages : de là le
nom de Binette (-voye^ ce mot) que porte la
plus petited’entr’elles. On les emploie auffi à faire,
lorfque le terrein n’effni trop dur ni trop caillouteux
, des défoncemens femblabiés à ceux que j’ai
dit plus haut être le plus fouvent entrepris avec la
pioche.
Lorfqu’ il s’agit de culture délicate, on fait
quelquefois palier à la claie ou même au crible les
terres divifées par la pioche ou la houe 3 ce qui
en extrait toutes les groffes pierres, toutes les
groffes racines, & opère un mélange auffi parfaic
que poffible. Cette opération eft donc un complément
très-avantageux aux Labours > auffi doit-on
la pratiquer toutes les fois qu’on établit un nouveau
jardin potager ou une culture de plantes
étrangères , l’augmentation de dépenfe à laquelle
elle donne lieu écant bientôt couverte par la beauté
des produits & par la facilité-des Labours.
Les avantages de la troifième forte de Labour
font 1a rapidité & l'économie. En effet, au moyen
de la bêche, fuppofée entrer à quatre pouces de
profondeur, qui effile terme ordinaire de l’entrée
des charues, on ne peut labourer que cinq à fix
perches carrées par jou r , au moyen de la pioche
que quatre à cinq perclus, au moyen de la houe
à large fer & à court manche que douze à quinze
perches, & upe charue bien attelée, dans une
terre de médiocre confiltance, laboure jnfqu'à un
arpent par jour.
Ces avantages font d’une telle importance, que,
fans la charue, les hommes ne pourroient pas exister
en grands corps de nations , il n’y auroit que
de petites peuplades pauvres , comme on en voit
en Afrique & dans quelques parties de l’Afîe.
Comme il n’a pas été queftion de la C harue à ce mot, il faut fuppléer ici à cet oubli.
Il y a tout lieu de croire , d’après un paffage de
Caton, que les Romains employèrent deux fortes
de charue, une légère, qui effi notre araire, &
une pelante, fur la forme de laquelle il n’effi pas
auffi facile de fixer fes idées j mais fi on en juge
par ce qui a lieu aujourd’hui, il eft probable qu'il
y en avoir un bien plus grand nombre. En effet,
li on parcourt la France , on trouvé partout des
charues de dimenfîons &c de formes différentes,
qui chacune , au dire des^cultivateurs qui les emploient
, eft la meilleure poffible, relativement au
terrein qu’elle eft deftinée à retourner. C ’eft encore
bien plus.fi on voyage dans toutes les parties
de l’Europe, dans l’Inde, dans la Chine, &c.
Peut-on croire que cette multitude de charues foit
néceffaire, que l’opinion ci-deflus énoncée foit
fondée, qu’ il faille prendre à la lettre cet adage
de Caton : Ne change point ton foc. Je ne le penfe
pas quand je confidère que la nature des terres
varie beaucoup moins que les charues, 8c que
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prefqu’aucune n’eft conftruite dans des principes I
propres à lui faire produire le plus grand & le I
meilleur effet avec le moins de force poffible.
Dans l’impoffibilité d’indiquer ici la meilleure I
charue, je vais d’abord pofer les principes d’après I
lefquels elle doit être conftruite , & enfuite indi- I
quer celles qui paroiffent le plus s’approcher de la I
perfection. ' '
Toute charue eft compofée de quatre parties ; I
favoir : le fep, le fo c , l’âge ou la flèche & leman- I
che. A ces parties fe joignent fouvent l’oreille ou J
le verfoir, le courre ik l’avant-train. .
Entrer dans la terre à la profondeur jugée con* I
venable eft la plus importante des qualités de la I
charue. G'eft de l’ouverture de l’angle que forme1 I
l’âge ou la flèche avec le tèp, ouverture qui varie I
ernre dix-huit 8c vingt-quatre degrés, qu’elle dé- I
pend. Quand on veut avoir un fi lion profond, on I
diminue cet angle, & on l’augmente fi on veut I
qu’ il foit plus fuperficiel. Si la charue eft mal faite, I
& quej'angle ci-d-ffus foit hors des proportions I
indiquées, le conducteur appuiera inutilement fur I
les manches3 il »’obtiendra pas plus de profon- I
deur.
C ’eft par le moyen d’un ou de plufîeurs coins, I
qui fe placent dans une mortaife pratiquée à l’âge I
à fa réunion avec le fep , qu'on augmente ou di- I
minue l’entrüre des charues fan$ avant-train, & I
c’eft en avançant ou reculant l ’âge fur la fellette, I
qu’ on produit le même effet dans les charues à I
avant-train.
11 eft quelques charues fans avant-train où l’angle I
d’entrure eft invariable, & où , pour fuppléer aux I
effets qu’elles ne peuvent produire , on rend les I
manches mobiles, afin d’ en mettre de courts ou I
de longs à volonté; mais ce moyen fatigue beau- I
coup plus le conàuôteur, & ne remplit qu’impar- I
faicement foti obj ;t ; aufli les Labours qu’elles font I
font-ils toujours mauvais.
Le point de tirage des charues d o it, d’après la I
théorie , être auffi voifin que,poffible de celui de I
la rélïftance. C'eft pour ne pas faire attention à I
cette confédération que tant de charues, d’ail- I
leurs bien conftruites, ne produifent pas tout l’ef- I
fet qu’on a droit d'en attendre. Ce point eft donc I
la fécondé chofe fur laquelle l’attention des conf- I
trusteurs de charues doit fe porter.
Deux chofes font à confidérer dans la conftruc- I
tion du fep 3 la première c’ eft que faréfiftanée, I
dans le travail , eft-moins à fa pointe que fur fes I
côtés , 8c eft moins due à la pefanteur qu’ à l ad- I
hérence des parties de la terre qu’ il retourne. Il I
doit donc être de bois dur & fufceptible de poli, I
tels que le poirier, le forbier/le prunier 3 cepen- I
dant on le fait le plus communément ou de hêtre, I
ou de frêne', ou de chêne. Sa fuiface inférieure I
& fes lurfaçes latérales, ne feront pas plates mais I
un peu concaves, afin de donner plus d’affiète à I
la charue dans le travail 8c empêcher qu’elle s’ufe
trop fur fes bords. Pour rendre les frottemens I
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I encore moindres, on eft dans l’ ufage, dans quelques
K parties de l ’Angleterre, de mettre une ou deux
I roulettes, très-baffes à l'extrémité poftérieure du
I fep, & cette pratique eft très-recommandab'e ;
I car c’eft de la marche aifée de la charue que dé-
■ ' pendent les bons Labours,
i Les verfoirs ou oreilles ayant les mêmes frot-
I terriens à. èffuyer que le fep, ils doivent être conf-
B truies avec les mêmes bois & être également bien
I polis. En Angleterre , on les fait fréquemment
B en fer fondu, & on y trouve de nombreux
B avantages-
I L'accélération ou le retard du Labourage, font
B beaucoup influencés par la formedu verfoir. Qiiel-
I ques perfonnes croient qu'une fimpie planche
I remplit toutes les indications qu'il préfente ; mais
B la néceffité de renverfer la terre avec le moins de
■ frottement poffible, exige qu’on lui donne une
■ forme recourbée.
F M. Arbuthnot eft dans l ’opinion quela courbure
I (emicycloide eft celle qui oppofe le moins de
i réfiftance; & , en effet, il paroif que c’eft la meil-
lletire dans les terres fortes, mais dans les terres
I légères, elle ne décharge pas la terre auffi vite
I que le feroic une demi -ellipse. ■
B Partout, c eft au halàrd que les charons taillent
■ ■ Jes oreilles ae leurs charues; auffi, dans les pays
■ ou les grandes oreilles font ufitées, n'en trouve-
■ t-on pas deux qui fe reffemblent; & tel cultiva-
Iteur, comme jé l'ai vu fouvent, qui a cette année
lu ne charue qui travaille avec la plus grande faci-
I.hte en aura une l'année fuivante qui fera moins
1 de befogne , & de la plus mauvaife befogne , en
■ fatigant davantage lui & fes animaux.
K l „Pou,r f l 'ni ' n u er ces graves inconvéniens, BmW
■ luitre Jeffevfon, préfident des États-Unis de l'A-
iménquèj a cherché s'il n'y avoit pas moyen de
l tailler des verfoirs d’une courbure rigoureufement
■ uniforme, & il a indiqué une méthode graphique
Iqui remplit cet objet. Comme il faudroic Ues
I ftgures pour en donner une idée, je renvoie aux
H B S du Mufeum d'HiJloire naturelle de Paris
| ou elle fe trouve décrite.
I Dans la plupart des charues, la flèche eft droite ;
■ cependant li eft des cas, comme quand il y a plu-
Iheurs coutresoù elle gagne à être droiteà fabafe,
t e s cou rra3"5' r reK® de ■ ces coutres puiffent etre af ap leoun Spurèesu fd 'sé aaaflien loqnue-
Igueur, ce qui affûte de' leur force. 3
■ Le bois le plus lourd & le plus dur, eft le meil-
fceurpoU nftruire le m a n ch e t ,a | | | | § |
m I S f i contrebalan« r la pefanteur du
du foc & des coutres, & réfifter aux efWfc
jqqe le conducteur eft obligé de faire fur lui C ’eft
jptefaue partout le chêne q L n y empbL C ■
Iterre “S e f arUeSj d.eftinées à lab° ^ B
V . pu Ile a volonté pefer de tout le poids de fon
corps, foit fur le centre de direction, foit fur un
des côtés, lorfque le foc fe dérange de la licne
qu il doit fuivre : ce double mancheeft tantôt d’une
feule tantôt de deux pièces; fa hauteur dépend delà
taille de celui qui doit la conduite ; i! vaut mieux
qti il foit un peu trop court que beaucoup trop
long. r r
Dans l'origine, ainfi que je l'ai dit plus haut
on iabouroïc avec un fep pointu, & on le fait encore
dans quelques cantons dont le fol eft t rè>-
leger ; mais dans des terrains,tenaces & pierreux'
il feroit bientôt ufé fl on ne le garniffoit d’on fer
qu on a appelé foc.
On peut ranger en trois claffes les nombreuf-s
formés qu.on a données au foc de la charue
Dans la première , font- les focs qui offrent un
triangle ifocele dont l'angle de la pointe eft très
aigu, & les deux autres repliés autour du fep
Dans la fécondé, fe placent ceux qui font pref-
que équilatéraux , ou les angles poftérieurs font
arronffis & evafes en forme d'ailes, & au milieu
du deffous defquels eft une véritable douille
Dans la troifième, on met ceux qui font comme
coupes en deux, c eft-a-dire, dont le côté gauche
eft^fans largeur, & le côté droit pourvu d'une
Ces charues qui n'ont qu'un demi-foc fi i-
' puis employer cette expreffion, & qui coupent net
le terrein,.font un Labour régulier & de belle-
apparence, mais peu ameubjiffant. Au contraire
e foc des autres agiffant fur les deux côtés de la
ligne labouree, difpofent la terre qu'elles ne ren-
verfe pas, a s emietterdavantage ad tour fuivant-
n o m a d e s '^ le plus grand
Pour pouvoir pénétrer plus-aifément dans la
terre, 1 extremrte anterieure du foc femble devoir
ette très-pointue ; fouvent cependant il eft arrondi
& aplati, d autres fois il eft terminé par un croif
PPiiccaarrddiiee.’ 'cCeess dd”e ux dernier°s“ fboicfusr <p!auréo icfofemnmt fei een»
contradiftion avec les principes, que je ne pour-
rois pas croire à leur adoption fi% ne les avo s
pas vus en aaion. ; V01s
unDfoc5Jan S r' eS ,comPactf & non pierreufes,
un loc aigu & a ailes tranchantes eft favorable à
la bonté & a la promptitude du Labour, parce
qu il doit couper. Si on en employoit un fem-
blable pour les terres légères & pierreufes, il s'u-
feroit rapidement fans utilité puifque là il n'a be
foin que de foulever la terre. a De
On ne peut trop bien choifîr le fer des focs 1'
S f i e ™ f l ten d -re P0Ur f l f l ™oins Pf! 11 dou n etre pas trop dur . crainte
quilsebrèche & fe caffe : leur pointe & * 1 1
ailes font le plus fouvent armées d’acier.
Le couwe eft une efpèce de couteau qu’on fixe
dans la fléché, au moyen d'une mottaife & d'un
com, & dont la pointe defeend vis à-vis &t un
peu au-deffus de celle du fode. Son objet eft de