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s’améliorent 3 recueillent tous les ans de riches
toifons, & voient leurs bénéfices augmentés par la
nainance de beaux agneaux.
D’auflî grands avantages ne fe rencontrent pas
dans la deuxième manière j cependant elle en offre
beaucoup. Elle convient à Un eapitalifte, qui, ne
voulant pas rifquer des fonds dans le commerce,
préfère les employer à acheter un troupeau pour
en tirer un parti légitime. Ses produits confiftent
dans la vente, des laines & dans celle d’un certain
nombre d’animaux, qui, fouftrn&ion faite de la
nourriture, des falaires des bergers & des frais !
de location, donnent plus ou moins de revenu. Le
fermier , qui reçoit ainfi le troupeau d’autrui, a-
pour lui le prix de la location, le produit du parcage
& le fumier des bergeries, pour lequel il
n a donné que de la paille, dont il ne peut faire
un meilleur ufage. C ’eft pour lui une occafion de
vendre l’excédant defes fourages, fansêtreobligé
de le porterau loin, &c. A la vérité, il pourrait
tromper, en s’entendant avec les bergers; mais on
n’a pas à le craindre, fi on ne choifit des places
que chez des fermiers^ honnêtes, probes & attentifs.
J en connois-qui , furveillant comme pour
eux les troupeaux qu’ils hébergent, ne font pas
regretter aux maîtres de ne pouvoir les infpeéter
eux-mêmes & les vifiter aufli fréquemment qu’ils
le voudroient.
La voie du cheptel eft la troifième manière :
dans celle-ci*on abandonne, pendant un teras fixé
oar un bail, une partie du produit, & on partage
Ij croît après avoir retiré le fonds-. Ce genre de fermage
eft u n te pour les terres comme pour les bef-
tiaux dans beaucoup de contrées de la France,
prefque dans tout le midi; aufli a-t-on fait des lois
pour le régler & éviter des difficultés aux contrac-
tans, dont l’un eft le preneur, c’eft-à-dire, le fer-
mier j &: 1 autre le bailleur, c’eft-à-dire , le propriétaire.
Cette manière de faire valoir eft utile
aux deux ; au bailleur, en lui donnant le moyen
a avoir un troupeau , fans être forcé de le diriger
lui-même , ni d’acherer ou louer une ferme pour
Je placer ; au preneur, en le mettant à portée de
s en former un, peu à peu, en quelques années
uniquement par des foins & des facrifices de fa-
laires , nourriture & fourages, que quflquefois
il n auroit pas la facilité de vendie. Dans cette ef-
pece de traité, les intérêts des deux parties font
tellement liés, que les abfences du bailleur ne
font pas fouffrir ce qu’il a confié au preneur. V o y e z
le mot Bail. 1
Les conditions des cheptels varient fuivanc la
pofîtion refpedive des bailleurs & preneurs , la
qualité des bêtes , les pays & différentes circonf-
tances. Il eft difficile de les déterminer d’une ma-
nière applicable à tout. Le plus ordinairement on
eftime les bêtes en commençant le bail, afin que
le bailleur, à fonexpiration,, retrouve fon fonds,
foiten nature , foit en argent: Pendant fon cours,
on partage les produits des ventes de laine & d’a-
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nîmaux, & à la fin * la totalité de ce qui Ü j
le fonds prélevé. Jai donné, fur cela, des or? 1
dans mon Inftruaion ; j'ai fuppofé une
cheptel de cinq cents bêtes communes I l ' I
par des belters efpagnois , & un bail de neuf 1 1
avec une dinvinutionchaque année d'un
de brebis portières & d'un cinquième d’agnean'
pour les pertes & accidens : au bout de neuff
le troupeau eft compofé de deux mille foixV„ .'
dix - fept betes , déduâion faite de onze E l
quarante-cinq de réforme & dix-neuf cent tren,
huit agneaux coupés , qui ont été vendus. Dam
les hypothefes que j'indique, je compte , année
par année la recette Sc la dépenfe, tant du fe1 mier que du proprietaire. r
I Ll ■ ! du Mérinos eft la produâion qui M
fa t préférer aux autres races. Les marchands &
les fabricans ont lait tous leurs efforts pour b
décrier, c eft la plus grande oppolition que nom
ayions éprouvée contre la propagation de ces ani
■ f n>« W P« 1? force des chofes qu'il™
ont détermines a les acheter ouvertement & à les
employer feules ou mêlées à d'autres laines. Leur
longue refiftance, leurs fourdes menées, le mépris
qu ils failoient publiquement de ces laines . fors
meme qu une fois parvenues dans leurs manufaciÉ
fë t l i l ne*rS d,(îInêuoient plus , ont ralenti U
retaide 1 amelioration pendant bien des années'
maintenant on n'a plus à combattre contrôla pré-'
vention qu ils donnoient, mais on a toujours à tel
garantir de leur cupidité.
v,„Jf)4 Uf ' ? teréts opPpKs fe rencontrent dans la
vente des laines celui du propriétaire de troupeaux
& celui du fabricant : s'ils traitent par un
intermédiare, c'efl-à-diré , par la voie d'un car-
chaud ou d un couiner , c’eft un troifième intérêt
‘J“ W fe p|acef entr'eux ; il vaudroit miens
que Je fabricant achetai direâement du propriétaire
; i spartageroient le profit de l'intermédiaire;
mais cela leroit très-difficile à établir : les homme!
qui elevent des troupeaux ne connoiffent pas les
rabricans, & n ont aucun moyen de les chercher;
ils font donc obliges d'attendre qu'on viennachex
eux , & ne peuvent traiter qu'avec des marchands,
qui revendent enfuite aux fabticans.
Il arrive cependant que ceux-ci envoient dans
les campagnes leurs commis pouracheterdeslains
& les avoir a bon compte , en perfuadant aux
paylans que les prix qu'ils en offrent font le coins
du moment, & qu'il eft utile pour eux qu’fis acceptent
leurs propofitions. Le befoin d'argent,
la crainte de perdre en attendant, détermine«les
payfans a vendre à bas prix. Quelques grands proprietaires
, qui ont des troupeaux , orenneht mieux
eurs informations ; ils découvrent ce qu i valent
les laines en Efpagne. connoiffent les débouchés
des manufaéfuies, & , fe preffmt moins, amènent
les fabricans a peu près au prix qui convient.
On eft dans I ufage de donner les quarte au cent
de livres de laine ou de toifons ; le$ fabricant
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[appellent cela un d o n . Cet ufage n’eft qu;‘au dé-
»riment du vendeur > il vaut mieux que les mar-
[-hés-fe faffent pour des quantités téelles & effectives
fans aucune addition. Ce qui a donné lieu
à ces fortes de préfeas, qui font regardés comme
un droit, c’eft que l’on accordoic quelques livres
! pour le poids des liens. .Les propriétaires de troupeaux
ne doivent confentimi à l’üne ni à l’autre
[rie ces réductions ; le poids des liens n’eft rien , fi
i- f on fe fert de ficelle ou de brins de jonc,. comme
je le confeille, furrout pour ôter tout prétexte.
Il y a du profit pour le vendeur à livrer fes
laines immédiatement après la tonte, parce qu’ën
le féchant elles perdent de leur poids j il eft aufli
plus avantageux pour l’acheteur de les recevoir
[»l’époque la moins éloignée de la tonte , parce
[quellesfedégraiffent mieux ayant plus de fuint :
[la faifon d’ailleurs eft plus favorable pour le lavage.
Si on les vend lavées, l’avantage ceffe pour
l’un comme pour l’autre, & toutes les époques
font bonnes.
Beaucoup de fabriques françaifes avoient des
; marchés pour un certain nombre d’années avec
les propriétaires de troupeaux d’Efpagne pour
l’achat de leurs laines les marchés ont été une
des caufes des obftacles qu’ils ont mis à la miïlti-
fplicacion de nos laines fines. Les propriétaires
efpagnois leur accordoient des crédits. Rien
n’empêche que de pareilles conventions ne fe
faffent dans notre pays. Les cultivateurs & les
fabricans peuvent traiter enfemble , & faire des
baux de cinq, fix ou neuf ans. Quand les troupeaux
feront renommés pour la beauté de la laine,
il y aura fans doute des fabriques qui fe les attacheront.
Au furplus, d’après les expériences faites avec
une exaéticude févère, en 1807, par M. Morel
deVindé, & dont j’ai une connoiffance perfon-
nelle, il eft prouvé que la laine des Mérinos français
a la même force, lè même nerf & la même
élafticité- que celle des Mérinos efpagnois. Par
une comparaifon très-fuivie de fon emploi en
fabrique, il a éré çonftaté que fes. produits étoient
linaement égaux en qualité & en quantité : par
conféquent, le prix de la laine des Mérinos efpaS
gnols' doit être la bafe certaine & femblabîe du
prix de celle des Mérinos français.
Une perfonne qui fabrique du drap dans la
Belgique, prétend que les laines des Mérinos
îtançais ont plus de nerf que celles dés Mérinos
ou métis Taxons. Un manufacturier , à Aix-la-
Lhapelle, m’a alluré que, fous le même rapport,
vS.. aines des Mérinos français- l’emportoient fur.
U 6kr ^P.aSne- Ces affertions s’accordent avec
esobiervations & les expériences de M. Morel de
mae, que je viens de citer, & dont les détails
out confignés dans un écrit de lui, intitulé ::
tfpagn 7^ ^ ^ e x a ^ e p a r i t é d e s la in e s f r a n ç a i f e s 6*.
^ ex^e maintenant enPrance une affez- grande
quantité de Mériinos & de bêtes à laine amélrp*'
rées, pour qu’il s’y établifle de grands lavoirs
comme en Efpagne : il y en a bien quelques-uns
de particuliers qui réutlififent; mais à. caufe du
nombre affez confidérable de propriétaires de troupeaux
fins qui vivent ifolés & qui font à la merci-
des fabricans,. il feroit à. defîrer qu’on eût des
lavoirs publics, où; chacun enverroit fes laines. If
n’y auroit phus de prétexte de la part des febi i-
cans, puifqu’ils achèteroient des laines dépouillées1
d’ordures. Le propriétaire connoîtroit ce qu’il
leur vend. A la page 236 & fuivantes, 2e. vol.
de ce Di&ionnaire, on voit là defeription d’un;
lavoir en Efpagne, & le travail du lavage dans
mon Inftrudion : outre la defcription&le travail,
on y trouve les plans- levés par M. Poyferé de^
Cère.
L’introduéiion des Mérinos en France eft: une
véritable conquête très-profitable , dont les effets
influeront long-tems fur- nos manufa&ures & fur
notre agriculture. Grâces en feront rendus aux
hommes qui en ont conçu le projet, à ceu& qui
ont coopéré à fon exécution, & à ceux qui ont
combattu contre les efforts de la malveillance r ,
des préjugés & de la cupidité, pour empêcher
notre patrie de jouir d’un bienfait dont la nature
n’a voulu priver perfonne. C’eft à la fageffe du<
Gouvernement qu’il appartient de bien confecver
ce tréfor dans fa pureté, & d e ne point le laiffer
altérer. { . T e s s i e r . )
MERISIER : efpèce de cerifier propre aux
bois de l’Europe, & qui fert de type aux guignes
S i autres cerifes à chair ferme. V o y e z C e r i s i e r ,
dans le D i c t io n n a i r e d e s A r b r e s & A r b u f ie s .
MERLE : oifeau du genre des grives, qui"vit
d’infeétes pendant l’hiver & le printems, & de
baies pendant l’été & l ’automne. Il eft donc
alternativement l’ami & l’ennemi des cultivateurs*
C’eft principalement en mangeant les cerifes &
les raifins, qu’il prend ce dernier titre. La coh-
fommation qu’il en fait ne iàiffe pas que d’être*
confidérable, car il eft d’un vafte appétit , mais
comme il n’eft pas très-commun & qu’il, vit fo-
litaire , on s’en apperçoit peu. V o y e ç le D i c t i o n n
a ir e o r n ith o lo g iq u e .
On prend les Mërlês à là p ip é e , au c o l l e t ,
au t r b f u c h f .t , à la^ f o s s e t t e , & autres
pièges. V o y e^ \e. D i c t io n n a i r e d e s C h a j j ï s . ( B o s x
MÉRL1ER. C ’eft le Néflier.
MERRAIN : bois dè C h ê n e , de P i n , de S a p
in , & ç ., refendu & deftiné à faire des. tonneaux.
V o y e% ces mots>
La fabrication du Merrain eft un objet de-
grande importance en France, à raifon de la
grande quantité de vin qu’on y récolte; elle eft
livrée à une claffe particulière de bûcherons.
C eft le chêne pédonculé, connu fous le nom
vulgaire de chêne b la n c , qui s’y emploie pref-
quexclùfivement. Chaque jour cette efpèce devient
plus rare & plus chèrei ce qui doit engager