être exécuté convenablementƒ pas aflez & trop
de chaleur étant également à éviter.
Frais de culture et un arpent ou demi-hectare planté en
Pommes dé terre.
O n peut bien s’imaginer que ces frais doivent
• varier à l’infini , enj raifon des localités , du prix
. de la main-d’oeuvre & de la méthode de culture
.qu’on fuit. E n donnant le détail de la plus complète
, & le prix de chaque façon à part, chacun
fera à portée de faire fon calcul particulier , d’après
fa localité, & le nombre & l’efpèce de façons qu’il
- fe propofe de donner.
D e u x labours «Je cha rru e ................ 30 fr.
H u it fetiers pqur la plantation, à 3 fr. 24
Plantation à b ra s . . '........................ 12
Binage idem . . .. . . .. i . 1 y
B u t t a g e idem ...................... ............ 1 y
Récolte évaluée . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
T o t a l . . . . . . . . 126 fr.
C es frais paroilfent confîdérables , mais il faut,
faire attention que tout y eft compté; ordinairement
le cultivateur n’y comprend point fés labours
de charrue, ni fa femence , lorfqu’îl s’a git de
Pommes de terre j la récolte auffi eft fuppofée-
très-abondante, de cent cinquante fetiers, par
-exemple; fi elle étoit moindre, elle lui coûteroit
, auffi beaucoup moins; & de p lu s , elle eft faite en
partie par fon monde : les débourfés effe&ifs pour-
roient donc fe réduire à une foixantaine de francs.
D ’autre part , en plantant & donnant les façons
à la charrue, il feroit une-économi'e d’environ
4 0 fr. I l réfulte de tout cela, qu'en prenant un
terme moyen, la culture d’un arpent ou demi-
heftare planté en Pommes de terre peut être
évaluée à 80 ou io o fr.
C h e z les vignerons & autres, le terrein eft labouré
à la bêche ou à la houe; nous n’en parlons
p oin t ic i, par deux raifons : la première, c’eft
qu’ils travaillent eux-mêmes & à leur tems p erd u ,
o u du moins qu'ils n’évaluent point leur travail ;
& en fécond lie u , parce que cetre méthode n’eft
pas fufceptible d’être adoptée en grand. U n labour
de bêche ou de houe peut s’évaluer de 24 à 3 0 ,
& jufqu’à 60 fr ., fuivant les localités & la nature
du terrein.
Du produit de la Pomme de terre.
O n a cité plufieurs exemples merveilleux de la
fécondité de la Pomme de terre : ainfi un feul
morceau p ourvu d ’un ou deux yeux a donné trois
cents tubercules & p lu s , depuis la groffeur du
poing jufqu’à celle d’un oe u f de p ige o n; un feul
tubercule ifolé & cultivé avec foin en a donné
n e u f cent quatre-vingts autres; enfin, |d’une Pomme
de terre pelant une livre un q ua rt, garnie de
vingt-deux yeux, fy d iv in e en autant de mnf-
ceaux , M . Parmentier a , dans fon jardin, obtenu
quatre cent foixantè-qiiatre -livres ; mais ce h’ëft
pas fur des exemples particuliers d'une culture
très-foignée q u'o n peut établir des calculs , &
q u a y i on veut s'en occuper, on ne s'apperçoic
que trop que rien n’eft plus embarraffanf. C e pro-
duittient à tant de caufes dont le nombte & l'in fluence
varient tellement, q u 'il eft impoffible d'arriver
à un rêlultat larisfailànt $ on eft encore obligé
de répéter ici q u'il dépend du climat, de la laiiori,
de la nature dù fol ; du mode ordinaire de culture
auquel ce fol eft lo um is , de là méthode q u 'o n
emploie, de fa bonne ou mauvaife exécution, &
de la variété q u'o n Cultive. E n raifon de ces cir-
conitances j il peut varier du iîmplè au décuple',
& cela paroît être vrai de celui de la patraque
blanche comparée a. la petite-chinoife ou route
autre variété aulfi délicate. S i , par comparaifon
avec lé produit du blé y l'o n p ouvoir dire qu’en
général, & routas circonltànces égales d'ailleurs ,
la Pomme de terre produit dix fois autant que le
b.lé, fuppoiîtion qui d'ailleurs n'a rien de dérai-
fonnable, on auroic une bafe-pour affeoirfes calculs
; mais il eft telle terre forte & argileufe.,
très-propre au blé & très-peu à la Pomme de terres
il eft tellè terre a feigle, beaucoup moins fubftan-
t ie lle , mais beaucoup plus mèuble, dont elle s'accommode
mieux; mais la faifon favorable à la
■ végétation du blé n'eft pas celle de la Pomme de
terre , & la plus grande fructification de cette
dernière a lieu ordinairement quand la moiffon fe
fa it , ou même quand elle ell faite. Q u o iq u 'o r ig i-
naire des contrées chaudes de l'Am é r iq u e , elle
a peine a foutenir la chaleur de nos dëpàrtemens
■ méridionaux, parce qu'elle eft accompagnée de fé-
chereffe, tandis que la chaleur tempérée, mais
■ humide, de nos departemens feptentrionaux, ainfi
que celle de la Belgique , de la Hollande , de l’Ir lande
& de l’Angleterre, favorifent fa fructification
à un point remarquable. O n lit dans l‘ Agriculture
pratique de M a r fc n a ll, que dans le Rurland oii
obtient, à la vérité par la culture à bras, jufqu'à
fix cents boifleaux par acre ( ce qui fait, fi je ne
me trompe , environ deux cents fetiers de Paris) ;
& dans la Bibliothèque britannique, on cite une
variété qui donne jufqu'à treize cent quarante-
deux boifteaux. C e s produits nous paroilfent exor-
bitans, cependant ils ne font point invraifembla-
bles, puifqu'à Aubervilliers près Paris, on obtient
de la truffe d'août jufqu'à cent quatre-vingts fetiers
de Paris par demi-heClare; & en effet, dix mille
touffes de Pommes de terre , à un quart de boif-
feau chacune, ce qui arrive quelq uefois, étant
fuppofées contenues dans un demi-hectare , donnent
un réfultat de plus. de deux cents fetiers.
M a is q u'il y a loin de ià à celui q u'on obtient ofe
diiiairement ! M . Parmentier , en admettant un
excellent fonds & la variété dite patraque blanche'
avoit évalué le plus haut produit à cent cinquante
fetiers cîe Paris par arpent ou *dëmi-he<5fcare, & le
moyen à cinquante ou foixante fetiers, & nous
n ou s en tiendrons avec lui à ces évaluations.
D e 1‘ufage de la Pomme de terre pour la nourriture
‘ des animaux.
L a Pomme de terre fournit à peu de frais aux
animaux une nourriture abondante & faine ; fon
emploi économife les fourages & furtout les
grains , .& laide à peine appercevoir le partage du
vert au fec : tous s ’en accommodent très-bien 3
quoique quelques-uns d’entr’eux la refufentla première
fois qu’on la leur préfente, mais ils ne
tardent pas à s’y habituer, & ils en deviennent
même très-friands. O n s'en fert pour nourrir &
engraifler les boeufs , les vaches , les brebis 8ç les
moutons , mais c eft furtout j ?o u r les cochons
qu'elle devient eflentielle, fous ce double rapport.
O n a auffi eflayé avec fuccès d ’en donner aux chevaux
; elle augmente fenfiblement le lait- d ;s vaches
& des brebis. O n lui reproche cependant de
le rendre clair & de trop relâcher ces animaux;
ori prétend même qu’elle communique aux txcré-
rnëns des brebis uiié odeur fétide ; on fe plaint
auffi qu’elle ne donne point de fermeté, foit à la
c h a ir , Toit à la gi aide & au lard des animaux qui
s ’en nourri fient , & qu’elle les fait enfler loîfqu’ils
en mangent trop. M a i s 'i l eftfacile d’éviter ces
inconvéniens en l ’afiaifonnant d’un peu de Tel, &
en l'aflbciant à une nourriture feche. U n boeuf ou
une vache peut en manger par jour jufqu’à deux
boiffeaux. A van t de les 1-u r donner, il faut les
laver & les couper par tranches, ce qui s ’exécute
promptement avec le Moulin-coupe-racine s
( voyei ce m ot ). Il feroit préférable de les leur faire
cuire ; elles leur profiteroient davantage, & n'au-
roient aucun des inconvéniens qu’on leur reproche
; mais, leur cuifion èft embarrafîante & difpen-
dieufe fans une chaudière & un Fourneau économique
(voye^ ce m o t ). L e feuillage peut auffi
leur fervir de nourriture-, quoiqu’ils ne paroilfent
pas le rechercher beaucoup. O n né doit cependant
pas le laiffer perdre'; mais pour éviter q u ’il ne leur
farte du ma l, il eft eflentiel d’y joindre quelque
chofe dë meilleur ; on ne doit le couper q u ’au
moment de la réédité ou peu auparavant, à moins
que les Pommes de terre ne foient plus dans la
faifon de profiter; dans un autre tems , le retranchement
pourvoit nuire à leur production, &
même les exciter à repoufler. O n peut auffi l’enfo
u i r comme engrais.' On prétend avoir obfervé,
en Angleterre, qu’il étoit extrêmement propre à
cet ufage, parce qu’il contenoit beaucoup d’albumine.
Des Pommes de terre conjidêrées relativement a la
nourriture de L‘ homme.
P ou r difpoferles Pommes de terre i devenir un ;
aliment pour l ’homme, il faut les foumettre à la
cuifion , c ’eft-à-dire, réunir leurs parties confti-
tuantes ifolées dans Tétât n ature l, pour n’en plus
former q u 'u n tout homogène. Arrachées le matin ,
elles-peuvent, quelques inftans a p rè s , cuites Amplement
fous la cendre ,- dans l’eau bouillante ou
à fa vapeur-, remplacer le pain ; afiociées avec
quelques grains de f e l , un peu de b e u r re , de
graifîe, de lard, de crème ou de la it, & c . , elles
peuvent remplacer nos meilleurs mets.
; C e s moyens font fi fîmples & remplirent fi'
bien leur b u t , qu’au premier coup d’oe il on a droit-
de s ’étonner de la multitude infinie de manipulations
auxquelles elles ont été dès long-tems &
tant de fois foumifes, pour en obtenir un aliment
toujours plus cher & fouvent moins agréable que
celui q ue lles n ou s procurent fi aiféraent & à fi
peu de frais.
Cependant, lorfque Ton confïdère lesdiffieuîtésy
foit apparentes, foie réelles, de tranfport & de
confervation qu’elles préfentent , on ne peut Ce
diflîmuler que des moyens capables de vaincre ces-
difficultés ne duffent être accueillis avec un intérêt
proportionné aux avantages qui en réfulte-
roient. . . ' . .,
E n effet, on a reproché aux Pommes de terre-
d ê t re expofées à geler, à pou rrir, à ge rm er;1
d’exiger pour leur confervation de très-grands
emplacemens & des foins multipliés. Quels que
foient les procédés qu’on emploie , il eft impoffible
de prolonger leur durée au-delà d ’un certain
terme, & on en eft privé une partie de l’année.-1
E nfin, elles renferment peu de fubftance nutritive
fous un volume & un poids confidérable ,• ce q ui
en rend le tranfport difficile U coûteux, & les
empêche d’être, d’un pays à T aùtre, unereffource*
en cas-de difette.. .. . .
C e font ces inconvéniens aflez graves .aux--
quels, il faut l.avouer, on n’a ..encore pu remé-
dier qu en partie , du moins par des moyens Amples
& économiques, qui ont donnéT’idée de les
macérer , de les écrafer , de lesToumettre à l a -
prefïe, d’en extraire la fécule & la matière fibreufe,
enfin de les deflecber à l'aide du feu , de l’a i r , du
foIe.il , du froid même, pour diminuer leur v o - 1
lume, faciliter leur-tranfporr, affurer leur confer-;
va tion , & fe mettre en état de- J es employer à :
volonté , foit dm s Je pain i foit dans toute .autre•
préparation alimentaire ,- ou pour l’homme o u J
pour lçs animaux.
M a is au moins avoit-on pour exeufe, dans ces-
diverfes préparations, leur néceffité apparente pour
affurer leur confervation : l’idée étoit bonne &
louable, bien que les moyens n’y aép'ondiffeht pas-
toujours ; mais que dire de la manie qu’on a eue &c
qu’on a encore de v o u lo ir en faire du pain dans la -
faifon même ou elles joui fient de coure-leur faveur, -
& où le moindre apprêt les mec en état de f u p - 1
pléer au pain lui-même? - i
C § n'eft donc qu’à cette habitude univerfelle: