
C u ltu r e•
Nous ne poffédons, dans nos jardins, qu’une
demi-douzaine de ces efpèces * favoir : la fécondé,
la cinquième, la huitième, la vingt-fixième, la
trente-deuxième & la trente-lixième j mais j’y
en ai vu plufieurs autres, qui ne s’y font pas con-
fervées. La culture de toutes fe range fous deux
modes : celui des efpèces annuelles & celui des
efpèces frutefcentes.
Les premières fe fèment dans des pots remplis
de terre de bruyère, fur couche, ou nue ou recouverte
d’un châflis, & lorfque leur plant a acquis
deux ou trois pouces de haut, ou on ôte ces
pots de deflus la couche, pour ies placer au
midi, ou on repique le plant en pleine terre à la
même expofition : là , on lui donne les arrofemens
néceflaires.
Les fécondés fe fement de même 5 mais elles
font toujours la!(fées dans leur pot pour pouvoir
être rentrées dans l’orangerie aux approches de l’hiver.
On les multiplie, l’année fuivante, de boutures
ou de marcottes faites fur couche & fous châflis,
boutures & marcottes qui reprennent très-facilement.
On doit les placer près des jours , dans les
orangeries, & les arrofcr le moins poflible, parce
qu’elles fontexpofees à y chancir.
Les Manulées font des plantes affez élégantes ,
mais grêles & de peu de durée. Les annuelles ne
font dans le cas d'être cultivées"que dans les jardins
de botanique. 11 faut fréquemment renouveler
les frutefcentes fi on ne veut pas en perdre l’efpèce.
La plupart de ces dernières font en fleurs prefque
toute l’année. ( B o s c . )
MAOU. C’eft, à l’ Ile-de-France, la K e t m i e a
TEUILLES DE TlLLEÜL.
_ MAOURES : nom des landes dans le département
du Var.
MAPANE. M apanja .
Plante vivace, à feuilles engainantes, ovales,
alongées , à fleurs en tête terminale , accompagnées
de trois braétées, qui feule forme un
genre dans la pentandrie monogynie & dans la famille
des C yp é ra c êes .
Cette plante, qui croît dans les marais de
Cayenne , & qui eft figurée pl. 37 des I llu f tr a c ïo n s
d e s g en r e s de Lamarck, n’étant pas cultivée dans
nos jardins, ne peut être l’objet d’un plus long
article. ( B o s c . )
MAPROUNIER. Æ gopricum,
Genre de plante de la monoécie monandrie,
établi par Aublet pour placer un arbre de Cayenne
à feuilles alternes & à fleurs difpofées en pani-
cules terminales , qui ne fe cultive pas dans nos
jardins, & dont je n’ai par confequent rien* à
d ire. V o y e \ les l llu f i r a t io n s d es g en r e s d e Lamarck
pl. 743> ( /W . )
MAPURI :_nom g é n é riq u e d o n n é par Aublet $
une plan te q u i a é té dep uis p la cé e parmi les Psy-
c h o t r e s .
MAQUI. A r i s t o t e l ia .
Arbriffeau du Chili, à feuilles alternes, per. j I
liftantes , & à fleurs difpofées en petits bouquets I
axillaires, qui feul forme un genre dans la dodé- I
candrie trigynie. Il eft figuré pl. 399 des lllu fin . I
t io n s d e s g en r es de Lamarck.
Cet arbriflfeau, des fruits duquel les Chiliens I
tirent une boiffon rafraîchiflante, fe cultive dans I
nos jardins & y fructifie. Comme il craint les I
gelées du climat de Paris, on eft obligé de le tenir I
en p at, pour le rentrer dans l’orangerie aux ap- I
proches de l’hiver } mais on le met fans danger en I
pleine terre en Italie , comme je m’en fuis perfon- I
nellement alluré. Il demande à être tenu près des I
fenêtres dans l’orangerie , parce qu’il pouffe de I
bonne heure, & que lorfqu’il eft privé de lumière, I
à cette époque, il s’étiole & fouffre enfuite la I
perce de l’extrémité de fes rameaux. Une terre I
à demi confiftante & fubltantielle lui eft nécef- I
faire, & on la lui renouvelle , en partie, tous I
les ans. C’eft de marcottes & de boutures qu’on I
le multiplie le plus ordinairement : ces dernières I
fe font dans des pots fur couche & fous châflis I
au printems> elles manquent raremenr. L’humidité I
leur eft fort nuilible j ainfi il faut les mettre en I
plein air, dans uneexpofition chaude, dès quelles I
font reprifes.
On ne peut pas dire que le Maqui foit un arbufte I
d’un afpeét agréable} cependant, comme il con- I
ferve fes feuilles pendant i’hiver, il jette de la. | I
variété dans les orangeries. Ses fruits, dont j'ai I
mangé, font de la groffeur d’un grain de grofeille, I
& en ont l’acidité. (B o s ç . )
MAQUIRE. M a q u i r a .
Arbre de Cayenne, imparfaitement connu des I
bora tiftes , mais qui a les feuilles alternes & le* I
fleurs compofées : il n’eft pas cultivé dans nos jar- I
dins. ( B o s c . )
MARA. On donne ce nom aux Béliers dans I
le département de la Haut;-Garonne.
MARAICHERS. On appelle ainfi, à Paris, les I
jardiniers qui cultivent des légumes dans les fau- I
bouîgs de cptte ville.
11 u’eft pas vrai, ainfi qu’on l’a affiné , que'e I
nom de m a r a i s , donné aux terrains où ils exercent I
leur art, provient de ce . que ces terreins étoienc j I
autrefo:s'marécageux; car, excepté quelques-uns I
du faubourg Sainc-Marceau, qui le lurent, tous
les autres repofent fur une couche de gravier d'une
grande epaillcur, & fort dénuée de terre végétale.
Voy e^ S a b l e .
C ’fcft à produire le plus poflible dans le ffiêmf I
lefpace & â a&iver le plus poffible la végétation,
Eue tendent principalement les Maraichers, parce
■ qu’ils paient fort chér le loyer de leur terrein :
Ices deux circonftances leur ont donné une induf-
tfrie toute particulière & très-intéreflante à fuivre
[dans fes développemens, mais qu’il ne feroit avantageux,
fous aucun rapport, d’imiter dans tout
foutre epdroit, parce qu’en le fâifant on augmen-
Iteroit fes dépenfes & diminueroit fçs jouiflfances.
|0n augmenteroic fes dépenfes, puifque l’acquifi-
Ition du fumier eft partout plus coûreufequ’à Pa-
Iris, & que l’économie du terrein n’eft nulle part la
[plus profitable que celle de la main-d’oeuvre. On
[diminueroit fes joui (Tances , parce que les légu-
Imes des marais de Paris , fi beaux & fî tendres ,
[•manquent de faveur & de principes nutritifs : fou-
Ivenc même ils Tentent lé fumier, comme tant de
[perfonnes font dans le cas de le reconnoître.
I On doit envoyer les partifans des jachères à
[l'école des Maraichers, car il n’eft pas rare de
lleur voir faire quatre & même fîx récoltes par an
■ fur la même planche } mais auflî ils n'épargnent
[ni le fumier ni les arrofemens, & iis connoiffent
[parfaitement l’utilité des affblemens : non-feule-
ïnent ils ne mettent jamais la même forte delégu-
Imesimmédiatement dans la même planche, mais j
■ encore ils ont foin d’en'éloigner le plus poflible
les retours.
I Pour établir un marais, il faut d’abord creufer
■ un ou plufieurs puits, félon fa grandeur, & I=s
lmunir -d un train -a manege , pour employer les
[chevaux a en tirer l’eau, puis plufieurs réfervoirs
légalement diftribués ( le plus fouvent ce font de
Ifimples banques à huile défoncées d’un bout),
[qui communiquent avec le puits ou les puits \
[par le moyen .de rigoles en bois, en plâtre, en
Ibriques, &c. 5 après quoi on défoncé le terrein
la deux pieds de profondeur, & on le fume le
pus poflible.
b , , ------- , ijuc ucs retuices peu
laboBdantes & peu apparentes, qui, d'après cela,
f e Pourront, utilement pour le Maraicher , entrer
jeu concurrence avec celles des marais établis de-
m jpug-tems > n'eft-ce qu'a force de tra-
B l Privations> qu'un Maraicher qui entre-
r re7 d,en former un, peut efpérer d'y trou*£r
H“elque bénéfice : plus il eft en avance pour pÜ-
1 oir acheter du fumier plus tôt il amènedbn
lu,™ m 3J -etat. convenable. Si* ans font un tèrme
I / en , Benéralement admis.
| J ? ™ raichers ont fur les jardiniers des par-
I n t lH av?"?.Se d'être excités par leur propre
la i ec ? Per:«ûionner continuellement leur pra-
B|§|j ] Pro.fiter de toutes les améliorations aux-
Ibier, ? les'c,rconftances les invitent s mais à com-
liour t,rl v;llJXP :nibies ils fe livrent! Pendant le
Knsâ.l! abourent> arrofent, fèment, plantent,
<jat I re re P?s ftus celui du teins des repas : pen-
| la première partie de la nuit, le Maraicher
difpofe fa marchandife pour le marché, 8c pendant
la fécondé , il l'y porte & l'y vend : le dimanche
n'eft diltingué des autres jours, que parce
qu il ne laboure 8c ne fème pas. Il fembie que
cette continuité de fatigue l'attache davantage à
fon étatj auflî le quitte-t-il rarement volontairement,
8c celui dont la ruine eft complète, aime-
j t-il mieux fe mettre aux gages de fon voifin qu'à
i «u* du bourgeois le moins exigeant.
On eft étonné , en fuivant les opérations d'un
j Maraicher, de la quantité de méthodes favantes
dont il fait ufage, fans fe douter de la théorie fur
laquelle elles font fondées. Ces méthodes, je
les rapporterai aux articles des légumes qu'elles
concernent, 8c en conféquence je me contenterai
| de donner quelques apperçus fur le mode de
leurs alfolemens.
L'année des Maraichers eft divifée en trois fai-
fons : au milieu d'oéfobre, commence la première t
alors ils fèment de la romaine fur couche, ia repiquent
un mois après, 8c la replantentdéfinitive-
ment devant un abri naturel ou artificiel vers la fin
de janvier, après avoir labouré une ou deux fois
le terrein 8c l’avoir couvert de terreau bien con-
fommé. Le jour de cette plantation, ils fement des
[ radis 8c des poireaux dans ia mène planche. A la
fia de mars ils vendent leurs radis , au commencement
de mai leurs falades, 8c leurs poireaux
en juin.
Au lieu de répandre du terreau fur leurs planches
dans la fécondé, ils ies couvrent de paille,
débris des vieilles couches, 8c plantent alternativement
un rang de chicorées ou d'efcaroles, 8c
un rang de cornichons, Cette paille empêche
la déperdition d humidité , Hz par conféquent diminue
la nècelfité des arrofemens.. La chicorée
s arrache en juillet, 8c les cornichons finiflent de
fournir en feptembre.
Dans la troilieme faifon on fume comme dans
la première, Sc on fème des radis , des mâches
on plante de la chicorée, 8cc.
Dans toutes ces opérations on fème 8: on
plante un peu ferré, parce qu'on arrache les plus
forts pieds les premiers, 8c qu'ils font de la place
aux autres : cette pratique, qui feroit blâmable
pour les cultures qui ont la graine pour but, eft
{fort peu nuifible*dans la culture naaraichère, qui
i fpécule prefqu'exclufivement fur la production
■ des feuilles.
Puifqu'ainfi que je l’ai obfervé plus haut, la
plus rapide produâion 8c la vente la plus certaine
font les objets que défirent le plus les Maraichers,
ils ont dû préférer les plantes annuelles , dont on
mange les feuilles ou les racines, à routes les
autres i auflî le nombre de celles qu'ils cultivenc
eft-il fort borné. Ce font les falades de toutes les
efpèces , les radis ou petites raves, le cerfeuil le
perfii, les épinards, les choux hâtifs Hz les choux-
fleurs, les raves hâtives, les carottes hâtives , ies
panais hâtifs, les oignons hâtifs, les poireaux’ hà