trois ans à bouder> c eft le terme. Arrofer fortement .,
immédiatement après leur Plantation, tous les
arbres qu'on plante, feroit fans doute un moyen
propre a les empêcher fouvent de boudery mais la
dépenfe, & même fouvent la prefqu’impoflibilité
de le faire, s’ y oppofent.
Un autre moyen, dans ce cas, de réparer le tems
perdu, moyen que j ai tflaye avec fuccès fur des
poiriers & des pommiers de cinq à fix ans , levés
dans les bois, c’eft de les greffer en fente, au prin-
tems de l’année fui vante.
Lorfqu’on veut planter un bois, ou même le
maffifd’ un jardin, on peut employer tous les pieds
difponibles j mais lorfqu'il s’agit de former une
avenue, un quinconce, un verger, & c .; il faut
choifir les pieds qui n’ont qu’ une feule tige, & que
cette tige foit droite & dépourvue inférieurement
de branches : àufli un des buts du travail des pépinières
eft-il de les rendre tels.
L ’arbre deftiné à être tranfplanté doit être levé
avec le plus de foin poflible. Il feroit à de lire r qu’ il
confervât fa motte, c’eft-à-dire, la terre qui entoure
fa racine ; mais la grande dépenfe en empêche
le plus ordinairement. Quelquefois aufïi, lorfque
la dépenfe n’arrête pas, la nature trop légère du
fol s’y oppofe. Dans ce cas, on peut favorifer la
réuflite, en arrofant fortement la terre un inftant
avant, ou attendre qu’ellefoit fortement gelée :ce
dernier moyen s’emploie fürtout pour les grands
arbres, qui doivent être replantés feulement à
quelques pieds, ou à quelques toifes du lied où
iis fe trouvoient.
Les racines mutilées des arbres qu’on tranfplanté
feront raccourcies, car elles peuvent donner lieu
à des ulcères qui entraîneraient la mort du pied. j
Les plus petites, c’eft-à-dire*, les fibrilles, doivent
l’être également pour peu que la tranfplan-
tation ait été retardée,: à raifon de ce que leur
.extrémité peut s'être deffechée, & que c’eft par
l’extrémité qu’elles foutirent les fucs de la terre.
On appelle, en terme de jardinage, cette opération
RAFRAICHIR les R acines {yoye\ ces mots),
elie eft en elle-même très-bonne , mais les cultivateurs
qui l’outrent, font dans le cas de voir manquer
leurs Plantations. yoyei Ra c ine.
L’ufage de couper la tête aux arbres qu’on
plante, quelle que foit leur efpèce ou leur âge , eft
prefque générai; cependant il offre de graves in-
convéniens : i° . les arbres qui ont une flèche,
tels que les frênes, les érables , le marronier
d’Inde, &rc.’ par cela feul, perdent la faculté de
s’élever droit & de .prendre une forme régulière;
2®. les arbres dont l’écorce eft épaifle, tels que les
.chênes, les hêtres, pour peu qu’ ils foient âgés,
ne pouffent que difficilement de nouveaux bourgeons
à travers cette écorce, ce qui retarde leur
entrée en végétation & les fait même périr,
furtout dans les terres légères & dans les années
fièches. ( Voye[ Pl an ço n . ) En conféquence, on
doit fe borner à proportionner les branches aux racines,
& pour cela couper les plus groffes branches
à quelque diftance du tronc, & lailïer entières
celles des petites qui reftent. Les boutons de ces
dernières fe développeront à l’époque ordinaire,
attireront la fève au fommet de l’arbre, & favori-
ieront la fortie de ceux qui devront percer l’écorce.
Voye[ Éc o r c e , Seve & Greffe.
Lejeune plant ayant une écorce mince, craint
peu d'être mutilé, & pour aller plus vite en be-
fogne, on lui coupe, dans les pépinières, & les
racines, & la tige fur un billot avec une ferpe.
Cette opération s’appelle , en terme d’art, habiller
LE PLANT. Voye:£ ce mot.
Ici je dois cependant obferver que les arbres
réfïneux ne fupportent pas la perte de leur flèche,
& fou firent toujours de celle de leurs branches
latérales. ;
Ne faire des Plantations que dans un terrein
complètement défoncé à deux ou trois pieds au
moins j & ce encore un an à l’avance, feroit
toujours defirable (voye% Défoncement & La b
o u r ) ; mais la grande dépenfe, qui.eft la fuite
de ce mode, s’ y oppofe prefque toujours. C ’eft
donc dans des tranchées ou dans des trous qu’on
les exécute. Les tranchées font préférables, en ce
que les racines peuvent s’étendre de deux côtés .
dans la terre labourée, mais leur dépenfe eft encore
un motif pour ne les employer que dans un
petit nombre de circonftances. Reftent donc les
trous qu’on fait plus ou moins larges, plus ou moins
profonds, félon la nature du fo l, félon que les
arbres font plus gros, ou qu’on veut qu’ ils profitent
davantage. Ainfi ils feroient plus grands dans
un fol argileux, pour un arbre de plus de dix ans,
pour ceux dont il s’agit d’accélérer la croiffance.
M. Chalumeau a prouvé il y a quelques, années,
; par des expériences directes, que plus les trous
| étoient grands, & plus les arbres atteignaient
promptement leur grandeur. La théorie eft ici <ea
complète concordance avec la pratique. En général.,
ils doivent, terme moyen, offrir une excavation
de deux pieds cubes lôrfqu’ils font deftinés à
recevoir des arbres de ligne, foit foreftiers ,-foit
fruitiers, de cinq à fix ans, qui eft l'âge auquel ri
convient dé planter ceux qui ont été élevés dans
les pépinières.
La diftance à mettre entre les trous dépend, &
du but de la Plantation, & de l’efpèce des arbres,
& de la nature du fol : ainfi ils feront plus, écartés
pour des arbres de ligne, pour des chênes, dans
un fol fertile, que pour des arbres de maflifs ;
pour des peupliers d’Italie, dans un foi maigre.
L’excès en plus eft bien moins nuifible que l'excès
en moins , & cependant c ’eft: ce dernier qui a lieu
prefque partout, par fuite de l’ignorance ou de l’é.-
goïfme des propriétaires.
Lorfqu’on veut planter des arbrés qui doivent
acquérir lentement une vafte c im e & cependant
avoir de l’ombre le plus promptement poflible, &
ne pas perdre l’emploi du terrein, il faut, comme
le confeille M. Raft Mâupas, placer entre des
arbres d’ une longue durée, des arbres d’une
prompte croiflance, pour que ces derniers puif-
fent donner des joijifîànces par leur feuillage , &
produire.un revenu par,leur coupe. Il eft bien à
defirer que ce confeil foit pris en confédération par
tous les propriétaires qui habitent la campagne &
qui fe livrent aux Plantations.
Comme, ainfi que je le dirai aux mots Hum u s ,
T e r r e a u , V ég é tation , & c . , l’aâion de l'air
fur la terre augmente fa fertilité, en favorifant, par
l’intermède des gaz qu’ il contient, la diflolubilité
de l'humus qui entre dans; fa compofition, il eft
extrêmement avantageux de faire les trous un an
d’avance dans les terres qui n’ont jamais été défoncées,
& fix mois dans celles qui l’ont é té ,
toutes les fois qu’il n’y a pas de motifs infurmon-
tables qui s’y oppofent. Leur forme eft ordinairement
carrée , probablement comme pouvant être
plus facilement régularifée, car la ronde convien-
droit également. En les faifant, il faut avoir attention
de rejeter la terre de la furface exclufivement
d’un c ô té , afin qu’ on puiffé la reprendre facilement
lors de la Plantation, pour la mettre immédiatement
fur les racines, comme étant la plus chargée
d’humus. Si en s’enfonçant, comme cela arrive
très-fouvent, il fe préfente des couches trop j
argile u fes, trop pierreufes , & c ., il faut en jeter i
la terre encore féparément, comme n’étant pas
propre à la végétation, pour la remplacer par
celle prife à la furface. Souvent; les terres de ces
couches font marneufes & par conféquent propres
.à améliorer la furface du fo l, ce qui prefque tou-1
jours doit déterminer à les semplacer, comme il
vient d’être dit. Voyeç Ma r n e .
Pour mieux remplir le but, il feroit bon de
labourer une fois ou deux la terre fortie du.trou,
.& qu’on fe propofe d'y rejeter, pour mettre un
plus grand nombre de fes molécules en conta#
avec l’air; mais c ’eft ce qu’ on fait rarement.
Dans un terrein où la couche de bonne terre
n’auroit, par exemple, qu’un pied, il eft mieux de
faire les trous de cette profondeur, que de trop
entamer la couche,inférieure , parce que les racines
des arbres ne peuvent pas s’ introduire dans
cette dernière, & meurent ^tandis qu’elles rampent
facilement dans la première. Au refte , pour
juger de la néceflité de faire attention à cette cir-
conftance , il faut étudier la végétation environ-
.nante, & pour cela ne pas craindre d’ arracher dans
le voifinage un arbre de quelque grofleur. 11 eft
même des terreins à couche inférieure, formée
par des pierres fifliles, ou on peut avantageufe-
ment approfondir les trous deftinés aux Plantations
, parce que les racines des arbres s’ introdui-
fent entre ces pierres, & y trouvent une humidité
. confiante, très-favorable à leur accroiflement. Il
, en eft cuL, après une couche infertile, plus ou
moins épaifle, on en .trouve une très-fertile , &
qu’il eft par conféquent.utile d’atteindre.
Quand on veut planter* dans un terrein humide,
des arbres qui craignent beaucoup l’eau , comme
des Am andiers , des A b rico tie r s & des PÊ-.
chers , il devient indifpenfabie d’élever le fol
dans une largeur de quatre à fix pieds, & de les
enterrer fort peu, car fi on négligé cette précaution
, les arbres pouffent mal, ne lubfiftent pas
long-tems, donnent peu de fruit & du mauvais
fruit. Voye% les articles des trois arbres précités.,
& le mot E spa lier.
Il ne faut jamais planter dans une tranchée ou
dans un trou avant d’avoir épuifé l’eau & enlevé
les feuilles fèches qui peuvent s’y trouver. La première,
parce que ne pouvant s’écouler, elle pour-
riroir les racines; les fécondes, parce que fe dé-
compofant avec une extrême lenteur, hors du
cor.&a# de l’air, elles s’ oppoferoient à la prolongation
des racines. Le manque d'attention à ces
deux circonftances eft annuellement la caufe de la
mort de bien des arbres.
Les foins à prendre pour effectuer la Plantation
coniïftent, i ° . à labourer le fond du trou & à y
jeter un lit de terre de la furface, lit qui doit
être d’autant plus épais que le fol eft,plus argileux
ou plus pierreux; i ° . à placer fur ce lit les racines
de l’ arbre, difpofé comme il a été dit plus haut,
de manière que fa tige foie rigoureufemenc perpendiculaire
, & lorfqu’on plante en ligne ou en
quinconce., alignée avec les autres tiges ( voye^
aligner & Q uinconce) ; 30. à arranger a la
main, lorfque cela, eft néceflàire, les racines de
manière qu’elles foient complètement étendues ,
autant que poflible également efpacées & dans une
pofition nullement forcée; 40. à faire recouvrir
de terre, encore prife à la furface, par un aide,
les racines de l’arbre , qu’on fecoue légèrement,
pour que cette terre pénètre dans leurs interftices ;
5°. à plomber, par un léger trépignement du pied,
la terre fur les racines ,. lorfqu’ elles font entière- ,
.ment recouvertes; 6.°. à achever de remplir ie trou
avec la terre qui en a été tirée , en l’élevant de
quatre à fix pouces au-deffus du fol environnant, à
raifon du'taffement qu’elle doit éprouver , bc formant
une petite excavation à fa partie fupérieure,
pour faciliter l ’imbibition des eaux pluviales. -
11 eft des perfonnes qui trépignent,à diverfesre-
prïfes,>& avec beaucoup de force , la terre fur les
racines, mais elles agiffent mal ; car, par ce moyen,
non-feulement elles donnent aux racines exiftantes
une pofition forcée qui nuit à leur reprife, mais
encore elles rendent plus difficile l’introduélion
dans, la terre des nouvelles fibrilles de ces racines
& des eaux pluviales, circonftances importantes
à fav.orifer. ; ' . . | j | j .
Un arrofement abondant, immédiatement après
la Plantation, eft toujours une opération utile, parce
que fes fuites font une intromiflion plus intime de
la terre dans les inteiftices des racines, & que rien
ne nuit plus à Ta reprife, comme je L’ai déjà'dit plus
haut, que les vides qu’y laiflenc les groffes mottes;