
le defirer , car,; à moins que tous les propriétaires
lie terre n’aient des Pigeons fuyards en nombre
proportionné à l’étendue de leur propriété , ils
feront onéreux à quelqu’un.
Il eft cependant probable que, malgré la fécondité
des Pigeons fuyards & le haut prix où fe
vendent.eh ce moment leurs petits, fi on calculoit
ce que coûtent la bâtifie & l’entretien des colombiers,
cè qu’on donne à manger dans la cour
& ce qu’ils mangent à leur propriétaire dans les
champs, ils lui reviend-roient à fix fois leur valeur
> mais tous ceux qui tiennent des colombiers
ne voient que le produit brut qu’ ils en retirent,
produit qui eft très-important aux environs des
grandes villes. Voye^ Poule & V o l a ille.
Si, fous le point de vue de la confomrnation des
femences confiées à la terre & des récoltes encore
fur pied, les Pigeons fuyards font onéreux à
l’a g r icu ltu re ils lui rendent d’un autre côté un
fer vice important en mangeant les graines de s
mauvaifts herbes qui infeftenc les champs de céréales,
& en s’oppofant par fuite à leur reproduction.
On n’a pas, jufqu’.à. préfent, allez apprécié
ce fer vice 3 donc j’ ai été une fois dans le
cas de confia ter d’importance fur deux Pigeons
tués un foirdu mois de novembre fur un chaume,
& dont le jabot contenoit une poignée de graines
de ces herbes, dont je conftatai les efpèces.
II faut, autant que poffible, placer le colombier
dans un endroit fec , élevé, mais cependant abrité,
& non, comme cela arrive fi louvent, fur le
bord des mares, à'côté du fumier, le long d’un
mur,contre un maffif d’arbres , 'fur la porte d’entrée,
toutes chofes qui nuifenr beaucoup aux Pigeons.
Il fera d’une hauteur moyenne & d’une
grandeur proportionnée à celle de la propriété.
En général, il eft avantageux qu’il foit, ni trop
ni pas allez peuplé. Des différentes -formes qu’il
eft poffible de lui donner, la circulaire eft la préférable
, comme favorisant, au moyen de l’échelle
tournante qu’on y adapte , la recherche des petits.
. On trouvera au mot C olombier de ce Dictionnaire,
des généralités fur ce qui les concerne ; & au même mot, dans le Dictionnaire d 'A r ch itec ture
, des détails fur la manière de les conftruice.
Ic i, je me bornerai donc à dire q.u.’iis demandent
à. être toujours tenus en bon.état de réparation,
tant pour éloigner les Fouines, les Belettes, les
Pt AT. s , les Mo jn eau x , & c . Çvoyeç ces m ots ),
que pour empêcher, les pluies.,, les vents & les
grands froids d’y entrer ; car les Pigeons en fouf-
frent & pondent moins. Il ne faut pas y lai fier un
feul trou en dedans ni en dehors.
La qùeftion de favoir quelle eft la forme à
donner aux nids ou boulins „ &*de quelle matière
on doit les coDftruire, a été fouvent difeutée &
non encore réfolue d’ une manière pofitive. Sans
entrer dans de longs détails à cet égard, je dirai
q u e , fous les deux rapports prédominans, à.mon
Mis j de L’economie & de, la fan té des Pigeons,
les boulins en terre cuite , à ouverture plus
étroite, rangés & fcellés en plein au-de fins les
uns des autres , & accompagnés inférieurement
d’une faillie ou d’un bâton pour en faciliter l’entrée
aux Pigeons, doivent être préférés. Leur
dépenfe d’achat eft confîdérable, mais elle ne fe
renouvelle pas s’il n’enrre dans le colombier que
des perfonnes raifonnables.
La propreté, quoique rarement prife en confî-,
dération, eft indifpenfable à la profpérité d’un
colombiers ainfi on en garnira le fol toutes les fe-
maines , ou de paille ou de terre, & tous les trois
mois on enlevera la totalité de la croûte d'excré-
mens qui s’y fera formée, pour la dépofer dans
un lieu abrité de la pluie, & l ’utilifer pour engrais,
dont elle eft un des plus excellens (voyeç
C o lom b in e ) s-ainfi, au moins deux fois par an,
au printems avant, & en automne aprèsMa ponte,
on nétoiera, avec un balai de par.icules de rofeau
ou de crin, l’ intérieur de tous les nids ou bour
lins ; on épouffetera le plafond, on grattera l’é-
chelje & toutes les places où il y aura des exeré?
mens defféchés. Il feroit encore bon, à la dernière
de ces époques, immédiatement après l’opération
fufdite, de faire fortir tous les Pigeons , de boucher
le mieux poffible la fenêtre & la porta, &
d’y décompofer du fel marin, par le moyen de
l’acide fulfurique, ou , ce qui eft moins bon , d’y
brûler de la paille en grande quantité en la promenant
partout, même dans l’ intérieur des boulins,
pour purifier l’air & faire périr.les infeébs qui
tourmentent les Pigeons. Blanchir en totalité l’intérieur,
tous les trois ou quatre ans,. eft encore
une opération très-avantageufe.
Quoiqu’une propreté, je dirai prefque minu-
tieufe, foit le moyen le plus certain, d’attacher
les Pigeons au colombier, il en eft encore un tellement
certain & tellement facile,, qu’ il y a lieu
d’être étonnéqu’on ne j ’emploie pas généralement;
c’eft de fufpendredans fon milieu , au moyen d’un
filet de ficelle, une boule de terre franche fèche,
d’un pied de diamètre, dans laquelle on aura in?
troduit, quand elle écoit encore humide, une
livré de falpêtre mêlé de fel marin, tel qu’il
fort de la première opération par laquelle on l'obtient
dans la fabrique, falpêtre fort impur & à
bas prix, qu’on peut même récolter foi-même
dans fes écuries & fes caves en en balayant les
murs. Quand on fait avec quelle fureur les PL
geons recherchent celui qui fe forme contre cer?
taines roches calcaires en décomposition-, on
peut juger quel, plaifir ils trouvent à aller bé-
queter celui qui fe trouve dans la boule qui eft
continuellement à leur portée, laquelle, fi elle
n’étoit pas pétrie fort dur & placée de manière à
ce qu’ ils puifient difficilement y atteindre, feroit
détruite en peu de jours. Elle doit durer environ
un an. .
Les paquets de plantes odoriférantesqu’on
confèille aufti de placer dans les- colombiers, y
font trop peu de bien pour que je les recommande.
On peut procéder au peuplement d’un nouveau
colombier, foit en y apportant un certain nombie
de paires de vieux Pigeons pris au loin, car ceux
des colombiers voifins n’y refteroient pas', foit
en y apportant un certain nombre de paires de
jeunes Pigeons pris entre le moment où ils commencent"
à manger feuIs, & celui où ils commencent
à voler.
Le premier moyen manque fouvent, quelque
précaution qu’on prenne, les Pigeons fedéplaifant
toujours dans les lieux autres que ceux où ils
font habitués d'êtres aufti ne l ’emploie-t-on que
lorfqu’on ne peut faire autrement. Pour augmenter
les chances.de réuffite , lorfqu’on eft obligé de le
préférer, il faut faifir le moment o ù , à la fin de
l’hiver , les Pigeons commencent à entrer en
amour, & choifir ceux des premières couvées de
l’année precedente, couvées qu’on reconnoît à
l’infpeétion du b e c , & qui font la plupart appareillées.
Ces couvées, apportées dans le colombier,
y feront renfermées abondamment nourries;
on leur donnera du chenevis & du farra-
fin deux fois par femaine pour les exciter. Dès
qu’elles auront pondu, on commencera par ouvrir
la fenêtre, d’abord feulement le foir j enfuite
feulement à midi, enfin toute la journée , en continuant
de leur donner un peir â manger dans
Intérieur du colombier. Ce ne fera qu’ à la féconde
ponte qu’ on pourra.fupprimer entièrement
cette diftribut-ion.
Quelques perfonnes arrachent une partie des
plumés des ailes des vieux Pigeons., qu’ils apportent
dans un colombier à peupler; mais ce
procédé eft fujet à de graves inconvéniens que
je me difpenfe d’énumérer, à raifon de la facilité
de fuppléer à mon filence..
Le fécond moyen eft plus fur, mais plus em-
barraffant &. plus long. On peut l’exécuter avec
des pigeonneaux de la première ou de la dernière-
couvée y cependant les premiers ayant déjà acquis
toute leur groffcur aux approchés de- l’hiver, (ont
plus.en érar de fupporter les dangers dé’ cette
Lifon doivent être préférés. Ces pigeonnéaux.
font enfermés dans le colombier, & .nourris avec
des vefees bouillies, du grain trempé, même,
quelquefois emboqués, jufq'u’à ce qu’ils forent
allez fprts pour.voler au loin, après quoi on leur
donne la liberté, d’abord Je foir, enfuite toute
la journée, en prenant toujours foin de leur fournir’
affez de nourriture- dans l ’intérieur du' colombier
pour que le peu qu'ils peuvent trouver ailleurs
ne leur ferve q.u’en furaboridancev Les pigeonneaux
devenus Pigeons ne connoifiant que leur colombier
s’y attacheront, & ce d’ autant plus qu’ils
y trouveront plus de nourriture. Comme ifs hè'
pon iront que L'année fuivante, il faudia attendre
au moins trois ans- avant de tirer un revenu- du
colombier, autre-que celui des petits4dépareillés,; ■
ou des couples Venues fort tard, fnais la nourriture
extraordinaire leur fera retirée dès lé pria-
tera s de la fécondé année. '
■- Je ne fixé pas le nombre de couples de Pigeons
qu’il convient de mettre dans un colombier , relativement
à fa ‘ g iaudeurparce que tant d’ élé.-
mens entrent daté ce calcul, qu’il eft rare.qu3qn
puiffe faire ce qu’on de'fiie à cet égard. J’oblêr-
verai feulement qué tes'plus forts colombiers des.
environs de Paris- contiennent trois cents, & les
plus foibles cent paires de Pigeons fuyards. Généralement
il ne s’eh met pas aftèz, & on eft obligé
d’attendre lés produits une année plus tard.
La couleur des Pigeons n’ influe fur la qualité
de leur chair 6e fur leur multiplication que dans un
cas , c’efl quand elle eft toute blanche & que les.
yeux font rouges (voyez A lbinos dans, le Diction-
tiaire dé Médecine ) ; alors cette chair, eft plus tendre
, plus fade, '& ta multiplication un peii plus y
foib.le. Ces circonfiances; / jointes à celle que
les individus de cette couleur font vus de plus
loin par l-.s oifeaiix de proie , doivent engager à
les proferire des colombiers , ce à quoi on par-»
vient en'ri'en laifianc aucun arri ver à l'état adulte-
Cette remarque, relativement à ce dernier mo-
t i f , eft principalement applicable aux pays voifinsL
des grandes forêts ou des haütes montagnes, pàvs
où les oifeaûx de proie font plus communs. Il eft
évident que la couleur de c ië l, donnée par la nature
aux bifets j à pour but de- les foüftraire à ces
dangereux ennemis, dont un feul individu pour-
roit détruire une votée.
Empêcher un colombier de trop fe peupler y
eft afîéz^ facile , puifqu’on peut n'y laiffer , chà-
qûe année , que le nombre de paires de jeu-,
nés Pigeons qu’on ju g e i propos; mais il n’en eft
pas de même pour le purger des vieux, qui., au
bout de fix à huit ans , ne font plus propres à la
reproduction. On diftifigue bieri à la vue un Pi-
gebn d’ un à deux ans, d’un autre de quatre à. cinq ,
mais non un cle ces derniers d’un de cinq à fix, qui
eft l’âge cul il eft bon de cefler de les conferver.
Lemôyén indiqué par quelques écrivains de leur
couper chaque année une moitié 'd’biigle , eft
prefqu’i'mpraticable en grand. Au refta , quoique-
l'enlèvement des Pigeons de cinq a fix ans 8c au-
delà* put être certainement avantageux , on î’ exé.-
cute ra'rément ; les oifeaux de proie & les, braco-
niers y fupplécnt fufHfamment.
Quèl-qu’abondante en graines fauvages que foit
une contrée, il eft de fait que les Pigeons-ne peu-,
Vënf y trouver toute l’année a fiez'de nourrir urq
pour pouvoir fe paficr de celles q^e l’homme a récoltées
& coiîfervées pour fon ufage & celui des
animaux qu’il s’ eft affujettïs. L’hiver & le printemS,
font les faifons où leur confoinmation eft le plus
coir.pletéméht' à la charge de feur propriétaire »
& fi o’n peut la-re ndre 'auffi foi bis que poftiblé.
.pendant la première, ii n’ ëlt jamais avantageux de
continuer péndarit la fécondé, à i aifon du retard