3 4© M O E
C’eft toujours des angles de la Moelle, lorf-
qu’elle en a , que partent les premières éradiations
. médullaires.
Lorfqu’on greffe un arbre en écuffon , il n'y a
pas de communication entre la Moelle du fujet
& celle de la greffe ; mais elle ne tarde pas à
s’établir à travers les couches ligneufes du fujet
fans qu’on fâche comment. Il en eft de même
quand on coupe toutes les branches à un arbre,
& qu’il eft forcé de pouffer des boutons fur fon
vieux bois.
Les arbres qui ont beaucoup de Moelle, tels
que le noyer, fe greffent difficilement en fente,
en raifon de la prompte defliccation que la plaie
occafîonne dans le chicot ; auffi eft-ce en écuffon
ou en flûte qu’on le fait ordinairement.
L’étui médullaire a une forme confiante ou
prefque confiante dans chaque efpèce, & cette
forme, ainfi que l’a prouvé M. Pâli fot - Beau vois,
& ainfi que l’a voir remarqué long-tems auparavant
M. Feburier, tient à la difpofition des feuilles
fur la tige. Tous les cultivateurs font perfuadés
qu’elle diminue de diamètre à mefure que l’arbre
vieillit ; mais quelques phyfiologiftes font d’une
opinion contraire.
Pour mettre' lé leéleur au fait de l’état aâuel
de nos connoiffances à cet égard, je crois devoir
donner ici l’extrait du Mémoire du dernier des
auteurs précités, extrait rédigé par lui-même.
Pour juger la marche de la nature dans la formation
& lesdéveloppemens delà MoelleM. Feburier
l'examine à trois époques différentes.
L a p r em iè r e époque eft celle de l’apparition de
l’étui médullaire au moment de la germination.
Ses obfervations réitérées fur un grand nombre
de végétaux dicotylédons l’ont convaincu que la
Moelle au-d.eflous des cotylédons étoit ronde. Il
n'a trouvé que peu d’exceptions en faveur de la
forme ovale. La coupe de la Moelle des ifs lui
a cependant préfenté cette dernière forme bien
déterminée;.mais la Moelle des végétaux qui ont
un plus grand nombre de cotylédons, tels que
les pins, a autant d’angles qu’il y a de cotylédons.
Ainfi les cotylédons paroiffent influer fur
la forme de la Moelle & de l’étui médullaire.
D e u x iem e ép o q u e. Lorfque les végétaux ont pris
de l’accroiffement & qu’ils font garnis d’un certain
nombre de feuilles , la coupe de la tige
'au-deffus des cotylédons fait voir la Moelle re-
préfencant une figure plus ou moins irrégulière
& déterminée fuivant la pofition des feuilles ;
ainfi on trouve, avant d’être arrivé aux premières
feuilles, deux ou plufieurs angles à la Moelle.,
dont un, deux ou trois, fuivant la difpofition
des feuilles alternes, oppofées ou verticillées fur
la tige, augmentent plus que Tes autres jufqu’à
ce qu’on foit arrivé au point d’infertion des
pétioles ou des feuille* fefliies : à. ce point, les
M O E
angles correfpondant aux pétioles ont leurs pu
grandes dimenfions en longueur. '
Quelquefois l’angle fe déforme en s’élargiflu.
dans fa pointe. Souvent un filet fe détache de
ces angles pour former la Moelle du pétiole ■
tantôt il eft accompagné de deux, quatre ou même
d’un plus grand nombre d’autres filets de Moelle
qui partent des angles ou d’autres points de ]J
circonférence de l’étui médullaire, & qui fe réu.
niffent tous pour former la Moëjle du pétiole*
Dans d’autres végétaux, ce ne font que des filets
placés dans l’étui médullaire qui compofent fi
Moelle des pétioles : ces filets s’écartent infenli-
blement de cet étui, & pénètrent jufque dans
l’écorce , d’où ils fe rendent dans le pétiole. On
apperçoit affez ordinairement un rayon médullaire
plus large que les autres, qui s’étend des points
de l’étui médullaire d’où le filet s’eft détaché
& qui s’alonge à mefure que le filet fe rapproche
de l’écorce. Le frêne, le pêcher, le ftireau,
Te châtaignier, peuvent fervir d’exemple de ces
modifications.
Ces filets médullaires, négligés jufqu’à ce jour,
ont fixé l’attention de M. Feburier ; il a examiné
un grand nombre de Moelles , & particuliérement
celles des pétioles & des pédoncules, prifesau-
deffous du point d’infertion des pétioles & des
pédoncules; au point même d’infertion, au milieu
des pétioles & des pédoncules, & auprès des
feuilles & des fruits. Il a trouvé des différences
confidérables, non-feulement dans le nombre &
la pofition des filets médullaires autour de la
Moelle des tiges de chaque efpèce, mais encore
dans les diverfes parties des pétioles & des pédoncules
de la même plante.
L’étui médullaire de quelques efpèces de végétaux
paroît à l’oeil nu , & quelquefois même
avec la ioupe, ne former qu’un tout bien homogène,
& ce n’eft qu'à un point très-rapproché
du pétiole , qu’on commence à diftinguer le filet
ou les filets médullaires qui doivent y pénétrer.
Dans d’autres efpèces, on apperçoit au-deflus des
points d’infertion du pétiole inférieur, trois angles
plus alongés que les autres dans l’étui médullaire
de la tige : ce font les filets médullaires
qui. doivent pénétrer dans le pétiole fupérieur,
qui font cette différence, principalement aux deux
angles qui font à droite & à gauche de celui qui
correfpond à l’ infertion du pétiole fupérieur :
placés à l’éxtrémité de ces angles , comme dans
le poirier, le pêcher & le cerifier , ils ne peuvent
en être diftingués, & paroiffent en être le
prolongement: tantôt on les voit dans la partie
extérieure & intérieure de l’étui médullaire ; ils
font alors de différentes grandeurs. Les plus
grands font .dans la partie extérieure , & ce font
ceux qui fe détachent les premiers de l’étui médullaire
pour fe rendre dans, les pétioles. Qud'
que fois les filets qui doivent former la Moëlte
d’un pétiole font féparés de l’étui médullaire >,
M O E
, J Æ du point de développement du pétiole
? Lieur. C'eft ainfi que , lorfqu’on coupe une
h anche de fureau au point où une feuille s’en
détache , on voit des filets médullaires à la vue
fimple , bien diftinéts & féparés de l’étui médullaire
: fis s’en écartent infenfibiement & ils vont !
former la Moelle des deux pétioles fupérieurs j
avec deux autres filets trop petits pour les dif- !
tinguer en même tems que les^autres. Enfin, dans
certains arbres, comme le châraignier & autres,
on voit une double ligne extérieure autour de
l’étui médullaire; elle femble ûnie à celle intérieure
par de petits traits qui font paroître cet
étui comme rayonnant : cette ligne extérieure eft
formée d’une multitude de filets médullaires, dont
un grand nombre fe rend dans chaque pétiole.
Ces- filets médullaires font enveloppés de trachées,
fauffes trachées & grands tubes qui les
accompagnent dans les pétioles & jufque dans
les feuilles, où ils forment les nervures. Il en
réfulte qu’en général, l’étui médullaire des tiges
eft compofé de la réunion d’un grand nombre de
petits étuis médullaires , au milieu de chacun def-
quels il y a un filet de Moelle.
Indépendamment de ces filets médullaires, il
fort de l’angle de l’étui médullaire qui correfpond
à la feuille, un autre filet pour fe rendre dans le
bouton qui fe développe à l’aiffelle de la feuille.
Ce filet change peu à peu de forme, à mefure qu’il
fe rapproche du bouton : fi , comme dans le
pêcher, il y a trois boutons à l’aiffelle de la
feuille, le filet médullaire fe divife en trois.
Lorfqu'on enlève à la tige des tranches au-
deffus de l'infertion du pétiole & du bouton,
on voit que l’angle qui avoir pris de fi grands
développemens jufqu’à cette partie , eft fouvent
à peine vifible au-deffus, pendant que l’angle qui
correfpond au pétiole fupérieur commence à augmenter
& continue à le faire jufqu’au point d’infertion
de ce pétiole. Il en réfulte que l’on ne
trouve jamais tous les angles de la Moelle de
même dimenfion. On en voit cependant ' deux
dans les végétaux à feuilles oppofées,. comme le
fureau, le frêne , & trois dans les verticilles à
trois feuilles, comme le catalpa, & c ., parce que
ces angles fe .font développés & viennent aboutir
au même point.
Si on examine en fui te' un bouton à bois bien
formé , on voit que la Moelle y a pris une forme
déterminée. Tous les angles font développés à
l’infertion dès feuilles, quoiqu’on ne puiffe encore
diftinguer les boutons qui exifteront dans
la fuite à l’aiffelle de ces petites feuilles. On s’affure
egalement, en coupant ces boutons par tranches
très-minces,. que les angles les plus grands font
toujours au point d’infertion de chaque feuille.
Si on fuit, en outre, le développement d’un de
ces boutons, on remarque que la Moelle augmente
en diamètre & que lorfqu’elle a pris tout
ton. développement, les angles ne font plus auffi
M O E 041
faillans : les lignes d’un angle à l’autre, qui étoient
concaves, deviennent droites ou fe rapprochent
de la ligne droite ; celles qui étoient droites, forment
un arc donc la- partie convexe eft du côté
de l’écorce. La Moelle a un plus grand volume au
point d’infertion des feuilles. Les cellules ou utri-
cules ont pris leurs plus grandes dimenfions, &
en comparant les utricules d’une branche qui
a une forte végétation avec celle de la Moelle
d’une branche qui pouffe médiocrement, il eft
facile de s’affurer que les premières font plus grandes
que les fécondés.
On remarque encore que fi la pouffe eft très-
vigoureufe & qu’il y ait une grande diftance entre
les feuilles, les angles de la Moelle ne font pas
fi faillans dans l’intervalle, & que la Moelle s’y
rapproche plus de la forme ronde ; elle eft même
entièrement ronde dans les gourmands de rofier ,,
d’églantier, & c ., fi on en excepte le point d’infertion
des feuilles, où il y a un angle.
Tel eft le développement de la Moelle dans
les branches verticales qui ont pouffé en plein
air; mais fi un côté de la branche eft contre un
mur, ou d’autres branches qui la privent de l’air
& de lumière, ou fi les branches font renver-
fées , les feuilles, en s’écartant plus ou moins de
leur pofition naturelle pour jouir des .influences
atmofphériques, produifent un effet affez fenfible
fur la forme de l’étui médullaire, dont les angles
ne fe trouvent plus dans la même direâion; Ainfi,.
dans le frêne & le fureau , où la fécondé paire d e
feuilles forme l’angle droit avec la première dans
les branches verticales qui jouiffent de l’air & d e
la lumière de tous côtés, la Moelle a quatre angles
, deux grands & deux petits. Mais fi la fitua-
tion des feuilles eft un peu dérangée, la Moelle &
l’ étui médullaire peuvent avoir fix & huit angles ,
& ils font fouvent plus alongés dans un fens que
dans l ’autre, parce que les quatre angles Supérieurs
n’étant pas placés dans la même ligne que
les quatre inférieurs, ne fe confondent pas avec
eux. On trouve quelquefois, dans les efpèces
dont les feuilles font difpofées en fpiralè, comme
le cerifier, deux angles de plus,
. Cette forme de la Moelle & de l’étui médullaire
de la tige & des branches, fixée par la pofition
des feuilles, paroît également établie dans
les pédoncules par le nombre de pédiceiles ou par
les divifions du calice, même lorfque ces divi-
fions ne font que des échancrures qui ne fe prolongent
pas jufqu’au point d’infertion du calice,
qu’on confidère alors comme monophylle /pourvu
que le nombre des pétales foit égal à celui de ces
divifions.
Il réfulte de ces faits, que la Moelle & l’étui
médullaire ont plus ou moins d’angles, fuivant ia
pofition des feuilles; que fi les feuilles font alternes
, la Moelle préfente un angle plus fort & un
autre plus foible ; fi elles font oppofées, deux
_ grands angles & deux petits 5 fi. elles font v.erti>-