
qu’on y attèîe un grand nombre de chevaux , dix '
à douze & plus, on peut l’employer à creufer des ;
foffés de quinze à feize pouces de profondeur. >
On voit plu fleurs de ces fortes de charues figurées •
dans les Annales d3 Agriculture d’Arthur-Young. .j
Quant aux charues à coutres fans focs , on les
emploie rarement en France} mais il paroît qu’ on
en fait ufage en Angleterre , pour faciliter les dé-
frichemens des terres qui contiennent beaucoup
de racines & peu de pierres, des tourbières, par
exemple. Elles offrent toujours plufîeurs coutres
en arrière & fur des lignes différentes , ayant la
même longueur où les premiers étant plus courts
que les féconds & les troifièmes, leur nombre
varie de deux à dix ou douze. J’en parlerai de
nouveau fous le nom de Sc a r if ica t eu r qu’elles
portent dans quelques lieux.
Certaines herfes à dents de fer longues & tranchantes
avec lefquelles il fuffic fouvent de divifer
la furface du fol après une récolte, pour la rendre
propre à recevoir les femences d’ une autre,
peuvent être regardées comme des charues de cette
forte.
Un autre ordre de charues feroit encore dans le
cas d’ être mife fous les yeux du Léteur. Ce font
celles qui font accompagnées d’ une mécanique
propre à ver fer la femence & à la recouvrir à me-
fure qu’elles labourent 5 mais je préfère en parler
au mot Semoir , nom qu’elles portent généralement.
A&uellement que j’ai donné fur les fortes de
charues les plus connues, des notions fuffifantês
pour s’en former une idé e, je reviens aux diver-
fes efpèces de Labours qu’on peut pratiquer par
leur moyen, & aux principes d’après lefqutls on
les exécute dans les grandes cultures, principes
qui ne diffèrent pas de ceux développés au commencement
de cet article 5 mais qui doivent être
confidérés fous un nouveau point de vue.
D’abord il faut difcuter la queflion de favoir lequel
, du cheval ou du boe u f, mérite la préférence
pour les Labours. Cette queftion eft partout réfo- •
lue par la pratique, tantôt dans un fens, tantôt
dans l’autre, & n’eft pas fort difficile à traiter.
Le cheval, par la vivacité de fes mouvemens ,
par fon ardeur au travail, par le peu' de repos
qu’il demande , par la promptitude avec laquelle
il fe nourrit, par fon obéiffance au mors ou au
foue t, par la durée de fa v ie , &c. femble préférable
, & eft en effet préféré dans les grandes exploitations
des plaines , dont le principal avantage
.provient de la pofiibilité d’économifer fur le tems
.& la main-d’oeuvre. Voye^ Cheval.
L’égalité de force & d’ardeur dans, les chevaux
eft une qualité très-defirable pour un attelage de
.charue. Le fouet ne peut jamais fuppléer aux in-
convéniens qui font la fuite du manque de cette
qualité. Ce n’eft pas avec des faccades que le conducteur
peut maintenir le manche de fa charue de
manière à prendre la même raie, foie en profon* I
deur, foie en largeur , à appuyer dans les endroits I
difficiles , &c. Un cultivateur qui entend bien fes I
intérêts ne doit donc pas s’arrêter à quelqu’argentj
de plus pour en avoir qui s’accouplent aifémentSj I
qui obéiffent à la voix.
La manie des gros chevaux pour les Labours a I
exifté en Angleterre, mai« elle a été abandonnée I
comme nuifible aux intérêts des laboureurs. En I
France, c’eft tout le contraire dans beaucoup de I
cantons. On recherche le bon marché, & on n’a I
que de foibles attelages. C ’eft l’exemple de la N oc-1
mandie , de la Picardie & des environs de Paris!
qu'il faut fuivre.
. Le boeu f, par fa maffe , fa force } l’égalité de I
fes mouvemens, le peu de depenfe de fa nourri-1
tare & de fon attelage, fon bon tempérament, faI
grande valeur après qu’ il a été engraiffé, femble I
offrir plus d’avantages} auffi eft-ce lui que les pe- I
tits propriétaires des pays de montagnes recher* I
chent de préférence. oye^ Boe u f .
Ainfi le Labour du cheval eft plus expéditif &|
celui du boeuf plus économique. Mais lequel des!
deux eft le meilleur ?
Long- tems on a cru que le Labour du boeuf
! étant plus lent il devoir être mieux exécuté} mais ■
des expériences rigoureufes ont conftaté que s'ill
avoit quelqu’ avantage , ce n’Atoit que dans les dé-1
frichemens, c’ eft-à-dire -, que dans une terre en!
culture réglée fk avec la même charue, les Li-I
boursdes chevaux & des boeufs ne difFéroient pasl
fenfiblement en bonté.
Une charue attelée de chevaux eft beaucoup
plus facile à diriger qu 'une charue attelée de boeufs,I
Il eft fort peu de laboureurs qui foient également!
habiles dans la conduite de ces deux charues,!
L ’intelligence femble plus néeeffaire dans les pre- ■
miers , & la patience dans les féconds} auffi remarque
t-on une grande différence dans, le caractère
des cultivateurs des pays où on emploie ex-l
clufivement une feule efpèce de ces animaux. I
La manière d’atteler doit influer & influe en!
effet fur la bonté des Labours. Il y a quelques différences
à cet égard, dont il 'eft néeeffaire que je!
dife un mot. I
Les chevaux fe mettent à la charue, tantôt à lal
queue, tantôt à côté l’un de l’autre. Le tirage,!
dans le prefhier cas, paroît devoir être plus direflil
mais il eft devait que lorfque le conduéteur a uns
longue pratique, il l’eft également dans tous lui
deux. Deux chevaux à la queue font moins de{f
fogne que deux chevaux de front, parce qu’ils
agiffent inégalement. Combien font à plaindre les
cultivateurs qui font obligés d’en mettre jufqu', l
fix & huit ; car ils ont moins de bénéfices à efpS' I
re r , & plus de chances défavorables à courir ! I
Il eft des cantons où un feul homme conduit»
charue & les chevaux quelques nombreux qu<“l
foient. Il en eft d’autres où on croit qu’ il n’eft f I
poffible de labourer fans deux perfonnes. l'W 1
Itiomie doit engager à imiter la pratique des pre-
■ rniers, & il m’a femblé qu’elle commençoit à pré-
idominer-en France. Avec de l'habitude, on peut
■ diriger fix chevaux bien dreffés auffi facilement
■ que deux.
■ Quand on voit le peu d’intelligence de cer-
Itains conducteurs de charues , on eft tenté de
■ croire qu’il faut peu de combinaifons d'efprit pour
■ labourer} cependant cètte opération exige plus de '
■ réflexions que le fuppofent les habitans des villes.
■ Ce n’eft qu’à la fuite d’une pratique de quelques
■ années qti’ on acquiert l’habileté néeeffaire pour
■ être appelé un bon laboureur. On doit de toute né-
jeeffité faire en même terne attention à la largeur,
;i la profondeur & à la direction qu’on donne à la
fraie , & par conféquent faire mouvoir le manche
I n haut ou en bas, à droite ou à gauche, & veiller
à la marche des chevaux. Tel eft habile dans le
lieu où il eft accoutumé d’opérer, ou avec les .
Bnimauxqu'il connoît, qui ne fait qu’un mauvais :
(Labour dans un autre canton , dont la nature de j
|a terre eft différente , ou avec des animaux nou-
[yellemenc achetés, Sec.
B Convient-il de labourer auffi tôt.que le terrein.
æft vacant, ou faut-il attendre telle ou telle épo-
Un grand nombre d’écrivains ont difeuté contradictoirement
cette queftion qui eft très-compliquée
: c’eft, à ma connoiffance, Arthur Young qui
a fait le plus d’expériences dans le but de la ré foudre.
P II eft avantageux de labourer auffitôt que la terre
Æfl dépouillée, & on le fait dans toutes les exploitations
rurales où les affolemens réguliers font admis,
î®. parce que par-là on enfouit, avant leur
flécompofition fpontanée, les chaumes & lesmau-
yaifes herbes, ce qui fait engrais (voye^ Récoltés
enterrées) } 2°. parce que la terre n’eft
pas encore affez defféchée ou allez piétinée par
M s befliaux pour que le Labour n’en Voit pas plus
facile & meilléur 5 30. parce qu’il eft bon de ne
pas laiffer un feul jour fans emploi une terre qui
füfceptible de produire.
»M a i s ces principes ne font pas admis dans les
tjays ou la jachère triennale eft encore en faveur.
^ quelques cultivateurs donnent un premier
«abour aux chaumes avant l’hiver , le plus grand
«ombre d’entr’eux attendent le plus tard poffible
pour, difent-ils , • faire profiter leurs beftiaux des
Y ctoiffent naturellement} désirable
pratique que l’ignorance & la mifère peuvent
feules exeufer; car fon réfultat eft un mauvais
» âge ( voyeç ce mot ) & une diminution con-
i|uerabie dans les produits de là récolte- fui vante.
|Les Labours d’automne ont l’ itnmenfé avantage
qouynr la terre aux influences de l’hiver , faifon
« a*r Plus denfe dans fes couches inférieu-
nnnV 1 M r.6rlJer la décompofition de l’humus
i*n foluble. Il eft de fa it , & cela eft conforme à
ris for,«6 ’ qu 1 5 fo,nt pllls néceflair«i dans les' ter-
f fortes que dans les terres légères,
Cependant il eft des cas où il eft bon de retarder
les Labours après l’hiver 5 tel eft celui d’un
terrein füfceptible d ’être noyé, parce que l'effet
de ceux d’automne feroit détruit, & qu’ils favo-
nferoient l’abforptipn d’ une trop grande quantité
d.eau. 11 eft des terres tellement gâcheufes pendant
cet.te faifon, que les Hommes & les animaux s’y
perdent quelquefois. On en cite de telles à l’oueil
■de, Tours.
Arthur Young n’eft point partifan des Labours
d automne, il prétend que fon expérience prouve
leur nuifible influence fur le produit des récoltes.
Les Labours, en ouvrant la furface du fo l, fa-
vorifent l’évaporation de l’humidité qui s’y trouve.
De cette obfervation il faut conclure : i° . que les ■
terres fèehes & légères doivent être moins fré-*
quemmenclabp,urées que les humides & les fortes;
2.0. 'que les Labours d’été peuvent fouvent devenir
nuifibles dans, les premières de ces terres, furtouc
dans les pays chauds j 3°. qu’ il ne faut pas labourer
pendant la floraifon des végétaux qu’on cultive
pour leur fruit, de crainte que cette opération
n’amène la C oulure. Voye^ ce mot.
Ce n’eft donc que lorfqu’ on veut réenfemencerde
fuite les terres qui viennent de porter une récolte,
que les Labours d’été doivent être tolérés. La remarque
qu’ils diminuoient la -faculté productive ,
quelquefois pour plufieurs années , a été faite depuis
des fiècles} elle fe lit dans les Géorgiques.
Leurs inconvéniens font bien plus fenfibles dans
les pays chauds & dans les années fèehes, comme
je l’ai obfervé plus haut. Dans nos départemens
méridionaux , on a même donné le nom de T e r -
I RES gâté F. s (voy^i ce mot) à celles qui ont ainfi
; perdu une partie de'leur fertilité par des Labours-
; in confidérés pendant la durée de cette faifon.
. L’état de la feience ne permet pas d’indiquer po->
fitivement ce qui caufe cet effet; mais il eft probable
que c’eft la portion d’humus foluble qui
redevient infoluble, dans lequel cas ii femble qu’il
fuffiroit de répandre de la chaux en poudre & d’ar-
rofer. Il y a auffi fans -doute une grande déperdition
de gaz. L ;évaporation exceffive d’eau que fà-
vorifo ces Labours ne peut influer fur l’infertilité
fubféquente de ces terres, qu’au tant qu’elle empêche
la décompofition des gaz atmofphériques ou
de l’humus non foluble, puifque les pluies de l ’automne
& de l’hiver ne les remettent pas.
On në doit donc jamais faire , furtouc dans Tes
pays chauds. & dans les' terres fèehes & légères ,
que dë très-légers binages pendant l’été; mais bien,
dirigés, ces binages produifent autant de bien que
les Labours auroient produit de mal. C ’eft dans les '
pépinières & dans les cultures de plantes à larges
feuilles, qui entretiennent la furface de la terre
dans un état perpétuel de fraîcheur, qu’ il eft poffible
d’apprécier leurs grands avantages Nous les
appliquons peu en France aux grandes cultures;
mais en Angleterre ils y concourrent fréquemment