
'D i c t io n n a i r e d e G é o lo g ie , c'eft que le froid augmente
à mefure qu'on s’élève fur les Montagnes,
& que , dans les Alpes, on voit des. neiges perpétuelles
à environ quinze cents toifes au-deifus
du niveau de la mer.
Au-dcffous des-neiges perpétuelles fe trouvent
des pâturages qui peuvent nourrir, & nourrilfcnc
. en effet pendat quatre mois de nombreux trou-
‘ peaux de vaches , qui fournifl’ent principalement
des fromages d'une vente fort a^antagcufe. Plus
bas, viennent les forêts de mélèzes, de pins, de
fapins , & enfin celles de chênes. Ce n'eft qu’au-
delfous de ces dernières qu'il eft permis d’efpérer
quelques foi b les révoltes d'avoine ou de feigle ,
de raves, &c. Il faut defcendre prefqu'au pied de
ces Montagnes pour trouver de belles cultures
de froment, d’orge, de chanvre, 8c c . , des vignes,
des arbres fruiti rs de toutes les èfpèces.
Cinq fortes de Montagnes font diftinguëts par
les géologues ; favoir :
i°. Les Montagnes granitiques. Elles font formées
de granit dans leurs parties les plus élevées,
de gneiff, de l’chifte, de chaux carbonatée &
de grès fur leurs flancs 5d à leur bafe. On y trouve
aufli quelquefois des amas de Plâtre. ( V o y e ^ ce.
mot.) Leurs fommets font prefque toujours aigus.
Les fourcesy font très nombreufes, mais peu abondantes.
La couche de terre végétale qui les revêt,
excepté dans les vallées , eft généralement fort
mince j aufli leur agriculture eft-e!le peu pro-
duélive, & vaut-il fouvtnt mieux les laiffer en pâturages
& en bois, que de les labourer pour y
femtr des céréales. C ’cft le châtaignier qui en fait
fouvent exeivifivement la richefle : les raves- y
profpèrent ordinairement. On n'y fait pas allez
ufage des récoltes enterrées en vert, pour augmenter
la mafte de leur humus, quelque certain
que foit ce moyen. En général, fi leurs habitans
font aétifs & économes , ils font peu éclairés 8c
fort miféra-bles. La plupart, fous les noms de S a v
o y a r d s 3 d e L im o u f in s -, d 'A u v e r g n a t s , &rc., vont
pendant l’été dans les plaines , 8c pendant l'hiver
dans les villes, chercher, par le travail de leurs
mains, un fupplément à la foiblefle de leurs récoltes.
Voye-^ Granit & Schiste.
2°. Les Montagnes fecondaires. Les roches
calcaires dans lesquelles on trouve des vertiges
de.produdtions marines, mais d’efp.èces & même
de genres diffirens de ceux qui exiftent dans les
.mers actuelles, les campofent. Lorfqu’ellès font
plus hautes que les précédentes, c'eft prefque
toujours qu'elles fe font plus lentement d'écom-
pofées, comme Ramond l'a prouvé par les Pyrénées
, & comme j’ai eu occafion de l'obférver
plufieurs fois dans mes voyages -, leurs fommets
font généralement arrondis en dos d'âne 5 leurs •
pentes font le plus Couvent recouvertes d'atgiie &
d’une aflez grandes épaifleur' de terre végétale.
Elles font fufceptibies de recevoir toutes fortes
de culture. Il n e f pas rare de les voir couvertes
de riches récoltes ; cependant l'abondance d
pierres & le défaut d’eau nuifent foûvent àleut
productions : les terreins crayeux en font partie
V CRAIE dans le D i c t io n n a i r e des Arhr,, r!
A r b u jle s . ^
3*. Les Montagnes tertiaires, ou à couches
font formées de bancs de pierres calcaires, ren.'
fermant des coquilles analogues par leurs genres*
8c même quelquefois leurs efoèces, à celles qui
fe trouvent dans les mers actuelles des paysthai
Leurs fommets font généralement aplatis, méma
offrent des plaines d'une grande étendue. Les eaux
y font plus abondantes que dans les Montagnes
fecondaires, parce que l'argile y abonde, fbuvent
même alterne avec Ls bancs de pierre. Leur élévation
eft peu confidérable , & prefque partout
la même. La correfpondance des angles faillans &
rentrans de leurs vallées prouve queces vallées ont
été crçufées par les eaux.
C'clt à leur fuite que je place les Montagnes
formées dans l’eau douce , Montagnes fur lef.
quelles j’avoisdéjà fixé mon opinion, il y a plus de
vingt-cinq ans,- & dont l’origine vient d'être appuyée
fur des preuves irrécusables par Cuvier
& Brongniard. Ces Montagnes , dont on trouve
un grand exemple aux environs de Paris & aux
environs de Bnrgos ( voye% mon V o y a g e en Ef
p a g n e ) , font évidemment plus nouvelles de bien
des milliers d'années que les précédentes 5 mais
elles offrent peu de caractères agricoles particuliers
: la produélion du plâtre eft ce qu'elles pré-
Tentent de plus avantageux aux cultivateurs qui
les avoifînent.
4°. Les Montagnes d'alluvion font le réfultatdu
tranfport par les eaux des débris des trois fortes
précédentes, principalement des deux premières;
elles font compofées ou de cailloux, ou de gravier
, ou de fable, ou d'argile, ou de toutes ces
matières réunies en proportions très-variables;
elles offrent fouvent une forme demi-fphérique.
Les eaux y font fort rares. Leur culture eft tantôt
avantageufe, tantôt peu productive. V o y e ç Cailloux,
Galet, Gravier & Sable.
50. Les Montagnes volcaniques : celles-ci font
formées par les élémens des premières & des fécondés
, rejetés par les feux fouterrains & altérés
par l'aétion de ces feux (- v o y e ç V olcan dans le
D i c t io n n a i r e d e G é o lo g ie '). Leur élévation eft fou-
vent très-confidérable , & leur forme rarement!
arrondie ou aplatie. Leur couleur eft toujours
rembrunie, & leur compofition offre tantôt des
pierres dures, tantôt des pierres poreufes, Ms
tôt des fables plus où moins fins. L'eau kutj
manque le plus f auvent, & , quand elles en ont,
elles font d’une fertilité extrême.
Ces Montagnes-font fort fréquentes dans le
centre de la France & en Italie : on en connoit
aufli quelques unes en Allemagne. V o y e [ V°L‘
CANIQUE.
Si la*nature tend d’un côté à diminuer la w
I des Montagnes, elle tend aufli de l'autre à
Rrrêcer leur abaiffement, lorfqu’jl elt arrivé à un
Rerrain terme; ainfi, toutes les fois que leur fom- i et s'eft arrondi, que leurs pentes ont pris une
■ bclinaifon approchante de celle de quarante-cinq.
II és elles fe couvrent naturellement de vésér
IJon/ & les agéns deftruéteurs n agifleut plus
I nue foibiemen.t fur elles, parce que les pierres qui
Iles compofent font fouftraices au- contadt de l’air,
|à l’aûion de la féchereffe, de la gc lée, des eaux
Eluviales,&c. C'eft donc fe rendre coupable, q^iiel-
Euefois fous le rapport de fon propre intérêt,
■ toujours fous le rapport de la poftérité, que de
■ transformer les bois 8c les pâturages des fommets
■ pointus & des pentes rapides des Montagnes en
■ champs .propres- à produire des céréales & autres
liantes qui demandent des labours fréquens , parce
Eue les eaux pluviales entraînent la terre, mettent
la nu la roche,- 8c qu’il en refaite d'abord une in-
Kertilité complète, en fui te de nouveaux moyens
■ aux agens phyfiques & chimiques pour renouveler
lia décbmpofitibn de la roche qui en forme le
noyau.
I Que de terreins en France font perdus pour fa
■ culture par cette feule caufé ! Que de fources fe
l ’ont taries, parce que les bois du fommet des
■ Montagnes ont difparu ! En effet, d'un côté*, les
nuages ne font plus aufli attirés par elles, & de
l ’autre, les eaux s'écoulent en torrens dans la
Iplaine , au lieu de s'infiltrer, comme lorfqn’elles
létoient arrêtées par les racines des arbres & des
■ plantes, avec lenteur dans les couches, fapé- Heures du fol..
K Je fuis fi perfuadé des avantages de la conferva-
Itiondes bois fur le fommet des Montagnés, que,
■ quoique je n’aime point voir l’autorité agir fur
lies propriétés particulières, je me fuis mis au
■ nombre de ceux qui penfent qu’il eft de ton devoir
d’empêcher leur deftruétion par tous les
■ moyens compatibles avec la juftice. En Suiffe,
Ion ne met pas plus de furveillance à cet objet qu’en
■ France j cependant il y a , dans quelques lieux,
Ipeme de mort contre celui qui couperoit des
Ptbres dans les forêts qui fervent à garantir les
■ villages des avalanches, c’eft-à-dire, de cesmafles
jde neige qui roulent, en s'augmentant, du fom-
|inet des Montagnes, & écrafent fi fréquemment
Ides voyageurs , même des villages.
I Les abris fournis par les Montagnes font un
■ objetde première importance, puifque c'eft pref-
Kue toujours eux qui décident de l’etpèoe des cultures
fur leur pente & dans leur voinnage. Ainfi ,
i.,aî,s lu ci-devant Provence, on placé au midi
l°ranger, l'olivier , le pin pignon, le pin d'Alep,
I ^ais, &c. ; au nord, le châtaignier, le pommier,
ep'ncerribïp, le pii fylveftre, le froment, &c. j
•JceP^dans 1. s .environs de Reims, on croit ne
p j 01r^ a're ^ons v^ns clu>a ^exP°^tion du
Je ne m’étendrai pas plus au long fur cet objet,
qui a été traité convenablement au.mot Abr i.
Par leurs grandes variations dans la nature du*
fo l, dans l ’élévation, dans l’a fp e â ;le s Montagnes
ne peuvent être foumifes,. co-maie les plaines
, à un mode uniforme de culture ÿauffx la petite
culture leur eft feule applicable , parce que, dans
beaucoup de leurs localités, il eft- importable de;
labourer à la charue , à- rai fon de la rapidité despentes
, de la multiplicité des pierres, Src. Tous
les riches' propriétaires qui ont tenté d’y former
de grandes fermes n’y ont pas trouvé leur compte-
( voye% Ferme ). La pioche y eft plus employée
que la b ê c h e le boeuf plus que le cheval j l’âne
& le mulet y font préférables pour les tranfports-
Les irrigations, que favorifent l’abondance des-
fources & des pentes, y font très-pratiquées. On-
y conftruit fréquemment des terralfes en pierres-,
fèches, pour arrêter l'éboulement des-terres, ter-
rafles qui font elles-mêmes fréquemment eiitraî^-
nées à la fuite des orages, & auxquelles je préfère
des haies tranfverfaies. Les labours à la charue
s'y font dans ce dernier fens, ce qui eft bien,.
& ceux à la pioche le plus fouvent du bas en haut,
ce qui eft mai, puifque par-là on accélère la dé«-
nudation du foi. Voye% Haie & L abour.
Une manière très-avantageufe de tirer parti des
Montagnes dont les pentes font rapides & trop
peu.fournies de terre végétale pour être plantée»,
en forêts, c’eft de les garnir d'arbres écartés Ôs
difpofés en quinconce, tais que des châtaigniers^
fi le fol eft granitique ou (chifteux; des ormes ,
des chênes , s’il eft calcaire ; des faules, des-
frênes , s'il eft argileux , pour les tenir en T b-
t ard ( voye% ce mot ) , qu'on tondra tous les
dix à quinze ans , & fous lefquels on trouvera un;
pâturage abondant pour- les vaches 8c les moutons.
J'ai vu retirer de très-grands produits de;
ce mode de culture dans quelques parties de la-
France & de l'Efpagne.
La culture des arbres fruitiers eft une des plus-
convenables aux Montagnes 5 mais malheureufe-
men.t elle n'y eft pas adoptée aufli généralement
qu’il feroit à defirer.
C'eft la vigne qui fait la richefte des pays de
Montagnes, ou mieux de collines, careile ne
peut profpérer dans les Montagnes élevées. V o y e£
Vigne,
V o y e [ , pour le furplus, aux mots V allée,.
V allon. { B o s e . )
MONT-AU-CIEL. C'eft un des noms vùlgiires
de la Persicaire du Levant.
MONTER EN GRAINE. Les jardiniers em*
ploient cette expreflion pour défigner l'apparition
de la tige dans les plantes qui n’ont d’abord que
des feuilles radicales , 8c la plupart de celles qu ils
cultivent font, dans ce cas.
Comme c’eft le plus fouvent pour leurs racines
ou pour leuis feuilles que ces plantes font culd