
celles-ci Ta été le feizième jour, fes précédentes chaleurs
ayant eu lieu d’abord le quinzième jour, & en-
fuite le feizième, & l’autre le dix-neuvième jour,
fes autres chaleurs ayant été le dix-feptièmejour&
le feizième. L’avant-dernière a péri fans être pleine,
& la dernière n’a point été fécondée. Il arrive
fans doute dans cette clarté d’animaux ce que j’ai
vu arriver dans d’autres, par exemple, lis vaches ;
celles qui ne retiennent pas aux premiers accou-
plemens, 8c qui demandent fréquemment le taureau,
parce qu’elles éprouvent dans les organes,
quelquefois malades de la reproduction , une irritation
plus ou moins forte, font incapables de concevoir;
on n’en doit plus rien attendre, il faut
s’ en défaire. Voye%_ le mot A v o r t em e n t . '
Pour régularifer la monte, & par conféquent
faire ve nir les agneaux à peu près dans le même tems,
ce qui eft très-avantageux fous plufieurs rapports,
8c particuliérement pour qu’il y ait plus d’unifor-
miré dans les tailles, & pour qu’aux râteliers ils
puiflent tous manger à la fois, fans qu’il y en ait de
foibles qui en foient écartés par les autres , M. Morel
de Vindé confeille d’introduire dans le troupeau
des portières quinze jours avant la monte,
un ou deux béliers revécus d’ un tablier qui s’op-
p.oferoit à l’accouplement. La préfence de ces anim aux difpofèroit un plus grand nombre de brebis
à entrer en chaleur, comme celle du cheval,
dit boute-en-train , le fait à l’égard des jumens des
haras. Cette idée eft très-bonne, & je ne douce
pas que, dès cette année, plusieurs propriétaires,
dé troupeaux n’en profitent.
. Les plus grandes chaleurs étant du quinzième an
vingtième.jour, c’eft alors qu’ il faut donner aux
brebis plus de béliers ; le relie du tems, c’eft-à-
dire, avant & après le quinzième & le vingtième,
deux fuffifent par cent, fi on n’adopte pas l’emploi ■
du bélier boute en-train j car danslecas où on enfe-
roit ufage, ce ne, feroit pas du quinzième au vingtième
jour qu’il conviendi oit d’augmenter le nombre
des béliers , mais du deuxième au dixième. Au
refte , un berger intelligent & attentif voit bien
quand il a un grand nombre de brebis en chaleur.
C ’eft alors qu’il doit mettre parmi elles plus de
béliers, pour en retirèr à mefure qu’il s'apperçoit
qu’il y a moins de femelles en chaleur.
. Le tems de la monte, d’après ce qui a été déjà
dit j eft ordinairement de deux mois. M. Morel
de Vindé veut qu’on la fixe à. foixante-quatre
jours, fondé fur ce que toutes les premières chaleurs
n’ayant lieu qu’au vingt-fixième jou r, il
fautfept jours de plus, afin que les brebis qui i
n’auroient pas été fécondées, puiflent revenir
une deuxième fois en chaleur. Pour exciter les <
plus lentes, & en. quelque forte les plus apathiques,
il eft d’avis qu'on ôte du troupeau ,
quinze jours avant que la monte ne foit terminée,
les béliers Io]ards,& fatigués, pour leur fubftitlier
des antenois trèsr vifs 8c très-ardens : cette attention
me paiüî t bonnejj
, L’auteur traite une queftion qui n’eft pas f •
intérêt; il s'agit de détei miner à quel âge i] «?
plus avantageux de foumettre les brebis à la monte
C ’eft la troifième année de leur vie que j’ai inip‘
quée à la page 2:0 du tom. II : M. Morel L
Vindé le croit aufli. Ce n’eft pas qu’elles ne pu;r
fent être fécondées plus tôt, & donner même de
très-beaux agneaux ; mais il vaut mieux, autant
qu on le peut, attendre qu’ elles aient cetâee&
qu’ elles foient dans la plénitude de leur force: Parmi
■ des propriétaires éclairés, plufieurs ont faitraonor-
terleurs antenoifes, parce qu’ils écoient préflesde
multiplier les brebis , 8c qu'il leur en eût trop
coûté pour fe procurer un troupeau de bêtes
fastes , allez nombreux pour être difp-nféj
d’'employer ce moyen. A mefure qu’ ils ont obtenu
la ^quantité qu’ ils vouloient, ils ont mis aux
mâles moins d’antenoifes 3 & feulement les plus
fortes, & ont fini parles laiffer vierges plus de deux ans révolus. .Dès l’ âge dé cinq mois, le bélier pourroit couvrir
des brebis ; il n’eft pas alors à la moitié de fa
croiffance : cependant on en a vu donner nailTance
a des agneaux, qui font devenus forts & vigoureux.
Il y a des fermiers qui les emploient à fix ou
fept mois : ils allèguent'pour raifon la vivacité de
leurs productions ; mais ils en ont une autre : peu
leur importe <jue des agneaux béliers s’épuifent,
ne fervent qu’une année, ils en prennent de nouveaux
l’année d’après, & ne font pas embarraffés,
pendant l’h iv e r, de béliers qu’ ils feroient forcés
dé tenir avec les brebis. L’antenois eft bien préférable
lorfqu’ il a vingt mois & qu-il eft bien conf-
titué; il eft très-près du ternie de fa croiflance, &
diffère peu, pour fes productions, du bélier de
vingt-huit à trente j mois; regardé à jufte raifon comme étant dans,le meilleur âge.
Le bélier lourd & pefanty & if le devient à cinq
ans ou cinq ans&demi, doit étreprivé de la monte:
le point effentiel eft d’obtenir le -plus d’agneaux
poffible. O r , fuivant M. Mor'el de Vindé, fe but
eft manqué fi on: s’ en fert quand il a cet âge; il
a remarque qu’il ne. couvroit pas affez vice les
brebis ; que quand il y en a plufieurs dans le
troupeau , les ,autres accourent pour l’en éloigner,
bien qu’ils foient occupés ailleurs, qu’il en ré-
fuite des combats , & l’infécondàtion -de quelques
fem elles.: Le bélier , âgé oirfatigu é , s’at-
: tac h e de préférence à une brebis1, em ploie .ce
qui lui refte de force pour la couvrir tant qu’elle
eft en chaleur, & néglige les autres groupées
autour de lui ; - il porte même fa prédilection juf-
qu’ à frapper celles:ci & à les bleffer : la chaleur
des brebis d éd aig nées fe parte fan-s fécondation.
’On prévient ce cas en le retirant de la monte &
en mettant avec les brebis des béliers fupplémen-
taires ; des anrenois fur tout.
On a dit qu’un feul bélier pouvoir couvrir cent
brebis en un jour. Ce fait, que les gens.raifon-
nablts ne croyoient pas ; eft abfolumenc démenti
oarM* 'Morel de Vindé; i l admet la poffibilltéde ;
vingt-quatre fécondations par Je; même individu.,
oui ne ioutiendroi t pas long-tems cette lutte ; pour moi, je doute. même fort que cela ait jamais lieu.
La rivalité des béliers nuifant à la fécondation,
il eft utile de ne point employer enfemble. à la
monte, .ceux qu’on reconnoït pour être jaloux,
ennemis & d’égale force. Il n’y a plus d’inconvénient
quand il y en a un qui a de la fupériorité; !
comme il ne peut pas couvrir toutes les brebis ,
les autres en trouvent toujours affez, furtout aux
champs.Sans cela, beaucoup de brebis ne font
pas fécondées, plufieurs même font bleflees, & il
-périt des béliers. Ce confeil, donné par M. Morel
de Vindé, mérite qu’on y ait égard : les bergers
feuls font en état de remarquer les inimitiés, • la
fupériorité de force, & d’ y faire attention ; on doit
le leur recommander.
De tout ce qui précède, on peut établir la
conduite fuivante : introduire dans le troupeau
des brebis quinze jours avant la monte., un ou
deux béliers ayant des tabliers. Après cette époque
les retirer ; employer la moitié des béliers de
trente mois, deftinés à. la monte, 8c la moitié des
antenoisen les renouvelant chaque femaine à
raifon dé trois pour cent; quand l'affluence des
brebis en chaleur diminue, ne fe fervir plus que
d’antenois pour terminer la monte; avoir foin de
choifir des béliers parmi lefquels il s’en trouve
un qui foit le maître des autres. Par ce. moyen, la
monte ira v ite , durera peu de tems » toutes ou
prefuue toutes les brebis feront fécondées ; les
agneaux feront également forts, le fevrage fera
plus uniforme.
Cafiration.
Là caftration n'a pas plus été traitée avec détails,
que la connoirtance des âges par les dents,
rtoyq page i l 2 , tome II.
On peut châtrer les béliers à tous les âges de
leur vie ; on les châtre dans l’état d’agneau, depuis
trois femaines jufqu a fix mois. Plus tôt on
leur fait cette opération, moins ils. fouffrent 8c
moins on en perd : il faut profiter du tems où ils
tètent : le lait de la mère , outre qu’ il les nourrit,
eft- un adouciffant capable de calmer la douleur.
On les châtre le plus ordinairement lorfqu’ ils ont
trois femaines ou un mois , & quand les tefticules
font defeendus dans ks bourfes.
La meilleure manière de châtrer eft par l’enlèvement
des tefticules : on incife au bas des bourfes;
on fait fortir les tefticules l’un après l’autre.
L'opérateur les faifit chacun à leur tour ;& les
arrache avec les dents ; il tord le cordon qui cède
& fe tire facilement. Il y en a qui frottent enfuite
les bourfes avec du fain-doux, d’autres fe contentent
de rapprocher la plaie. La chair d’un animal
privé de ces organes, avant qu’ils aient fervi .à la
fécré.tion de la femençe, e(t très-bonne &; délicate. Cette manière né conviendroit pas pour les bé*
liers de trois ou quatre ans; ils la fupporteroienj:
difficilement ; on, les biftourne ou on les fouette.
La première de ces deux opérations confifte à faifir
les tefticules & à les tordre, fi fortement, qu’ils
ne puiflent plus fervir en qualité d’organes de
l ’humeur féminale. Comme on fupp.ofe qu’on les
tord deux fois, on appellé l’ opération hifiourner.
On fait remonter les tefticules; on lie au de flous
pour qu’ils ne redefeendent pas ; au bout de quelr
ques jours on retire la ligature.
La deuxième opération tire fon nom de. fouet,
efpèçe de ficelle forte qu’ on emploie ordinairement.
Pour l’exécuter, on lie les pieds de l ’animal j
on ôte avec les doigts, plutôt qu’ avec des ci féaux-;
la laine qui recouvre les tefticules. Pour les faire
defeendre , . on frotte le ferotum ou fao qui les
contient; on place entr’eux & les petits mamelons
qu’ont aufli les béliers, la ficelle qui doit
être forte & même plus forte que du fouet. On
fait un noeud, dans, lequel partent les tefticules ;
chaque bout de la ficelle eft attaché à un morceau
de bois que tient une perforine ; on fait
couler le noeud, & les deux hommes ferrent le
plus qu’ ils peuvent fans donner de fecouffes 8c
fans couper les cordons fpermatiques. Sur le premier
noeud on en fait un fécond, qu’ on ferre
également; on coupe la ficelle à un pouce 8c
demi. Si, pendant qu’on ferre, ellevenoit à caflfer,
on en prendroit Une autre qu’on mettroit de la
même manière,.fans ôter la première. On doit
prendre garde de ne point intéreffer la verge ;
pour ne pas cauferde phimofis. Trois jours après
l’ opération , on coupe tout ce qui eft au-dertous
du noeud de la ficellé.
Quelle que foit la manière dont on fe ferve, on
doit châtrer au printems ou à l’automne , afin
d'éviter le grand froid 8c la grande chaleur, 8c
le faire par un beau tems , le matin , avant que
les animaux aient mangé. Les bergers», pour U
plupart, favent employer les trois méthodes ; il
y en a qui font fi habiles, que fur cent béliers
agneaux auxquels ils enlèvent les tefticules , il
n’en meurt quelquefois pas un. Dans plufieurs
pays, des hommes nommés châtreurs parcourent
les fermes à certaines époques ; ils ont grand
foin , après avoir fait l’opération, de mettre leurs
doigts dans la bouche de l'animal, afin qu’ il remue
les mâchoires, ce qui le préfer ve de l’ef-
pèce de convulfion ou ferrement qu’on appelle
tétanos , 8c qui le feroit mourir- : ce moyen leur
réuffit.
La chair des béliers biftournés ou fouettés
n’eft pas aufli agréable à manger que celle des
Moutons auxquels on a enlevé les tefticules lorfqu’
ils étoient encore jeunes, parce q u e ,' dans
ceux c i , il ne s’eft pas formé de matière féminale.
Le luxe des tables a quelquefois déterminé i
châtrer les brebis, en leur ôtant les ovaires j leur
C c c ij