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rare dans nos jardins : il mérite d’être plus multiplié
qu’il ne l’a été jufqu’à préfenc.
^ Un des Millepertuis le plus fréquemment cultivés
dans les jardins d’agrément* eft la toute-
faine* que la beauté de fes feuilles & de fes fleurs
y a fait introduire il y a long-tems. Tout terrein
lui convient* pourvu qu’il foit frais. On le place
aux expofitions ombragées * où il forme des
touffes d’un afpeét agréable j on le multiplie par
éclat de racines pendant l’hiver* & par le femis
de fes graines (qui font des baies) en automne.
Le premier de ces moyens eft le plus employé *
comme le plus rapide * & il fufKt aux befoins.
Les Millepertuis échancré & du mont Olympe
ne fe cultivent que dans les écoles de botanique *
où on les multiplie comme le précédent.
__ Malgré fa mauvaife odeur, le Millepertuis fétide
feplante fouvent dans les jardins payfagers*
où fes greffes touffes couvertes de fiems le font
remarquer. On l'y place, du côté du nord * fur le
bord des maflifs, qui forment un point de vue &
qu’on fréquente peu. Il fe conduit & fe multiplie
ainfi qu’il a été dit à l’occafion de la toute-faine.
Les Millepertuis élevé, prolifère* fafciculé *
galioïde * du Canada* de Virginie, font encore
peu cultivés hors des écoles de botanique. Je n’ai
rien à en dire de particulier : on les multiplie
çomme les autres.
Les Millepertuis carré & commun font très-
abondans dans nos bois taiîlisen bons fonds. Ce font
d’affez belles efpèces pour mériter d’être multipliées
dans les jardins payfagers * dont elles peuvent
garnir* de diftance en diftance* le bord des
maflifs j mais on en fait peu de cas* parce qu elles
font communes. Elles fe multiplient très-facilement
par graines & par déchirement des vieux pieds.
Les moutons, les chèvres & furtout les boeufs, les
mangent volontiers quand elles font jeunes * mais
les dédaignent dès qu’elles font fleuries. Le meil-
leur parti qu’on en puifle tirer* c’eft de les couper
au commencement de l’automne pour chauffer
le four, faire de la potaffe ou augmenter la mafle
des fumiers. J’ai vu des taillis de deux ans où un
bomme pouvoir en charger plufieurs voitures en
un jour * fans trop s’écarter 8c fans trop fe
fatiguer.
Le Millepertuis couché eft une très-élégante
çfpèce * mais que fa petiteffe ne permet pas d’introduire
dans les jardins payfagers. C’eft dans les
allées dès bois, en fol argileux, dans les lieux où
l’eau féjourne pendant une partie de l’année* qu’elle 1
croît naturellement. On la cultive dans les écoles
<le botanique, où on a fouvent de la peine à la
çonferver* par la difficulté de lui donner le ter-
rein qui lui eft propre : elle fe multiplie de graines j
femées en place.
Les Millepertuis de montagne & velu croiffent
dans les bois des montagnes* très-fouvent avec
les Millepertuis carré 8c commun : tout ce que
j’ai dit de ces deux derniers leur eft applicable.
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Les beftiaux ne les mangent pas. Le premier eft
même une efpèce de poifon, qui, comme l’opium
diminue l’ a d ti o n de la vie dans ceux qui e n prenî
nent la décodtion * ainlï que Romme me fa appris"
& les Tarcares en font ulage pour fe plonger dans
une ftupeur qui leur eft fort agréable.
Le Millepertuis élégant fe trouve dans les
mêmes fols * & fouvent à côté du Millepertuis
couché , dont il diffère beaucoup par fon porc.
Comme fon nom l’indique* c’eft une très-élégante
efpèce } mais elie eft d’ime petite ftature 8c forme
des touffes très-peu garnies, de forte qu’on ne
peut pas l’introduire dans nos jardins ; aufli ne la
voit-on que dans ceux de botanique, o ù o n a aufli
beaucoup de peine à la çonferver : c’eft exclufi.
vernent de graines qu’on la multiplie.
Les eaux ftagnantes & peu profondes font l’habitation
du Millepertuis des marais * aufli n’ eft-jl
pas commun partout. Il eft d’un afièz agréable
afpedt lorfqu’il eft en fleur* pour mériter d’être
placé dans les lacs des jardins payfagers. On ne
le voit cependant que dans ceux de botanique,
encore a-t-on de la peine à l’y çonferver. On le
plante dans un pot qu’on plonge entièrement dans
un autre plus grand, lequel on entretient plein
d’eau* ayant foin qu’elle ne fe corrompe pas*car
cette circonftance tait mourir la plante; en con*
féquence il faut la changer tous les quinze jours
en hiver* & tous les deux ou trois jours en été,
foin que les ouvriers négligent volontiers.
Le Millepertuis monnoyer eft dans un cas tout-
à-fait contraire * car il lui faut une terre aride &
une expofition chaude. Il fe rapproche beaucoup
par fon afpeét du Millepertuis couché ; cependant
il eft plus grand dans toutes fes parties; on le
multiplie de même. Il eft bon d’en tenir quelques
pieds dans l’orangerie pour parer aux accidens:
les écoles de botanique feules le cultivent.
Les Millepertuis dolabriforme , à trois nervures
8c frondeux ne fe voient que dans les jardins
de botanique; mais ceux d’agrément devront
réclamer le premier lorfqu’il fera plus commun j
car c’eft réellement un très-bel arbufte* ainfi que
j’ai pu en juger en Caroline. On les multiplie de
graines qu’on fème dans des pots fur couche &
fous châflis * & dont on repique le plant en pleine
terre de bruyère* à une expofition chaude &
rendue humide par de fréqu.ns arrofemens.
Le Millepertuis du Dauphiné veut être traité
comme celui de montagne, dont il fe rapproche
beaucoup.
Parmi les Millepertuis étrangers que nous ne
cultivons pas dans nos jardins* mais qui font
remarquables par quelques particularités, je CI*
térai : . v
i°. Le Millepertuis lancéolé* connu à Hte"
Bourbon fous le nom à 'am b la v i l le * qui devient de la grofi'eur d’un homme* 8c duquel découle une liqueur balfamique extrêmement eftimée. ,
2°. Le Millepertuis baccifère * appelé caaopi*
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MILLINGTON. M i l l i n g t o n s .
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Bréfil j dont tronc latfts Auer un fuc qui eft
dVageen-médecine, & qu’on emploie à peindre.
C’eft la gomme g u u e d ’A m é r iq u e . ( B o s c f . )
MILLERIE. M i l l e r i a .
Genre de plante de la fyngénéfie néceflaire &
de la famille des C o r y m b i f e r e s qui réunit quatre
efpèces, tontes cultivées dans nos jardins de botanique.
Il èft figuré pl. 710 des I l lu f ir à t io n s d e s '
genres de Lamarck.
O b s e r v a t io n s .
Jufïieu a établi un nouveau genre aux dépens de
celui-ci , & l’a appelé Flavf.rie. Comme il n’en
n’a pas été queftion à ce mot, je confidère celui
des M ille r ie s comme entier * 8c ce avec d’autant
plus de raifon, que tous les botaniftes ne font pas
d’accord fur la néceflité de fa divifion.
jE fp è c e s .
1. La Millerie quinqueflore.
M ille r ia qu in que flora, Linn. 0 Du Mexique.
2. La Millerie biflore.^
M ille r ia b ifio ra . Linn. 0 Du Mexique.
3. La Millerie du Pérou.
M ille r ia co n tr a h ie r b a . Linn. O Du Pérou.
4. La Millerie à feuilles aiguës.
Miller ia a n g u f iifo lia . Cavan. 0 Du Mexique.
C u ltu r e .
Ces plantes exigent la ferre chaude ou au moins
la ferre tempérée dans le climat de Paris, pour
pouvoir amener leurs graines à maturité 5 car
d’ailleurs elles fupportent fort bien le plein air
pendant l’été. La troifième eft la plus ruftique.
On en fème la graine dans des pots remplis de
terre à demi confiftante , pots qu’on place fur
couche & fous châflis dès les premiers jours du
printems, & qu’on arrofe au befoin. Lorfque le
plant a acquis affez de force * on le repique feul
à feul dans d’autres pots qu’on remet fur une
couche à châflis, & qu’on peut en ôter au milieu
de juin pour les placer contre un mur expofé
au midi* où ils relient jufque vers le milieu d’octobre,
qu’on doit les rentrer dans la ferre pour,
ainfi que je l’ai dit plus haut* favorifer la maturité
de leurs graines* afin de les reproduire l ’année
fuivante.
Les Milleries n’ont aucun agrément * 8c ne fe
voient que dans les jardins de botanique. La treiz
e efpèce eft employée, dans fon pays natal *,
a teindre en jaune. ( B o s c , )
MILLET. V o y e r Panis* Houlque* Sorgho
* Maïs.
Grand arbre qui forme un genre dans la didy-
namie angiofpermie & dans la famille des P e r -
fo n n é e s . On le cultive dans l’Inde à raifon de l’excellente
odeur de fés fleurs ; mais nous n’avons
aucun renfeignement fur le mode de fa culture *
8c il ne fe trouve pas dans nos jardins ; de forte
que je ne puis le rendre l’objet d’un plus long
article. ( B o s c . )
MILLOCOCO : c’eft le Sorgho.
MIMULE, M im u l u s .
Genre de plante de la didynamie angiofpermie
& de la famille des P e r fù n n é e s * dans lequel fe
trouvent réunies quatre efpèces* toutes cultivées
dans nos jardins. 11 eft figuré pl. J23 des I l lu f i r a -
t io n s d e s g en r es de Lamarck.
E fp e c e s .
1. Le Mimule de Virginie.
M im u lu s r in g en s . Linn. f De l’Amérique fep-
tentrionale.
2. Le Mimule ailé.
M im u lu s a la tu s . Ait. De l’Amérique fepten*
trionale.
3. Le Mimule jaune.
M im u lu s lu t eu s . Linn. ^ Du Pérou.
4. Le Mimule glutineux.
M im u lu s g lu t in o fu s , Willd. T? De...»-»
C u ltu r e .
Les deux premières efpèces* dowt j’ai obfervé
de grandes quantités dans leur pays natal * croiffent
dans les terres légères & dans les lieux ombragés
& humides; elles doivent être placées
dans la même ficuation dans nos jardins payfagers
qu’elles contribuent à embellir. Leur multiplication
a lieu, i °. au moyen du femis de leurs graines
dans une plate-bande de terre de bruyère, auffitôc
après leur récolte & fans les recouvrir* à raifon
de leur grande fineffe * autrement que par les
arrofemens, qui doivent être fréquens dans les,
tems de féchereffe : le plant fe. repique en place
au printems de l’année fuivante * & ne demande
plus d’autres foins que ceux propres aux jardins
foignés ; i Q. par le déchirement des vieux pieds*
déchirement qui s’exécute au printems, & qui-
fournit des pieds qui le plus fouvent fleuriffent la
même année. C'eft à ce dernier moyen qu’on fe
tient le plus généralement * ces plantes étant peu-
recherchées.
Les deux dernières efpèces font plus belles qu&
les premières * & exigent l’orangerie dansle climat
de Paris. On les tient* en conséquence * en pots
remplis de terre à demi confiftante 8c fort fubftan-
; tielle* terre qu’on renouvelle tous les ans en au--