
on n’en a pas une telle, 8r cela n’ arrive que trop |
Couvent, il faut y fi elle eft trop légère > lui donner !
de la confillance par le moyen de l ’argile ou d une ,
marne argileule, & , fi elle t-ft trop forte, la fendre
plus légère en la mélangeant de table ou de marne
calcaire. Ces opérations, je le fais> font très-coû-
teules, mais leur effet peut durer des fiecles ; 8c
quand on a des capitaux difponibles, il eft économique
de les entreprendre, puilque leur dépenie,
répartie fur chaque année, eft fort peu de chofe.
Sans fumier on'ne peut rendre un Jardin potager
convenablement productif, lors même que ton fol
eft fertile par lui-même. Il eft donc prefque toujours
indifpenfable, lorfqu’on l’établit, d’ en mettre une
furabondance ; c’ eft ce qu’on appelle fumer a fond :
entre tous, c’ eft celui de vache qui eft à préférer
dans ce cas. On l’ enterre au fond de la jauge du
défoncement ; malgré cela, tous les ans enfuite ,
il faudra lui donner, foit pendant l’ hiver, foit à
une autre époque de l’ année , une nouvelle fumure
plus ou moins forte, félon le befoin; car, je le ré pète
, la prompte végétation des légumes 8c leur
groffeur font les deux objets qu’on a en vue , &
on ne les obtient qu’au moyen des engrais , des
arrofemens & des labours multipliés.
Quelqii’ avantageux que foient les engrais a un
Jardin, il eft cependant bon de ne l’en pas fur-
charger fous le rapport de l’économie d’abord, &
enfuite fous celui de la qualité des légumes, qui
ceflent d’avoir du goût, qui même en prennent un
défagréable lorfqu'on en met trop. Il eft furtout né:
ceffaire de choifir les fumiers , quelques-uns d en-v
tr’eux ayant une mauvaife odeur. Celui de cheval,
excepté dans les terres très-lèches , eit préférable
à tous autres : tantôt on l’emploie frais, principalement
pendant l’hiver ; tantôt il le faut à moitié
confumé , tantôt enfin ce n’eft que.réduit complètement
en terreau qu’ il convient. Dans ce dernier
éta t, il fe répand fouvent uniquement à la
furface pour faire des femis ou des repiquages de
falades & autres petites plantes. Dans le premier,
il s’ y répand auffi quelquefois fur la furface pour
affoiblir les effets delTechans des rayons du foieil
ou des vents. Voye[ Fumier.
Un petit nombre debrouétéesde chaux éteinte,
mifes de loin en loin fur les carrés d un Jardin,
pendant l’hiver, favorifent finguliérement leur fertilité
naturelle ou acquife. _ ^
Les carrés de Jardins font ordinairement entourés
de plates-bandes, plantés d’arbres fruitiers en con-
tr'efpaliers, en bluffons, en quenouilles, en pyramides,
en nains; plates-bandes dont le bord extérieur
eft garni de plantes utiles, propres à empêcher l’é-
boùlemen t de 1 a terre, telles que l’ofei Ile ; le perfil,
le cerfeuil, la ciboulète , la pimprenelle, le fraifier,
la fariète , la fange, & c . , ou de plantes d’agrément,
comme le buis, le gazotv'dolympe, la
a (Turent une plus grande propreté 3 mais coûtent
davantage. . I I)
La grandeur des carrés eft prefqu indifférente;
nuis le coup-d’oeil & le befoin de ne pas trop
perdre de tems pour circuler autour doivent eugi-
gerà leur donner une étendue qui ne foit pas trop
confidérabie : dix à douze toiles fur chaque face
font affez convenables : on eft au relie affez déterminé
mignardife, l’hyflope, &c. : des dalles de pierres
enterrées, & ne forçant que de quelques pouces 3
dans ce cas, par la contenance du Jardin ,
qui, à moins qu’ il ne foit très-etroic, doit avoir
une allée dans fon milieu.
Chaque carré fe fubdivife enfuite en planches
parallèles, dont la longueur fera celle du carré ou
celle de fa moitié, 8c dont la largeur ypour la facilité
du farclage & de l’arrofement, ne doit pas
avoir plus de fix pieds. Leur orientement n eft
pas indifférent, "& je crois que celui du midi au
nord eft préférable.
Ce feroit ici le lieu de difeuter la queftion de
favoir s’il convient qu’il y ait des arbres dans les
Jardins potagers, ou s’ ils doivent être plantés dans
un endroit féparé, queftion louvent débattue 8c
npn réfoîue aux yeux de quelques perfonnes, mais
je ne l’entreprendrai pas.
A mon avis, les arbres font, nuifibles ou utiles
aux Jardins potagers, félon les lieux, les terrains,
les tems & l’objet de culture qu'on a en vue.
En effet, portant avec eux l’ombre 8c la fraîcheur
, ils font plus nuifibles dans le nord que
dans lé midi, dans un terrein humide que dans
un terrein fe c , pendant le printems & l'automne
que pendant l’ é té , pour des melons que pour des
carotes; par conféquent ils deviennent utiles ,
dans beaucoup de cas, aux plantes potagères, &
le font toujours pour leurs fruits. On doit donc
en planter le plus fouvent, mais en modérer le
nombre en les efpaçant beaucoup, dans les climats
froids, lesterreinsfrais, auxexpofitionsdunord, 8c
n’en point mettre dans les parties confacrées aux
couches 8c aux femis de primeur. Les pyramides
& les nains font ceux qui font les moins nuifibles
8c qu’on doit préférer ; après, ce font les contr -
efpaliers. Les buiffons & les quenouilles font paf-
fés de mode 8c c’eft un bien. Quant aux pleins.
vents, bas ou hauts de tige, ils doiventêtre^dans
un lieu complètement diftinéf, à moins que le
fol ne foit à uneexpofition brûlante, ou dans un
terrein extrêmement fe c , auxquels cas ils fervi-
roi.ent d’abris; car ils ne nnifent pas feulement
par leur ombre, mais encore par leurs racines,
qui- font bien plus grofies, bien plus,longues m
bien plus nombreufes que celles des arbres rigou-
reufement taillés.
Jamais une feule partie de ces fortes de Jardins
ne doit refter plus d’un mois fans être femee
ou plantée. ~Le principe général des affolsmens
doit leur être rigoureufement appliqué, c’eft-a-
dire, qu’il ne faut remettre la même plante dans
la même planche, que plufieurs années après,
furtout
I furtout celles qu’on cultive pour la graine, comme
I les pois, les haricots, les fèves, 8cc.
Les grands labours fé font pendant l’hiver ; ils
K doivent être exécutés à la bêche 8c le plus foi-
I gneufementpoflible. Chaque fois qu’on a terminé j
I une récolte*, il en faut faire de fuite un nouveau,.
I à moins qu’ il ne faffe très-fec 8c très-chaud;
I car la terre gagne à être expofée aux influences
I atmofphériques : on reconnoît un jardinier pa-
I reffeux aux retards qu’il met à les faire.
Il eft fuperflude mentionner ici les époques des
| femis 8c des plantations dans les Jardins potagers,
I puifqu’ils varient fuivant les climats, les expofi-
1 tions 8c le goût du propriétaire, ami ou non
I des primeurs , 8c qu’on trouvera, d’une manière
I générale, les indications qui les concernent, aux
I articles particuliers de chaque efpèce de légume.
| Ces femis & ces plantations fe font généralement
I au printems ; mais ils ont lieu, au refte ; pendant
I prefque tout le cours de l’année.
I Je ferai connoître au mot Semis les différens
I modes de femer , modes qui varient félon les ef-
ftpèces, les climats Scies intentions, 8c dont il I eft très-important de ne pas trop s’écarter fi on i
■ veut réuflir à avoir de beaux 8c bons légumes.
I II eneft de même'des Repiquages 8c des T rans-
I plantations, qui demandent, pour être fui vis de
l i a reprite 8c enfuite d’une belle végétation , des
|précautions multipliées, dont on trouvera l’é-
I numération à leur article.
I La plupart des Jardins potagers foignés font
|pourvus de couches dans le climat de Paris, &
■ encore plus fouvent dans ceux plus au nord, foit
Ipour femer les graines des plantes dont on veut
favancer la germination 8c a&iver la croiffance,
Ifoit pour placer les plantes qui demandent, pour
«mener leurs fruits à maturité , comme les mêlions,
un degré de chaleur plus conftamment élevé
que celui de la pleine terre. Ces couches fe conf-
jtruifent toujours dans la partie du jardin la plus
lexpofée au midi 8c la plus abritée du nord : au-
Jrune ombre ne doit fe projeter fur elles. Souvent
:on leur confacré une enceinte particulière, pour
Concentrer d’aurant plus autour d’elles les rayons
Jdu foieil 8c les garantir plus parfaitement des
jvents froids. De plus , on les couvre pendant les
puics , avec des paillaftons , qui empêchent la
perte de leur chaleur, 8c lorfqu’on veut concen-
Jrer la chaleur qui en émane, on place deffus des
cloches ou des;châffis qui y relient jour 8c nuit,
& qu’on ferme lorfque le tems fe refroidit. Il eft
des tems où de fimples caiffes carrées, de la largeur
des couches, 8c de fix à huit pouces de hauteur
ÿuvertes d’un côté 8c placées de ce côté fur elles
pendant la n u it, fuffifent pour garantir ce qui s’ y
trouve des atteintes des gelées : ce moyen eft très-
recommandable, parce qu’il eft très-économique.
■ il a été donné aux articles C ouches 8c C has-
j j ç , des details fuffifans, relativement an mode
I Agriculture. Tome V .
de leur formation 8c de leur culture ; en confé-
quence j’y renvoie le leéteur.
Deux opérations fort importantes, 8c que cependant
on néglige dans beaucoup de Jardins potagers
foignés, ce font les Sarclages 8c les
Binages. Je ne puis trop recommander de les
multiplier autant que polfible , parce qu’ ils concourent
puiflamment à la beauté 8c à la bonté des
Iegumes. Les principes fur lefquels cette opinion
eft bafee, font développés aux articles qui les
concernent.
Ainfî qu’il a été obfervé au mot Arrosement
, il ne faut ni ménager ni prodiguer l’eau
aux plantes, parce que, dans le premier cas , elles
n’acquièrent pas toute l’amplitude de végétation
qui leur eft propre 8c relient trop dures, 8c q u e ,
dans le fécond , elles s’étiolent 8c perdent leur
faveur. Au refte , il eft des confidérations qui modifient
la pratique dans ces cas. Par exemple , on
peut arrofer abondamment des falades fans inconvénient,
8c on ne peut pas arrofer de même des
pois, parce que l’ on n’auroit pas de graine , qui
eft l’objet qu’on a en vue. Par exemple, un terrein
fabloneux, expofé au midi, demande plus d’eau
qu’ un terrein argileux expofé au nord. Des légumes',
nouvellement tranfplantés , la craignent
moins que ceux qui font prêts à fleurir.
Il elt un grand nombre d’animaux, comme les
T aupes , les C ourtiltères, les V ers blancs,
les C henilles , les Limaces , &c. qui font un©
guerre perpétuelle aux légumes, 8c qu’ il eft du
devoir du jardinier de chercher à détruire. J'ai
donné, aux articles qui les concernent, les moyens
de parvenir, autant que poffible, à ce but.
Un foin que ne prennent pas affez les jardiniers,
c eft de faire la récolte des légumes au moment
ou ils font pourvus de toutes les qualités qui
leur font propres. Je fais qu’ il eft difficile de prévoir
leur altération , qu’un coup de foieil, qu’ une
pluie d’orage amène inftantanémenr ; mais je me
promène rarement dans un Jardin, fans gémir fur
la prodigieufe quantité de fubfiftances qui fe perdent
chaque année par leur négligence.
Laifler çà 8c là, dans les planches, des pieds def-
tinés à porter graine eft une mauvaife méthode.
On doit avoir des places abritées, deftinées uniquement
a des femis ou à des plantations , qui
aient cet objet pour but. Je dis des places , parce
qu’un jardinier inftruit é v ite , pour conferver fes
races de variétés, de placer leurs porte-graines à
cote les unes des autres. ( V^oyer Hybriofs
Elles doivent être peu fumées /mais bien cultivées,
8c les plantes y être très-ècartées , car c ’eft
de la beauté de la graine que dépend la beauté
des Iegumes. L’ ufage où font quelques jardiniers
d’acheter, chaque année, les graines néceflaires
a leurs femis , fous prétexte qu’ il eft néceflaire
de la changer, doit être proferit. Voyey Substitution
de semence.
Le Jardin fruitier diffère du V erger Çi>oyei ce