
très plantes, il faut qu'elles foient rares & n'y
reftent pas long-tems.
Les grands femis d’Oignons fe font; généralement
au commencement de février ; cependant
la prudence exige qu'on conferve de la graine
pour les recommencer en mars & même en avril,
dans le cas où les premiers ne réufliroient pas.
Lorfqu'on peut, comme les maraîchers de Paris, ;
qui les vendent fous le nom de Ciboules ( voye^
ce mot ) , tirer parti des Oignons en v e r t , c'elt- :
à-dire, avant leur maturité, on en fème encore
plus tard.
La graine d ’Oignons manque fouvent, foit
parce qu’elle a été cueillie avant fa complète
maturité , foit parce qu'elle eft trop vieille, foit
parce qu'elle a été trop ou pas aflez enterrée ,
foit parce qu’il a fait trop fe c , foit qu’il a trop
plu, foit parce qu’il a gelé. Elle demande donc à
être , non-feulement bien choifie, mais femeeen
tems opportun'& avec les foins convenables: en
toutes circonftances elle eft plus long-tems à lever
que beaucoup d’autres plus groffes, ce qui laiffe
les cultivateurs dans l'incertitude du fuccès.
C'eft prefque généralement à la volée & en
place qu’on feme la graine d’Oignons aux environs
de Paris, & là , l’important eft de la répandre
le plus également poflible, & ni trop clair
ni trop ferré, ce qui n'eft pas facile à raifon de
fa légéreté, & , comme je l'ai obfervé plus hàur,
de fa fréquente mauvaife qualité. On l’éclaircit
lorfque le plant a acquis deux ou trois pouces de
haut j & fi on repique, dans les places vagues, ce
qui a été arraché, c ’eft rarement. Les maraîchers
qui cultivent des Oignons de primeur , & q u i,
comme je l'ai obfervé plus haut,• les vendent
avant leur maturité, c’eft-à-dire , ën feuilles,
les fèment épais & les éclairciffent fucceflive-
ment à mefure de la vente. Dans le midi de
la France, on la fème le plus fouvent très-ferrée,
& on repique ce plant en quinconce ; opération
fans doute avantageufe, mais toujours longue &
coûteufe.
Arrofer les femis d'Oignons , & même les
Oignons déjà grands, eftdenéceflîté dans les tems
de féchereffe, attendu que cela affaire leur réuf-
fite , accélère leur accroiffement & adoucit beaucoup
leur faveur; ainfi , on doit le faire toutes
les fois que cela eft poflible.
Le plant des Oignons femés.en août & en fep-
tembre , & qu’on deftine à être çepiqué, i’eft à
la fin de novembre ; celui de ceux femes en octobre
rèfte fur place pendant l’hiver , & eft repiqué
en mars ou avril. La diftance à laquelle on
doit mettre ce plant eft de quatre à cinq pouces.
Dans le midi , où on met plus dfimportance à
avoir de gros Oignons , on l’écarte du doublé :
un arrofement eft fort avantageux à la fuite de
cette opération, lorfqu'elle n’eft pas faite, comme
on doit le defirer , par un tems de pluie.
La manière de lever le plant d'Oignons influe
beaucoup fur le fuccès de fa reprife: Générale- j
ment on l'arrache par le feul effort de la main ]
ce qui écourte les racines, bleffe même fouvent I
leur couronne * puis on lui coupe les racines 8a I
les feuilles, & on le met en terre au moyen d’un I P l a n t o ir (voyeç ce mot.), opérations qui toutes 1
nuifent à fa reprife-. Le mieux eft de le lever avec I
une bêche, & de le planter dans des filions faits au
moyen de la houe.
On farcie une ou deux fois les Oignons femés
à la volée en plein champ, & trois oa quatre
fois ceux des jardins, mais rarement on les bine; i
cependant cette opération , qui favorife la croif- i
fance de tous les objets de nos cultures , leur
feroit encore plus avantageufe qu’aux Oignons
repiqués en quinconce, auxquels on l’applîque
prefque toujours. Je follicite de leur donner au
moins deux Se r f o u is s a g e s . Voye\ ce mot.
L’emploi des Oignons pour l’ ulàge de la cui-
fine peut commencer dès qu’ ils ont deux à trois
pouces de haut, & continuer pendant toute la
durée de leur cçoiffance. Les Oignons font arrivés
à ce qu’on appelle leur maturité , lorfque leurs ;
feuilles fe font defféchées. Ge n’eft que quinze j
jours , ou même p lus, après qu’ ils font à ce |
point, qu'il eft bon de les arracher, parce qu’ils -
; fe perfectionnent tant que quelques-unes de leurs
racines fe conferventen vie. On ne doit cependant
pas, comme le font quelques jardiniers,
i les laiffer fur place jufqu'à ce que tous foient
| mûrs , parce qu’ il en eft qui mûriflent fort tard,
même jamais , & que ceux qui font mûrs peuvent
repouffer fi l'automne eft chaud & humide,
ce qui s’oppofe à leur confervation. Je puis dire
qu'en général il faut faire trois récoltes d’Oignons
dans la même planche : la première, comme
la meilleure & la plus fufceptible de garde , fera
pour la confommation de l'hiver, ou la vente
pendant cette faifon ; les plus belles bulbes feront
réfervées pour donner de la graine l'année fuivantc;
la fécondé fera vendue de fuite ; la troiiîème fera
corifommée fur place & à mefure du befoin.
Après que les Oignons font arrachés , on les laiffe
expofés au foleil fur la planche > ou mieux dans
une allée pendant quelques jours , afin qu’ils perdent
la furabondance de leur eau de végétation ;
enfui te on les nétoiè & on les apporte au grenier
, où les plus petits font étendus fur le plancher
, & les plus gros raffemblés, au moyen de
leurs fannes & de brins de paille, en chaînes qu’on
fiifpend contre les murs.
On appelle Oignons tapés ceux qui n'excèdent
pas la grofléur d’une noix, & qui font réferves
pour des emplois particuliers.
Les Oignons, furtouc ceux qui ne font pas complètement
murs , craignent les fuites des fortes
gelées de l'hiver. Il faut donc alors les deftendre
à la cave , mais ne les y laiffer que jufqu’à la fin de ,
ces gelées, car la douce température & l'humidite j
qui y régnent ordinairement ne tardero'ient pas
aies faire pouffer. Pour faciliter ce tranfport, &
^jrc que ceux qui’ne font pas fufpendus occupent
moins de place, on les dépofe dans de hautes
mannes à claire-voie, qui permettent à l’air de
circuler autour d’eux.
Les Oignons gelés dégèlent quelquefois fans s'altérer,
mais en général ils pourriffent. On doit
donc les confommer pendant qu’ils font gelés.
Vifiter tous les qtiinz.e)ours les tas d’Oignons
pour enlever ceux qui fe gâtent, eft un foin très-
recommandable ; car ces derniers concourent
puiffamment à l’altération des autres.
Après l’hiver, dès que les chaleurs comlften-
cent à fe faire fentir , la plupart des Oignons
pouffent, & ne tardent pas à devenir impropres
aux ufages auxquels ils font deftinés. On peut retarder
leur végétation en les mettant dans des
faites baffes , ni chaudes ni humides , encore
mieux en les enterrant dans du pouflier de charbon.
Il en eft , & ce font ceux qui , parmi les
petits, font arrivés les premiers à maturité, qui
fe confervent une année fur l'autre, feulement en
les laiffant dans un grenier fec & aéré.
On conferve encore les Oignons , furtout
lorfqu’ils font petits, en les mettant dans du
vinaigre qu'on renouvelle une fois; ainfi conferves
ils peuvenc être employés à beaucoup des ùfages
auxquels iis font deftinés, & de plus , être plus
facilement mangés crus avec du pain , parce qu’ils
fe font adoucis. Il feroit extrêmement defirable
que tous les cultivateurs fiffent une ample provi-
fion d’Oignons ainfi confits , pour les diftribüer
( à leurs enfans & à leurs ouvriers pendant les chaleurs
de l’é té , principalement pendant la moiffon;
car par-là ils empêcheroient beaucoup de maladies ;
inflammatoires & putrides de fe développer , &
par conféquent diminueroient la mortalité.
Au printems on repique en ligne ou en quinconce,
à huit ou dix^ouces de diftance, les Oignons
réfervés pour graines, qui doivent être, je le répète
; choifis parmi les plus beaux des premiers
mûrs. C’eft vouloir abâtardir l’efpèce que de préférer,
comme on le fait fouvent, par un mauvais
principe d’économie, ceux qui ont été laiffés dans
la planche faute d’être parvenus au degré de maturité
convenable. Comme les tiges de ces porte-
graines font fujètes à être renveffées par les
vents, «il eft bon , avant leur floraifon , de les
attacher avec un brin de paille ou de joné, à une
gaulette parallèle au ter rein , & fixée à des pieux
a la hauteur d’un pied & demi, fi mieux on n’ aime
! leur donner à chacune un tuteur particulier,
fa maturité des graines de l’Oignon fe recon-
uoit à l’ouverture naturelle des capfules où elles
fontcontenues ; alors on coupe les têtes à un pied
j au deffous; on les raffemble en paquets & on les
dépofe dans un lieu fec & aéré, à l’abri des rava- 1 ges des rats. Il eft mieux de ne les battre qu’ au
j moment des femis.
I Ubontéd e la graine de l’Oignon fe reconnoît
à fon poids & à fa noirceur. La meilleure en
contient toujours beaucoup de mauvaife, quelque
précaution qu’on prenne, parce que celle des dernières
fleurs avorte, & qu’ il y en a prefque toujours
au moins une de chaque cap fuie qui avorte
également ; elle fe conferve quarre à cinq ans :
celle de la fécondé année vaut mieux que celle
d’aucune autre ; elle germe furtout beaucoup
plus promptement, ce qui n’eft pas facile à expliquer.
On rapporte que les Tartares nê multiplient
l’Oignon qu’en le fendant en quatre , & en le
mettant en terre. Cette pratique-ne donnant
qu’ un petit nombre de nouvelles bulbes, & exigeant
un emploi de tems& de terrein plus con-
lidérable, n’eft dans le cas d’être confeillée que
dans des circonftances particulières. (Bosc.)
Oignon : maladie de la foie du cheval, qui
eft bien plus fréquente aux pieds de devant, &:
en dedans qu’en dehors.
Ce n’eft pas la foie qui eft viciée dans l’Oignon,
i c ’eft l'os du pied qui s’augmente irrégulièrement,
s’exoftofe dans une d^ fes parties. Il n’y a point
de remède certain contre cette difformité.
Les Oignons n'empêchent pas le fervice des
chevaux, mais ils diminuent leur valeur; on ies
empêche de groflîr par une ferrure particulière. Voye% Ferrure. ( Bosc. )
Oignon marin. C ’eft la bulbe de la Scille
maritime. Voyei ce mot.
Oignon musqué. On appelle ainfi la Jacinthe
musquée.
OISEAUX. Sous le rapport de l’agriculture,
lès Oifeaux doivent être confidérés comme utiles
ou comme nuifibles. Beaucoup d’entr'eux font en
même tems l’ un & l’autre.
Je vais les paffer en revue d ’une manière générale,
en fuivant l’ordre fyftématique de Linnæus,
fans contredit le meilleur.
Les Oifeaux de proie offrent trcfis genres :
i° . Les vautours, qui mangent les charognes ,
& q u i, dans les pays chauds furtout, font par-là
utiles à la falubrité des campagnes; mais ces charognes
q u i, enterrées , euffent fourni un excellent
engrais, font par conféquent perdues pour
l’agriculture.
i° . Les faucons, dont le nombre des efpèces eft
confidérable. Ils mangent les moutons, les volailles
, le gibier. On leur fait une guerre à outrance
; cependant ils délivrent les campagnes de
beaucoup d’ animaux nuifibles, comme loups, renards
y blaireaux , putois , fouines, martes,
loirs, rats, fouris , campagnols, mulots, taupes,
oifeaux , reptiles, infe&es, &c.
30. Les hiboux : ils vivent d’animaux vivant
comme les précédens, mais ne fortant que la nuit,
& étant plus foibles ils détruifent davantage de
loirs, de rats , de fouris, de campagnols, de mulo
ts , de taupes. Les cultivateurs ne devroieru ja-
Mmm y