
d’utilifer tout le terrein , d’entretenir la terra
dans un degré de fraîcheur permanent, & de rompre
l’effort des vents, qui caufent quelquefois de
grands dommages.
Le premier binage du Maïs doit être fa it , autant
que poflible, par un tetris humide. Il fera peu
profond, & ménagé de manière que les plants ne
foienc ni bleflés par la h ou e, ni écrafés par les
pieds des ouvriers. Son principal objet eft de d é '
truire les mauvaifes herbes n ai (Tantes, & de rendre
la terre plus perméable aux influences de Tatmof-
p hère..
Plufieurs cultivateurs repiquent, en faifant ce
premier binage, dans les places vides , le plant
qu’ ils ont arraché dans les places où il étoit trop
épais y mais il efl d’obfervadon que les pieds ainfi
repiqués viennent rarement aufli beaux que les
autres , & que leurs épis avortent fouvent. Pour
qu’ils rempli fient complètement l ’objet qu’on a en
vue, il faudroitdes lever avec la motte ; mais cette
opération efl fort longue & fott coûteufe, &
peut par conféquent difficilement s’exécuter en
grand.
C ’eft environ un mois après le premier binage,
îorfque les tiges du Maïs ont acquis un pied de
hauteur, qu’on fait le fécond , qui diffère du
premier en ce qu’en l’exécutant on rapproche la
terre de ces tiges, c’eft-à-dire, qu’on élève autour
de leur pied un petit monticule ou bute $ aufli
l'appelle-t-on le butage ou le chauffage du Maïs.
Par cette opération, qui efl effentielle au fuccès
de la culture, ainfi que l’a prouvé Varennes de
Fenilles dans un excellent Mémoire fur laculture du
Maïs en Breffe J inféré dans le Recueil de fes oea- j
v res, onjmet en terre les deux ou trois articulations
les plus baffes de la tige, articulations desquelles
il fort de nouvelles racines traçantes, qui,
fe trouvant dans une terre plus divifée & plus fuf-
ceptible de recevoir les influences de l’air, fouti-
renc une plus grande quantité de fè v e , qui.tourne
au profit de la plante.,
Ôn a fouvent propofé de biner le Maïs à la
.charus, comme plus économique, & on le fait
même dans quelques cantons où les bras man- ;
quent s mais comme, par ce moyen, on ne peut pas
buter auflïexactement, les champs dans lefquels il
eft employé, donnent des récoltes inférieures. Je
ne fuis donc pas de l’avis du binage à la charuej
„cependant il me parbît qu’ il feroit poflible d’allier
ces. dèjax modes, c’eft-à-dire, de labourer à là 1
charité, l’intervalle des rayons, & de rapprocher
la terré autour des pieds à l’aide de la houe.
On procède au troifième binage au moment de
la floraifon ; il n’a pour but que de détruire les
mauvaifes herbes & d’ élever les butes de deux à
trois.pouces. Beaucoup de cultivateurs s’en dif-
penfent j mais ils agiffent contre leurs intérêts,
puifque,/d’après le Mémoire de Varennes. de
Fenilles, déjà c ité , on augmente la récolte d’un
treizième , en mettant une articulation de plus en
terre.
Les butes ne doivent pas être coniques , mais
aplaties, & même excavées à leur Commet, afin
que les eaux pluviales pénètrent dans leur intérieur
& abreuvent les racines les plus voifinesdu
tronc.
En faifant ces butages, on doit enlever exactement
les rejets latéraux des pieds du Maïs,
comme nuifant beaucoup à la croiffance de la tige
principale, & s’oppofant furtout à la formation des
épis. On doit autii arracher les pieds qui n'offrent
pas d’épis j ca r , arrivés à cette époque de Tannée
, il n’ y a plus d’efpoir qu’ ils en donnent:
ces pieds font dopnés aux befliaux ou delïéchés
pour leur nourriture pendant l’hiver.
Dans les terres de médiocre qualité, on trouve
fouvent de l’avantage à réduire à deux , & même
quelquefois à un feul, le nombre des épis à laiffer
fur chaque pied. C ’eft aufli à cette époque qu’on
enlève ceux qu’on ne veut pas conferver. Le plus
fouvent ce font les fupérieurs , mais quelquefois
c ’eii [’inférieur, les plus foibles devant toujours
être facrifiés. Ces épis encore non fécondés font
très-agréables à manger, foit crus, foit à demi
cuits iur les charbons, à raifon de leur faveur Tu-
crée : on les confit au vinaigre comme les cornichons
, auxquels ils font fupérieurs en bon goût.
Soüs ce dernier rapport,,la culture du Maïs
eft, pour un propriétaire des environs de Paris,
un objet de quelqif importance. Pour en augmenter
la production , il feroit bon peut-être de
couper la tige au moment où elle a fourni les deux
premiers épis, afin qu’il en repouffe d’autres,
c’eft-à-dire , trois ou quatre qui en fourniront chacun
autant. Les tiges' font employées à la nourriture
des beftiaux, & on peut faire une fécondé
culture d’automne dans le même champ , celle-ci
épuifant fort peu le terrein.
La récolte du Maïs eft d'autant meilleure que
les circonftances atmofphériques ont été plus favorables
pendant la durée de fa végétation. Une
température chaude & humide eft celle qui eft le
plus à defirer. Si l’humidité prédomine, les tiges
& les feuilles prennent de l’amplitude aux dépens
des épis 5 fi c’ eft la fécheréffe, il n’y a que de
foibles tiges & de courts épis, chargés de petits
grains : c’eft principalement à l’époque de la floraifon
que’ ces circonftances ont le plus d’influence.
Un tems froid , une pluie, prolongée
pendant huit jours-, une grande: féchereffe, fuffi4
fent pour empêcher la fécondation des épis, & pat
conféquent anéantir toutes les efpérances. Aucun
moyen praticable en grand, excepté les irrigations,
ne peut empêcher ces effets. .
Les tiges dé Maïs, dans le moment qui précède
la floraifon, font fi fucrées, que l’ homme trouve
du plaifir à les manger crues. Il y a déjà long-terns
qu’on a cherché à en extraire du fucre j mais la
quantité obtenue d’abord étoit fi petite, qu'0*1
M A 1
Ip o u v ô itp a s fuppofer, Iorfque celui des colo-
■ le s d’Amérique abondoit en France , qu’ il pût
■ devenir fructueux de fp,éculer fur fon extraction,
l e s expériences faites à cet égard ont été renou-
'Jvelées dans ces derniers tems * & malgré l’ern-
iphafeavec laquelle on en a publié les réfultats,
ï | refte démontré, pour moi, qu'il faut chercher
ailleurs la matière fucr.ante dont nous avons be-
Ifoin.. En effet, tous les firops que j’ ai goûtés
ïonfervoient un goût herbacé fort peu agréable,
& le fucre étoit en fi petite quantité, que les frais
■ de la culture, joints à ceux de l’extraClion, lui
donnoient une valeur double de celle de celui de
t a n n e . Je reviendrai fur cet objet au mot S u c r e .
B Les trois binages dont il a été parlé plus haut
pendent la culture du Maïs fi chère, qu’on évite
I le plus poflible d’ en donner un quatrième j cependant
il n’eft pas moins utile , puifqu’il favorife
le grofliffement du grain &débarraffe le champ des
. mauvaifes herbes qui y ont pouffé depuis le troisième.
On le donne quinze jours ou trois femaines
»près, c’eft-à-dire, au moment où le grain com-
in e n c e à prendre de la confiftance.
■ Les feuls animaux pâturans nuifent au Maïs en
fierbej mais dès qu’il entré en graine, le nombre
Ile ceux qui vivent à fes dépens s’augmente. Ainfi,
\ ce n’eft que par une furveillancé aCtive qu’on peut le
garantir des atteintes des fangliers, des blaireaux,
mes écureuils, des rats^ des mulots, des campagnols,
&c. Les en fans , qui aiment à manger les
grains des,épis, après les avoir fait griller fur des
charbons ardens, peuvent être également mjs'àu
Biombre des ennemis de ceux qui le cultivent.
■ Une phalène , la phal!&na forficatis de Linné ,
Képofe fes oeufs fur les tiges du Maïs, & fes
icheiiilles entrent dans leur intérieur -pour en
Ranger la fubftance, ce qui les affaiblit beaucoup
6 même les fait périr ; il n’y a pas d’autre moyen
de la détruire que d’arracher ces tiges pour les
gonner aux beftiaux. Au refte, il ne paroît pas
lue Ces ravages foient fort confidérabîes, puifque,
Jnalgré des féjours prolongés dans les pays à Maïs,
|e n’ai jamais éu occafion d’entendre les cultivateurs
s’en plaindre. Il faut que cette phalène vive
Bulfi dans l’intérieur d’antres plantes, puifqu’elle
commune dans des pay? où on ne cultive pas le
P a ïs .
I Jedoisdifcuter ici la queftion, fi fouvent agitée,
|de favoir s’il convient ou non de couper le fom-
Pet de l’épi du Maïs, parce que c’eft au moment
flu quatrième binage qu’on exécute cette opéra-
•ï,on lo plus ordinairement.
V Les feuilles & les jeunes tiges du Maïs étant
|we excellente nourriture pour tous les beftiaux,
|p cultivateurs des pays chauds, qui manquent
prefque partout de prairies naturelles , & qui ne
çonnoiffent pas les prairies artificielles, ont été
.determinés-à leur donner, plus tôt ou plus tard
gprès la floraifon, la partie de la tige qui eft au-
7 "us des,épis, k: qui coniîent les relies des fleurs
I inculture. Tome F .
MAI 2/{i
mâles & deux ou trois feuilles. Outre cet avantage
, ils ont cru que la fuppreflïon du fommet de
cette tige favorifoit le grôftiff-msnt du grain, &
accéléroit fa maturité.
Point de doute que ce dernier effet eft produit
quand la force végétative commence à diminuer
dans les pieds de Maïs 5 mais il en eft autrement lorf-
que l’on coupe de trop bonne heure leur fommité.
En effet, on forme d’abord une large plaie dans la
direction de la fève, qui en opère la déperdition,
& enfuite on prive les épis de la nourriture que
dévoient leur fournir les deux ou trois feuilles fur
périeures. 'C’eft bien pis fi , comme on ne le fait
que trop fouvent, on enlève en même tems la
plus grande partie des feuilles inférieures. Foyer
F e u i l l e s .
Il refaite de ces confidérations que, quoiqu’ il
foit avantageux, fous le rapport de la bonté des
feuilles & des tiges du Mais pour la nourriture
des befthux', de les couper de bonne heure, il
l’eft plus fous ceux de la groffeur & de la faveur
des grains, de ne le faire que Iorfque la fève commence
à tomber, que les grains font arrivés à
un affez haut degré de confojidation pour ns
pouvoir plus être entamés par l’ongle. Je ne dois
cependant pas diflîmuler que les feuilles de Maïs
defféehées fur pied ne contifennent prefque plus de
principes nutritifs, & font extrêmement dures
fous la dent des beftiaux ; c’eft pourquoi, lorf-
qu’on met plus d’importance à leur récolte qu’à
celle des grains, on leur facrifb la fupériorité de
cette dernière.
- Je ne parle pas de la pratique, ufitée en quelques
lieux, de couper le fommité des tiges de
Maïs avant la floraifon, pour les deffécher & en
faire un fourage d’hiver, parce que, même en
laiffant quelques-unes de ces fommités de diftance
en diftance, c’eft un a été de folie, n’y ayant pas
alors de fécondation, ou n’y ayant qu’une fécondation
imparfaite , & par conféquent peu ou
point de grains fur les épis. Il vaut beaucoup
mieux cultiver le Maïs uniquement pour fourage,
à la manière qùe j’indiquerai plus bas, cette manière
étant plus productive & moins coûteufe que
celle dont iî eft ici queftion.
La defliccation de la plus grande partie des
feuilles du Maïs eft le caractère qui indique la
maturité des épis , ik par fuite le moment de la
récolte, qui, dans le midi de la France & pour les
deux variétés communes, jaune & blanche, a lieu
généralement quatre mois après les fera ailles j
cependant il eft toujours prudent de s’affûter,en
dépouillant quelques: épis, de la couleur & de la
dureté du grain , qui font des fignes de maturité
encore plus certains. Toujours on gagne à laiffer
l’épi fur la tige le plus long-tems poflible, furtout
fila récolte cftdeftinée à être confervéeune année
fur l’autre , parce que le grain fe perfectionne ,
même:après fa maturité apparente. Ceux d écès
épis qu’on cueille trop tôt, fe rèconnoiffenc aux