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av<ç la terre dont on remplit la foffe, foit au
moyen d’une pierre, d’un crochet de bois, &c.
Ce mode de marcottage eft un des plus employés
, non - feulement dans les grandes pépinières
, pour les arbres fruitiers ci-deffus dénom-
més, pour les tilleuls & les platanes, mais encore
dans les taillis, pour regarnir les places vides
ou remplacer une cepée, dont les racines font
en partie pourries. Le plus fouvent il procure des
plants bons à S e v r e r ( v o y e z ce mot) , & même
à féparer l’hiver fuivant, & au plus tard l’année
enfuite j quelquefois même , quoiqu’ayant pris racine
la première année , on- doit laiüer les Marcottes
deux ans en place, pour leur donner le
tems de fe fortifier. L’humidité eft encore plus né-
Cc(faire à cette force de Marcottes qu’à la précédente
, & on en voit fouvent qui avoient poulie
des racines au printems , les perdre en été , par
fuite de l’intenfité de la féchereffe.
Plus la courbure de la branche mife en terre eft
confidérable , & plus la production des racines eft
certaine , lorfqu’elle n’annonce pas , ce qui arrive
fouvent, la mort de la branche. La théorie de ce
fait eft fondée fur ce que la feve defcendante eft
forcée de s’ arrêter au bas de cette courbure &
de donner naiffance à des racines.
Plufieurs pépiniériftes recouvrent la tête du
pied qui fournit ces Marcottes d’une large pierre,
d’une tuile ou d’une couche épaiffe de terre ,
pour empêcher la fortie de nouveaux jets , quoique
le plus fouvent cette opération foie inutile &
qu’elle caufe même la mort de ce pied, par la rai-
fon que je dirai plus bas. Jamais elle ne s’exécute
dans les pépinières foumifes à ma furveillance, &
il n’en fort pas moins chaque année d’immenfes
quantités de beaux plants de Marcottes.
Mais une chofe que je dois recommander, parce
qu’elle fe néglige trop, c’eft de couper, auflitôc
la levée des Marcottes, la partie reliante fur laquelle
ont pouffé des rameaux plus ou moins vigoureux
( vo y e z S a u t e r e l l e ; , afin qu’il forte
de nouveaux jets du collet de la racine, lefquels
font toujours à préférer pour les nouvelles Marcottes
, au moins dans les grands arbres.
C’eft ordinairement à la fin de l’hiver, lorfque la
fève commence à monter, qu’on exécute le marcottage
de cette forte , parce que la fève, accumulée
dans la partie fupérieure de la branche,
notant plus pouflëe par toute celle qui part de fa
partie inférieure, redefeend pour donner naiffance
à des racines ; ce fait, je l’ai vérifié fur les jets
du même pied de tilleul, dont la moitié avoit été
marcottée avant & l’autre après l’hiver.
3®. On abailfe l’extrémité inférieure d’une branche
dans un trou fait au-deffous , & on fixe dans
ce trou , pour le recouvrir de terre , un ou plu- |
fieurs rameaux de cette branche , en leur faifant *
faire un angle aufii voifin que poflible de l’angle
droit. Plus le bois de ces rameaux eft jeune, &
m a r
i on doit compter fur. fon enracinement ■ i
eft même des cas oà on gagne beaucoup j rôamj
avant I’aourement complet ( voyej A o c t t i i
mais il faut connoître ces cas, car on rifqueaufi-
en l’entteprenant, de voir pourrir la parti. S
en terre. . ' ■ r “"'f
Comme la partie de la branche marcottée on'
fort de terre , tend généralement à s'écarter de I
perpendiculaire, il eft toujours bon, lorfqu’on mer
de I importance à lui faire produire un pied
la tige fo.t droite & régulière , de lui donner 1
tuteur, qu'on place à ïoppofé de fa courbure. 1
Il elt mdifpenfabie, lorfqu’on fait des Mir
cottes fur un pied d'arbre , d’arbrilfeau ou d V
bufte, foible ou par fa nature, ou parce oui
fe trouve dans un fol qui ne lui convient pas
ou parce qu'il n'y a pas allez long-tems qu’il ej
Piante, de lui biffer une tige droite, fans quoi
il eft dans le cas dépérir. C ’eft pour n'avoir pJ
,lc. at,c^nt*on a cette circonftance, que tant de
pépiniériftes trop avides ont perdu des efpèces
précieufes, qu ils n ont pas pu fe procurer depuis
On explique ce fait par la néceflité pour IV
croiffement des racines, de ladefcente de la fève
elaboree par les feuilles, néceflité qu’il prouve,
: puifqu il n en n’arrive plus à la mère lorfque les
. Marcottes ont pris racine. V o y e ç Sève.
: Certaines efpèces de branches, ou mieux les
branches de certains arbriffeaux & arbuftes, prin,
cipalement des grimpans, peuvent être mifesen
terre & relevées, & donner ainfi plufieurs Mar-
cottes dans leur longueur. M. Thouin appelle I
ces fortes de Marcottes en fe r p en te a u .
4°. Lcrfqu on couche la totalité de la tige en
terre, avec l’intention de ne la pas féparer de fa
racine-mère, on forme l'efpèce de Marcotte qu’on
appelle P r o v i n ( v o y e z ce mot) : c’tft celle qu’on
pratique le plus communément fur la vigne dans
la ci-devant Bourgogne & autres lieux, où on la
cultive d’après la même méthode. Elle n’a pas,
comme la précédente , qui s’applique également
a la vigne dans beaucoup de pays, feulement pour
objet la multiplication des pieds , mais encore
celle des racines ; & elle eft fondée fur ce que,
plus une plante en a , mieux elle réfifte aux féche-
relïes, mieux elle répare les accidens produits par
la -gelée, la grêle, les infeéies, & c ., & plus elle
pouffe vigoureufement ou donne des fruits abon-
dans, &c. : cela dans de certaines limites cependant.
V o y e z V ig n e & F e u i l l e .
5°. Il eft des cas où on ne peut pas amener les rameaux
des arbres dans une foffe creufée dans la
terre, & où on eft par conféquent obligé de
porter la terre à leur hauteur : ces Marcottes s’appellent
M a r co t te s en V a ir . On emploie, pour contenir
la terre, ou des facs de toile, de joncs &
autres matières textiles , ou des paniers d’ofier,
de mancienne, de viorne, de chêne refendu, &c.,
ou des caiffes en bois, ou des pots de terre, ’ou
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I L cortlets de plomb, de fer-blanc s &c. Tantôt
r paniers, les caiffes, les pots font attachés à
! ne branche de l’arbre, tantôt ils font portés par
Kn échafaud élevé exprès : dans les deux cas,
tantôt on couche la Marcotte dans leur largeur,
Bomme on la coucheroit dans la terre i tantôt, au
Inoyen d’une excifion , d’une fente, d’un trou,
En fai paffer la branche à travers. Lorfqu’on fait
Efage des cornets, on lui donne toujours cette
Bernière difpofition. I II eft le plus fouvent avantageux de faire entrer
Hans la terre une partie de rameau de l'avant-
dernière pouffe avec une partie de rameau de la
■ dernière, afin que l’efpèce de bourrelet qui exille
lau point de jonttion de ces deux pouffes favoriiè
je développement des racines.
■ Ordinairement on ne fait paffer qu’un feul ra-
Ijneau dans chaque pot, lequel n offre que deux ou
■ trois bouts hors de terre} mais fi le pot eft grand,
Ion peut en faire paffer un plus grand nombre.
B Couper le bout des rameaux à deux ou trois
lyeux de la furface de la terre, s’ il eft plus haut
Eue fix pouces , eft ordinairement une bonne
■ opération, en ce qu’elle favorite un développement
dans des bourgeons reftans, & que les pouffes
m s plus vigoureufes & les plus garnies de larges
lieuilles font celles qui fourniffent le plus de feve
■ defcendante pour la formation des racines, but
■ de tout marcottage.
I L’important dans cette forte de marcottage,
ic’eft que la partie enterrée fe trouve toujours dans
lun degré fuflïfant d’humidité pour pouvoir pouffer
icles racines & les conferver en état de végétation ;
leu conféquence, il faut faire uiage d’une terre
|légère,’& cependant confiftante, en mettre fuffi-
Ifamment , la couvrir de moufle, de paille- ha-
lîhee, &c., pour la garantir du haie, furtout l’ar-
Irofer fouvent & peu à la fois. On dit que les Anglais
réuffiffent mieux que nous à faire ces fortes
de Marcottes, parce qu’ils recouvrent la terre
végétale d’une couche d’argile, qui empêche l ’hu
Iniidité de s’échapper5 couche percée de deux ou
trois petits trous, pour faire arriver à cette terre
l’eau des arrofemens.
Cette néceflité d’entretenir toujours les Mar-
Icottes en l’air, dans une humidité confiante, &
la gêne ou même la difficulté de leur arrofement
[journalier, a fait imaginer d’attacher à une bian-
[che, fituée au-defîus de la Marcotte', un vafe
plein d’eau , qu’on renouvelle feulement une fois
eu deux par ferr.aine , & à mettre cette eau en
[communication avec la terre qui entoure la Marcotte,
par le moyen d’une étroite lifière de drap
[ou d’une mèche de laine, qui, par fuite de fa propriété
attractive, conduit goutte à goutte cette
Cau fur la terre : quanti on a fait une fois ufage
ée ce moyen , il efl impoffible de ne pas continuel
de l’employer, tant on le trouve commode
affuré.
Le terreau de couche mêlé avec moitié de terre
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franche, ou pour les arbuftes très-délicats avec
un tiers de terre franche & un tiers de terre de
bruyère, font les compofitions les plus avantageâtes
pour la réüffite des Marcottes en l’air. Le
terreau donne l’engrais & conferve l’humidité, la
terre franche empêche la trop grande évaporation
, & la terre de bruyère favorife l’adion des
racines nouvellement développées.
Jufqu’à préfent j’ai fuppofé que tous ces arbres,-
arbrifieaux & arbuftes joiiifloient, au même degré
, de la faculté de prendre racine à la fuite de
leur marcottage 5 mais le vrai eft qu’ils offrent de
très - grandes variations à cet égard : en général,
ceux à bois le plus mou font les plus faciles à s’enraciner}
mais il y a des anomalies à cet égard,
témoin le buis, qui le fait très-rapidement. 11 eft
des arbres qui ne s’enracinent jamais ou prefque
jamais , comme le chêne j cependant la plupart
cèdent aux moyens fuivans :
1 °. On tord la partie de la branche qui eft en
terre}
20. On la caffe à moitié 5
30. On la lie fortement avec une ficelle cirée,
ou bien d’ofier, ou mieux ua fil de fer ou de
laiton ;
4°. On lui enlève un anneau d’écorce de fix
lignes ou plus de large.
Ces opérations font fondées fur ce que, toutes
les fois qu’il y a interruption dans le cours de la
fève defcendante, il y a formation d’un Bourrelet
(v o y e% ce mot), & qu’il fort plus facilement
des racines de ce bourrelet.
ïl eft des cas oit il eft plus avantageux de tordre,
de cafler, de fier, d’anneler la Marcotte un
an avant de la mettre en terre} d’autres où il
fuffit de le faire au moment de l’opération} d’autres
enfin où il vaut mieux le faire la fécondé année du
marcottage, lorfque la courbure de la branche eft
fixée : ces divers cas font indiqués aux efpècts
auxquelles ils font applicables.
Les ligatures, ainfi que les incifions , doivent
avoir d’autant plus de largeur, que les branches fur
lefquelles on les fait font plus fufceptibles de grofc
fiiïément, parce qu’elles pourroient être recouvertes
par une nouvelle écôrce dans le cours de
l’année, ce qui feroit contre le but. Le fil de fer,
& même plus celui de cuivre, ont des inconvé-
niens, lorfqu’ iîs font un grand nombre de tours
& qu’ils relient long-tems en terre} en conlc-
quence il vaut mieux, dans ce cas, faire deux
ou trois ligatures d’un fimple tour , qu’uue feule
de beaucoup.
. Il eft quelques plantes , par exemple, la ronce ,
qui ne prend racine que par l’ extrémité de fes
pouffes de l’année : cette circonftance doit être
connue lorfqu’on les marcotte , parce que fi on
opéroit à l’ordinaire , on n’auroit pas de léfultat.
La force de Marcotte qu’on pratique fur les
oeillets, & qui porte le nom de ce genre, m é -