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n’en cultive-t-on point hors ries jardins de botanique.
Comme je liai dit dans le commencement, la
plupart font propres aux ren;eins marécageux ; il' en
eft même qui ne vivent abfoiument que dans l'eau.'
Il faut donc les mettre dans une pofition analogue
à leur nature, ou 1-Sarrofe; abondamment. Quant
à celles qui croifft nt dans les lidhx fecs, elles sjac-
commodent de toute forte de places dans les jardins.
La feule culture qu’ on leur donne confifte
dans leur plantation ou le femis de leurs graines,
dans des farclages ou.des binages annuels de propreté,
& dans leur circtanfcription s car i l en eft
plusieurs qui tendent continuellement à s'emparer
du terrein. Le déchirement des vieux pieds eft un.
moyen très-facile de les multiplier lorfquon les
poffède déjà. Généralement les jardins de botanique
n'offrent qu’ un petit nombre d'elpèces étrangères,
par ce que les botaniltes s’occupent peu.
d'en ramaffer des graines. Le Catalogue au Jardin
du Miifénm de Parie, parmi quarante, n'eu indique
qu’ une dans ce cas ; c’eft la Laiche à feuilles de
plantain, efpèceremarquable, rapportée par Michaux.
Il renferme même à peine la nVoitre des ef-
pèces exiftantes en France , 8c ce par la même
raifon, joint à ce qu’elles font difficiles à carac-
térifer & à fixer dans la mémoire, il eft peu de
botaniftes qui puiffent fe vanter de pouvoir en nommer
beaucoup de fuite s'il a été feulement un an
fans les étudier.
Les Laiches qui vivent toujours le pied dans
l’eau comme les Laiches en ombelle , ovale ,
jaunâtre , des marais , coupante , îf c. concourent
puiffammenc à la formation de la tourbe &
à l ’élévation du fol des marais, par les abqndans
débris qu’elles hiffent annuellement. Toutes celles
qui ne vivant pas habituellement dans l’ eau,
«roiftènt cependant exclufivement dans les endroits
marécageux , rempfiffenc auflî ie dernier'
objet : fous ces rapports, elles rendent ferviçe aux
cultivateurs.. . '
La Laiche des fables & quelques autres, fervent
par leurs longues racines à fixer les fables mobiles
des dunes , & à donner de la verdure à d e c a n tons,
qui n’ en auraient: pas fans elles. Les Laiches
des rives 8r jaunâtre, arrêtent lés effets dégradateurs
des eaux courantes. On devroit tes planter
le long des torrens ; on pourrait, par leur moyen,
arrêter le débordement de bien des. ruifléaux, en
en plantant des pieds près à près dans les lieux les
plus bas, c’eft-à-dire,, dans ceux par où l’eau s’é-
panche. f^oye^ Débordement.
Les beftiaux en général * & principalement les
boeufs, mangent les Laiches, furtout lorfqu elles
font jeunes. Il eft même des efpèces que ces derniers
recherchent de préférence à d'autre s.plantes,
telles que les Laiches filiforme, capillaire, en
ombelle, faux panis, fouchet, des tourbières. Les
moutons, qui fembleroient devoir les repouflfer, vu
la nature des lieux où elles croifient ,.les mangent
prefque toutes. Il en eft quelques-unes , parmi
celles qui vivent dans les lieux fecs,^ qui font mêmeI
importantes à multiplier pour eu x , â raifon de leur -
précoce végétation , telles que k s Laiches pré-1
coce , de Schrcber, &c.
Malgré çela les Laiches, furtout quand elles!
ont fleuri & qu'elles font defleche.es, Font géné-
râlement regardées comme un mauvais fourrage.!
Ce font principalement elles qui réuciçnt fi peu du |
goût des beftiaux, îk fi peu ncuiifiant, le foin des!
prés bas. La plupart ont les bords de leurs feuilles!
garnies de petites dents, qui font qu'elles cou !
pent comme un rafoir la langue du boeuf, & lj
main de l'homme qui veut les enlever : de là le|
nom d ’herbes coupantes qu elles portent dans beau-
| coup de lieux. C'eft à faire delà litière qu'on les I
| ucilife le plus communément. A defaut de ceil
| emploi, on peut encore les faire'fervir à cou- ;
* vrir les plantes qui craignent les gelées de l'hiver, !
I à augmenter la vnaffe.des fumiers, à entrer dans!
î la compofition des compofts.
I Mais ces ufag.es peuvent être fuppléés plus uti-l
j lement par d'autres plantes, &• prefque toujours!
il eft plus avantageux de détruire Les Laiches qui!
roiflent dans' les prés humides, que de les confer-1
ver. Pour les premiers| il faut employer la pioche!
& le feu , car leurs touffes font fou vent fi groües,
& leurs racines fou vent fi longues, que'la charnel
ne pourroit rien contr'elles. Voye^ (Eco bu âge.)
Pour les fécondés, il fuffit de quelques labours,!
& d'une ou deux cultures de céréales-ou de feves ■
de marais , de pommes de terre, & autres plantes!
: qui demandent des binages d’été * pour les faire!
difparoîrre. V o y e ^ P r è s b a s . ( B o s e . j
Laiche, nom vulgaire dès lombrics ou vers!
de terre , dans beaucoup de cantons.
LAINE. V o y e \ : Mouton.
L A IS , nom employé dans le langage foreftier!
pour fignifier un baliveau de l'âge d é jà coupe!
qu'on devoir, réferver, & qu'on coupe. FoyÆ
' F ORET, dans le Dictionnaire des Arbres & Arbujtes.
LAISSE DE MER. C'eft aïnfi qu'on appelle!
les lieux que a mer a abandonnés, ou mieux,les!
amoncellemens de terre qui fe font faits fur Iesl
bords par fuite , i°. du mouvement diurne de h
terre j 2°, des alluvions produites par des rivières.!
La terre, en tournant fur fon axe d'occident!
en orient, détermine un mouvement des eauxèl
. la mer en fens contraire ; de forte que toutes iesl
côtes orientales des continens font eontiiiueM
ment abandonnés par elles.. Amfi celles de l'Ame-l
rique ' feptentrionale & méridionale fe décotij
vrent d'une manière très- marquée, ainfi que j mi
pu le conftater pendant mon féjour dans la ptf'l
mière de ces contrées. B
Les cotes de France étant tournées àToüei™
font par la- même même caufe rongées ccndnuejlsj
ment parla mer, comme on le voit par les falailj
| de la ci-devant Normandie, par les rochers gr3ï
j nitiques ou fchifteux de la ci-devant Bretagne, 1 Mais les grands fleuves , tels que i’ Adour, V
L A I
baronne, la Charente, la Lo ire, la Seine , la
Somme , la Meufe & le Rhin , ont anciennement
verfé dans cette mer une fi immenfe quantité de
pierres & de terre , que de grandes étendues dé
|ôtes font formées de Laiffes, principalement
entre Bayonne & la Rochelle, & entre Dunkerque
& Groningue. II y en a aufli de petites plus oîi moins
îtendues à l'embouchure de toutes les rivières,
B : Les Laiffes de la mer n'appartenant de droit à
toerfonne, font partout à la difpofirion des gou -
fernemens, qui les aliènent lorfqu'il fe pvéfënte
les acquéreurs; cependant il arrive fouvent qu'elles
font envahies, à mefure qu elles fe découvrent
par les propriétaires riverains, fans qu'on les inquiète.
; | Dé gros, de moyens '& de petits cailloux quart-
âêux & roulés, mêlés de fable, d'argile & de
. jmon, forment les Laiffes de mer : les gros &
iloyens cailloux fe nomment des Galets, On
appelle Grève les Laiffes formées de moyens &
de petits cailloux j Du n e s , celles où il n'entie
prefque que du fable. Je ne connois pas de mot
•fiançais qui exprime les Laiffes de mer, uniquement
formées de Lim on . Voyè^ tous ces mots.
. J La première opération à faire, quand on veut
Hiftlifer une Laiffe de mer, c'eft de conftruire une
4fgue qui empêche les hautes marées de la recouvrir
d'eau falée. Souvent un fofté de quelques
j|eds de profondeur , dont on rejète la terre du
doté oppofé à l'eau, fuffit. D’autres fois il faut
# s jetées affez puiffantes pour réfifter à l'effort
des vagues. La fécondé c ’eft de former des abris
artificiels avec des arbres, pour garantir le fol des
vents de mer. Ces deux opérations font quelque-
§§îs très-difficiles & coûtent des fournies très-
#nfii{érables auffi , combien de Laiffes de mer
encore, fur nos côtes , perdues pour Fagri-
cSlture!' .
Ç eft en foude& autres plantes marines, fufeep-
ti|)les de donner de I’aikali par leur incinération,
1 | ll convient de cultiver d’abord les'Laiffes de la
« f t, parce que la plupart de celles qui font l’objet
océinaire de nos foins , n’y croîtroient pas à rai-
m du fel marin qui s’y trouve. On peut auffi les
®nter en tamarix qui décompofe de même très-
promptement le fel marin : plus tard,, on y effare
f#ceffivemen't telle & telle plante.
g ifle s de mer qui ne peuvent pas être cul-
Ü f V à raifon de leur peu d’élévation au-deffus
| la fur fa ce des eaux, relient en pâturages, dans
riS-a S es vac^es I I les moutons trouvent une ■
lubültance peu abondante , mais extrêmement de i
leur goût, & favorable à leur fanté & à la fineffe !
leur chair. Tels font ceux de pré-faié, furies 1
mes de la ci-devanbNofmandiè. On peut auffi les 1
twnsrormer en marais falans ou en étangs, deftiÉffXC„
0n[ervei' le fuPerflu de h pêche de -certains
giflons de met , & à engtaiffer les huîtres, les
qiv'on-peut le
1 ““ »»nés & ailleurs. ( Bave. >,
L A I 1 2 7
L A IT. Dans le fécond état des fo’ciéfés , dans
celui de pafteur, le lait des animaux domeftiques
fait le principal objet de la nourriture, & par confisquent
de la follicitude des hommes. Plus avancés
dans la civilifiation, c ’eft-à-dire, devenus cultivateurs,
ils n ont pas dû renoncer complètement
a un aliment auffi fain, auffi agréable, auffi facile
a fe procurer, auffi entre-t-il pour beaucoup dans
le régime diététique des habitans de la campagne,
.& forme-t-il, en le vendant aux habitans des villes -
foit en n a tu r e fo i t féparé en fies parties conflit
tuantes, un important objet de revenu pour
eux. ' r
_ femme & les femelles de beaucoup d’efpèces
d animaux, fecrètent du lait pour la nourriture de
leu 15 petits, depuis la naiffance de ces derniers, juf-
qu a l’époque où leurs organes font devenus affez
forts pour faifir & digérer des fubftances folides^
Il feroit donc poffible de s’approprier celui de tous
ces animaux5 mais les uns font trop petits, les
autres trop difficiles à dompter, les autres impof-^
iibles a joindre; &e. Auffila jument, l'âneffe, la
chamelle, la buffe, la vache , la chèvre, la brebis,
font-ils les feuls dont on tire parti fous c e
rapport.
Les peuples encore pafteurs, ou nomades delà
Tartarie, font ufage , exclufivement aux autres
peuples, du Lait de jument. Us le boivent
en nature* ils en tirent du beurre, du fromage'ù
du férum, & une liqueur ennivrante qu'ils appellent
Kumijfe , liqueur peu connue en Europe ,
& qu'on a înuuiernent tenté de fabriquer avec le i
autres Laits.-
, Le Lj;it de l’ âneffe n’ eft guère employé, à- ms
connoiffance, que comme remède.
On ne trait les chamelles que dans les défertÿ
de l'Afie intermédiaire, & de l’Afrique feptear
i trionale. r
■ C e n’eft que dans quelques cantons de l’ Italie „
de là Sicile, de l'Afrique & de l’Inde , qu’on fait
ufage de celui- de la bufie.
Refte donc la vache, la chèvre & la brebis.
Quelle que foit la femelle qui a fourni le Lait, -il
eft toujours compofé de beurre, de matière ca-
feufe ou fromage , de férum ou petit-Lait de
fucre ou fel eflentiel de Lait ; mais il y a des va'
nations dans les proportions de ces fubftances
non-feulement dans chaque efpèce , mais même
dans chaque individu, & c e , félon fon âge , l’épo^
que de la mife bas , la nature des pâturages,la fi-
tuation de leur famé, -Retardel'atmofphèré, &c.
L’analyfeditLaitfefait d’elle-même, lorfqu’ilefî'
laiffé en repos dans un lieu ni trop chaud ni trop
froid-La crème, c’eft-à-dire, le beurre encore etf
état d’émuifion, monte d’abord à la furfice,comme
plus légère que l’eau,la matière cafeufe fe coagule -
fe caille,; comme, on dit généralement, & uage
dans le férum. On fépare la crème en l’enlevant
avec.une cuiller, le «jSrum en.le paffant à travers
un filtre , 1e fucre en-hifanc- évaporer le Céam.