Pour me conformer à l’ufage le plus généralement
fuivi, je ne parlerai ici que de la véritable Matricaire
des jardiniers, & des trois efpèces qui y ont
été réunies par tous les botaniftes.
E J p e c e s ,
1. La Matricaire officinale.
M a t r i c a r ia p a r th e n ium . Lima. Indigène.
2. La Matricaire camomille.
M a t r i c a r ia c k am om illa . Linn. O Indigène.
3. La Matricaire odorante.
M a t r i c a r ia f u a v e o le n s . Linn. O Indigène.
4. La Matricaire du Cap.
M a t r i c a r ia c a p e n f ls . Linn. Tf Du Cap de Bonne-
Efpérance,
C u ltu r e .
Comme plante d’un grand ufage en médecine, la
Matricaire officinale fe cultiveroit dans les jardins
du nord de la France, fi, comme plante d’agrément,
elle ne s’y trouvoit pas en auffi grande abondance :
en effet, c’eft elle qui fert le plus communément
à l’ornement de ces jardins, & on a dû la préférer,
premièrement parce qu'elle eft réellement belle ;
fecondement parce qu’elle eft en fleurs pendant
deux à trois mois; troifiémement parce qu’elle fournit
beaucoup de variétés ; quatrièmement parce
qu’elle s’accommode de toute nature de terrein ;
cinquièmement que fa multiplication eft extrêmement
facile & extrêmement rapide. Parmi fes
nombreufes variétés, je citerai celle à f le u r s d o u b le s
ja u n e s , celle à f le u r s d o u b le s b la n c h e s , celle à f l e u rons
tra n fp a r en s , celle à f e u i l l e s f r i f é e s , la plus
jolie, & celle fans f le u r o n s 3 la-plus fingulière.
C ’eft au milieu des plate-bandes des parterres
que les Matricaires, à raifon de leur hauteur (environ
deux pieds,:) , fe placent le plus ordinairement.
La feule culture qu’elles demandent, confifte
dans les farclages & binages propres à tout jardin
foigné. Lorfqu'on veut retarder leur floraifon ,
il faut couper leurs nouvelles tiges au prinrems 5
lorfqu’on veut les faire fleurir deux fois, il faut
les couper auffit-ôt que les premières fleurs font
paffées. Dans les bons terreins il eft indifpenfable
de réduire la largeur de leurs touffes tous les hivers,
ôt' dans les mauvais de les changer de place
tous les deux ou trois ans5 car les touffes trop
groifes , comme les tropfoibles, n’offrent pas autant
d’agrément que les moyennes. Toutes les
tiges en font coupées rez-teire aux approches de
l’hiver.
Les jardins payfagers ne font pas moins ornés
par les Matricaires que le.s parterres : on les . y
place , îurtout celle à feuilles frifées, fur le bord
des maflifs , le long des allées* dans les corbeilles
établies au milieu des gazons, & c .5 partout elles
produifent de bons effets.
La multiplication des Matricaires a lieu par le
femis de leurs graines, qui font très-abondantes
par boutures faices dans le courant de l'été, dans
un endroit frais & ombragé, & par déchirement
des vieux pieds en hiver. Le premier moyen donne
de nouvelles variétés s mais lés réfultats ne fleu,
rident guère , ou du moins ne font touffes ou,
la troifième année : le dernier offre les fiensjJ
bout de trois mois, & ell exempt de tous foins ■
auffi eft-ce c e ju i qu'on emploie généralement. ’
O n cueille les fommités de la Matricaire pour
l'ufage de la médecine lorfqu'elles commencent
à s'épanouir, & on les fait fécher à l'ombre : c'elt
pour les maladies de matrice qu’on les emploie
le plus, d'où le nom de la plante.
La potaffe abonde dans cette plante comme dans
la plupart de celles qui font âcres i de forte qu'il
pourroit être avantageux de la cultiver en grand
dans de mauvais terreins, pour l'en retirer, en la
brûlant avant la floraifon. V a y e - [ Potasse.
. Les Matricaires camomille & odorante font
auffi de belles plantes ; mais comme elles font
annuelles, on ne les cultive que dans les jardins
de botanique, où on les fème en place, & où on
ne leur donne d'autre culture que celle générale 1
tout jardin bien tenu. Leurs propriétés méditait;
font plus puiffantes que celles de la précédente!
de forte qu'on les fubftitue fouvenc à la C amom
i l l e r o m a i n e . V o y e r ce mot. ( B a s e . )
M ATTAMORES : excavations dans une terre
fèche, qu'on pratique dans les pays chauds & mil
gouvernés, pourymettre les grains à l’abri,&<ts
altérations auxquelles ils font fujets lorfqu'ils rtf-
tent à 1 air libre, & de la rapacité des brigands.
Autrefois les Mattamores. étoient crès-totn-
munes : on en voyoit fur la côte feptentrionale de 1 Afrique , en Italie , en Sicile , en Efpagne,
jufqu en Hongrie. Aujourd’hui il n’y en a plus
que dans le premier de ces pays.
La diminution des Mattamores tient au per-
feétionnement des moyens de conferver les grains
a 1 air , à la plus grande force 'effective &
morale des gouvernemens.
Le premier des avantages que préfentent les
Mattamores, eft dû au manque d’air; le fécond, i
à l’égalité de température; le troifième, à l'in-
poffibilité où font les oileaux , les rats, les infectes
d'y pénétrer.
La forme, la grandeur & le.mode deconftrut-
tion des Mattamores varient beaucoup. Généralement
leur forme eft elliptique ou pyrilori«.
Leur grandeur doit être ni inferieure, ni Inpé-
rieure au produit moyen des récoltes de celui 1
qui eues appartiennent, à moins qu'il ne foit marchand
de grains. Les pauvres fe contentent de 1rs
revêtir de paille. Les riches les entourent inté-
! îieurement d’un mur en pierres de raille. C es der-
| nrères, qui ne diffèrent pas des citernes ulimas
I dans beaucoup de parties de la France, font de-
J beaucoup préférables aux autres : ce font les feu-
| les qu’on pourroit pratiquer avec fécurité dans le
M A T
MATTHIOLE.luord de l’Europe, où le fol, ainfi que I’atmof- M a t t h i o l a .
Khère, eft toujours humide, & où les grains ont
beaucoup de difpofitions à moifir.
[ Le plus fouvent l’ouverture des Mattamores
[eft fuperieure & centrale ; elle fe bouche avec
L ne pierre couverte de terre. On y defeend au
[moyen d’une échelle.
[ Beaucoup de Mattamores creufées par les
[Maures fe voient encore dans le midi de l’Efpa-
[gne ; mais on n’en fait plus aucun ufage. 11 n’y a
[pas bien long-tems qu’on en a découvert en
[Hongrie qjii datoient de la guerre faite contre
îles Turcs en 1526, & dans lefquelles le blé s’étoit
Iconfervé encore bon, quoiqu’elles ne fuftènt pas
[revêtues de pierres; elles étoient creufées dans
[une argile très-dure & imperméable à l’eau. On
[trouve dans les hifteriens, des citations de Matamores
oubliées encore plus long-tems en Efpagne,
& dans lefquelles les grains s'étoient également
[bien confervés.
Un foin important à avoir quand on veut mettre
Ides grains en dépôt dans les Mattamores, c’eft
[de les faire complètement nétoyer & deflecher.
11 importe peu que quelques charançons, alucites
[ou autres infeéces s'y trouvent, parce qu’ils ne
[pourront pas s’y propager. On l’entoure complé-
[temeotde paille également très-fèche. L’ouver- ture doit être rigoure.u Cernent fcellée avec du
mortier. Le mieux eft de n’y laiffér les grains
qu’une feule année. Avant de les remplir de nouveau
, il faut les laîffer ouvertes pendant affez de
[teins pour que leur intérieur p aille perdre toute l'humidité qui s’y eft accumulée , y faire même
des; feux de bois fecs pour accélérer la deffic-
Ication de leurs parois.
[ Le blé qui fort des Mattamores ra un goût de renfermé peu agréable ; mais il le perd en partie
[lonqu’après l’avoir expofé à l’air, on le lave dans
Lune eau courante.
L’établiffement des Mattamores en France
[peut paroître inutile, parce que les moyens indiqués
par Parmentier & autres, pour conferver les
grains & les farines , font préférables, & que le
mouvement général du commerce & la force du
[gouvernement permettent de s’en paftèr ; mais
il eft beaucoup de cas où il feroit préférable ,
[furtout dans le midi, de mettre les produits de la
récolté, jufqu’au moment de leur vente, dans des
|f:ue™e>s ou dans des caves conftruites exprès fous N batimens, plutôt que dans des greniers ou des
chambres à grains, où ils font dévorés pur les
oueaux, les rats, les charançons, les alucites :
I1* “ U(hoit que ces lieux fuffent très-humides s’ils
né s y confervoient pas un mois ou deux fans alté-
jranon. (Bosc.)
■ MVTTOIS : nom des boeufs nés en Auvergne
“ élevés dans le ci-devant Poitou : ils font d’une
(belle.race.
.p * A T O . C ’eft le thé du Paraguay, V o y e i
Arbre à feuilles oppofées, ovales, rudes au
toucher, à fleurs blanchâtres odorantes, difpofées
en cimes axillaires, dont quelques botaniftes font
un genre dans la pentandrie monogynie & dans la
famille des R u b ia c é e s , & que quelques autres
réunifient aux Guettardes. V 'o y e i ce mot.
La Ma t THIOLF. RUDE, M a u h i o la f e a b r a ,
Linn., eft originaire des Antilles. On la cultive dans
nos ferres , où il lui faut une grande chaleur & des
arrofemens modérés. On lui-donne de la nouvelle
terre tous les ans, en automne. Sa multiplication
a lieu par boutures fur couche & fous châfiis.
Cet arbre fleurifiant rarement en Europe, eft
peu cultivé5 il ne fe voit que dans les grand=s
collections & dans les jardinsde botanique. ( B o s c . )
MATTUSCHKÉE : nom donné par Schreber
au genre P eram e.
MATURE (Arbres de). On appelle ainfi les
arbres propres à être employés pour la Mâture des
vaifleaux de guerre. Comme les mâts doivent être
en même tems très-élevés , très-forts & très-
légers, ce n’eft que parmi les Pin s , les Sapins
& les Mélèzes qu’on peut en trouver en Europe.
V o y e i ces trois mots.
Aujourd'hui on fait de plusieurs pièces les mâts
des gros vaifleaux. ( B o s c . )
MATURITÉ : état des fruits arrivés au dernier
degré de leur perfection, & auquel ils tendent
tous. Il eft le plus fouvent indiqué par leur chute
naturelle des arbres ou des plantes. La caufe de la
Maturité, malgré les nombreux écrits dont elle a
été 1 occafion, n eft pas encore & ne fera probablement
jamais connue. En étudier les effets eft
donc ce à quoi doit fe borner un agriculteur’.
La chaleur & l’humidité font indifpenfables à la
Maturité régulière des fruits j mais leur intenfi^é
varie félon les efpèces & les variétés. Ainfi il en
faut moins pour une grappe de grofeille , que
pour une grappe de raifin ; pour une poire petic-
mufeat, que pour une poire de Saint-Germain.
Certaines circonlUnces accélèrent la Maturité
des fruits, même indépendamment de la chalèur
& de 1 humidité, lorsqu’ils font arrivés au-delà
de la moitié de leur accroiffement ; ainfi cet effVt
eft produit par une féchereffe prolongée, par la
moit pattielle des racines ou des branches, par
1’élèvement d’un anneau d’écorce, par la fuppref-
fion des feuilles, par la courbure des rameaux,
par la piqûre des infeétes, par des bleflures, Scc.
D’autres circonftances les retardent, comme une
humidité confiante, une expofition froide & ombragée,
par des labours profonds, par des engrais
furabondans, des arrofemens d’eau froide, &c.
On lit dans les géoponiques, que les Anciens !a-
bouroient les vignes vers î’époque'de la Matiiriîé
du raifin , pendant la fécherefte, afin d’élever de
la pouffière & de la fixer fur fes grains ; car ils
avoient remarqué que la croûte terveuie, en ab