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confiances d’une manière générale, à raifon des variations
qui exiftent entre les diverfes fortes de
Marne, entre les différentes fortes de terre, entre
les differentes expofitions, entre les différens climats
, entre les différens buts, &c. C ’eft donc à
chaque cultivateur qu’il appartient de juger de ces
cas. La feufe chofe commune à tous, c’eft que le
capital employé au marnage ne foie pas plus confi-
dérable que celui de la rente qu'il doit faire obtenir,
en plus * de la terre j car c’eft toujours' une
folie que de faire une dépenfe de culture qui ne
produit pas un bénéfice prochain ou éloigné. En
général, cependant, je crois qu'il vaut toujours
mieux marner foiblement & fouvent, que fortement
& raiement.
Le principal but du marnage indique l'époque
où il eft le plus fouvent convenable de l'exécuter.
C'eft celle où la terre vient d'être labourée, où
les pluies vont commencer, où les gelées ne tarderont
pas à fe faire fentir; je veux dire à la fin de
l'automne. Il fe fait en répandant le plus également
poflîble la Marne fur la terre, au moyen
d'une large pelle. On n’en lailîe point aux endroits
où étoient les tas, parce que, quelque foin qu'on
mette à l’enlever , il en refte toujours affez. Après
l’hiver, immédiatement avant le labour des mars
(ordinairement ce font eux qu’on fème d’abord fur
les champs marnés), on parcourt le champ, lorfque
cela eft néceffaire, avec un callè-motte, & on
réduit en poudre, par fon moyen , tous les morceaux
de Marne qui ont réfifté à la décompofi-
ti'on fpontanée.
Il eft des agriculteurs qui fument leurs terres
en même rems qu'ils les marnent. Arthur Young
appuie beaucoup fur les avantages de cette pratique.
Je dois cependant obferver qu'elle n'eft réellement
très-avantageufe que fur les terres maigres,
parce que, fur celles qui font naturellement fertiles
, elle peut donner lieu à une trop grande
pouffe de feuilles, & par fuite à une moindre
production degraine. ( V o y . Fertilité, Feuille
& Graine.) Dans tous les cas, le talent du cultivateur
confifte à donner à fa terre jufte ce qu'il
lui faut d'engrais, ni plus ni moins.
Une autre manière de tirer parti des Marnes ,
qui n’eft malheureufement pas allez connue, c’eft
de les fi ratifier, foit avant, foit après qu’elles font
délitées, pendant une ou deux années, avec de la
terre végétale, avec des plantes marécageufes, du
chaume, du foin gâté , & enfin du fumier, & d’en
former des efpèces de murs dans un lieu peu
expofé au vent. Ces murs décompofent l'air &
fe chargent de fës principes , au point qu'une
petite quantité de leur détritus fuffit pour ferti-
lifer un efpace confidérable. Ôn augmente leur
fertilité en les arrofant de fang de boeuf & d’eau
falee. Voye^ Nitriere artificielle.
La Marne fe tire de la terre à toutes les époques '
de l'année ; cependant c'eft pendant l'hiver, lorfque
la diminution du travail met au plus bas le falaire
des ouvriers, qu’on en exploite le plus. Onn»
peut trop recommander de faire cette opération
au commencement plutôt qu'à la fin de cette hj.
fon, parce que la Marne fortant humide de là
terre , & fe confervant humide par [‘effet des
pluies fréquentes qui régnent alors, fes molécules
font plus facilement défagrégées par la gelée.
On exploite la Marne tantôt à ciel ouvert, tan.
tôt par des galeries horizontales, tantôt par des
puits. Cette dernière manière eft la plus coûteufe,
La première doit être préférée, à raifon du moindre
danger auquel elle expofe.
L’afpeét général du pays , & l'examen des pierres
qui s'y trouvent, peuvent guider dans la recherche
de la Marne. Les ravins, les carrières
les puits; donnent fouvent des indications certaines
, ainfi que la tarière inventée par Bernard.
Paliffy , & dont les mineurs font aujourd’hui
un fi fréquent ufage. Je n'entrerai pas clans des détails
à cet égard, attendu qu’on les trouvera fuffi-
fammenc développés dans ie D i c t io n n a i r e de Min
é ra lo g ie .
Certaines Marnes fe Iaiflent tellement pénétrer
par l’eau, qu’une pluie un peu forte fuffit pour
les réduire en bouillie. Il en eft d'autres, comme
je l’ai déjà obfervé , qui au contraire reftent tou-
• jours fous forme pierreufe., & qu’il faut ou brifer
mécaniquement, ou calciner au feu. Quelques
perfonnes prétendent que lès Marnes d’une facile'
délitation font meilleures que les autres 5 mais
cela n’eft vrai, d’après ce que j’ai dit plus haut,
qu’à raifon de la plus grande promptitude de leurs
effets.
Des faits, cités par Arthur Young^, fembient
prouver que la Marne détériore la qualité des
pommes de terre.
Ce n’eft pas feulement fur les terres labourables
que la Marne produit de bons réfultats .O n en
fait auffi un fréquent ufage fur les prairies naturelles,
dont elles augmentent prodigieufemencles
produits. Là, elles agi fient de plus d’une manière,
c’eft-à-dire, en fourniffant aux graminées, par l’élévation
qu’elles donnent au fol, le moyen de multiplier
leurs racines. V oy e% Graminée & Prairie.
Cette confidération a engagé quelques cultivateurs
anglais à la répandre auffi fur leurs feigles
& leurs fromensen végétation à l iflue de l’hiver,
& leur attente a été furpaffée. J’invite les cultivateurs
français à les imiter , la théorie fe trouvant
ici complètement en concordance avec la pratique
de ces cultivateurs.
Il me feroit extrêmement facile de doubler la
longueur de cet article, en citant des exemples j
des merveilleux effets produits par la Marne 5 mais j
je me contente des généralités ci-deffus, les avantages
de cette fubftance n’étant plus aujourd'hui
douteux pour perfonne. La connoiffance des ca- ,
radtères auxquels on la reconnoît & les avances
que néceffite fon extraction, font les feules caufes
I ,j empêchent d'en faire un ufage plus général en
prance. ( B o s c . )
I MaROUTE ; nom vulgaire de la C amomille
»UANTE.
I MARRE. C'eft tantôt une grofle, tantôt une
Ijarge Pioche , tantôt une pelle de fer. V o y e 1
■ Houe. '
E Marre- On donne ce nom aux béliers dans le
département de Lot & Garonne. .
I MARRON : variété de la châtaigne, & fruit du
MaRRONIER d’iNDE.
MARRONIER. Æ s c u L u s i
[ Genre de plante de l’heptandrie monogynie &
[delà famille des M a lp ig h ia c é e s , qui renferme.plusieurs
arbres introdruits dans nos cultures depuis
joig-tems, & qui par conféquent fera l’objet d’un
article étendu dans le D i c t io n n a i r e d e s A r b r e s &
mbufies. ( B o s c . )
MARRUBE. M a r r u b î u m .
I Genre de plante de la didynamie gymnofpermie
[& de la famille des L a b ié e s , qui raffemble une
vingtaine d’efpèces , dont deux croiflent naturel-
lement en France, & dont la moitié fe cultive
dans nos jardins de botanique. Il eft figuré pl. yo8
[des lllu flration s d e s g en r e s de Lamarck.
E fp e c e s . ,
M a r ru b e s a c a li c e a c in q d en t s .
2. Le Marrube d’Aftracan.
Marrubium a ftr a c a n icum . Jacq. Tf D’Aftracan.
3. Le MaRrube à feuilles d’agripaume.
Marrubium. le ô n u r o id e s . Lam. Tf De.....
4. Le Marrube paniculé.
Marrubium c r e tic um . Linn. Tf De l’Orient.
y. Le Marrube incané.
Marrubium in c a n um . Lam. 2f De.....
6. Le Marrube couché.
Marrubium f u p in u m . Linn. Tf Du midi de 1;
[ F r a n c e .
7. Le Marrube fétacé. ,‘
Marrubium f e ta c e um . Lam. Tf De l’Efpagne.
8. Le Marrube à feuilles de chataire.
Marrubium ca ta r i& fo lium . Lam. Tf De l’Orient
9- Le Marrube à feuilles oblongues.
1. Marrubium p e r eg r in um . Linn. % Du midi d<
P Europe.
10. Le Marrube très-blanc.
Marrubium c a n d id ijjim um . Linn. Tf De l’Orient
n . Le Marrube à feuilles rondes.
Marrubium c ir c 'm a tum . Lam. 2f De l’Orieat.
M a r r u b e s a c a lic e a d ix d en t s .
1 2 . Le Marrube commun.
Marrubium vulgare. L i n n . ^ I n d i g è n e .
1 3 . L e Marrube f a u x - d i é i a m e .
Marrubiumpfeudo-diétamus. L i n n . Tf D e l ’ O r i e n t * .
1 4 . L e Marrube a c é t a b u l e .
Marrubium acetabulofùm. L i n n . Tf D e l ’ O r i e n t .
1 5 . L e Marrube d ’ E f p a g n e .
’ Marrubium hifpanicum. L i n n . Tf D e l ’ E f p a g n e .
16. Le Marrube cendre.
Marrubium cinereum. L a m . Tf D e l ’ E f p a g n e .
17. Le Marrube crépu.
Marrubium crifpum. L a m . Tf D e l ’ E f p a g n e .
18. Le Marrube à petites feuilles.
Marrubium microphyllum. L a m . Tf D e l ’ E f p a g n e .
p | $ L e Marrube d ’ A f r i q u e .
Marrubium africanum. L i n n . Tf D u C a p d e B o n n e -
E f p é r a n c e .
20. Le Marrube hérifle.
Marrubium hirfutum. W i l l d . Tf D e . . . .
Culture.
L e s e f p è c e s i n d i q u é e s f o u s l e s n o s . i e r . , 4 e . , 6e. , 9e . , 1 0 e . , 1 2 e . , 1 3 « . , 1 4 e . , 1 y e . , i 7 e . & i 9 e # >
f o n t c e l l e s q u e n o u s c u l t i v o n s d a n s n o s j a r d i n s . •
L e s f e p t p r e m i è r e s y p a f f e n c t o u t e l ’ a n n é e e n
p l e i n e t e r r e , p o u r v u q u e i e f o l f o i t f e c & l ’ e x -
p o f i t i o n c h a u d e : l a d o u z i è m e e f t l a p l u s i n d i f f é r e n t e
à c e s c i r c o n f t a n c e s . O n l e s f è m e e n p l a c e , & q u a n d
o n l e s p o f i e d e , o n l e s m u l t i p l i e , f i o n v e u t , p a r
d é c h i r e m e n t d e l e u r s v i e u x p i e d s e n h i v e r o u p a r
b o u t u r e s a u p r i n t e m s .
L e s q u a t r e d e r n i è r e s e x i g e n t l ’ o r a n g e r i e p e n d a n t
l ’ h i v e r j e l l e s y v e u l e n t d e l a l u m i è r e & p e u d ’ a r r o -
f e m e n t . L e u r s g r a i n e s f e f è i n e n t f u r c o u c h e & f o u s
c h a f f i s , & e n f u i t e e l l e s f e m u l t i p l i e n t c o m m e l e s
p r é c é d e n t e s , e x c e p r é q u e l e s b o u t u r e s f e f o n t f u r
c o u c h e & f o u s c h a f f i s .
L a c o u l e u r b l a n c h â t r e d e l a p l u p a r t d e s M a r r u b e i
l e s f a i t r e m a r q u e r 5 m a i s d u r e f t e e l l e s o n t p e u
d ’ a g r é m e n t . L a t r o i f i è m e e f t l a p l u s b e l l e .
Le Marrube commun eft fouvent extrêmement
abondant dans les décombres, aurour des villes , le
long des chemins. Les beftiaux n’y touchent pas.
( B o s c . )
Marrube noir : c ’ e f t l a Ballotte. Voyer
c e m o t . . _ J \
M A R S . D a n s c e m o i s , l e d e r n i e r d e l ’ h i v e r , e n
t r o u v e f o u v e n t l e s b e a u x j o u r s d u p r i n t e m s ^ l e
c u l t i v a t e u r d o i t f e h â t e r d ’ e n p r o f i t e r p o u r a c h e v
e r f e s l a b o u r s , f e s f u m a g e s , f e s m a r n a g e s , f a i r e
f e s f e m a i l l e s d u b l é , d i t d e f o n n o m Blé de Mars
a i n f i q u e c e l l e d e s a v o i n e s , d e s o r g e s , a u x q u e l l e s
o n d o n n e é g a l e m e n t f o n n o m l o r f q u ’ o n l e s p r e n d
c o l l e ê l i v e i n e n t , l e s Mars. Foye^ c e s m o t s .
C ’ e f t e n c o r e p e n d a n t f a d u r é e q u ’ o n m e t e n t e r r e
l e s p o m m e s d e t e r r e , l e s t o p i n a m b o u r s , l e s v e f e e s
l e s g e f l e s , l e s p o i s , l e s f è v e s , l e s t r è f l e s , l e s l u z
e r n e s » l e s f a i n f o i n s , & c . j q u ’ o n d o n n e l ’ e ^ u a u *