
de les préférer dans les terres légères, & pour les
derniers Labours ? leur aélion eft très-irrégulière
& très-fatigante dans ceux qui font en pente.-
Dans la plupart des charues à tourne-oreille ,
l'oreille eft une (impie planche triangulaire, à l’angle
aigu de laquelle eft un crochet de fe r , qui
fert à , l'attacher à un crampon fixé dans le fep ,
& vers le milieu de laquelle eft une forte cheville,
qui entre dans un trou pratiqué un peu obliquement
dans le fep.
La charue à tourne-oreille n’a le plus fouvent
qu’ un feul contre , dont on eft obligé de changer
la direction chaque fois qu’on change Foreille de
côté ? ce qui ferait fort aifément, au moyen d'un
coin & d'un maillet.
Les charues à foc étroit divifent beaucoup mieux
la terre, mais il faut qu’ elles (oient conduites par
un laboureur expérimenté parce qu’elles exigent
qu’on faffe les raies moins larges, & que par luire
de la réfiftance du terrein non labouré la terre eft
fujète à retomber dans le filton avant d'être retournée.
11 eft des charues dont l’oreille ne defcend pas
jufqu’à la partie inférieure du fep , & dont le foc
eft en outre comme il vient d’ être dit. Ces fortes
de charues femblent faire ün bon Labour ; mais il
n’en eft pas moins vrai que la moitié du terrein n’ eft
pas labouré^ aufli les réfuirats font-ils de iôibles récoltes
furchargées de mauvaifes herbes.
t On fé fe r t , aux environs d'Angers , d’ une charue
à double verfoir pour labourer en biHôn. Elle
expédie bien l'ouvrage, mais ne peut être employée
que dans les terres déjà.très-meub'les;? auflî
eft elle principalement réfervée pour donner la
dernière façon aux terres labourées auparavant
avec les autres, c’eft-à-dire, pour recouvrir la fe-
mence.
. En Allemagne, on fait, dit-on, ufage d'une
charue q u i, au moyen d'un verfoir attache a fon
coutre, divite la tranche horizon râlement en deux,
parties,, 8t jette la fupérietiré au fond de'la raie ::
on l'appelle charue- tranchante. Je-' ne crois pas
qu'elle foit connue en. France , ou elle pourroir
être utile dans beaucoup de cas.
Dans les terreins très-pierreux le fep- & l'âge de
la charue font dans le cas de fe-cafter par l'effet
des contre-coups'qifils éprouvent; Pour éviter cet
inconvénient, on‘ fixe quelquefois l'extrémité de
la chaîne a une fimple cheville de bois , qui fe
rompt de préférence, & qui ne coûte rien àjrem-
placer. ! ' ’ : ' ’
Une des meilleures charues de France eft fans-
contredit, au rapport de tous les agriculteurs
éclairés, celle dont on fait ufage dans une partie
de la ci-devant Champagne , ôc qu’ on connoït a
Paris, où elle eft quelquefois employée ; forts les
noms de charue a chaîne, charue de Brie. Elle débite '
beaucoup d’ouvrage & marche très-réguliéremenr?
mais elle fatigue extrêmement les- chevaux & le
conducteur. C'eft dans les terres for-tes qu éll-e eft
la plus avantageufe. Elle fe rapproche infiniment
de celle qui eft figurée pl. i , fi g. 2. de 13 Art aratoire.
Son importance m'oblige d’en donner , une
defcription complète. ' \
L ’arrière-train de la charue de Brie-eonfifte dans
un foc dont le côté gauche eft en ligne droite avec
le fep , parce que le verfoir étant fixé à la droite,
le foc ne doit pas avoir d’ailes au côté oppofé,
afin qu’il ne foulè-ve pas la terre, qui retomberoic
dans le fi lion. L’ autre côté forme une aile tranchante
plus en dehors que le verfoir qui eft au-
deffous. Il a une douille à fbn extrémité , formée
par le fer replié- en deffous, dans laquelle on, fait
entrer le fep. A quatre ou cinq pouces de fa
pointe il eft percé d’un trou rond, dans lequel la
pointe du gendarme eft reçue.
On appelle gendarme, dans cette charue , une
pièce de fer de quatre pouces de largeur, repliée
à angle aigu, dont la.pointe, qui eft à fon bout,
entre dans le trou pratiqué au foc. Son côté gauche
, plus élevé que le d ro it, eft percé d’ un trou
à fon extrémité, dans lequel entre un clou à vis qui
l’attache d’une manière1 lolide à la flèche. L’autre
c ô té , un peu moins élevé , pafle par-deftous la
flèche. La deftination du gendaytfie eft d’arrêter
les herbes & les brouffailles qui s’embarrafleroient
dans les jambettes qui foutienrient l’âge ou la fléché;
fur le fep. # '
A l’extrémité inférieure du double manche fe
trouve un tenon qui eft cheville dans la mortaife
pratiquée pour le recevoir au bout poftérieur du
îép. 11 eft formé d’une feule pièce de bois fourchue.,
ou de deux pièces aftemblées folidement
comme,aux autres charues. Ôn met, entre* les
cornes., de ce double manche, une traverfe affez
fo r tè , qui les fou tient 8c les empêche de fe biner
-lorfque le conducteur appuie fortement d'un côté
pour faire tourner la charue.
La longueur de la flèche de la charue de Brte eft
f plus çonfidérable que celle des autres-, ellééft or-
f dihâirément'dè huit à'dix pieds. Cette longueur
[eft néçeffaire, afin qu’en donnant beaucoup d’en-
trure au foc , l’attelage ne foie pas aufii fatigué.
• Depuis 1 le coutré jufqii’au manche la flèche eft
carrée, avec les angles abattus? elle eft ronde dans
le refté de fa longueur, & porte, à fon extrémité
poftérîeuré, un tenon qui, après avoir traverfé la
niortâife qui eft au bout du double manche, ya
aboutir dans Tentailie qui eft pratiquée à l’extré*
mité du fep, au deffoW & derrière le double man-
:che. - • ! . V* ' .
Le verfoir, placé' à la droite de la charue> elt
une longue pièce de bois un peu convexe en dehors
|au-deffous de l’aile dû fo c , 8c concave en.
dedans. L’extrémité de ce verfoir, qui eft très-froidement
unie au fep, eft placée dans 1 angle inté--
.rieur du gendarme. Il eft foutenu par tr.ois janj-
bettes, dont une fe trouvé directement fous la
flèche, 8c entré dans làfur face fupèrieure du fep*
Les deux autres , placées en arcs-boutans, preonent
dans la furface intérieure du verfoir, & viennent
entrer dans les trous à la furface latérale du
fep, à fa droite. Sa largeur n’eft pas égale d’un bout
à l’autre. La partie antérieure, c’eft-à-dire , celle
qui çntre dans l’angle intérieur du gendarme eft
plus large que la partie poftérieure, qui fe trouve
un peu plus étroite. Dans le haut, il eft terminé en
ligne droite ; ce n’eft que par le bas que fa largeur
diminue infenfiblemenc.
Toutes les pièces de cet avant-train font parfaitement
aftemblées 8c fe fortifient les unes par les
autres.
On ne met ordinairement qu’un feul çoutre à
cette charue, & fon manche eft percé de plusieurs
trous, afin de l’élever 8c -de l’abaiffer félon les cir-
coriftanees. Ce coutre, placé dans la mortaife qui
eft dans la flèche, en avant du foc , y eft affujetri
par deux petits coins de bois, donc un de côté 8c
l'autre en avant, qui fert à lui donner l’ inciinaifon
qu’on defire, en l'enfonçant plus ou moins dans la
mortaife. Une cheville de fer, paffee dans un des.
trous , le lie à la hauteur néçeffaire & l'empêche
en même çems de vaciller, parce qu'il y a
fur la flèche , de chaque côté du coutre, deux anneaux
qui y font fixés, & dans lefquels on paffe la
cheville.
La charue de. Brie a un avant-train qui confifte
. dans deux roues d'inégale grandeur. Le diamètre
de celle qui eft à gauche a trois ou quatre pouces
de moins que celle .qui eft adroite. Leur eftîeu, qui
eft en fer, paffe dans une traverfe carrée, qui eft
,percée, pour cet effet, d’un bout à l’autre.
. Une pièce de bois fourchue j dont les deux
cornes font clouées vis-à-vis de la traverfe dans
laquelle paffel'eflieu des roues, forme le têtard.
A dix ou douze pouces au deffus du têtard fe
trouve la felette. Elle eft affujettie immédiatement
fur les deux cornes par deux fortes chevilles, qui
ne lui permettent aucun mouvement quand la charue
eft en aétion. Sa longueur n'eft pas touc-à-fait
celle de la traverfe qui couvre l'eflieu. On voit
dans fon milieu une échancrure pour recevoir la
flèche.
Il y a , à l’extrémité antérieure du têtard, une
mortaife latérale, dans laquelle paffe la traverfe
qui doit porter les paloniers ? une forte cheville la
maintient en place.
Les deux paloniers pendent, par le moyen d'une
chaîne ou d'un c ro ch e té d'un anneau, à chaque
bout de la traverfe.
Deux chaînes joignent enfemble l’arrière 8c Fa-
vant-train .de la charue fie Brie. La première eft?
terminée par un grand anneau , dans lequel paffe'
la flèche.;. U eft retenu par une cheville. L’autre
bout offre un autre petit anneau, qui fe fixe à un
crochet implanté en deffous du têtard,, vers fon,
milieu. C e tte feule chaîne fuflSroit? mais pour'
mieux fixer la flèche dans l’ échancrure de la fel-;
dette, & afin de tenir le têtard au niveau de la traverfe
pour que l’attelage, n’ai t pas ion poids à- fepporter,
on met une fécondé chaîne affez-courte,,
qui eft attachée par un de fes bouts à la furface Supérieure
du têtard, affez près de la traverfe qui
recouvre l’eflieu. Son autre bout porte un grand
anneau, dans lequel paffe la flèche , & qu’on arrête
, comme le premier, par une chevillé qui
entre dans un des tro.us de la flèche.
On a fouvent confondu avec la charue de Brie ,
parce qu’elle,porte aufii ce nom aux environs de
Paris, où on en fait fréquemment ufage, une charue
qui s’en diftingue principalement parce que fa
fléché eft courte 8c fort peu inclinée.
Il eft une autre charue également en ufage aux
environs de Paris , 8c qu’on appelle à dévérfoir.
Elle ne diffère prefque de la. charue de Brie, que
parce que fon avant & fon arrière-train font liés
par un collet de bois. Elle eft figurée pl. i & z ,
fig. i re. de l’Art aratoire. Elle fait un fort bon
Labour.
Ces trois charues, ainfi que celle à tourne-
oreille font defiînées dans l’excellent rapport de
Challan , fur le perfectionnement des charues ,
imprimé par ordre de la Société d’Agriculture du
département 8c de Seine & Oife.
La charue de Norfolk, figurée pl. 3,8 de .Y A r t
aratoire , qui laboure avec un ferai homme &
deux chevaux, quatre-vingt mille pieds de furface,
c ’eft-à-dire, quatre à cinq fois plus que la charue
de B r ie , eft regardée en Angleterre comme la
meilleure ? cependant M. Arbuthnoc, qui a beaucoup
travaillé .en théorie 8c en pratique fur les charues
, penfe qu’elie ne doit cette Supériorité qu’ à
la hauteur de fes roues. En général, on fait en
France les roues des charues beaucoup trop baffes?
aufli le fo.c fort-il fouvent de la-raie, quelque
précaution qu’on prenne , & quelqu’effort que
faffe le cpndu&eur en appuyant fur les manches.
Il faudroit que la grandeur des roues fût telle que
la ligne de tirage fût toujours parallèle au fol.
C ’eft parce que la charue de M. Defpommiers,
dont on trouvera la defcription à l’article C harge
de Y A r t aratoire, avoit de grandes roues,
qu’elle remporta l’avantage dans les expériences,
comparatives qui furent faites en 1766 à Châ-
teauneuf fur le Cher-
Dans une expérience tentée aux environs de
Londres, pour conftater laquelle des charues anglaises
méritoit la préférence, celle de lord Som-
mervUle, avec quatre boeufs attelés par les cornes,
retourna, en une heure vingt-huit minutes,
trois-quarts d’acre, c’eft-à-dire , autant que nous
en labourons en un jour en France^ avec.nos meilleures
charues.
On emploie dans la Belgique une charue qu’on
dit être une des plus parfaite qui exifte : elle diffère
fort peu de celle de Norfolk. Sa marche eft facile
au point, d ’expédier , avec deux chevaux ou
deux boeufs , .conduits tpar un homme , à fix ou
huit pouces de profondeur, dans un -terrein de
confiftànce. moyenne, deux arpens de Paris par
O R