
L’hiRorique des efforts anciennement faits pour
arriver au but fit penfer à Réaumur, que la difficulté
de conduire le feu dans les fours avoit été
la véritable caufe du défaut de continuité d’emploi
de la méthode égyptienne. 11 propofa en con-
féquence de faire éclore les poulets par la chaleur
du fumier, & il en montra la poflibilité par des
expériences en grand nombre, qui réuffirent fort
bien.
11 eft bon de remarquer que, dans la première
de fes expériences, Réaumur avoit négligé de
retourner chaque jour fes oeufs , &’ que, par fuite
du manque de foin, la plupart de fes poulets
furent contrefaits & ne vécurent pas.
Depuis, M. Chopineau indiqua la chaleur de
l’eau comme plus convenable encore, & inventa
un appareil qui a été exécuté, & qui produifit
F effet déliré.
Les étuves.que. MM. Dubois, Bonnemain &
autres ont imaginées dans ces derniers temsfe rapprochent
des fours égyptiens , & n’ont pas leurs
inconvéniens. Les oeufs qu’on y a placés ont fort
bien éclos.
Cependant, malgré les efforts réunis de tant de
perfonnes habilfes, il ne fe trouve pas en France ,
même pas en Europe, même pas dans le Monde,
hors l’Egypte, d’endroits ou on faffe éclore arti-
ficiellemént des oeufs de poule ou autres volailles.
Pourquoi cela? Parce qu’il ne fuffit pas d’avoir des
poulets, qu’il faut les élever, & qu’en France il
eft impoftible de le faire avec certitude & fans
des dépenfes confidérables, & que là ,a in fi que]
partout ailleurs, il faut des foins qu’ on trouve / ’
avec raifon, plus lîmpîe de laiffer prendre aux
poules. ^
L ’expérience de trois fiècles doit donc faire
penfer que ce n’ eft que dans les pays où la température
eft conftamment élevée & égale, & où la
main d’oeuvre eft à très - bas p rix , qu’il peut y
avoir de l’avantage à faire éclore artificiellement
des poulets. Il faut donc y renoncer en France, &
fe contenter dés produits des couvaifons naturelles
, produits a (Te z confidérables pour fatisfaire
aux befoins de la confommation. ( B o s c .)
- INCU LTE. Ce mot eft extrêmement vague,
car tantôt il indique un terrein qui n’a jamais été
cultiv é, tantôt uifterrein qui n’a pas été cultivé
depuis plufieurs années, même feulement depuis
quelques mois. ,
Tout terrein inculte, foit de tout te ms, foit depuis
quelque tems, peut fans doute être cultivé
avec profit pour la fociété en général, puifqu’ il
donne le moyen d’augmenter la malle des produits
agricoles ou induftriels; mais il n’eft pas toujours
de l intérêt du propriétaire de le cultiver, parce,
qu’ il faut que les dépenfes de fa culture foient
couvert s par les bénéfices qu’il donne. Il eft d’ ailleurs
un grand nombre de circonftances où il eft
bon qu’ un terrein ne foit pas cultivé, comme
quand il eft très en pente. Ç ’eft pour avoir cultiyé
de ces fortes de terreins, que tant de localités
font devenues à jamais infertiles à la fuite de l'enlèvement
de leur terre par les eaux pluviales.
il fut un tems où on ne prêchoit que défrichement,
& où ilfemb'oit qu’ il ne devoit plus relier
un feul arpent inculte en France. Le Gouvernement,
ftimulé par des écrivains eftimables, mais
peu éclairés, les provoquoit par des exemptions
d’ impôts, même des avances. Qu’en eft-il réfulté ?
La ruine de beaucoup de cultivateurs, & le retour
de ces terreins à l’état où ils étoient avant leur défrichement.
Aujourd’ hui on ne dit plus : Cultivez
le plus de terre que vous pourrez, mais cultivez
bien ce qui eft fufceptible de l’être avec profit,
& tirez le meilleur parti poflible du refte du fol ,
foit par des plantations de bois, foit par des pâturages.
Beaucoup de terreins incultes appartiennent aux
communes, fte, quoique fufceptibles d’être améliorés,
ils ne fournilfent qu’ un pâturage extrêmement
maigre. La caufe en eft que les beitiaux de la commune
y paillent pendant tout le cours de l ’année,
, & qu’ils empêchent les plantes qu’ils aiment, c ’eft-
à-dire les meilleures, d'y porter des graines. Or,
comme chaque pied ne peut fubfifter qu’ un petit
! nombre d’années, il s’enfuit qu’elles cèdent peu
à peu la place aux m au v ai fes. Les moyens de remédier
à cet inconvénient font au nombre de
deux : i° . ou on doit partager la commune en
'■ vois parties, donc une fera interdite aux beitiaux
tous les trois ans, depuis le premier avril jufqu’au
premier août, c’eft-*à-dire, pendant la floraifon &
la maturité des graines des graminées j i° . ou on
labourera tous les dix ans la totalité de la commune,
& on y fémera de l’avoine mêlée avec des
balayures de grenier à foin, du fainfoin, de la
luzerne & du trèfle. •
On trouvera aux mots Jachère, A ssolement,
Substitution deCulture, Lande, Mar ais ,
Friche, C ommunaux, Défrichement, les
fupplémens qù'exige celui-ci. (Bosc.)
INDEL. El A it. '
Palmier de l’Inde , qui Teùl forme un genre dans
la dioécie hexandrie, & qui eft figuré pl. 893 des
llluflrations de Lamarck.
Ce palmier, dont on mange les fruits, n’eft pas
encore cultivé en Europe, ainfi je n ai rien a en
dire de plus. (B os c.)
INDIGÈNE, né dans le lieu.
Parmi les animaux domeftiques, il n’y a que le
cochon, lé chât, l’o ie , le canard & le pigeon qui
foient Indigènes à la France, parce que cer font
les feuls qu'on trouve fauvages dans les forêts. Il
eft poflible que le boe u f, ainfi qu’on l’a avancé,
doive être regardé aufli comme t e l, cependant
les offemens de cet ancien boeuf, différant de 1 aurochs,
quiont été trouvés dans les tourbières de
la Somme & ailleurs, indiquent une efpèce dif-
fé rente;,
Le cheval, l ’âne , lé mouton Sz la chèvre, étant
originaires dé la Tartarie , la poule de l’Inde , le
dindon de l’Amérique, font exotiques , quoique
depuis long tems naturalifés dans nos climats.
Les plantes Indigènes à la France font au nombre
de quatre mille, d’après la Flore françaife,
édition de Decandolle. Parmi elles il en eft peu qui
foient cultivées pour l’ufage de l’homme ; mais la
plupart de celles qui fournifient des fourages en
font partie.
Il eft très-remarquable que les animaux & les
végétaux Indigènes fé multiplient très-facile-
ffient & très-abondamment, & que les exotiques,
quel que foit le long tems qui s'eft écoulé depuis
qu’ils ont été introduits fur notre fo l , & quelque
bien acclimatés qu’ils paroiflent, ont toujours
befoin de la main de l’homme pour fe conferver.
Pourquoi, non pas les chevaux & les boeufs/que
leur greffe ut expôfe t-rop aux éhafieurs, mais les
- chiens, les poules, ne font-ils pas devenus fauvages?
Pourquoi même le fai fan „ originaire d’un
pays fi voifin du nôtre, & à demi fauvage avant la
révolution , ne s’eft-il pas confervé dans nos forêts
depuis qu’ il n’eft plus protégé? Pourquoi ne
trouve-t-on nulle part du feigle , du froment, de ,
•Forge, de l'avoine, qui croifTeht fans culture?
J’avoue que plus je médite fur cet ôb/et , & plus
je le trouve inexplicable. La Nature auroit-elle
mis un obftacle à l’émigration des êtres? La loi au
moins ne paroît pas générale, puifqu’il eft un quadrupède,
le furmulot, qui s’eft malheureufement
acclimaté dans la plus grande partie de*la France,
puifqu'il eft des plantes exotiques, I’Onagre
bifannuelle, le Phytolaca décandre, la V er-
gerolle du Canada, qui font devenüés très-communes
dans certains lieux, & qui s’y reproduifent
avec la même abondance que les plantes Indigènes.
Ne pouvant efpérer de rendre Indigènes un
grand nombre d’animaux ou de plantes, les cultivateurs
doivent donc fe borner à les acclimater de
manière à pouvoir en tirer le même parti que s’ ils
l’étoient, & l’expérience prouve que ce n’eft pas
une chofe très-difficile quand on joint un caractère
peîfévérant à un efprit éclairé. (B o s c .)
INDIGOTIER. Indigofera.
Genre de plante de la diadelphie décandrie &
de la famille des Légumineufes, qui renferme une
foixantaine d’efpèces , donc deux ou trois font
1 objet d une très-grande culture dans les pays in-
tertropicaux, à raifon d e là belle couleur bleue
que donne la matière féculente contenue dans
leurs feuilles, & dont une quinzaine fe voient dans
nos jardins de botanique. 11 eft figuré pl. 626 des
llluflrations de Lamarck.
Agriculture. Tome V .
Efpèce s.
Indigotiers a feuilles pinnées.
i. L’Indigotier franc.
. Indigofera anil. Linn. là Des Indes.
i . L'Indigotier des Indes.
Indigofera ùncloria. Linn. Des Indes.
3. L'Indigotier giauquel
Indigofera glauca. Lam. o" De l'Afrique.
4. L'Indigotier difperme.
Indigofera difperma. Lim. Des Indes.
I ■ L'Indigotier à feuilles étroites.
Indigofera angaftifolia. Linn. T} Du Cap de
Bohne-Efpérance.
6. L Indigotier à fruits comprimés.
Indigofera comprejfa. Lam. f) Du Sénégal.
' 7- L'Indigotier velu.
Indigofera hirfuta. Linn. Des Indes. ,
8. L'IndigotIer' vifquéux.
Indigofera yifeofa. Lam. De...,,
9. L'Indigotier à’neuf folioles.
Indigofera enneapkylla. Linn. © Des Indes,
. _ ,io. L'Indigotier glabre.
Indigofera glabra. Linn. © Des Indes.
11. L'Indigotier à feuilles de cytife.
Indigofera cytifoides. ' Linn. Du Cap de
Bonne-Efpérance.
12. L'Indigotier frutefeenr.
' r r ^,n^lS°feraf ruUf cene. Linn. là Du Cap de Bonne-
Efperanee,. Il > .......... ,-j ■
13. L'Indigotier droit. >
Indigofera firiata. Linn. là Du Cap de Bonne-
Efperance.
14. L'InDigotier hendécaphylle.
Indigofera^ hendecaphylla. Jacq.QDe l’Afrique.
iy. L Indigotier à fleurs rouges.
Indigofena lateritia. Willd. © De l'Afrique. 16. L’Indigotier en épi.
Indigofera fpicaia. Forft. De l’Arabie.
17. L’Indigotier du Sénégal.
Indigofera fenegalenfis. Lam. Du Sénégal.
18. L'Indigotier odorant.
Indigoferafragrans. Retz. Des Indes.
1.9. L’Indigotier capillaire.
Indigofera capillans. Thunb. if Du Cap de
Bonne-Efpérance.
20. L'Indigotier dendroïde.
Indigofera dendroides. Jacq. O De l'Afrique.
21. L'Indigotier auftral.
Indigofera aaftralis.f) Delà Nouvelle-Hollande.
22. L'Indigotier ponélué.
Indigoferapunaata. Thunb. Du Cap deBonna-
Efpérance.
: 23. L’Indigotier écarlate.
Indigofera inquinans. Willd. © De Saint-Domingue.
24. L'Indigotier ponceau.
Indigofera miniata. Ortega. De Cuba.