
020 P A L
ces bois font trop chers & trop précieux pour
qu'on les emploie encore à cet ufage j & il on
voit des Paliffades, ce n eft plus que dans les pays
de montagnes, ou autour des grandes villes: dans
ce dernier cas elles font faites en vieilles planches,
principalement à Paris & autres villes fituées fur
les grandes rivières, en planches provenant du
déchirage des bateaux.
Les Paliffades en planches, foit de refente, foit
fciées, ont l’avantage de tenir très-peu de place,
& d’être promptement formées : excepté celles
faites avec les deux fortes de bois que j’ai nommées
plus haut, elles font de fort peu de durée.
Ce n’ eft de plus qu’ à peu de diftance de l’habitation
qu’on peut en conftruire, à raifon de la facilité
de leur deftru&ion par ceux qui en convoitent
les matériaux.
On conftruit. ces Paliffad.es en enfonçant en
terre, à fix ou huit pieds de diftance , des pieux
carrés, de,fix à huit pieds de longueur, pieux
qu’on lie éntr’eux par deux traverfes parallèles ,
1;une à un pied de terre, & l’ autre à quatre,
lesquelles traverfes font deftinées à Soutenir droites
les planches de fix à huit pieds de haut, qu'on
cloue contr’elles.
Il y a des Paliffades de toute hauteur. Les di-
menfions que j’ indique ici font celles qu’on peut
appeler ruftiques , parce que ce font celles qu’ on
voit le plus fréquemment dans les campagnes.
Tantôt les planches font jointes auffi exactement
que poffible ; tantôt elles font plus ou moins
écartées, mais jamais affez pour qu’ un homme
puiffe paffer dans l’intervalle.
Tantôt on met en terre un ou deux pouces du
bas de la planche, tantôt on laiffe ce bas à un ou
deux pouces de terre j dans ce dernier cas , les
planches fe confervent mieux.
Un des moyens de faire durer les Paliffades
feroit fans doute de les peindre à l’huile 5 mais la
dépenfe s'y oppofe prefque toujours.
Par extenfion, on a aufli appelé Paliffade les clôtures
faites avec des perches plus ou moins longues,
plus ou moins groffcs, liées avec des harts,
avec du fil de fer , ou clouées contre des pieux ,
contre des traverfes. De tous les bois d’Europe,
le châtaignier eft le meilleur à employer dans ce
cas ; on y emploie cependant fréquemment le
charme , le frêne, le noifetier, même le faule.
Il faut ranger dans la même cathégorie une haie
fèche, peu épaiffe, quel que foit le moyen emloyé
pour la fixer dans une pofition droite. Voyez
Ia ie . ÿj
On forme encore des paliffades avec des claies
retenues droites , foit au moyen de pieux plantés
de diftance en diftance , foit au moyen de perches
fixées obliquement en terre de chaque côté. Voyez
C l a i e s .
A u t r e fo is on v o y o it b e a u c o u p d e P a liffa de s
d ans le s ja rd in s , & c ’ é t o it le C h a r m e ., T O r m e ,
le B y is d c l'iF q u 'ç a em p lo y o iç . ( Voyez c e s m o ts .)
P A L
A & u e llem e n t on n’ en p la n te plus g u è r e que p0llt>
c a c h e r d e s m u rs. Voyez C h a r m i l l e .
Une Paliffade, pour être belle, doit être également
garnie dans toutes fes parties} &afin qu'elle
fe conferve te lle , il faut la tailler une , & même
mieux, defix fois l’an, au croiffant , & le plus
court poffible , pendant qu’elle eft dans la force
de fa végétation , le but étant de lui faire pouffer
une plus grande quantité de petites branches,&
empêcher de groffir les arbres qui la compofent. |
La plantation des Paliffades vivantes ne diffère
pas de celle des Haies. Voyez ce mot & celui
Clôture. ( Bosc. )
Palissade ( Arbres en ). Ce font des arbres
dont le tronc eft dégarni de branches dans une
hauteur plus ou moins confidérable , & dont les
branches fupérieures font taillées comme les Pa.
liffades décrites dans l’article précédent.
C ’eft dans les jardins dits français , qu’on voit
le plus d’arbres en Paliffade. Les plantations des
promenades des grandes villes, & même beaucoup
de routes, font également difpofées ainlî,
On ne peut nier^qu’ils ne produifent Souvent un
très-bel effet 5 cependant ils paffent de mode, &
on les repouffe, furtout des jardins payfagers. •
Les arbres en Paliffade forment le plus fouvent
des allées fimples ou doubles j quelquefois ils ca-'
chent la nudité d’un mur ou une vue défagréable,
Généralement on les taille des deux côtés, mais
quelquefois d’ un feu l, celui intérieur. Dans ce!
dernier cas , les arbres font moins retardés dans
leur croiffancej en conféquence , on doit le préférer
lorfqu’on veut en tirer parti.
Ceux des arbres indigènes, ou acclimatés, qui
fe prêtent le mieux à cette difpofîtion , font
I’Orme, le T illeul & IcMarronier d’Indb.
Voyez ces mots.
La plantation des arbres qu’ on veut mettre en
Paliffade ne diffère pas de celle des autres ; feulement
il faut les rapprocher davantage , pour!
que leurs branches puiflênt fe toucher en peu de!
teins. A la fécondé, ou au plus tard à la troi-l
lïème année, on coupe , au croiffant, les ra-j
! meaux perpendiculaires à la longueur de l’allée,I
! & chaque année, ou chaque deux années, onré-j
! pète cette opération pendant l’hiver : il en ié-
fuite que la tête des arbres prend de la hauteur
& de la largeur, & prefque pas d’épaiffeur. Que!*
quefois cependant on leur coupe auffi la tête à
la même hauteur. Par contre, d’autres fois ou
laiffe le fommet de leur tête fe développer en
liberté , ce qui détermine la formation d’un Berceau.
Voyez ce mot. ,
La taille des arbres en Paliffade n’ eft pas auflil
rigoureufe que celle des Paliffades propremenul
dites ; aufli , lorfqu’ils font vieux , font-ils d’unal
épaiffeur dé plufieuvspieds. Voyez,pom lefurplusj
aux mots Plantation , Allee , Avenu**1
Route', T aille. ( Bosc. ) I
PALISSAGE. Les branches d’un arbre, ap rl
quée$|
P A L
mi^es contre un mur, forment une efpèce de pa-
jjlîade : de là le nom de P aliJJ.âge qu’ on a donné
à l'opération pour les régu tarifer, qui s’exécute
annuellement fur les E s pa l ie r s* V°yez ce mot.
On .paliffade les branches des, arbres fruitiers ,
foit parce qu’on veut leur donner une direction
contre nature, telles que celle des pêchers , des
poiriers, & c ., foit parce qu'elles ont bëfoin d'être
foutenues, telles que celles de la vigne, du jaf-
min, du chèvre-feuille..
Tantôt on attache les branches direélement contre
les murs, au moyen de petits morceaux de vieux
drap & d'un clou 5 c’eft le Paliffage à la Loque
(wyq; ce mot.) j tantôt on les fixe avec de l’oher,
du jonc, de la paille, 8rc., contre un treillage au
préalable établi contre ce mur, VoyezT reillage.
Pour convenablement paliffader à la laque, il
faut que le mur foit en Pl â t r e ou en Pisé (voyez
ces mots), ces modes de bâtiffe étant les feuls dans
Jefq.tiels les clous puiffent être .indifféremment enfoncés
partout.
Le Paliffage . à la loque a fur l’autre l’ avantage
de permettre Je placement rigoureux^ des-
branches dans la direction convenable} celui fur
treillage eft plus économique, & s'exécute plus
rapidement. .!
Les arbres fruitiers en efpalier fe paliffadent
deux fois dans l’ànnée 5 fa voir : pendant l'hiver,
lors de leur taille, & pendant l’été, entre les deux
fèves, à la fuite de leur Ebourgeonnement
(voye^ ce mot ). Ces Paliffages ont pour but de
donner à l’ arbre une plus grande largeur & une
moindre épaiffeur, afin de favorifer la coloration
& d'accélérer la maturité des fruits.
Dans le principe de la taille de Montreuil
(voyez Pécher), on ne doit la:ffer aucune branche
perpendiculaire} ainfi il faut toutes les paliffader
‘ obliquement. Dans le principe de la taille en Pa l-
mette ( voyez ce mot) , on laiffe la tige mon:
tante droite, & toutes les autres fe paliffadent
prefque horizontalement.
C'eftdès l’hiver de la fécondé.année de la plantation
qu’on doit commencer à paliffader les arbres
fruitiers en efpalier , quoique cette opération
retarde leur croiffancé , parce que lorfque
leurs branches ont acquis une certaine groffeur ,
il devient plus difficile de leur donner une direction
forcée. Ce font, le plus fouvent, les branches1.
de la dernière pouffe qu’on paliffade } ainfi
elles n’apportent point de réfiftançe. Lorfqu’on fe
trouve obligé de changer la pofition des plus anciennes
, il eft prudent de ne le faire que petit à
petit,, pour éviter qu’ elles ne fe caffent.
Il arrive quelquefois que dans le Paliffage fur
treillage, une branche n’eft pas affez longue pour,
atteindre la traverfe où le montant, fur lequel on
veut l’attacher : on y fupplée en lui donnant une
alonge d’ofier ou de paille , alonge qu’on fixe à
cette traverfe ou à ce montant. On appelle cette
alonge bride ou alaife.
Agriculture. Tome V.
P A L 5 2 g
On doit enlever tous les hivers, foit les loques,
foit les autres liens avec lefquels on paliffade,
pour éviter les étranglemens auxquels ils donne-
roientlieu par fuite du grofliffement des branches j
c’eft une attention a laquelle beaucoup de jardiniers
n’ont pas affez d’égard, mais qu’on ne négligé
jamais à Montreuil.
Prefque toujours on abaiffe les branches en lès
paliffadant, même fouvent on les courbe un peu ,
ces deux opérations les fai fan t mettre plus promptement
à fruit} & comme dans ces cas elles tendent
à fe relever & fe redreffer , par là feule influence
de l’action de la fè v e , il ne faut ceffer
de les paliffader que lorfqu’elles ont acquis une
groffeur fuffifante pour rendre cet effet iniènfible,
c ’eft-à-dire, qu’a près quatre à cinq ans- •
Un jardinier qui voudroit apporter une préci-»
fi on mathématique dans le Paliffage de .fes efpa-
liers , prouveront par cela feul qu’il n’en comprend
pas les principes. Il faut contrarier le moins poi-
fible la nature dans toutes les opérations de Tare
agricole.
L’époque du Paliffage d’été a été l ’objet de
nombreufes difeuffions parmi les écrivains qui ont
traité de la conduite des efpaliers. Roger-Schabol
& les praticiens de Montreuill'exécutent, pour,
le pêcher, immédiatement après l’ébourgeonne-*
mënt, c’eft-à-dire, à la fin de juillet. Butrel &.
tous les théoriciens difent qu’ il, faut le retarder
le plus poffible, & il fèmble en effet qu’ il eft
bon de laiffer aux arbres le te-ms de fe refaite des
pertes que leur occafionne I’É bourgeonnement.
Voyez-ce mot.
Dans le pêcher on paliffade d’abord les jeunes
pieds qui ne portent pas encore de finit, puis ceux
des variétés hâtives. Dans chaque arbre ce font
les prolongemens dès membres , & enfuite ceux
des mères branches qui devroient s’attacher d’abord
, puis lés autres branches à bois , enfin les
'-brindilles.} mais rarement on procède ainfi , &
uniquement pour n’être pas dans le cas dé revenir
plufîeurs fois fur le même pied.
Autrefois on paliflfadoit véritablement dès arbres
fruitiers placés contre les murs, furtout des
poiriers, c’eft-à-dire, qu’on les tailloir comme
on taille les cpntr’efpaliers., fans attacher leurs
branches au mur ou à un treillage. Cette méthode,
qui avoit des avantages, ainfi que j’ai pu en
acquérir plûfîeurs fois la preuve,, ne fe pratique
plus que fur.des efpaliers négligés pendant quelques
années, & qu’ il n’eft plus poffible de ramener
à la forme qu’on leur avoit d’abord donnée. ( B a s e . )
PALISSE: nom des haies-dans le département
des Deux-Sèvres,
PALIURE : efpèce du genre des N erpruns ,
dont quelques botanift.es ont fait un genre particulier,
& que d’autres ont réuni avec-les Jujubiers.
Voyez ce mot dans le Dictionnaire des
Arbres, & Arbujles. ( Bosc..')
Xxx