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J â BLE. Les tonneliers appellent ainlila rainure
qu’ils font près de l’extrémité de chaque douve,
rainure deftinée à recevoir le fond. Voyeç le Dictionnaire
des Arts & Métiers. { B ose. )
JABOROSE. Jaborosa.
Genre, de plante de la pentandrie monogynie
& de la famille des Solanées, qui renferme deux
fifpèces , dont aucune n'eft cultivée dans nos jardins.
Èfpéces.
ï . La Jaborose à feuilles entières.
Jaborofa integrifolia. Lam. ^ De l’Amérique
méridionale.
2. La Jaborose à feuilles roncînées.
Jaborofa runcinata. Lam. De l’Amérique méridionale.
( B o sc. )
JAGARANDE. Jacaranda.
Genre de plante établi par Jufïieu pour placer
quelques çfpèçes de bignones, qui ont des carac- ,
tères un peu différens de ceux des autres. Les
Bignones bleue & brasilienne en font partie.
Comme il en a étéqueftion;à leur article, je ne
dois pas en parier ici. Voye^ Bignone. {B osc.)
JACÉE. J ACE A.
Plante indigène à la France, q u i, félon quelques
botaniftes , doit faire partie du genre des
Centaurées , & , félon d*autres, doit fervir de
type à un nouveau genre de fon nom.
Il a été queftion de cette plante & de quelques-
unes des efpèces qui lui ont été réunies au mot
C entaurée, auquel je renvoie le leéteur ; mais
.comme, depuis qu’il eft rédigé, on en a découvert
plufieurs qui ne peuvent en être féparées , j ’ai
cru devoir les rappeler ici,
Efpéces,
i . La C entaurée à feuilles de picride,’
Cent'aurea picris. Willd. “if Des bords de la mer
Cafpienne.
2. La C entaurée à tiges couchées.
Centaurea decumbens. Dubois, “if. Indigène.
3. La C entaurée amère,
Çentaur-ea amara. Linn. Du midi de la France.
4, La C entaurée à bradées.
Centaurea brafteata. Scop. 2f Des environs de
Gênes,
y. La C entaurée brillante.
Centaurea nitens. Willd. © Du Caucafe.
6. La Centaurée de Portugal.
Centaurea tagana. Willd. 2f Du Portugal.
’ {Bosc. )
JACHÈRE. Lorfqu’après avoir défriché des
portions de forêts, les premiers cultivateurs eurent
remplacé les arbres qui »’y fuecédoient depuis
des fiècles & qui y laiffoient leurs dépouilles,
par des femis de plantes annuelles, principalement
de céréales dont ils enlevoient les produits chaque
année , ils ne tardèrent pas à s’appercevoir de la
diminution fucceflive & rapide'de la fertilité du
fols mais comme la terre ne leur manquoit pas,
ils abandonnèrent ces portions, & en défrichèrent
de nouvelles. C ’eft encore, ainfi que je l’ai remarqué
pendant le féjour que j’ y ai fait, la marche qui
le fuit dans l’Amérique fêptentrionale, & partout
où fe fixe une foible population agricole.
Cependant bientôt le droit de propriété, ce
fondement éternel des fociétés humaines, s’orga-
nifa, & i l fallut revenir aux terreins anciennement
cultivés, qui furent trouvés avoir repris une partie
de leur fertilité première.
De cette obfervation, qui remonte par con-
féquent aux premiers âges du Monde, dérive
l’opinion, à quelques exceptions près, généralement
reçue, que le défaut de culture pendant un
tems plus ou moins prolongé rétablit la terre
épuifée par plufieurs récoltes fuccelfives, principalement
de céréales.
Ce défaut de culture s’appelle aujourd’hui tantôt
friche, tantôt Jachère; mais dans le plus grand
nombre des lieux on applique le premier de ces
noms aux terres qu’on lailfe en pâturage pendant
long-tems, ou qui y font depuis des fiècles; &
le fécond à celles qu’on empêche de rien produire
pendant un ou deux ans par le moyen de labours
répétés. C ’eft dans cette dernière acception que
je vais confidérer la Jachère. Voye1 Friche.
— On défigne aulïi, félon les lieux-j la Jachère
fous les appellations de guérety novale, fombre,
gaure, ver chère, versère , verfaine , varet , & c . j
cependant ces noms s’appliquent quelquefois à
la culture, c’ eft-à-dire, aux labours que la terre
reçoit dans l’année de Jachère, & même aux
champs fournis à la Jachère.
L’homme a befoin de repos quand il a travaillé.
Produire eft un travail : donc la terre, après une
ou deux récoltes, a befoin de repos : de là i’ex-
preflion fi impropre de repos des terres qu’on donne
également à la Jachère, & celles fi ufitées, que
les terres fe laffent, fe fatiguent, perdent leurs
forces, s’épuifent, s’ufent, vieilliffent,&c, : de là
j à c
l'affolement fui vant ufité dans lapins grande partie
de la France & des autres contrées de l’ Europe ,
feigle ou froment, avoine ou orge , Jachère.
Les Jachères ne font point dans la Nature. On
na jamais vu un terrein fe dépouiller de toute
végétation pour fe repofer. Les forêts, les prai-,
ries,.les pâturages & autres lieux incultes nour-
riffent des arbres & des plantes vivaces & annuelles
depuis le commencement, & en nourriront
jufqu’à la fin. Comment donc fe fait-il que les
terreins cultivés ceffent de produire au bout d’ un
certain tems ? v
Ils ne ceffent pas de produire en général, puif-
; qu’on les voit fe couvrir de mauvaifes herbes dans
l’année de Jachère, & même que la deftru&ion
de ces mauvaifes herbes eft un des principaux ob
Jets des Jachères ; mais ils ceffent de pouvoir fournir
à une telle plante les. principes néceffaires à fa
. végétation. De ce fait on peut conclure que la Jachère
n’eft pas néceffaire à ces terreins, puifqu’ il
fuffit, pour leur continuer la faculté de produire,
d’y femer la graine d’une plante différente. Le
vrai eft que toute plante, grande ou p etite, eft
fujète à la mort, & que lorsqu'elle eft morte le
terrein où elle fe trouvoit n’ elt plus en état d’en
nourrir convenablement fans un intervalle plus ou
moins long, une autre de la même efpèce. .
On a établi un grand nombre de fyftèmes pour
expliquer les principes de la végétation; mais ce
n’ eft que dans ces dernières années qu’il a été
reconnu, i° . que l’humus étoit la feule fubftance
folide qui entrât dans la compofitiondes végétaux;
2°. que cet humus avoit befoin d’être mis en état
foluble pour y entrer, & que naturellement il ne
s’y mettoit que fucceflivement & fort lentement;
3?. que chaque efpèce dé planté neconfommoit
que la partie de. cet humus foluble qui lui étoit
exclufivement propre ; 40. que les plantes qui
amènent leurs graines à maturité en confomment
plus, que les autres, toutes circonftances égales;
50. que les plantes qui n’amènent pas leurs graines
à maturité tirent de l’atmo.fphère la plus grande
partie de leurs principes .conftituans. O r , c’ eft
fur ces cinq bafes que repofe toute la théorie de
la culture,. & par .fuite des Jachères.,
D’après la première bafe, les plantes ne peuvent
croître convenablement dans l’ argile pure,.
;dans le calcaire pur, dans là filice pure ni dans le
mélange de ces terres-, , quoiqu’elles y germent
& y végètent comme elles germeroient & vé-
géteroient dans l’eau lorfq.u’ on. les arrofe abondamment.!.
D’après la fécondé & la troifième bafe les plantes
qui ont confommé l’humus foluble qui exif-
toit dans un champ ne peuvent plus y être fe-
mées avec profit jufqu’ à ce qu’on en ait mis du
nouveau (des engrais),. ou jufqu’ à ce qu’ une autre
partie de celui qui s’y trouve encore indiffous foit
devenue foluble. Voy.ei Humus & T erreau.
D’après les quatrième & cinquième bafes „ l e *
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plantes qu’ on cultive pour leurs graines, foit fari-
neufes, foit huileufes , abforbent une plus grande
quantité d’humus foluble que celles qu’on cultive
pour leurs racines, pour leurs feuilles, pour leurs
tiges, pour leurs fleurs, & qu’on coupe avant leur
maturité.
Il eft de plus une autre confédération, qu’ il eft
néceffaire de mettre ici fous les yeux du leéteur,
parce qu’elle influe fur celles dont il vient d ’être
queftion : c’eft q ue, dans l’état naturel, les plantes
qui ont crû dans un lieu y laiffent leurs débris r
qui réparent Couvent avec ufure, lorfqu’ils font
décompofés, l’humus qu’elles avolent confommé,
puifqu’une partie de leur fubftance provient de la
fixation des. gaz atmofphériques, tandis que, dans
l’état de culture, on enlève les plantes en entier
ou prefqu’en entier ( voye[ Froment , Chanvre
, Luzerne , & c. ) ; de forte qu’elles ne
rendent rien à la terre où elles fe trouvoienc.
Le but de tout cultivateur doit donc être de
réparer, autant que poflible, la forte d’épuifemene
de la terre, qui réfulte des cultures dont on eft
forcé d’enlever les produits.
Comme je l’ ai dit au commencement de cet
article, la perte d’humus d’un terrein qui réfulte
de récoltes enlevées fe répare feulement, i° . en
le laiffant fe couvrir d’herbes quiy en fe décom-
pofant, fourniffent du nouvel humus, c’eft-à-dire ^
en l’ abandonnant pendant un tems plus ou moins*
long {voyei Friche) ; 1 9. en y femant des plantes
d’une croiffance rapide immédiatement après J»
récolte, & en les enterrant, par un labour, au
moment où elles entrent en fleurs {voye% Récoltes,
enterrées ) ; 30. eu lui donnant des
E ngrais {voye% ce mot). Le repos avec laboury
c’eft-à-dire, la Jachère proprement dire , ne lut
rend rien, abfolument rien, quoiqu'il augmente
réellement fa fertilité; il n’agit qu'en donnant le
tems à l’humus,,qu’il contient en état indiffoluble*
de devenir foluble ; par conféquent il l’appauvrit.
D ’après ce que je viens de dire, la Jachère fe-
roit plus avantageufe fur les terreins naturellement:
fertiles, & c’eft juftement fur ceux qui font Les*
plus ftériîes, qu’on la pratique le plus.
Mais l’humidité eft néceffaire à la terre pour
que l ’aélion de l’ air rende foluble une partie de fon-
humus : donc, dans les étés fecs & chauds, dans*
les pays où il eft d’ufage de fdonner plufieurs labours
dans cette faifon>cet effet eft moins fenfible
que quand on couvre la terre de plantes qui inter-*
ceptent L’aétion des rayons du foleil,.de trèfle,.de
pois gris, de vefee^ & c . , ou quand on y. cultive-
des plantes q u i, comme les pommes de terre, les»
haricotsx le maïs, &c. exigent des binages d’été-'
dont la profondeur ne furpaffe pas trois pouces ;
aufli a-t-on remarqué,. dans les parties méridionales
de la France, que les labours multipliés pen-
dant l’année de Jachère rendoient fouvent les ter--
res infertiles pour plufieurs années. Fqy .-Terres;
g aires.-