
Luzernes qui font deflinées à être Léchées ; mais
elle me paroît nulle pour celles qui doivent être
données en vert aiix beftiaux , qu on peut couper
auffi fouvent qu’ on le juge à propos, & le nombre
en eft grand. Foye% au mot Rangée.
La graine de Luzerne étant petite craint d’ être
trop enterrée, cependant elle veur l'être f. ffiLaminent,
de forte qu'il faut être exercé pour la répandre
convenablement. Ordinairement c ’eftune herfe
légère, garnie poftérieurement d’épines,, qu’ on emploie
à la recouvrir.
Le plant de Luzerne ne tarde pas à fe montrer
lï la terre eft humide & le teins chaud. Il fait
d’abord peu de progrès j mais fa force augmente
petit à petit.
On coupe l’avoine ou l’orge qui eft femée avec
elle à l’époque de leur maturité", un peu plus haut
qu’à l’ordinaire , afin de ne pas mutiler les pieds $
car s’ il eft avantageux enfuite d elà couper fou-
vent, il eft nuifible alors de lui ôter la plus petite
portion de fes feuilles, qui fervent à la fortifier.
Voyc^ Feuille.
Cette remarque indique que c ’eft toujours un
mal que de couper la Luzerne , encore moins
la faire pâturer la première année.
Quelques perfonnes, à l’ exemple des Anciens,
font farcler la Luzerne après la fa1 rhaifon des
grains qui avoient été femés avec elle ; mais,
excepté les grandes plantes vivaces, telles que
la bardane , le chardon , la patience, cela devient
inutile, parce qu’elle les étouffera au printems
fùivant par la précocité & la force de fa végétation.
Deux opérations font plus importantes : c’ eft
de l’épierrcr pendant l’hiver & de la herfer avec
une lourde herfe de fer après chaque coupe, les
racines de la Luzerne réuftant aux dents d’ une
telle herfe, qui arrachent celles-de la plupart des
mauvaifesherbes qui fe trouvent mêlées avec elles,
& qui donnent à la terre un binage toujours favorable.
Dès la fécondé année, une Luzerne femée au
printems peut donner deux coupes j mais ce n’ eft
qu’à la troifîème quelle eft dans toute fa force..
Le faupoudrement, après une pluie, avec du
plâtre réduit en poudre , d’une Luzerne qui n’a
encore que trois ou quatre pouces de haut, produit
des effets qui tiennent du miracle. II n’ eft
pas rare, en effet, que cette feule opération double
le produit d’ un champ : il faut donc la pratiquer
, furtout là où le plâtre n’eft pas extrêmement
cher.
C ’eft lorfque les Luzernes commencent à entrer
en fleur qu’on doit les couper : plus toc,
elles noirriffent pius, diminuent davantage par
la defficcation , & font moins nourri liantes ; plus
tard , elles font plus dures , fatiguent davantage
la terre, & il y a moins de tems pour la repouffe.
Généralement les cultivateurs, à leur grand
détriment, coupent léu^s Luzernes trop tard.
L e foura~e de la première coupe d’une vieille
Luzerne eft moins bon que celui de la fécondé
parce qu’ il contient une grande quantité de inail!
vaius herbes annuelles ou vivaces, qui ne re-
pouffent plus ou qui pouffent trop foiblement.
Les dernières coupes de Luzerne font beau,
coup inférieures aux premières en qualité & en
quantité : on les réferve pour la nourriture des
vaches & des moutons à l’étable en automne ou
au commencement de l’hiver -, le plus fouvent
même ii eft plus avantageux de les'l e u r d o n n e r en
vert ou de les faire pâturer fur place. On a pro.
pofé de .les .faire confire dans des tonneaux pont
les donner aux cochons, qui aiment cette plante
avec paflîon ; & cette idée n’eft point dérai-
fonnable lorfqu’ on a beaucoup de petit-lait o u de
vin gâté à fa difpoficion.
Quant à la falaifon de cette plante , indiquée
dans les journaux, c’eft une mauvaife plaifanterie. 1
On faune la Luzerne comme les autres fou-
rages : cette opération eft feulement un peu plus
longue, à raifon de la groffeur de fes tiges, &
un peu plus 'difficile , à raifon de la difpoficion de
fes feuilles à devenir caffantes & noires. Foyer
F a n n a g e .
Comme l ’humidité du fol favorife la repouffe
de la Luzerne, on doit, dans le midi, l’arrofer
par irrigation , toutes les fois qu’on le peut,
immédiatement après la coupe 5 & dans le nord
il eft bon de la couper peu après la pluie , mais
préjugeant cependant la beauté du tems; car (i
elle reftoit fur terre, elle perdroit de fa valeur,
& fi elle étoit rentrée mouillée, elle pourrait
devenir entièrement impropre à la nourriture des
.beftiaux.
Àinfi que les autres fourages, la Luzerne peut
fe mettre en meule ou fe transporter de fuite dans
les greniers : on gagne à fuivre cette dernière
pratique lorfqu’on le peut, parce que cette plante
perd toujours beaucoup à être remuée , à raifon
de la fragilité de fes feuilles, & que par conté-
quenril eft avantageux de la mettre en botte fut
le champ même.
Quelques cultivateurs, & ils font dans le cas
d’être imités par tous ceux qui calculent leurs in*;
térêts, ftratifient la Luzerne encore verte avec de
la paille, afin de donner ce mélange à leurs bef-
riaux, foit de fuite, foit pendant l’hiver. Dans
cette opération, la paille prend la faveur dé la
Luzerrie, & cetté. dernière rifque moins de fe
moifir : la petite augmentation de frais que cette
opérat:on occafionne, eft de beaucoup compenfée
par. ces avantages. Foye% S t r a t i f i c a t i o n &
T r è f l e .
On rapporte qu’ il eft des luzernières, & il faut
qu’elles ioient fufceptibles d’irrigation , dans les,
parties méridionales de l’Efpagne, qui donnent
douze à quatorze récoltes par an. J’en ai vu dans
les vallées du Viçentin en Italie qui en don noient,
m’a-t-on d it, quelquefois huit. Dans le midi de
la France, avec la même circonftance, il en eft
lu i font coupées cinq à fix fois. Au milieu de la
J-rance on en.fait fouvent quatre, & aux environs
de Paris prefque toujours trois; plus au
fiord, ce nombre fe réduit à deux & même-à une.
*)n voit ainfî que la progreffion de déçroiffement
fuit celle de la chaleur ; ainfî ce n’eft ni dans les
•climats chauds, ni dans les> climats froids qu’ il
faut aller chercher cette plante, quand on veut
prendre en confédération la fomme de fes propres.;
mais dans lés tempérés, dans celui de Paris,
par exemple: or, là ; les calculs de Duhamel, de
■ Gilbert, ceux d’Arthur Young &. autres établirent
qu’aucune autre plante n’y donné des pro-
iiuits plus avantageux que la Luzerne. Il eft donc
Évident qu’il faut ferner cette plante, en fe conformant
rigoureufement aux principes des affolemens
& aux convenances économiques, dans tous les
tcrrcifïs qui fönt fufceptibles d’en porter. Foyer
( assolement. ;
B A raifon de fa longue durée, la Luzerne eft
extrêmementprécieufe pour concourir à/l'établif-
ïement de certains de ces affolemens.
H On a dit qu'une luzernière peut revenir dans le
;mê ne lieu après un laps de tems égal à celui pen-
I iidant lequel elle a iejourné ; mais je crois , d’après
'-l’expérience des cultivateurs de Norfolk, dont les
|lerics ne peuvent plus nourrir du trefle , parce
qu’ils ly ont femé trop fréquemment , qu’il faut
prolonger ce terme autant que poffible , & ce
d'autant plus , que les documens indiquent qu’on
■ y cu.tive depuis plus long-tems. C ’eft principalement
pour n’avoir pas fait attention à cette
importante circonftance, que tant de cultivateurs ,
|U1 ayant répondu à l’appel des économiftes, qui,
il y a cinquante ans , vouloient qu'on mit la'môitié
f es terres en Luzerne ou en faintoin , fe font mal
trouvés de leur complaifance. Plus une plante eft
^productive, plus elle épuife le fol des fucs qui lui
||ont propres , & plus il faut retarder fon retour
pdans le même lieu. .
■ La durée de la Luzerne dépend de la nature du
■ ôl,de la. culture qu’on lui a donnée, du plan.
o'aliolement qu’on s’eft fait : ainfî , dans un mauvais
terrein, lorfqu’on l ’arrofe trop, ainfî quand
B “ *a coupe habituellement trop tard , ainfî fî
■ e le eft gelée piufieurs fois fucceflivemenc , elle
J p e rooms long-tems ; ainfî il eft des cas où on
;■ ne taifler fu b filter que la moitié de fa durée
Moyenne, qu on peut évaluer à dix ans, quoi-
ifluil en exifte de trente ans qui font encore en
grande valeur. ,
B»fixer d une manière générale l’époque où une
■ uzerniere doit être détruite , n eft donc pas une
0 e pofüble î. c’eft à chaque cultivateur à le
F " J °bfcrverai feulement qu’ il eft prefque tou-
F 1rs plus avantageux de devancer que d'outre-
L ^p certe epoque, à raifon du principe que, plus
In !*nge ‘Auvent la cultujre d’ une terre , & plus
ietolt Gon-er^e en état de donner de bonnes
Ce n’ eft pas cependant qu’un long réjour de la
Luzerne épuife le fol : au contraire, il le rend
plus propre à produire des céréales & autres objets
, en y laiffant d’abondans débris.
- D’après ce que je viens de dire, il paroîtroit
fu per fl u que je tionnafle les moyens derajeunir les
vieilles Luzernes ; . cependant, comme il peut
être des cas ou cette opération fût bonne , je
rappellerai que les herfages après la coupe pro-
duifent cet e ffe t, & qu’on y parvient d’une manière
encore plus durabie , en y tranfportant, au
commencement de l’h iv e r , des fumiers très-
confommés , des terres végétales , de la marne,
de la craie, en les faupoudrant pendant l’hiver
de cendres, de chaux, de fuie, &c.
Il eft une plante parafite , la C u s c u t e (voye%
ce mot) , qui détruit rapidement les luzernière-s
les plus vigoureufes : un feu! pied fuffit pour en
faire périr cent de Luzerne, parce que dès qu’ il
eft forti de terre il envoie fes rameaux s’ implanter
fur les tiges de la Luzerne, & que chacun d’eux
devient l'origine d’un nouveau pied , qui fe propage
de même jufqu’à la fin de l’été. J’ai obfervé
qu’un feul pied avoit ainfî fait périr tous ceux de
la Luzerne dans un rayon d’ une toife ; aufli ne fau-
droit-il pas deux ans à une luzernière- qu’on ne
faucheroit pas pour être entièrement anéantie, fî
on n’y apporcoit pas remède.
Les moyens à oppofer à la eufeute, outre un
nétoiement plus exaét: des graines de la Luzerne,
font : i° . de couper rez-terre , ou mieux entre
deux terres, ayant leur floraifon , tous les pieds
de Luzerne qui en offrent des fiiamens, &c de
les brûler au bout du champ ; 20. de brûler de la
paille fur toutes les places où on a remarqué des
fiiamens de eufeute ; 30. de couvrir ces places
de terre, de balles dé céréales ou autres objets
propres à étouffer &r la Luzerne & la eufeute : le
premier de ces moyens eft le plus fimple, & il
eft étonnant qu’on ne l’emploie pas plus généralement.
On peut remplacer, dans les endroits ainfî
dévaftés, la Luzerne par du trèfle ou par des céréales;
Piufieurs infe&es vivent aux dépens de la Luzerne
: celui qui lui fait le plus habituellement du
tort eft la latve du hanneton (le ver blanc) 5 il n’eft
poflible de s’oppofer à fes ravages qu'en détruifant
les infectes parfaits. F°yeï H anneton,
J ’ai vu une luzernière, laiffée en graines, être
entièrement déyorée par la larve de I’Eumolpe
obfciîr. ( Foye^ ce mot dans le Dictionnaire des
Infectes.) Cette larve .eft rare dans les Luzernes
qu'on fauche régulièrement, parce que chaque
.coupe fait périr les larves ; aulfi cet in te été eft-il
peu connu des cultivateurs.
Dorthes a cité le C h a r a n ç o n py-riforme
( curculio acridulus) , comme ayant produit les
mêmes dommages fous fes yeux; d’ autres-, la
C o c c i n e l l e à vingt points*